Mélies

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George Méliès Introduction « Georges Méliès est le prestidigitateur qui mit le cinématographe dans un chapeau pour en faire sortir le cinéma » Edgar Morin. D’abord prestidigitateur, acteur et illusionniste, Georges Méliès utilise le cinéma naissant comme un tremplin pour sa propre imagination. Si les frères Lumière et leurs contemporains ont vu dans le cinéma un dispositif d’enregistrement documentaire, qui capte les instants de réalité, ce n’est pas le cas de Georges Méliès.

Très tôt acteur de la modeler suivant sa vi 0 cette recherche scien Iqu,_; page magie et la fiction. P le cinéma dans sa « v débuts, il a su issement, loin de ‘explorer le rêve, la ans, il va explorer laire et par le truchement cinématographique, réalise des sketchs, numéros de magie et contes merveilleux dont il est souvent acteur. Directeur de théâtre, son implication et sa passion pour le cinéma étaient extraordinaires si bien qu’il était difficile de séparer sa carrière théâtrale de sa carrière cinématographique.

Il va apporter des innovations à la fois dans la mise en scène pour laquelle il s’inspire directement de son expérience mais aussi dans l’intervention sur la bande, où il réalise des xpérimentations dans un but purement esthétique. Son œuvre brille

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d’une fantaisie dynamique, dune imagination incroyable et d’une ingéniosité étonnante. C’est un mélange unique de fantasmagorie, de trompe-l’œil, d’ill Sv. ‘ipe to d’illusions, de trappes, de flammes, de fumées, de vapeurs coloriées au pinceau.

Visionnaire, il abordait des thèmes variés quant à la science, la politique, Ihistoire et surtout la fiction : l’une de ses œuvres les plus connue le Voyage dans la Lune, une anticipation burlesque et merveilleuse, préfigure le débarquement de l’homme sur c la Lune presque 70 ans plus tard. En quoi Georges Méliès est-il l’une des grandes figures du cinéma qui va influencer de nombreux artistes et les générations futures ?

Pour y répondre nous aborderons dans un premier temps la vie de l’artiste, puis son œuvre et ses techniques pour finir avec ses références artistiques et son influences sur ces contemporains _ l) Georges Méliès, un « cinématographiste » entre deux siècles a) Méliès, un homme de théâtre et de cinéma Dessinateur, peintre, caricaturiste, magicien, fantasmagore, directeur du théâtre, décorateur, écrivain, acteur, technicien, réalisateur visionnaire, il est impossible de décrire Georges

Méliès simplement par le mot cinéaste, ou « cinématrographiste » comme on le disait à cette époque. Il est né à Paris le 8 décembre 1861 et mort le 21 janvier 1938, et a connu à la fois les innovations du XIXe siècle et le début de l’industrie du cinéma qui s’est mise en place au XXe siècle. Il est issu d’une famille de bottiers renommés et non du milieu du spectacle comme on pourrait le penser. Avec sa part de l’entreprise familiale, il va racheter un théâtre, le théâtre Robert Houdin.

Pour comprendre son parcours, il ne faut pas oublier qu’il est dans un premier temps un homme de théâtre et que sa carrière 0 ne faut pas oublier qu’il est dans un premier temps un homme de théâtre et que sa carrière cinématographique est étroitement liée à cela. Directeur du théâtre Robert-Houdin de 1888 à 1904 puis du théâtre des Variétés artistiques de 1914 à 1922, il va côtoyer de nombreux comédiens, décorateurs, metteurs en scène etc… Dans un premier temps, Méliès et ses contemporains ont moins la volonté d’innover que de réadapter des principes déjà existant à travers ce nouveau média.

L’un des apports de Méliès sera notamment la réutilisation, avec talent, d’éléments provenant u théâtre dont il était passé maître et qu’il réalisait déjà avant même l’invention du cinématographe : la machinerie de scène, les décors, les tours de magie, les illusions… Il préside aussi de 1904 à 1934 la Chambre syndicale de la prestidigitation. Ce qui montre son intérêt pour les arts de la scène plus largement. Même s’il n’a pas utilisé immédiatement le cinématographe, Méliès était très informé de ce qui se faisait à l’époque.

Il admire le praxinoscope lors de l’exposition universelle de 1878 et il côtoie le monde de la chronophotographie dans les années 1890. Mais il attendra 1896, où le cinématographe triomphe, pour acheter sa première caméra à Londres. b) 1896-1910 : une période prolifique La carrière de Méliès dans le cinéma s’étend en grande partie sur les années 1896 à 1910. Cette période est celle des débuts du cinéma, où on parle de « cinématographie-attraction lorsque le cinéma tenait plus de la découverte scientifique que du 7e art.

Son premier film Une partie de cartes ainsi que les suivants sont projetés a scientifique que du 7e art. projetés au théâtre Robert-Houdin, mais ses principaux clients sont les forains. II réalise dans les premiers temps des prises de vues sur le vif comme Déchargement de bateaux au Havre ou Jour de marché à Trouville (1896). Passionné par ce cinématographe, Méliès prend un associé, Reulos, et fait construire à Montreuil en 1897 1’un des premiers studios de cinéma au monde. Celui-ci est bien plus moderne que celui, rudimentaire, d’Edison : il s’agit d’un hangar avec tout une panoplie de machineries et de trappes de théâtres.

Georges Méliès, à la fois un excellent acteur et un mime remarquable, joue dans presque tout ses films. Il joue avec son image en la multipliant ou l’étirant comme dans l’Homme Orchestre (de 1900) ou llHomme à la Tête de Caoutchouc (de 1902). C’est un artiste très polyvalent réalise lui-même les décors, les costumes, mais aussi le scénario, la mise en scène, les trucages et ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui la « post- production Dès 1897, il change radicalement le programme de son théâtre et réserve exclusivement les séances du soir au cinématographe.

Il se sépare de son associé et se fait escroquer de 25 000 francs par un autre. Mais néanmoins, il continue ses productions. Celles-ci sont assez diversifiées : • Il propose des actualités, qu’elles soient filmées directement omme Les funérailles de Félix Faure (1899) et Le sacre d’Edouard VII (1902) ou reconstituées comme La prise de Tournavos (1897) pendant la guerre gréco-turque. • Il tourne aussi des films histori 4 20 • Il tourne aussi des films historiques comme L’Affaire Dreyfus (1899) dont il a fait une série ou Jeanne d’Arc (1900). ?? Mais ses réalisations les plus connues qui sont considérées comme sa spécialité sont les scènes à trucs et les contes merveilleux. On peut citer Le Château Hanté de 1 896 ou encore le très célèbre Voyage dans la Lune. Il fait construire un second studio à Montreuil en 1 905, plus oderne et disposant d’un éclairage artificiel. Mais le cinéma connaît une crise à partir 1907. c) Ce « diable » de Pathé Avec la naissance de l’industrie cinématographique, c’est l’apparition de grandes sociétés comme Gaumont, Eclair et Pathé qui vont imposer une économie.

Elles instaurent un cinéma plus réaliste, plus matériel va qui mettre en marge les productions de Méliès. Méliès est à l’époque « le seul à faire des films pour faire des films, c’est à dire pour le spectacle » (Jean Mitry). En effet, Pathé et Gaumont voient dans le film un moyen de vendre leur appareils respectifs. Ceux-ci, étant incompatibles d’une société ? l’autre, en raison par exemple de la largeur de la bande ou de la perforation nécessitaient d’avoir leur propre appareil. A partir de 1907, les films de Méliès ne se vendent plus.

Son style devient totalement obsolète, la mode est maintenant aux courses poursuites et aux séries. Méliès est contraint de faire des films pour plaire au public, il va même autoriser son frère Gaston ? tourner des westerns dans ses studios, films qui se sont révélés être très mauvais. Pour s’en sortir, Méliès s’associe avec Charles Pathé en s 0 sont révélés être très mauvais. Pour s’en sortir, Méliès s’associe avec Charles Pathé en 1910, ses films sont désormais commandités et distribués par ce dernier.

Avec la Première Guerre Mondiale, la situation financière de Méliès devient de plus en plus précaire. Après avoir tenté de collaborer avec Charles Pathé, et après avoir connu de graves échecs financiers, Méliès arrête sa production cinématographique en 1913. Le public l’oublie totalement. Il se consacre à nouveau au théâtre et crée en 191 7 le Théâtre des variétés artistiques où il joue avec son fils et sa fille. Les accords qu’il avait passé avec Pathé engageaient ses biens t, les films ne rencontrant pas le succès escompté, Méliès est obligé de vendre sa maison en 1923.

C’est à ce moment qu’il a brûlé grand nombre de ses films, en s’apercevant que le pellicules avaient rétréci. Même SI des techniques pour les restaurer existaient à l’époque, Méliès l’ignorait. Beaucoup d’autres films ont été vendus à un récupérateur pour en extraire les matériaux qui seront réutilisés. Après l’annonce de la démolition du Théâtre Robert-Houdin par le ville de Paris, il doit gagner sa vie en vendant des jouets à la gare Montparnasse. un journaliste l’y retrouve, et en 1929 un gala est organisé par ne nouvelle génération de cinéphiles pour lui rendre hommage.

A cette occasion, plusieurs de ses films sont projetés, c’est pour Méliès un dernier coup d’éclat. « À la fin de la projection, les spectateurs se levèrent pour acclamer Méliès qui restait introuvable. La lumière s’éteignit et on projeta un court métrage nous le montrant en train de chercher 6 0 introuvable. La lumière s’éteignit et on projeta un court métrage nous le montrant en train de chercher la salle Pleyel. Comme le rapporte Après s’être retiré au château d’Orly, il meurt en 1938, en même temps qu’Emile Cohl comme le soulignent les journaux de ‘époque.

Il) L’œuvre et les techniques du Marchand de Rêves a) Du théâtre filmé Le théâtre étant un spectacle et un divertissement toujours en vogue à la fin du 19 et au début du XXe siècle, les courts- métrages de Méliès étaient souvent teintés de plusieurs de ses codes. DIAPO : « Un homme de têtes » 1898 (film) Nous allons vous montrer deux de ses courts métrages et les comparer pour illustrer notre propos. Dans « Un homme de tête » (1898), l’artiste interagit avec le spectateur du film par sa gestuelle, ses expressions, ses mouvements, son regard.

Il s’agissait en somme d’un tour de agie filmé : il démontrait que les tables n’étaient pas truquées, communiquait avec le spectateur et saluait à la fin. Les films de l’époque étant muets, le mime a permis de combler cette lacune et, malgré tout, de faire comprendre l’action qui se déroulait tout en surjouant pour amuser et divertir. La mise en scène était simple, il n’y avait que deux tables et un tabouret au centre. Il ne semblait pas y avoir de mécanisme ou d’outil servant à provoquer Pillusion des multiplications et des soustractions de têtes.

Pourquoi ne pas réaliser le tour sur une véritable scène dans ce cas si la mise en scène n’était pas complexe ? La répons rs de la phase de phase de postproduction où Méliès usait de techniques spécifiques lui permettant d’arriver à tromper les sens. I s’agit d’un long métrage muet accompagné d’une mélodie jouée sur un piano. Il dure environ 8 minutes et met en avant les aventures de six hommes en partance pour la lune e film débute sur une réunion des membres de Flnstitut d’Astronomie incohérente.

Le professeur Barbenfouillis présente à l’assemblé son idée d’atteindre la lune en étant projeté par un obus, lui-même expulsé par un canon géant. Tout le monde n’est pas ravi, mais au final cinq personnes décident de l’accompagner. Après qu’ils se soient habillés pour le voyage, qu’ils aient vu la construction de l’obus ainsi que la fonte du canon géant, le jour du départ arrive. Avec l’aide de jeunes filles, le canon propulse l’obus qui atterrit directement dans Fœil de la lune.

A leur arrivée, ils découvrent le monde féerique de la lune rempli d’étoiles, de belles jeunes filles et de champignons géants. Quand tout à coup les sélénites (habitants de la lune), surgissent de nulle part, les attaquent et les capturent. Ils essaient, tant bien que mal, de s’échapper, ils montent dans l’obus qui tombe dans l’océan ntraînant avec lui un sélénite. Repêchés par un navire, ils arrivent sains et saufs sur la terre, là où une foule d’acclamations les attendent. Grand défilé avec l’exposition du prisonnier lunaire ainsi que de la statue érigée en l’honneur de nos six héros.

DIAPO : capture photos des différents plans, affiche du film et jeu exagéré des acteurs Dans « Le voyage dans la lune h, il ne s’agissait nullement de tour de magie mai Dans « Le voyage dans la lune », il ne s’agissait nullement de tour de magie mais d’une histoire fictive qui était contée à un public là encore situé derrière un écran. Le cadrage jouait ici un rôle important, il délimitait un champ d’action pour tous les personnages du film, ce qui permettait d’installer des mécanismes plus ou moins complexes sur les côtés, derrière, au- dessus ou en dessous des décors.

Comme au théâtre il était possible de jouer sur les plans pour donner l’illusion de la profondeur. Il s’agissait également d’un atout permettant le gain de temps de production et de moyens : il était possible de tricher en insérant seulement une partie d’un objet ou d’un élément du décor, pour ne travailler que celle-ci et non le reste qui n’était pas vu à l’écran. Afin d’assurer la compréhension du scénario, les acteurs devaient utiliser une gestuelle parfois exagérée ou amplifiée : levés de bras brusques et dynamiques, bonds, crissements soudains…

Il faut également noter l’importance de la bande sonore. Elle participait activement à la narration en donnant du caractère aux scènes et aux actions. On trouve aussi une différences dans les bandes sonore dans Voyage dans la lune elle sert à raconter l’histoire mais en revanche, dans le premier court-métrage, il s’agissait davantage d’une musique de foire, qui renforçait Vidée et le principe du tour e magie, se terminant en même temps que le départ de Méliès de la scène. L’écran permettait donc de faire ce qui n’est pas toujours possible au théâtre.

Des corps découpés, aplatis, éclatés, grossis, maltraités mais toujo toujours possible au théâtre. Des corps découpés, aplatis, éclatés, grossis, maltraités mais toujours vivants tout en reprenant des principes fondamentaux à savoir: les jeux de décors, de mime et de gestuelle des acteurs et de mise en scène. II s’attribuait également au passage une partie du public du théâtre. Mais les arrangements que permettait l’écran se travaillaient non eulement au sein de la production et de la prise de vue, mais également après. ) La maîtrise des techniques de l’époque Pour obtenir certains effets dans ses films et renforcer les impressions auprès du spectateur, Méliès, maitre des premiers effets spéciaux, usait d’ingéniosité à l’aide des moyens de DIAPO:ARRET sur image Ces films reposent sur plusieurs trucages tels la surimpression, le fondu enchaîné et l’arrêt de caméra. D’après la légende, Méliès découvre l’arrêt de caméra par hasard. Il écrit ainsi : « Veut – on savoir comment me vint la première idée d’appliquer le truc au cinématographe? Bien simplement, ma foi.

Un blocage de l’appareil dont je me servais au début produisit un effet inconnu, un jour que je photographiais [email protected] la Place de l’Opéra, une minute fut nécessaire pour débloquer la pellicule et remettre l’appareil en marche. Pendant cette minute, les passants, omnibus, voitures avaient changé de place, bien entendu. En projetant la bande, ressoudée au point où s’était produite la rupture, je vis subitement un omnibus Madeleine – Bastille changé en un corbillard et des hommes changés en femmes. Le truc par substitution, dit truc à arrêt, était trouvé. » C’est l’effet d’arrêt d 0 0