LE TEMPS Anthologie poétique Armel Daenen, Mathilde Flas, Valentine Bini Catherine Millet , les temps modernes 2 (galerie 2012 – 2013/2014) Préface or 5 Sni* to View Kaléidoscope Dans une rue, au coeur d’une ville de rêve Ce sera comme quand on a déjà vécu : un instant à la fois très vague et très aigu.. Ô ce soleil parmi la brume qui se lève ! Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois ! Ce sera comme quand on ignore des causes ; Un lent réveil après bien des métempsycoses Les choses seront plus les mêmes qu’autrefois Dans cette rue, au coeur de la ville magique nverra des pétards.
Ce sera comme quand on rêve et qu’on s’éveille, Et que l’on se rendort et que l’on rêve encor De la même féerie et du même décor, L ‘été, dans l’herbe, au bruit moiré d’un vol d’abeille. L’Éternité — Arthur Rimbaud Elle est retrouvée. L ‘Éternité. Quoi ? Cest la mer allée Avec le soleil Âme sentinelle, Murmurons l’aveu De la nuit si nulle Et du jour en feu. Des humains suffrages, Des communs élans Là tu te dégages Et voles selon. Puisque de vous seules, Braises de satin,
Science avec patience, Le supplice est sûr. Elle est retrouvée L’Éternité. oiseau obscur Caché dans l’arbre nu Me consolais par ton chant À la sortie des nuits À l’entrée des jours Grand par-dessus la vie, Réconfort contre la mort ! Combien de jours pour faire trente ans ? Trois cent mille ? ou trois ? On les compte aux guerres, Aux femmes aimées, Aux mers traversées, Aux rois pendus Aux été perdus, On les compte aux comètes, Aux morts… Pourvu que le temps, Le temps court et lent et lent, et lent, PASSE en criant ! René Magritte, Le retour, 1940, musée Magritte Bruxelles
L’horloge -une seconde Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi! Rapide, avec sa voix D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j’ai pompé ta vie avec ma tram e immonde !
Remember ! Souviens-toi, to memor ! PAGF3c,FS sans en extraire l’or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi. Le jour décroit ; la nuit augmente, souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera rheure où le divin Hasard, Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière AUBERGE ! ), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! » Charles Baudelaire, Les fleurs du mal Le jour qui vient Il s’est levé le jour qui vient
Et il me réchauffe le coeur Et il sourit dans sa splendeur C’est comme s’il me tendait la main. Un peu de rire un peu de pleurs Que me donneras-tu aujourd’hui Ajouteras-tu à mon ennul Ou m’apportes-tu le bonheur ? Et il s’étend sur le pays. Et je fais un compte sans fin Du temps qui meurt du temps qui fuit. Un goût de miel ou de venin Que me donneras-tu aujourd’hui ? Ajouteras-tu à mon chagrin Calmeras-tu mon coeur meurtri ? Des heures qui vont des heures qui lassent Me revoilà seul dans la nuit Avec au coeur un peu de place Pour le bonheur qu’on s’est romis_
Un goût de fiel un goût de je regarde ma montre, Et deux fois à mes yeux distraits L’aiguille au même endroit se montre ; Il est une heure… une heure après. La figure de la pendule En rit dans le salon voisin, Et le timbre d’argent module Deux coups vibrant comme un tocsin. Le cadran solaire me raille En m’indiquant, de son long doigt, Le chemin que sur la muraille A fait son ombre qui s’accroît. Le clocher avec ironie Dit le vrai chiffre et le beffroi, Reprenant la note finie, A l’air de se moquer de moi. Tiens ! la petite bête est morte. Je n’ai pas mis HIER encor,
Tant ma rêverie était forte, Au trou de rubis la clef d’or ! Et je ne vois plus, dans sa boîte, Le fin ressort du balancier Aller, venir, à gauche, à droite, Ainsi qu’un papillon d’acier. C’est bien de moi ! Quand je chevauche L’Hippogriffe, au pays du Bleu, Mon corps sans âme se débauche, Et s’en va comme il plaît à Dieu ! L’éternité poursuit son cercle Autour de ce cadran muet, Et le temps, l’oreille au couvercle, Cherche ce coeur qui remuait ; Ce coeur que l’enfant croit en vie, Et dont chaque pulsation Dans notre poitrine est sui Dans notre poitrine est suivie