une ville flottante

une ville flottante

Le lendemain, premier jour d’avril, l’océan avait un aspect printanier. 1 Il verdissait comme une prairie sous les premiers rayons du soleil. 2 Ce lever d’avril sur l’Atlantique fut superbe. 3 Les lames se déroulaient voluptueusement,4 et quelques marsouins bondissaient comme des clowns dans le Ialteux sillage du navire. Lorsque je rencontrai le capitaine Corsican, il m’apprit que le revenant annoncé par le docteur6 n’avait point jugé à propos d’apparaître. La nuit, sans doute, n’avait pas été assez sombre pour lui.

L’idée me vint alors que c’était une mystification de Pitferge, autorisée par ce premier jour d’avril, car en Amérique et Sni* to View en Angleterre, comm Mystificateurs et my les or 27 les autres se fâchaie Je poing furent échangé ne finissent jamais p me est fort suivie. s. Les uns riaient, i e elques coups de s coups de poing sait, en effet, qu’en Angleterre, le duel entra e des peines tres sévères. Officiers et soldats n’ont pas même la permission de se battre, sous quelque prétexte que ce soit.

Le meurtrier est condamné aux peines afflictives et infamantes les plus graves, et je me rappelle que le docteur me cita le nom d’un officier qui est au bagne depuis ix

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ans pour avoir blessé mortellement son adversaire dans une rencontre très loyale, cependant. 8 On comprend donc qu’en présence de cette loi excessive, le Swipe to View next page duel ait complètement disparu des mœurs britanniques. Par ce beau soleil, l’observation de midi fut très bonne. Elle donna en latitude 48047′, en longitude 36048′, et comme parcours deux cent cinquante milles seulement.

Le mons rapide des transatlantiques aurait eu le droit de nous offrir une remorque. Cela contrariait fort le capitaine Anderson. L’ingénieur attribuait le manque de pressionl à l’insuffisante ventilation des nouveaux oyers. Moi, je pensais que ce défaut de marche provenait surtout des roues, dont le diamètre avait été imprudemment diminué. Cependant, ce jour-là, vers deux heures, une amélioration se produisit dans la vitesse du steam-ship. Ce fut l’attitude des deux jeunes fiancés qui me révéla ce changement. Appuyés près des bastingages2 de tribord, ils murmuraient quelques joyeuses paroles et battaient des mains. Ils regardaient en souriant les tuyaux d’échappement qui s’élevaient le long des cheminées du Great-Eastern, et dont l’orifice se couronnait d’une légère vapeur blanche. La pression avait monté dans les chaudières de l’hélice, et le puissant agent forçait4 ses soupapes qu’un poids de vingt et une livres par pouce carré ne pouvait plus maintenir. Ce n’était encore qu’une faible expiration, une vague haleine, un souffle, mais nos jeunes gens la buvaient du regard. Non ! Denis Papin ne fut pas plus heureux, quand il vit la vapeur soulever à demi le couvercle de sa célèbre marmite ! « Elles fument ! Elles fument ! s’écria la jeune miss, tandis qu’une légère vapeur s’échappait aussi de Elles fument ! Elles fument ! s’écria la jeune miss, tandis qu’une égère vapeur s’échappait aussi de ses lèvres entrouvertes. k Allons voir la machine ! » Répondit le jeune homme en pressant sous son bras le bras de sa fiancée. Dean Pitferge m’avait rejoint. Nous suivîmes l’amoureux couple jusque sur le grand rouffle. 6 « Que c’est beau ! La jeunesse, me répétait-il. Oui, disais-je, la jeunesse à deux » Bientôt, nous aussi nous étions penchés sur l’écoutille de la machine à hélice.

Là, au fond de ce vaste puits, à soixante pieds sous nos yeux, nous apercevions les quatre longs pistons horizontaux qui se précipitaient l’un vers l’autre, en s’humectant ? haque mouvement d’une goutte d’huile lubrfiante. Cependant, le jeune homme avait tiré sa montre, et la jeune fille, penchée sur son épaule, suivait la trotteuse qui mesurait les secondes. 1 Tandis qu’elle la regardait, son fiancé comptait les tours d’hélice. « Une minute ! dit-elle. Trente-sept tours ! répondit le jeune homme. k Trente-sept tours et demi, fit obsewer le docteur qui avait contrôlé l’opération. Et demi ! s’écria la jeune miss. Vous l’entendez, Edward ! Merci, monsieur ajouta-t-elle en adressant au digne Pifferge son plus aimable sourire. XVI En rentrant dans le grand salon, je vis ce programme2 affiché à la porte : THIS NIGHT FIRST PART Ocean Alpine. Song: Beautiful isle of the Mr. Mac PAGF Mr. Mac Alpine. Song: Beautiful isle of the sea3….. Ewing. Readlng… Affleet. Piano solo: Chant du berger.. Mrs. Alloway. Scotch song… . Docteur Intermission of ten minutes. SECOND PART4 Piano Mr. Paul V. Burlesque. Lady of Doctor Sir James Anderson. Song: Happy moment……….. . Mr.

Norville. Song: You . Mr FINALE God save the Queen. C’était, on le voit, un concert complet, avec première partie, entracte, seconde partie et finale. Cependant, paraît-il, quelque hose manquait à ce programme, car j’entendis murmurer derrière moi : « Bon ! Pas de Mendelssohn ! » Je me retournai. Cétait un simple steward qui protestait ainsi contre l’omission de sa musique favorite. Je remontai sur le pont, 1 et je me mis à la recherche de Mac Elwin. 2 Corsican venait de m’apprendre que Fabian avait quitté sa cabine, et je voulais, sans l’importuner toutefois, le tirer de son isolement.

Je le rencontrai sur l’avant du steam-ship. Nous causâmes pendant toutefois, le tirer de son isolement. Je le rencontrai sur l’avant du steam-ship. Nous causâmes pendant quelque temps, mais il e fit aucune allusion à sa vie passée. À de certains moments, il restait muet et pensif, absorbé en lui-même, ne m’entendant plus, et pressant sa poitrine comme pour y comprimer un spasme douloureux. Pendant que nous nous promenions ensemble, Harry Drake nous croisa à plusieurs reprises. Toujours le même homme, bruyant et gesticulant, gênant comme serait un moulin en mouvement dans une salle de danse !

Me trompai-je ? je ne saurais le dire, car mon esprit était prévenu, mais il me sembla qu’Harry Drake observait Fabian avec une certaine insistance. Fabian dut s’en apercevoir, car il me dit : ? Quel est cet homme ? -Je ne sais, répondis-je. – Il me déplaît ! » Ajouta Fabian. Mettez deux navires en pleine mer, sans vent, sans courant, et ils finiront par s’accoster. Jetez deux planètes immobiles dans l’espace, et elles tomberont l’une sur l’autre. Placez deux ennemis au milieu d’une foule, et ils se rencontreront inévitablement. Cest fatal. Une question de temps, voilà tout.

Le soir arrivé, le concert eut lieu selon le programme. Le grand salon, rempli d’auditeurs, était brlllamment éclalré. À travers les écoutilles entrouvertes passaient les larges figures basanées et es grosses mains noires des matelots. On eût dit des masques engagés dans les volutes du plafond. L’entrebâillement des portes fourmillait de stewards. La plupart des spectateurs, hommes et femmes, étaient assis, PAGF s OF portes fourmillait de stewards. La plupart des spectateurs, hommes et femmes, étaient assis, en abord, sur les divans latéraux, et au milieu, sur les fauteuils, les pliants et les chaises.

Tous faisaient face au piano fortement boulonné entre les deux portes qui s’ouvraient sur le salon des dames. De temps en temps, un mouvement de roulis agitait l’assistance ; les chaises t les pliants glissaient ; une sorte de houle donnait une même ondulation à toutes ces têtes ; on se cramponnait les uns aux autres, silencieusement, sans plaisanter. Mais, en somme, pas de chute a craindre, grâce au tassement. On débuta par l’Ocean-Time. L’Ocean-Time était un journal quotidien, politique, commercial et littéraire, que certains passagers avaient fondé pour les besoins du bord.

Amérlcains et Anglais prisent fort ce genre de passe-temps. Ils rédigent leur feuille pendant la journée. Disons que si les rédacteurs ne sont pas difficilesl sur la qualité des articles, les lecteurs ne le sont pas avantage. On se contente de peu, et même de « pas assez Ce numéro du 1er avril contenait un premier Great-Eastern assez pâteux sur la politique générale,2 des faits divers qui n’auraient pas déridé un Français, des cours de bourse peu drôles, des télégrammes fort naifs, et quelques pâles nouvelles à la main. Après tout, ces sortes de plaisanteries ne charment guère que ceux qui les font. L’honorable Mac Alpine, un Américain dogmatique, lut avec conviction ses élucubrations peu plaisantes, au grand applaudissement des spectateurs, et il t OF avec conviction ses élucubrations peu plaisantes, au grand pplaudissement des spectateurs, et il termina sa lecture par les nouvelles suivantes . « On annonce que le président Johnson a abdiqué en faveur du général Grant. É On donne comme certain que le pape Pie IX a désigné le Prince Impérial pour son successeur. On dit que Fernand Cortez vient d’attaquer en contrefaçon l’Empereur Napoléon III pour sa conquête du Mexique. ? Quand l’Ocean-Time eut été suffisamment applaudi, Phonorable Mr. Ewing, un ténor fort joli garçon, soupira La Beauté de l’ile de la mer, avec toute la rudesse d’un gosier anglais. Le « reading la lecture, me parut avoir un attrait contestable. Ce fut tout simplement un digne Texien qui lut deux ou trois pages dun livre dont il avait commencé la lecture à voix basse, et qu’il continua à voix haute. Il fut très applaudi. Le Chant du berger pour piano solo, par Mrs. Alloway, une Anglaise qui jouait « en blond mineur », eût dit Théophile Gautier, et une farce écossaise du docteur T… erminèrent la premiere partie du programme. Après dix minutes d’un entracte pendant lequel aucun auditeur ne consentit à quitter sa place, la seconde partie du concert commença. Le Français Paul V… fit entendre deux charmantes alses, inédites,4 qui furent applaudies bruyamment. Le docteur du bord, un jeune homme brun, fort suffisant, récita une scène burlesque, sorte de parodie de La Dame de Lyon, drame fort à la mode en Angleterre. Au « burlesque » succéda « l’entertainment Que préparait drame fort à la mode en Angleterre. sous ce nom Sir James Anderson ? ?tait-ce une conférence ou un sermon ? Ni l’un ni l’autre. Sir James Anderson se leva, 1 toujours souriant, tira un jeu de cartes de sa poche, retroussa ses manchettes blanches et fit des tours dont sa grâce rachetait la naiVeté. 2 Hurrahs et applaudissements. Après le Happy moment de Mr. Norville et le You remember de Mr. Ewing, le programme annonçait le God save the Queen. Mais quelques Américains prièrent Paul en sa qualité de Français, de leur jouer le chant national de la France. Aussitôt, mon docile compatriote de commencer l’air de la Reine Hortense. Réclamations énergiques d’un groupe de Nordistes qui voulaient entendre La Marseillaise. 4 Et, sans se faire prier, l’obéissant pianiste, avec une condescendance qui dénotait plus de facilité musicale que de convictions politiques, attaqua vigoureusement le chant de Rouget de l’Isle. Ce fut le grand succès de la soirée. Puis l’assemblée, debout, entonna lentement ce cantique national qui « prie Dieu de conserver la Reine ». 5 En somme, cette soirée valait ce que valent les soirées d’amateurs, c’est-à-dire qu’elle eut surtout du succès pour les auteurs et leurs amis.

Fabian ne s’y montra pas. XVII Pendant la nuit du lundi au mardi, la mer fut très houleuse. Les cloisons recommencèrent leurs gémissements et les colis reprirent leur course6 à travers les salons. Lorsque je montai sur le pont, vers sept heures du matin, la pluie BOF leur course6 à travers les salons. Lorsque je montai sur le pont, vers sept heures du matin, la pluie tombait. Le vent vint à fraichir. L’officier de quart fit serrer les voiles. Le steam-ship, n’étant plus appuyé, roula prodigieusement. pendant cette journée du 2 avril, le pont resta désert.

Les salons eux-mêmes étaient abandonnés. Les passagers s’étaient réfugiés dans les cabines, et les deux tiers des convives manquèrent au lunch et au dîner. Le whist fut impossible, car les tables fuyaient sous la main des joueurs. Les échecs étaient impraticables. Quelques intrépides, étendus sur les canapés, lisaient ou dormaient. Autant valait braver la pluie sur le pont. Là, les matelots vêtus de surouest et de casaques cirées se promenaient philosophique-ment. Le second, juché sur la passerelle, bien enveloppé de son caoutchouc, faisait le quart.

Sous cette averse, au milieu de ces rafales, ses petits yeux brillaient de plaisir. Il aimait cela, cet homme, et le steam-ship roulait à son gré ! Les eaux du ciel et de la mer se confondaient dans la brume à quelques encablures du navire. L’atmosphère était grise. Quelques oiseaux passaient en criant à travers cet humide brouillard. À dix heures, par tribord devant, on signala un trois- âts-barque qui courait vent arrière ; mais sa nationalité ne put être reconnue. Vers onze heures, le vent mollit et tourna de deux quarts.

La brise hâla le nord-ouest. La pluie cessa presque subitement. L’azur du ciel se montra à travers quelques trouées de nuages. Le soleil apparut dans un subitement. L’azur du ciel se montra à travers quelques trouées de nuages. Le soleil apparut dans une éclaircie et permit de faire une observation plus ou moins parfaite. La notice porta les chiffres suivants : Lat. 46029’N. Long. 42025’W. Distance : 256 miles. Ainsi donc, bien que la pression eût monté dans les chaudières, a vitesse du navire ne s’était pas accrue.

Mais il fallait en accuser le vent d’ouest, qui, prenant le steam-ship debout, devait considérablement retarder sa marche. À deux heures, le brouillard s’épaissit de nouveau. La brise retombalt et fraichissalt à la fols. L’opacité des brumes était si intense, que les officiers postés sur les passerelles ne voyaient plus les hommes à l’avant du navire. Ces vapeurs accumulées sur les flots constituent le plus grand danger de la navigation , elles causent des abordages impossibles à éviter, et l’abordage en mer est plus à craindre encore que l’incendie.

Aussi, au milieu des brumes, officiers et matelots veillaient avec le plus grand soin, surveillance qui ne fut pas inutile, car, subitement, vers trois heures, un trois-mâts apparut à moins de deux cents mètres du Great-Eastern, ses voiles masquées par une saute de vent, ne gouvernant plus. Le Great-Eastern évolua ? temps et l’évita, grâce à la promptitude avec laquelle les hommes de quart l’avaient signalé au timonier. Ces signaux, fort bien réglés, se faisaient au moyen d’une cloche disposée sur la dunette de l’avant. 2 Un coup signifiait : navire devant. Deux coups : navire par tribor