Les mémoires : lecture historique L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France Pour reprendre et étendre une distinction de Pierre Nora, mémoires et patrimoine relèvent fondamentalement de la subjectivité, c’est-à-dire de leur détermination par les sujets qui les conçoivent. La démarche de l’historien, quant à elle, est déterminée par une volonté d’objectivité et elle relève d’un processus de vérité, même si celle-ci est contingente et provisoire, relative aux sources, aux temps et à la posture Une mémoire sert le or 10 groupe, étant entend ut Sni* to View légitimes, comme le asse. mboliques d’un nt être tout à fait es grands crimes du Ces affrontements, les prises de position et les actes de chacun ont des incidences et une dimension éthique si considérables qu’ils induisent la construction des mémoires des différents groupes autour de l’énoncé de jugements moraux particulièrement tranchés. ccultation destinée à la restauration de la paix civile au sortir des conflits, « travail de mémoire » des groupes insatisfaits ; réception plus ou moins large et non sans conflits des mémoires ainsi révélées, jusqu’à leur acceptation officielle (exemple : les excuses du résident de la République pour la participation de l’Etat français ? la persécution
Ainsi, l’historiographie des conflits et de leurs mémoires passe par les mêmes phases : d’abord l’histoire des conflits eux-mêmes avec affinement progressif de la recherche qui met en lumière des faits d’abord occultés, y compris dans le travail des historiens ; ensuite la dénonciation du processus d’occultation et la mise en lumière de ses enjeux dont pports peuvent être repris dans le débat public ; enfin, dans les contributions les plus récentes, la prise de distance avec les excès débat public.
Les interrogatlons suivantes peuvent servir de fils directeurs : En quoi le contexte d’élaboration des mémoires étudiées les a-t-il déterminées (construction des mémoires) ? Quelles mémoires de ces conflits peuvent être identifiées au sein de la société française (multiplicité des mémoires) ? Comment, dans quels rythmes et dans quelles perspectives les historiens ont-ils fait de ces mémoires des objets d’histoire historicisation des mémoires) ? 1.
Les effets du contexte sur l’élaboration des mémolres de la seconde Guerre mondiale en Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale sont surdéterminées par le traumatisme considérable qui en a résulté pour la population française. La défaite totale de 1940, perçue plus ou moins comme honteuse, Farmistice, la collaboration, la guerre civile, les persécutions de nombreuses victimes politiques ou raciales ont fait douter le pays de lui-même et de sa capacité morale à affronter son destin.
Ni l’action de la France libre et de la Résistance, ni la ictoire, obtenue grâce à des alliés infiniment plus puissants, n 10 libre et de la Résistance, ni la victoire, obtenue grâce à des alliés infiniment plus puissants, ni l’épuration à la fois douteuse dans la violence des premières semaines et partielle dans les mois et années qui suivirent n’ont suffit à laver cette blessure pour les générations qui avaient vécu directement la guerre ou pour celles dont les récits familiaux en faisaient une vivante expérience. . Quelles mémoires ? C’est la nécessité de panser ces blessures qui a déterminé la construction des premières mémoires.
Celle de l’héroÉation nationale de la France libre, de la Résistance et de la Déportation qui fut construite au travers des récits des combats et des sacrifices ; celle, d’abord oubliée (l’oubli est tout autant la caractéristique des mémoires que le souvenir) des victimes du génocide confrontées à la fois au caractère d’abord inexprimable de leurs souffrances et à la volonté d’occultation du rôle joué par certains Français dans le crime ; celle des prisonniers de guerre ou des anciens du STO ; celles des « Malgré-nous » Alsaciens et Lorrains… . Quel travail des historiens sur ces mémoires ? Face à ce riche et complexe matériau, le travail des historiens doit être bien distingué de celui des acteurs des mémoires, quelles que soient l’intérêt de leur apports, comme Marcel Ophüls, in le Chagrin et la pitié, Claude Lanzmann, in Shoah. L’historien conduit au moins deux réflexions : D’abord, il examine chacune de ces mémoires.
Il en relève les oublis, il en met en évidence le discours et le projet, il en valide ou invalide les éléments par ce qui constitue la démarche critique historiq projet, il en valide ou invalide les éléments par ce qui constitue la démarche critique historique c’est ? ire la confrontation des discours aux faits que la recherche peut établlr. C’est, par exemple, la contribution de Robert Paxton dans la révélation du rôle actif de Vichy dans la persécution des Juifs.
Ensuite, il examine la place même que ces mémoires prennent dans l’opinion publique et dans les discours des acteurs, tous les acteurs : politiques, intellectuels, artistes, leaders de groupes d’intérêt… Il explique pourquoi telle ou telle mémoire est sur le devant de la scène publique, avec tel ou tel discours et es effets du contexte sur l’élaboration des mémoires de la seconde Guerre ondiale en France 1. 1 la défaite « Chumiliation » militaire de 1940 1. 2 1’occupation Les principes. Le régime de Vichy; Pétain.
Résistance et collaboration. 1. 3 une victoire amère Conséquences matérielles et humaines. L’épuration sauvage. La place de la France dans la victoire. on observe une périodisation: 2. 1 1945: tous résistants * conserver l’unité de la nation retrouvée la mémoire gaulliste: une double négation, minimiser le rôle joué par les Alliés et valoriser le rôle de la Résistance; la collaboration étant considérée comme marginale. Un consensus résistanciali usso). de Sein). Jean Moulin, ses cendres sont transférées au Panthéon en 1964. ?? des lieux: Symboliquement, des stations de métro. Le Mont Valérien où plus d’un millier d’otages et de résistants furent exécutés de 1941 à 1944 Des villages martyrs comme Oradour sur Glane, Maillé et Tulle. des mémoires en concurrence, mémoire communiste et gaulliste. 2. 2 la déportation • Déportés politiques: plus de 89000 déportés dont sont morts dans les camps. La mémoire est à la fois constituée de témoignages et d’une ligne officielle. Des romans comme ceux de Jorge Semprun, Germaine Tillion résistante), Jean Cayrol « nuit et brouillard ».
Officiellement: Loi no 54-415 du 14 avril 1954 consacrant le dernier dimanche d’avril au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les camps de concentratlon du Troisième Reich au cours de la guerre 1939-1945. et le droit à une penslon. • La déportation raciale (les génocides): • 75000 dont 2500 survivants. Les témoignages immédiats sont rares. Je fais un choix: Anna Langfus « le sel et le soufre Primo Levi « si c’est un homme » (publié en 1947, 700 exemplaires vendus; traduit en français en 1987).
Il fallut attendre les années 70 et les travaux de Serge Klarsfeld « Mémorial de la déportation des Juifs français » pour que les chiffres exacts soient connus: 75721 dont environ 2000 revinrent, 79 PAGF 10 mars 1942 et août 1944. Marcel Ophüls montre une France pétainiste, lâche dit Françoise Giroud dans l’Express. Paul Touvier, ancien dirigeant milicien à Lyon est gracié par Pompidou. Le consensus résistancialiste éclate et parallèlement des thèses négationnistes se développent D’autres mémoires apparaissent: le STO, les « malgré-nous », les combattants indigènes, la uestion des camps français comme Drancy.
Officiellement, le pouvoir tente d’apaise les contentieux comme l’illustre Jacques Chirac. En 1994 et 1998, Paul Touvier et Maurice Papon sont condamnés, en 1993, René Bousquet est assassiné. Le 10 mars 2006, le 18 juin est institué comme « Journee commémorative de l’appel historique du général de gaulle ? refuser la défaite et ? poursuivre le combat contre l’ennemi Un grand pas dans l’acceptation par la France de sa propre histoire est fait par le président de la République Jacques Chirac quand il détruit ce mythe de la France entière unie dans la
Résistance. Il déclare en effet le 16 juillet 1995 à l’occasion de l’anniversaire de la rafle du Veld’hiv • « Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et a nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.
Ce jour-là, dans la cap ‘tale et en région parisienne rès de dix mille hommes, femmes et enfants juifs fu rrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accuell et d’asile, la France, ce jour- à, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. ? Ainsi, et pour les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, la Bataille du rail (René Clément, 1946), film de commande qui correspond à la période d’héroÎsation de la Résistance ; Nuits et brouillards (Alain Resnais, 1955) qui particlpe à la construction de la mémoire publique de la éportation en limitant son récit à celle des résistants et des politiques , le Chagrin et la pitié (Marcel Ophuls, 1969), déconstructeur de l’héroiSation et reçu, contre le projet de son auteur, comme révélateur de l’indignité générale de la population française devant l’occupation ; Shoah (Claude Lanzmann, 1 985) qui témoigne de et concoure à Harrivée sur la scène publique de la mémoire de la persécution des Juifs et du génocide. La filmographie est très large et bien d’autres oeuvres peuvent servir de support à une réflexion historique sur leur place dans l’évolution des mémoires : Paris rûle-t-il ? René Clément, 1966) ; l’armée des ombres (Jean-Pierre Melville, 1969) d’après le roman de Joseph Kessel (1943) ; Lacombe Lucien, (Louis Male, 1974) ; Monsieur Batignole (Gérard Jugnot, 2002) ; un Village français (Lucien Triboit, 2009, série télévisée). Face au discours officlel, aux sources, aux témoignages, quel est le travail de l’historien ? D’abord l’histoire d 7 0 officiel, aux sources, aux témoignages, quel est le travail de l’historien ? D’abord l’histoire des conflits eux-mêmes avec affinement progressif de la recherche qui met en lumière des faits d’abord occultés, y compris dans le ravail des historiens ; ensuite la dénonciation du processus d’occultation et la mise en lumière de ses enjeux dont les apports peuvent être repris dans le débat public ; enfin, dans les contributions les plus récentes, la prise de distance avec les excès du débat public. 3. une historiographie dynamique mémoires et patrimoine relèvent fondamentalement de la subjectivité, c’est-à-dire de leur détermination par les sujets qui les conçoivent. La démarche de l’historien, quant à elle, est déterminée par une volonté d’objectivité et elle relève d’un processus de vérité, même si celle-ci est ontingente et provisoire, relative aux sources, aux temps et à la posture de [‘historien. Comme telle, elle contient la possibilité de son évolution, voire de sa réfutation. C’est à cette condition qu’elle est scientifique. • 1973: Paxton « la France de Vichy » En s’appuyant sur les archives américaines et allemandes, l’entreprise de Paxton vise ? démolir l’idée d’un Vichy jouant double-jeu et qui tentait de sauver tout ce qui pouvait l’être.
Au contraire, Pétain et Laval ont toujours recherché la collaboration avec l’Allemagne nazie, et multiplié ‘us u’au bout les signes et les ages de leur bonne vainqueur, allant souvent spontanément au-devant des exigences allemandes. 3. 2 les enjeux de la construction de mémoires. D’autres historiens alimentent ce débat comme Henry Rousso, « Le Syndrome de Vichy » (1987) n’est pas un livre de plus sur cette époque trouble, mais l’histoire de sa difficile résorption ou de sa suwivance, celle des mythes constitutifs, du pétainisme au résistantialisme, qui ont tenté de reconstruire et travestir une réalité plus complexe que les images d’Epinal, tout en perpétuant des clivages ancestraux.
L’auteur s’interroge sur a transmission comme sur la réception des représentations mouvantes et contradictoires de quatre années que certains auraient souhaité rayer de notre histoire. En 1994, il écrit avec Eric Connan « Vichy, un passé qui ne passe pas On peut citer égalementJeanPierre Azéma « Vichy et la mémoire savante : quarante-cinq ans d’historiographie dans Vichy et les Français, Annette Wieviorka, sa thèse « Déportation et génocide: oubli et mémoire (1943 -1948). Le cas des Juifs de France » (1992). « l’heure d’exactitude: Histoire, mémoire, témoignage » (201 1), Philippe Burrin « La France à l’heure allemande 1940-1944″. Exemple des « listes » de « collabos http://deuxiemeguerremondia. forumactif. com/tl 1 112-liste-noire -de-collabos 3. « Liberté pour l’histoire » Ce titre est tiré de la pétition lancée en décembre 2005 par 19 historiens, dont Pierre VidalNaquet, Jean-Pierre Azéma, signée par plus de 600 personnes. L’appel s’insurge contre le nt conduit, à partir des qui ont conduit, à partir des lois mémorielles, à des procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs. Le texte rappelle notamment les principes suivants : « L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connait pas de tabous. Il peut être dérangeant. » L’appel poursuit : « Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. ? Le collectif estime que ces principes sont violés par des articles de lois successives — notamment la loi du 13 juillet 1990 dite loi Gayssot, du 29 janvier 2001 reconnaissant le génocide arménien, du 21 mai 2001 dite loi Taubira, du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés – qui ? ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. » Le collectif demande « l’abrogation de ces articles indignes d’un régime démocratique Fondation pour la mémoire de la déportation: Site Web officiel : http:www. fmd. asso. fr http://www. ordredelaliberation. fr Le cinéma et les mémoires: • Consensus résistanclaliste et ses héros « l’armée des ombres 1969 « paris brûle-t-il ? 1965 « le silence de la mer 1947 • Vichy et la collaboration « Lacombe Lucien »