les liaisons dangeureuseLettre 81

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OBJET YETIJDE : Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours Lecture analytique n03 : Lettre 81 Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos, 1782 Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j’étais vouée par état au silence & à l’inaction, j’ai su en profiter pour observer & réfléchir. Tandis qu’on me croyait étourdie ou distraite, écoutant peu à la vérité les discours qu’on s’empressait de me tenir, je recueillais avec soin ceux qu’on cherchait à me cacher.

Cette utile curiosité, en servant à m’instruire, m’apprit encore ? Swipe Lo nexL page dissimuler : forcée so aux yeux qui m’ento gré ; j’obtins dès lors depuis vous avez lou succès, je tâchai de r len ors to next ts de mon attention r les miens à mon rt. é regard distrait que par ce premier mouvements de ma figure. Ressentais•je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sécurité, même celui de la joie ; j’ai porté le zèle jusqu’? me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l’expression du plaisir.

Je me suis travaillée avec le même soin & plus de peine pour réprimer les symptômes d’une Joie nattend inattendue. C’est ainsi que j’ai

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su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai vu quelquefois si étonné. J’étais bien jeune encore, & presque sans intérêt : mais je n’avais ? moi que ma pensée, & je m’indlgnais qu’on pût me la ravir ou me la surprendre contre ma volonté.

Munie de ces premières armes, j’en essayai l’usage : non contente de ne plus me laisser pénétrer, je m’amusais à me montrer sous des formes différentes ; sûre de mes gestes, j’observais mes discours ; je réglais les uns & les utres, suivant les circonstances, ou même seulement suivant mes fantaisies : dès ce moment, ma façon de penser fut pour moi seule, & je ne montrai plus que celle qu’il m’était utile de laisser voir.

Ce travail sur moi-même avait fixé mon attention sur l’expression des figures & le caractère des physionomies ; & j’y gagnai ce coup doeil pénétrant, auquel l’expérience m’a pourtant appris à ne pas me fier entièrement ; mais qui, en tout, m’a rarement trompée. Je n’avais pas quinze ans, je possédais déjà les talents auxquels a plus grande partie de nos politiques doivent leur réputation, & je ne me trouvais encore qu’aux premiers éléments de la science que je voulais acquérir.

Vous jugez bien que, comme toutes les jeunes filles, je cherchais ? deviner l’amour & ses plaisirs : que, comme toutes les jeunes filles, je cherchais à deviner l’amour & ses plaisirs : mais n’ayant Jamais été au couvent, n’ayant point de bonne amie, & surveillée par une mère vigilante, je n’avais que des idées vagues & que je ne pouvais fixer ; la nature même, ont assurément je n’ai eu qu’à me louer depuis, ne me donnait encore aucun indice.

On eût dit qu’elle travaillait en silence ? perfectionner son ouvrage. Ma tête seule fermentait ; je n’avais pas l’idée de jouir, je voulais savoir ; le désir de m’instruire m’en suggéra les moyens. Je sentis que le seul homme avec qui je pouvais parler sur cet objet sans me compromettre, était mon confesseur. Aussitôt je pris mon parti ; je surmontai ma petite honte ; & me vantant d’une faute que je n’avais pas commise, je m’accusai d’avoir fait out ce que font les femmes.

Ce fut mon expression ; mais en parlant ainsi, je ne savais, en vérité, quelle idée j’exprimais. Mon espoir ne fut ni tout à fait trompé, ni entièrement rempli ; la crainte de me trahir m’empêchait de m’éclairer : mais le bon Père me fit le mal si grand, que j’en conclus que le plaisir devait être extrême ; & au désir de le connaître, succéda celui de le goûter. Je ne sais où ce désir m’aurait conduite ; & alors dénuée d’expérience, peut-être une seule occasion m’eût perdue