réalisé par Khemais Benismail 2 SOMMAIRE LE LYRISME : 4 l. ÉVOLUTION HISTORIQUE Il. LES FORMES LYRIQUES . Ill. L’EXPRESSION SUBJECTIVE . POEMES • or26 Sni* to View La ballade des pendus François Villon . …. PIO Mignonne, allons voir si la rose, Pierre Ronsard ( mon poème préfère .. P12 « Heureux qui comme Ulysse.. de Joachim Du Bellay…. Le Front de Maurice Scève Consolation à M. Du Périer, Malherbe…. Le Lac Alphonse de Lam artine Demain, dès l’aube ,Victor Hugo .. p16 .. p18 …. p20 …… p22 Apollinaire La Terre est Bleue comme une orange de Paul Eluard… … p28 LE LYRISME …. p26
La poésie lyrique est souvent définie comme le genre littéraire qui accueille Hexpression personnelle des sentiments du poète. L’auteur lyrique parle en effet en son nom propre; il dit « je ». Cette définition, toutefois, est insuffisante, en ce qu’elle néglige deux autres composantes essentielles du lyrisme qui sont la recherche de la musicalité et la visée de l’idéal. Il convient donc plutôt de percevoir celui-ci comme l’expression d’un sujet singulier qui tend à metamorphoser, voire à sublimer le contenu de son expérience et de sa vie affective, dans une parole mélodieuse et rythmée ayant la usique
La poésie lyrique doit en effet son nom à la lyre qui, dans l’Antiquité, accompagnait ses chants. Symbole d’unité et d’harmonie, cet instrument apollinien prend dans le mythe d’Orphée une valeur pacificatrice. Capable de suspendre les supplices des Enfers, il devient le modèle des pouvoirs de la poésie et des liens étroits qui l’unissent à la destinée de la créature humaine. l. EVOLUTION HISTORIQU OF tournois, tensons, lais et virelais fleurissent dans le chant des trouvères et des troubadours.
Bernard de Ventadour (1 150-1200), Richard Coeur-de-lion 1 157-1199) et Thlbaut de Champagne (1201-1253) comptent parmi les nombreux représentants de ce lyrisme ancien. L’amour courtois est alors le thème dominant des œuvres les plus savantes, qui se partagent entre intimité et virtuosité. Le jeu codifié l’emporte sur l’expression authentique. C’est dans la seconde moitié du XIIIème siècle, notamment avec Rutebeuf, que le lyrisme entreprend de se dégager de ses stéréotypes.
Au XVème siècle, Charles d’Orléans (1391-1465) et François Villon (1431 zl 463) imposent deux voix mélancoliques aux accents plus résolument personnels, l’une précieuse et ourrie d’allégories, Vautre mobile, instable, mais capable d’articuler le sort d’un sujet singu ier à celui de ses ‘frères humains ». pendant la Renaissance, l’espace du lyrisme s’élargit. Légèreté de Marot, al égresse de Ronsard, mélancolie de Du Bellay, virtuosité de Louise Labé et de Maurice Scève: la poésie multiplie alors ses sources d’inspiration et ses formes.
La relecture des poètes de l’Antiquité et l’influence de la littérature italienne, conjuguées ? l’enthousiasme d’inventer une nouvelle figure de l’homme et du monde, induisent une productlon poétique très riche. Chez les poètes de la Pléiade, l’ode et le sonnet ouvrent un nouvel espace formel à l’expression lyrique. Ronsard célèbre en 1550 « l’heureuse félicité de la vie ». La ferveur panthéi l’expression lyrique. Ronsard célèbre en 1 550 « l’heureuse félicité de la vie ».
La ferveur panthéiste et l’influence pétrarquiste le conduisent à multiplier les correspondances entre les beautés de la nature et celles de la femme aimée. Les anciens schémas de la poésie courtoise cèdent peu à peu le pas à une inspiration plus familière. Mais l’époque classique interrompt cette floraison. En valorisant la figure de « l’honnête homme » et en privilégiant les valeurs d’ordre et de hiérarchie, elle entraîne un reflux du lyrlsme. Encore nombreux à l’époque du baroque, les poètes lyriques se raréfient à partir de 1640.
La figure du poète se trouve alors relativisée, sinon dénigrée, Malherbe lui-même va jusqu’à écrire « qu’un bon poète n’est pas plus utile à l’État qu’un bon joueur de quilles ». Mondanité et préciosité ne suffisent pas à donner un sens au « commerce des muses ». Le lyrisme trouve alors à se loger hors de la poésie: il n’est absent ni des Oraisons funèbres 1667-1687) de Bossuet ni des tragédies de Corneille, où il anime les stances du Cid, ni de celles de Racine qui comptent quelques-uns des vers les plus mélodieux de la langue française.
Il faut attendre le milieu du XVIIIème siècle pour assister à un renouveau du lyrisme. Le preromantisme dans la prose sentimentale, puis le romantisme dans la poésie tout entière, le font s’épanouir en prêtant voix à la subjectivité solitaire. Après être demeuré plus d’un siècle sous le joug de l’esthétique classique, le poète redécouvre l’ensemble de ses pouvoirs et les exerce librement. Il émancipe son écriture d’un ertain nombre de conventions, en disloquant par exemple l’alexandrin ou en mêlant les genres. Il étend son vocabulaire en ne craignant plus d’employer des mots roturiers qui heurtaient naguère le bon goût.
Il élargit également son espace: il ne se confine plus dans une antiquité hiératique, mais s’échappe vers le Moyen-âge ou vers la Renaissance dont les tumultes et le foisonnement de vie le séduisent. Il émancipe sa pensée en y intégrant les idées ou les valeurs nouvelles de la révolution. Enfin, il livre son « moi » et met son coeur à nu. Les Méditations poétiques (1820) de Lamartine, Les Voix intérieures 1837) de Victor Hugo ou Les Destinées (1864) de Vigny comptent parmi les fleurons de cette poésie nouvelle où l’expression personnelle ne peut être séparée de la méditation morale et philosophique.
Le mouvement même de la lyrique romantique conduit le poète ? déborder son propre « moi » pour prendre en charge dans son chant la nature, ou le sort de l’humanité. Aux alentours de 1 830, Victor Hugo incarne plus que tout autre les trois domaines du lyrisme nouveau: dramatique dans Hernani, intime dans Les Feuilles d’automne, épique dans Notre-Dame de Paris. Le criti ue Brunetière résume ce triomphe d’une formule, en PAGF s OF écrivant: « avec le romantisme, c’est le lyrisme qui pénètre la littérature entière. Pour préciser cette équivalence entre lyrisme et romantisme, il introduit un troisième terme: « l’individualisme ». Il résume ainsi sa pensée: « Le Romantisme, dans notre histoire, est un phénomène social caractérisé par une tendance en tous sens ? l’Individualisme, et, comme tel, dont la forme littéraire ou poétique ne pouvait être que le lyrisme ». Il semble alors que le lyrisme ait absorbé toute la la poésie. Mais l’échec de la révolution de 1848 inaugure un âge nouveau dans l’histoire de la lyrique française.
A partir du milieu du XIXème siècle, elle se trouve conduite à engager sa propre critique. Les valeurs de création tendent à se substituer aux valeurs d’expression. A la suite de Gautier puis de Baudelaire, l’accent est mis sur la beauté de la forme et sur ses effets. L’effusion se trouve rejetée au profit du travail de récriture même. Les parnassiens réagissent contre les excès du romantisme en prônant « l’art pour part ». Formé un temps ? leur école, Verlaine dilue dans les brumes de l’impersonnel les contours du « moi ».
Rimbaud, plus radicalement, rejette avec violence la poésie subjective qu’il juge « horriblement adasse ». C’est Mallarmé qui pousse à son paroxysme cette crise du lyrisme en prônant la « dlsparition élocutoire » du poète. Mais de cette succession de remises en cause, le lyrisme sort paradoxalement renforcé. La poésie affirme en effet son autonomie en se dégageant à la fois de fois de l’expression et du didactisme. Elle en vient à constituer une aventure en soi. Héritiers de Mallarmé, les symbolistes se lancent à la poursuite dun art total, ayant l’opéra pour modèle.
Ainsi réaffirment-ils l’alliance ancestrale du lyrisme et de la musique, ainsi que le caractère idéal du chant. Au début du XXème siècle, Apollinaire dans « Zone » et Blaise Cendrars dans « Pâques à New-York » (1912) et « Prose du Transibérien » (1913) ouvrent au contraire l’espace du poème aux innovations du monde moderne dont s’étaient détournés leurs prédécesseurs. Ils vont jusqu’à célébrer le lyrisme visuel de la publicité. Les surréalistes prônent, à l’image d’André Breton dans L’Amour fou (1937), « le comportement lyrique » entendu comme attention et obéissance aux injonctions de l’inconscient.
Chacune de ces écoles marque ainsi un approfondissement de la notion et un élargissement de son champ d’investigations. De oins en moins effusif, de plus en plus conscient de ses pouvoirs et de ses dangers, le lyrisme apparaît en fin de compte comme le nom même des énergies qui sont à l’œuvre dans la poésie et qui la poussent sans cesse à remettre en cause ses propres délimitations. 6 Il. LES FORMES LYRIQUES Le lyrisme couvre tous les re istres de l’expression subjective, depuis les joies ou les PAGF 7 OF jusqu’à la célébration des héros ou des dieux.
Il peut être intime ou d’apparat, de tonalité élégiaque ou joyeuse. Code est sa forme la plus ancienne et la plus noble. proche de l’hymne, elle associe à l’idée de chant celle e célébration. Cultivée par Pindare dans l’Antiquité grecque, elle se retrouve aussi bien chez Ronsard (Odes, 1550-1556) que chez Victor Hugo (Odes et ballades, 1822-1828) ou Paul Claudel (Cinq grandes odes, 1908). A travers elle, c’est la dimension proprement religieuse du lyrisme qui se trouve valorisée. A cette forme exaltée, on oppose volontiers l’élégie qui en parait le revers dépressif.
Celle-ci est moins portée à célébrer qu’? méditer et déplorer. Le passage du temps, la finitude humaine, les tourments de la passion et de la mélancolie, nourrissent les Regrets (1558) de Du Bellay, comme les Elégies posthume, 1844) de Chénier et les Méditations poétiques de Lamartine. A côté de ces grandes formes, une multitude de genres mineurs a proliféré, souvent d’origine populaire, tels que la chanson et la ballade. Les données sentimentales et musicales y sont prépondérantes. Il en va ainsi des Chansons des rues et des bois (1859-1865) de Victor Hugo.
La poésie lyrique est si diverse que l’on ne saurait en définitive lui attacher de versification particulière. Elle se caractérise plutôt par une extrême variété formelle qui contribue largement à faire évoluer les ressources de la métrique. Ainsi , dans les Fêtes galantes (1869) et les Romances sans paroles (1874) de pau 8 OF de la métrique. Ainsi , dans les Fêtes galantes (1869) et les Romances sans paroles (1874) de Paul Verlaine, le mètre impair se voit-il préféré pour exprimer les incertitudes et les défaillances de la subjectivité.
Mais c’est sans doute l’octosyllabe qui apparut longtemps comme le vers le plus propice à l’expression mélodieuse de l’inspiration lyrique. Au début de ce siècle, la « Chanson du mal aimé » de Guillaume Apollinaire en fait encore usage. On observera par ailleurs que la poésie lyrique use olontiers de l’exclamatlon et de la répétition. Celles-ci sont les signes les plus manifestes de ranimation du discours. On y peut discerner les mouvements que fait le sujet dans le langage pour se rapprocher de l’idéalité qu’il convoite.
Ainsi Saint-John Perse multiplie-t-il dans Éloges (1 911) les points d’exclamation comme autant de marques de la célébration. Et si Valéry ne craint pas de définir le lyrisme développement d’une exclamation », c’est que le travail du poète consiste précisément ? donner corps, en l’amplifiant, à l’impulsion initiale d’un vœu, d’un souci ou d’un désir. Ainsi naturellement porté vers l’amplitude, le lyrisme ne se cantonne pas dans le vers. Au XVIIIème siècle, il est à l’œuvre dans la prose des Rêveries du promeneur solitaire (17761 778) de Rousseau ou des Mémoires d’outre-tombe (1809-1841 ) de Chateaubriand.
Au XIXème, il donne lieu à la forme nouvelle du poème en prose que Baudelaire caractérise comme désireux de réaliser le rêve d’une « prose poétique, mu PAGF q OF poème en prose que Baudelaire caractérise comme désireux de réaliser le rêve d’une « prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapte aux ouvements lyriques de l’âme Tel serait en définitive le lyrisme : la convoitise d’un langage autre au sein de la langue meme- 7 Ill.
L’EXPRESSION SUBJECTIVE Après avor perdu Eurydice, Orphée erre à travers les campagnes en chantant sa douleur et sa solitude: « Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé » s’exclamera Nerval en se réappropriant cette image dans Les Chimères. (1853). Telle est sans doute la figure la plus fameuse du poète lyrique : celle d’une créature solitaire dont l’identité même se trouve suspendue à son chant.
Soucieux d’appréhender l’essence des différents genres llttéraires, e philosophe Hegel oppose dans son Esthétique la dimension subjective de la poésie lyrique à l’objectivité de la poésie épique: « Elle a pour contenu le subjectif, le monde intérieur, l’âme agitée par des sentiments et qui, au lieu d’agir, persiste dans son interiorité et ne peut par conséquent avoir pour forme et pour but que l’épanchement du sujet, son expression. Les réalités dont s’empare le poète lyrique sont donc choisies et interprétées par sa subjectivité. Si le lyrisme est musical par essence, c’est que son objet même est extrêmement variable. Il est lié à la diversité des états psychologiques du suiet.