2009 6e série Tome 130 Les machines entretiennent avec l’esprit des relations complexes et Cambiguës. Figure de notre rationalité depuis des siècles, elles sont Daussi le miroir de ses limit ux. structure, afonctionnement, or27 évolution sont autan lité où Oles to View recherches se renouvellent rapide hilosophie des machines est accompagné de multiples marques d’un regain d’intérêt récent pour l’histoire et la philosophie des techniques. Objets de connaissance Revue de synthèse LES MACHINES Ronan Le Roux L’impossible constitution d’une théorie générale Techniques, information et économie VIE SCIENTIFIQUE
ARTICLES CHRONIQUES DE LA RECHERCHE PRÉSENTATION Revue de Synthese TOME 130. se • 1 • 2009 ESSAI Wolfgang Pircher Lilian Pérez, Sophie Roux, Frédéric Vengeon Les machines moment cybernétique. . . . . . . . . . 181 Revue de synthèse : tome 130, Se série, no 1, 2009, p. – 2 REVUE DE SYNTHÈSE . tome 130, 6e série, no 1, 2009 Comptes rendus TECHNIQUES, INFORMATION ET ÉCONOMIE Gilbert Simondon, L’invention dans les techniques. Cours et conférences, éd. établie et prés. par Jean-Yves Chateau (Jean-Hugues Barthélémy) . . 187 Domenico Bertoloni Meli, Thinking With Objects.
The Transformation of Mechanics n the Seventeenth Century (Camille Frémontier- Murphy) 189 Davis Balrd, Thing Knowledge. A Philosophy of
La technologie de la Renaissance aux Lumières, édité par Pascal Dubourg Glatigny et Hélène Vérin (Éric Brian) . . 209 Ki kpatrick Sale, La Révolte luddite. anseurs de machines à Père de l’industrialisation, trad. franç- par Célia Izoard (François Jarrige) 210 La Liberté au prisme des capacités. Amartya Sen au-delà du libéralisme, ouvrage publié sous la dir. de Jean de Munck et Bénédicte Zimmermann (Alessandro Stanziani) . . 212 Patrick Lafond, Le Miroir français de la croissance italienne, 1945-1963 (Enc Brian) . 214 Y a-t-il des lois en économie ?
XIe Colloque international de l’association Charles Gide pour l’étude de la pensée économique, coordonné et présenté par Arnaud Berthoud, Bernard Delmas et Thierry echniques, Paris, nouv. sér. , no 16 (Éric Brian) . . 216 Vie scientifique un colloque international : « L’automate : modèle, machine, merveille (19-21 mars 2009) 217 Un ouvrage en préparation : Igor Contreras et Sara Iglesias, éd. , Le Son des rouages. Représentations musicales des rapports homme-machine au XXe siècle 219 ourquoi donc s’intéresser aux machines ?
Ne sont-elles pas les objets les plus ennuyeux et rébarbatifs qui soient ? On veut bien, éventuellement, applaudir l’inventeur et se laisser fasciner le temps que l’appareil s’intègre ? nos habitudes — les modifiant au passage. Mais en quoi ces choses que l’on crée, avant tout, afin de se consacrer à autre chose qu’aux tâches ingrates qu’on leur confie, méritent-elles une attention autre que la sagacité de l’ingénieur et celle du technicien ? La machine entretient avec l’esprit des relations complexes et ambiguës.
L’esprit est jusqu’à un certain point comparable à une machine, et son activité est amplifiée et bien souvent rendue possible par un réseau de prothèses — le chercheur, producteur intellectuel, n’est pas le m par cet aspect. Depuis PAGF s OF (langage, mathématiques, schémas)l qui ait pu circonscrire et ?puiser cette réalité qui, paradoxalement puisqu’elle est artificielle, semble souvent douée d’une vie propre, comme une progéniture de la Raison que celle-ci ne pourrait plus comprendre tout à fait une fois lâchée dans le monde.
Les machines paraissent décidément accompagner l’histoire de la rationalité, laquelle ne peut plus être conçue comme transparente à elle- même ; elles opèrent à un niveau implicite, inconscient, elles incarnent, par la routine qui est leur raison d’être et la confiance qu’on leur accorde, le contraire de la réflexivité et de la critique.
Si les avoir-faire et les gestes techniques présentent une opacité particulière, les premiers pour être jalousement conservés par des communautés d’initiés (c’est « hermétisme des corporations) et les seconds pour être appris et transmis très souvent de manière non verbale (c’est le mimétisme visuel), la machinerie n’a rien ? leur envier en termes de difficulté d’explicitation. Le principe d’une machine réside en effet dans l’automatisation, c’est-à-dire le fait de se passer de toute intervention humaine, et donc de communication langagière dans l’accomplissement d’une tâche.
En résulte sans oute une certaine commodité qui fait considérer que les techniques n’auraient pas de Slgniflcatlon particulière (voici le présupposé de la neutralité) ou que cette signification leur viendrait d’ailleurs (c’est cette fois celui de l’instrumentalité), autant d’appels à la réflexion 1. Voir dans ce numéro l’a RAFFORT, ci-après p. PAGF OF 10. 1007/s11873-009-0065-8 3/19/2009 PM L’IMPOSSIBLE CONSTITUTION D’UNE THÉORIE GÉNÉRALE DES MACHINES ?
La cybernétique dans la France des années 1950 Ronan Le ROUX* RÉSUMÉ : On présente trois projets de théories des machines : la « mécanologie » e l’architecte Jacques Lafltte (1932), inspirée de l’évolution biologique ; 1’« Analyse mécanique » de Louis Couffignal, spécialiste des machines ? calculer (1938), qui préfigure l’analyse fonctionnelle ; et la théorie algébrique des machines du mathématicien Jacques Riguet (début des années 1950). À cette période, les trois hommes sont membres du Cercle d’études cybernétiques.
On s’intéresse au dialogue des projets, aux axes d’unification et de divergence, aux styles, aux stratégies et postulats de ces trois candidats à la généralisation convergeant vers la référence constituée par la cybernétique. MOTS-CLÉS : Ashby, Couffignal, cybernétique, Lafitte, Riguet. THE IMPOSSIBLE STRUCTURING OF A GENERAL THEORY OF MACHINES ? Cybernetics in France in the 1950’s ABSTRACT : Three projects on the theories of machines are presented : « mecanology » of the architectJacques Laffite 1932 inspired by biological evolution ; « mecanical PAGF 7 OF cybernetics, Lafitte, Riguet. Ronan Le Roux, né en 1979, est doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre Maurice-Halbwachs (IJMR 8097). Sa thèse porte sur l’histoire de la cybernétique en France (1948-1970). Il est fauteur de travaux concernant cette histoire t les théoriciens français des techniques (Gilbert Simondon et Pierre Ducassé notamment). Il vient de publier « Lévi-Strauss, une réception paradoxale de la cybernétique » (L’Homme, no 189, 2009). Adresse : Centre Maurice-HaIbwachs, École normale supérieure, Campus Jourdan, 48, boulevard Jourdan, F-75014 paris. Courrier électronique : ronan. e. [email protected]. com Revue de synthèse : tome 130, Se série, no 1, 2009, p. 5-36. sprsynt000076_cor3. indd 5 DOI : 10. 1007/s11873-009-0070-y 3/17/2009 AM 6 REVUE DESYN HÈSE. TOME 130, 6e SÉRIE, NO 1, 2009 DIE UNMOGLICHE ERSTELLUNG EINER ALLGEMEINEN MASCHINENTHEORIE ? Die Kybernetik in Frankreich in den 1950er Jahren ZUSAMMENFASSUNG : Der Aufsatz prasentiert drei projekte fur Maschinentheorien : die durch biologische Evolution inspirierte „Mechanologie » des Architekten Jacques Lafitte (1932), die die fun e vorweenehmende ±fiJ: y 5 (1932) or x h Y ay — (FR bü • (1938) psycho-sociologie des techniques.
En vue d’une réactualisation opératoire, ces deux approches sont mises à l’épreuve du grand collisionneur de hadrons (LHC) et du « halo » psychosocial des nanotechnologies. MOTS-CLÉS : LHC, machines, nanotechnologie, Simondon, technique. REVISI ING A PHILOSOPHY OF MACHINES Gilbert Simondon, hadrons and nanotechnologies ABSTRACT : On the mode of existence of technological objects (1958) remains a strange work on the philosophical horizon.
Yet, all along his career, Gilbert Simondon has expressed himself on technique. The originality of his works is the analysis of machines as organised matter. This orientation sends us back to the divergence between French and German research on technique in the 20th century. Simondon joins mecanology to a psycho-sociology of techniques. ln View of an operational reactualisation these approaches are put to the test of the Large Hadron Collider (LHC) and to the psychosocial « halo » of the nanotechnologies.
KEYWORDS : LHC, machines, nanotechnology, Simondon, * Vincent Bontems, né en 1974, ancien élève de récole normale supérieure de Lettres et Sciences humaines, agrégé de philosophie, docteur en philosophie et histoire des sciences, est philosophe des techniques au Laboratoire de recherche sur les sciences de la matiere du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Ses travaux portent sur l’épistémologie des échelles, le concept d’analo ie la sociologie des sciences et l’œuvre de Gilbert Simond ent publié « De la