Peut On Tout Dire

Peut On Tout Dire

peut-on tout dire ? L’homme a la faculté de communiquer avec quiconque partage son langage. Dire quelque chose, c’est l’exprimer, par la parole, dans un but de communication, et avant tout de signification : pour dire quelque ch n effet que je donne un sens à mes parole Imer ce même sens, va or 15 par le langage. Géné ment ou des mots Snipe to View nextggge e des sentiments, le connus par tous expr langage paraît comm pourrait croire en la possibilité de « tout » dire, c’est-a-dire de traduire et transmettre à autrui toutes nos différentes réalités, émotions, opinions, idées…

Ainsi perçu, tout semble exprimable. Et cependant, l’homme a-t-il cette capacité, par le langage, de tout dire, tout révéler ? Ne pourrait-il pas y avoir une part de ce « tout » qui échapperait au pouvoir de signification et par conséquent d’expression de l’homme ? Et, avant même de s’interroger sur la capacité de l’homme à tout exprimer, la question de « pouvoir tout dire » suppose également une autre approche : peut-on se permettre de tout dire à autrui ? Ne vaut•il pas mieux, parfois, omettre voire même cacher certaines vérités ?

La morale nous autorise-t-elle à tout exprimer sans

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réserve ? onde, si le mensonge était banni de notre société, et si toutes réalités et pensées étaient dites, on peut imaginer qu’il en résulterait de nombreux conflits. Et pourtant, on peut également considérer que taire certaines idées et vérités de façon à éviter ou résoudre ces conflits est un procédé totalement hypocrite voire lâche, dissimulant les véritables opinions des individus d’une part et, d’autre part, refusant de faire face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés.

Néanmoins, peut-on pour autant se permettre de tout dire, socialement et moralement ? Sur un plan idéologique, par respect pour ces valeurs de ransparence et liberté d’expression, la réponse semble naturellement tendre vers le « oui Mais à coté de ces valeurs prônées dans notre société, il existe depuis toujours une forme de pression sociale qui empêchera chaque individu d’exprimer ses véritables ses opinions. A l’origine, outre la censure sociale, une forte censure gouvernementale sévissait, ce qui aujourd’hui est heureusement un phénomène nettement plus atténué.

Cependant, de nos jours, la pression sociale et également l’influence médiatique sont paradoxalement des éléments des plus nuisibles aux libertés d’opinion et d’expression. Chaque être humain doit maitriser ses paroles, rester dans le domalne du soi- disant « politiquement correct », modérer et formuler ses paroles comme il se doit. On ne peut donc pas se permettre de tout dire, les idées et opinions que l’on peut exprimer doivent respecter les normes et valeurs de notre culture.

Aussi, si l’idéal de justice et d’égalité repose sur une transparence complèt 15 de notre culture. Aussi, si ridéal de justice et d’égalité repose sur une transparence complète, on ne peut pas véritablement dire que notre société s’emploie, sur la pratique, à respecter cet idéal. Selon le contexte social dans lequel nous évoluons, l’expression de certaines vérités ou opinions seront à proscrire. Cela n’est cependant pas nécessairement ressenti comme une contrainte.

L’homme, instinctivement, saura généralement distinguer dans son esprit les éléments qu’il peut se permettre de dire et ceux qu’il sera plus judicieux de garder pour lui-même. Pour des questions d’éthique, notamment, il saura garder certaines idées pour lui. De plus, est-il seulement possible de s’affranchir de toute conscience morale dans sa pensée ? Le poids de l’éthique est tant ancré dans les mœurs et les normes que même les pensées de ‘individu resteront tout naturellement dans l’axe moral légitime.

En ce cas, il est vrai que non seulement la morale nous empêche de tout dire, mais nous empêche même ne serait-ce que d’avoir des pensées déviantes. Toutefois, il existe également des vérités qu’il vaut mieux cacher, dans son intérêt personnel, mais aussi souvent dans celui d’autrui. En confllt avec quelqu’un, sous l’effet de la colere et des sentiments contradictoires qui m’envahissent, je peux par exemple ressentir une soudaine envie furieuse de lui dire des pensées qui, en temps normal, ne m’auraient même pas effleurées.

La colère — comme tout autre sentiment – peut influencer momentanément mes opinions au même titre que mon comportement. Si nous devions inéluctablement tout dire, il en résulterait d au même titre que mon comportement. Si nous devions inéluctablement tout dire, il en résulterait des réactions ou conflits qui n’étaient pourtant pas souhaités. «Tout dire» impliquerait, entre autre, énoncer toutes les étapes temporaires de sa pensée, ce qui entraîne inéluctablement des défauts d’interprétations et des conflits conséquents qui n’ont pourtant pas lieu d’être. ? Tourner sept fois la langue dans sa bouche vant de parler » : ce fameux adage présuppose bien l’idée qu’il nous faut peser un tant soit peu nos paroles, faute de quoi nous risquerions de commettre des erreurs, qu’il s’agisse d’imprudences ou étourderies. Aussi, n’est-il pas plus judicieux d’attendre de s’être forgé un jugement précis, une opinion sûre et mûrement réfléchie, avant de l’exprimer de vive voix à autrui ? Il existe donc des éléments que l’on ne peut pas dire, ou du moins pas à tout le monde.

Tout dire serait source de conflits, et de répression. Malgré un idéal démocratique de transparence, le oids des convenances, de la société et de la morale bloque en quelque sorte notre liberté d’expression, mais également notre volonté d’exprimer certaines choses. La communication excessive est parfois plus dangereuse que bénéfique, car dire certaines choses peut modifier profondément les rapports que nous entretenons avec les autres. Du reste, on ne peut posément tout dire sans y avoir un minimum réfléchi auparavant.

Aussi, il nous faut davantage nous intéresser à l’autre aspect du problème posé par la question du « tout dire »: sommes nous capables de tout dire, tout exprimer par la parole ? Est-ce possible, sach « tout dire sommes nous capables de tout dire, tout exprimer par la parole ? Est-ce possible, sachant que l’étape nécessaire, avant l’échange de données avec autrui, est le processus interne de signification, de représentation de ce «tout» à transmettre ?

Dans un premier temps, on peut considérer qu’à l’aide du langage, tout dire devient possible. Nous sommes doués de parole, et tout dire reste physiquement possible. Sans nécessairement réussir à tout exprimer de façon exacte, ri1 transmettre correctement ces données à autrui, il n’en reste pas moins possible de tout énoncer. Le principe du «Novlangue», ?laboré par George Orwell dans son roman 1984, est basé sur l’idée d’une simplification et épuration complète du langage. La multitude de noms, verbes, adjectifs etc. e la langue se réduiraient a seulement quelques mots de base, enrichis de suffixes et préfixes pour les distinguer un tant soit peu les uns des autres. Cette idée de tout ranger dans des larges catégories afin de débarrasser le langage de toute ambiguïté est certes excessive et inconcevable en réalité; cependant, par son « novlangue Orwell nous montre que notre langage, s’il pourrait sembler limité, n’empêche en rien l’expression du réel : Avec tout angage, même réduit comme le novlangue, la communication reste possible, puisqu’elle est à la base du langage.

Or, à partir du moment ou celui-ci rend la communication possible, on peut le considérer comme une réussite : le but recherché est atteint, toute notre société peut, à l’aide de ce langage commun, échanger différentes données et idées. Dès lors que l’on a conf PAGF s 5 l’aide de ce langage commun, échanger différentes données et idées. Dès lors que l’on a confiance en cette langue que nous utilisons tous de la même façon, pourquoi ne pourrions nous donc pas nous en servir afin d’exprimer tout ce que l’on ouhaite ?

Certains philosophes, comme le linguiste Emile Benveniste, renoncent même à l’idée qu’il existe une réalité indépendante de la langue, et que nous ne percevons la réalité qu’à travers sa conception préalable imposée par le langage et ses limites. Pour lui, le réel dans sa totalité est saisissable et exprimable par la parole, car c’est dans et par le langage que l’homme se constitue comme sujet et constitue le monde qui l’entoure.

Benveniste justifie sa pensée en expliquant que le développement de disciplines essentielles comme la philosophie ou la métaphysique ‘ont pu se réaliser que par le langage et son évolution, à partir de la langue grecque. Toute vérité serait donc le fruit de la langue et de son utilisation. Le langage a pour fonction de construire un monde, c’est par lui que l’on établit du sens, des relations entre les choses et les perceptions que l’on en a : chacun forme ainsi un système de reconnaissance et d’organisation du monde.

Sans le langage, il est donc très probable que le monde n’existerait pas, car nous ne percevrions alors que des sensations indépendantes et décousues, et donc impossible à organiser et comprendre. De plus, le langage est un système de communication qui donne la passibilité d’agrémenter et de préciser l’expression de sa pensée par des associations de mots et une quantité démesurée d’adjectifs, plus part 6 5 l’expression de sa pensée par des associations de mots et une quantité démesurée d’adjectifs, plus particulièrement encore dans certaines langues où l’on peut composer des mots ? volonté, comme l’allemand.

Les mots ne sont pas une barrière ? l’expression du réel ; au contraire, selon l’usage que l’on en fait, les mots sont capables d’exprimer des choses que ron n’aurait pu imaginer sans eux. C’est ainsi que le poète, par exemple, par des associations peu communes de mots et des procédés stylistiques originaux, va, par une utilisation singulière et presque abusive du langage, créer de nouvelles nations, une nouvelle approche de la réalité.

Or, si les mots permettent, outre d’exprimer des réalités communes, d’en générer de nouvelles, il semble probable que l’homme soit en mesure de tout dire, et même plus encore ! « On ne sait ce qu’on voulait dire que lorsqu’on l’a dit comme l’écrivit joseph Joubert dans ses Pensées. « Il n’y a pas de pensées sans mot b. Il nous arrive certes ? ous de voir des images surgir dans notre esprit ; mais celles ci sont généralement fugaces trop brèves pour que l’on puisse s’en rappeler par la suite sans les fixer dans son esprit en les «pensant» par le langage.

En effet, pour stabiliser une image dans mon esprit, ou même une sensation ou émotion, il me faudra la qualifier par des mots. Cest la description que je m’en ferais qui me permettra de vraiment la comprendre. C’est donc seulement à partir des mots que, finalement, nous pouvons forger une pensée cohérente. Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, én 7 5