l/ Lecture de l’extrait : la visée de Céline 1/ Une véritable satire Cet extrait est clairement une satire, dans la mesure où il dénonce l’oppression des Noirs, et plus largement des personnes colonisées. Il vise aussi les complices, même silencieux, de cette oppresslon. Il rappelle ainsi le fonctionnement du système colonial, qui fonctionne sur une exploitation maximale des populations qui constituent la force de travail, et qui rétribue de manière injuste ses travailleurs, dans Céline rappelle à sa f exploitation des mati caoutchouc : « « Ces ors Sni* to View ange commercial. rutal, la difficile opulations, ici le ouc dans les petits godets qu’on accroche au tronc des arbres. Souvent on en a plein un petit verre en deux mais Or ce travail pénible n’est pas rémunéré à sa juste valeur, puisque le travailleur noir ne récupère qu’un « grand mouchoir très vert On se moque de lui, on le ridiculise, on exploite son travail : voici ce que dénonce l’extrait par la satire. De plus, Céline noircit un peu plus la critique en mettant en scène la manière dont le commerçant usurpe I page le Noir, en faisant ainsi une critique véritablement politique.
C’est, à travers lui, l’ensemble du
En effet, il pousse au maximum la parodie du langage stéréotypé du colonisateur lein de mépris envers le colonisé : « toi y en a acheté Il fait de l’homme noir un enfant et un être primitif, voire parfois un animal, en rejetant son humanité en ces termes « ma petite charogne, mon petit boudin De plus, cet extrait fait appel à plusieurs types de registres : – Le comique d’une part, qui s’exprime dans deux dimensions : * le langage comique, à travers les interjections d’un des commis toi, ya pas savoir argent ? Sauvage alors ? ?), ces interventions ayant un caractère grotesque. un comique de situation, à travers la mise en sc interventions ayant un caractère grotesque. un comique de situation, à travers la mise en scène du désarroi de la famille du récolteur dans un univers qu’elle ne connaît pas, et donc de son décalage avec un comportement « normal Ce type de comique s’exprime aussi dans l’attitude de « [‘homme du Corocoro », qui bien que fourbe est véritablement ridicule. Mais ce comique est teinté de cruauté, et la situation suscite souvent un rire… jaune. Le mélodramatique est l’autre registre utilisé dans cet extrait : la victimisation des récolteurs en est la base et suscite notre pitié, en même temps que notre colère. Il/ Mise en scène du passage / Un portrait atypique : le récolteur Le portrait qui nous est délivré ici en fait un être anonyme de par sa dimension symbolique de tous les exploités colonisés. Il est extrêmement pauvre et aucun indice d’individualité ou de pensée intérieure ne nous est révélé. Céline réunit dans ce portrait le dénuement matériel avec la nudité physique et le manque de ressources intellectuelles.
En effet, le récolteur est caractérisé par son manque de réactivité et d’individualité face au négociant. Il paraît nait, puisqu’il ne comprend pas ce que le « gratteur » est en train de lui imposer. De plus, il semble découvrir puisqu’il ne comprend pas ce que le « gratteur » est en train de lui imposer. De plus, il semble découvrir l’univers des colonisateurs, comme le fait comprendre l’expression « Ce Noir n’avait, semblait- il, jamais vu de boutique ni de Blanc peut-être » L’auteur nous décrit le récolteur par détails seulement.
Ceux- ci portent d’abord sur le physique (tenue, aspect physique) et insistent sur la fatigue physique et la vieillesse du personnage, de même que sur la grande simplicité et le dénuement de son apparence. Il est entouré par sa famille qui, solidaire, l’entoure du début à la in de Pextrait, comme le montrent de nombreuses expressions : « tous ensemble « tous se mlrent « toute la petite tribu Comme lui, ces personnages constituent une foule silencieuse représentative de la masse des opprimés, et dépourvus de parole.
Cependant, le mot « victime » n’est jamais prononcé. 21 Un extrait monté en spectacle Céline a construit sa scène comme il aurait mis en scène un spectacle. Il expose d’abord le décor de l’action, là où se déroule l’achat de caoutchouc par le malhonnête colonialiste atteint d’une maladie de peau : « sur le comptoir au milieu des clients noirs ». Autour es protagonistes se trouvent des spectateurs : les commis, d’autres PAGF noirs ».
Autour des protagonistes se trouvent des spectateurs : les commis, d’autres Noirs et la famille du récolteur qui « ne perdent rien du spectacle » Du point de vue de l’écriture, Céline a introduit dans la scène des didascalies et des détails concernant l’habillement des personnages (tel le « petit pagne orange »), comme un dramaturge l’aurait fait. Puis il décrit les mouvements de ses personnages, leur gestuelle, ce qui vient compenser le silence de certains protagonistes. Enfin, la scène prend une apparence théâtrale à travers ‘utilisation du discours direct Viens voir pas ici ! ?) et le pathétique que suscite chez le lecteur la vlsion du Noir face ? l’homme blanc, tétanisé. Conclusion Cet extrait dépasse donc les caractéristiques du roman pour atteindre la dimension de véritable spectacle, qu’elle qu’en soit la nature. A travers sa mise en scène et ses descriptions, son langage et ses personnages, Celine nous livre une parodie qul se révèle vite être une satire véhémente du colonialisme. C’est peut être en raison de la force de son écriture et de son message que cette œuvre a été adaptée dans de nombreux arts (cinéma, bande dessinée… ).