Poesie

Poesie

D’un instant de bonheur ? Amants, autour de vous une voix inflexible Crie à tout ce qui naît : « Aime et meurs ici-bas !  » La mort est implacable et le ciel insensible ; Vous n’échapperez pas. Eh bien ! puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure, devient, dès la VIe, Leur lien pour les cieux. Dans le ravissement d’une éternelle étreinte Is passent entraînés, ces couples amoureux, Et ne s’arrêtent pas pour jeter avec crainte U n regard autour d’eux. Ils demeurent sereins quand tout s’écroule et tombe ; Leur espoir est leur joie et leur appui divin ;

Ils ne trébuchent point lorsque contre une tombe Leur pied heurte en chemin. Toi-même, quand tes bois abritent leur délire, Quand tu couvres de fleurs et d’ombre leurs sentiers, Nature, toi leur mère, aurais-tu ce sourire Sils mouraient tout entiers ? Sous le voile léger de la beauté mortelle Trouver l’âme qu’on cherche et qui pour nous éclôt, Le temps de l’entrevoir, de s’écrier :  » C’est Elle !  » Et la perdre aussitôt, Et la perdre à jamais ! Cette seule pensée Change en spectre à nos yeux l’image de l’amour. Quoi ! s voeux infinis, cette ardeur

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insensée Pour un être d’un jour ! Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles, Grand Dieu qui dois d’en haut tout entendre et tout voir, Que tant d’adieux navrants et tant de funérailles Ne puissent t’émouvoir, Qu’à cette tombe obscure où tu nous fais descendre Tu dises :  » Garde-les, leurs cris sont superflus. Amèrement en vain l’on pl cendre ; 2 chimère Mensonge de l’amour et de l’orgueil humain ! Il n’a point eu d’hier, ce fantôme éphémère, Il lui faut un demain pour cet éclair de vie et pour cette étincelle

Qui brûle une minute en vos coeurs étonnés, Vous oubliez soudain la fange maternelle Et vos destins bornés. Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires Seuls au Pouvoir fatal qui détruit en créant ? Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères En face du néant. Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles : J’aime, et J’espère voir expirer tes flambeaux. La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles Luiront sur vos tombeaux. Vous croyez que l’amour dont l’âpre feu vous presse A réservé pour vous sa flamme et ses rayons ;

La fleur que vous brisez soupire avec ivresse : « Nous aussi nous aimons !  » Heureux, vous aspirez la grande âme invisible Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ; La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ? Elle n’a qu’un désir, la marâtre immortelle, C’est d’enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor. Mère avide, elle a pris l’éternité pour elle, Et vous laisse la mort. Toute sa prévoyance est p 3 naître , pressant sur ce coeur qui va bientôt s’éteindre un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas,

Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre L’Infini dans vos bras ; Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure Déchaînés dans vos flancs comme d’ardents essaims, Ces transports, c’est déjà l’Humanité future Qui s’agite en vos seins. Elle se dissoudra, cette argile légère Qu’ont émue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussière Qui fut jadis un coeur. Mais d’autres coeurs naîtront qui renoueront la trame De vos espoirs brisés, de vos amours éteints, Perpétuant vos pleurs, vos rêves, votre flamme.