LaFontaine Fables1

LaFontaine Fables1

Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Jean de La Fontaine FAB ES (1 668 – 1694) Livre I Illustrations par Gustave Doré . 10 13 17 20 … 27 Table des matières Préface . A Monseigneur le Da La Cigale et la Fourmi Le Corbeau et le Ren La grenouille qui veu Les deux mulets…. Le Loup et le Chien . La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion…… 19 La Besace L’hirondelle et les petits Le Rat de ville et le Rat des champs……… 5 Le loup et l’agneau L’homme et son Image Le dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues . 31 1 or 29 Sni* to View e le bœuf . 15 .. 22 29 Les voleurs et l’Ane Simonide préservé par les Dieux Swipe to vlew next page 33 34 La mort et le malheureux….. . La mort et le bûcheron 38 L’homme entre deux âges et ses deux maîtresses 40 Le Renard et la Cigogne L’enfant et le maître d’école 44 Le coq et la perle . 46 Les frelons et les mouches ? 47 Le chêne et le roseau . — 49 À propos de

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cette édition électronique . 1 -3- Préface L’indulgence que l’on a eue pour quelques-unes de mes fables me donne lieu d’espérer la même grâce pour ce recueil. Ce n’est as qu’un des maitres de notre éloquence n’ait désapprouvé le dessein de les mettre en vers. Il a cru que leur principal ornement est de n’en avoir aucun ; que d’ailleurs la contrainte de la poésie, jointe à la sévérité de notre langue, m’embarrasseraient en beaucoup d’endrolts, et banniraient de la plupart de ces récits la breveté, qu’on peut fort bien appeler l’âme du conte, puisque sans elle il faut nécessairement qu’il languisse.

Cette opinion ne saurait partir que d’un homme d’excellent goût ; je demanderais seulement qu’il en relâchât quelque peu, et qu’il crût que les râces lacédémon OF les grâces lacédémoniennes ne sont pas tellement ennemies des muses françaises que l’on ne puisse souvent les faire marcher de compagnie. Après tout, je n’ai entrepris la chose que sur l’exemple, je ne veux pas dire des anciens, qui ne tire point à conséquence pour moi, mais sur celui des modernes. C’est de tout temps, et chez tous les peuples qui font profession de poésie, que le Parnasse a jugé ceci de son apanage.

A peine les fables qu’on attribue à Ésope virent le jour, que Socrate trouva à propos de les habiller des livrées des muses. Ce que Platon en rapporte est si agréable, que je ne puis m’empêcher d’en faire un des ornements de cette préface. Il dit que, Socrate étant condamné au dernier supplice, l’on remit l’exécution de l’arrêt, à cause de certaines fêtes. Cébès l’alla voir le jour de sa mort. Socrate lui dit que les dieux l’avaient averti plusieurs fois, pendant son sommeil, qu’il devait s’appliquer à la musique avant qu’il mourût.

II n’avait pas entendu d’abord ce que ce songe signifiait : car, comme la musique ne rend pas l’homme mellleur, à quoi bon s’y attacher ? Il fallait qu’il y eût du mystère à-dessous, d’autant plus que les dieux ne se lassaient point de lui envoyer la même inspiration. Elle lui était encore venue une de ces fêtes. Si bien qu’en songeant aux choses que le Ciel pouvait exiger de lui, il s’était avisé que la musique et la poésie ont tant de rapport, que possible était-ce de la dernière qu’il s’agissait.

Il n’y a point de bonne poésie sans harmonie ; mais il n’y en a point non -4- plus sans fiction, et 3 OF plus sans fiction, et Socrate ne savait que dire la vérité. Enfin il avait trouvé un tempérament : c’était de choisir des fables qui ontinssent quelque chose de véritable, telles que sont celles d’Ésope. Il employa donc à les mettre en vers les derniers moments de sa vie. Socrate n’est pas le seul qui ait considéré comme sœurs la poésie et nos fables. Phèdre a témoigné qu’il était de ce sentiment, et par l’excellence de son ouvrage nous pouvons juger de celui du prince des philosophes.

Après Phèdre, Avienus a traité le même sujet. Enfin les modernes les ont suivis : nous en avons des exemples non seulement chez les étrangers, mais chez nous. Il vrai que lorsque nos gens y ont travaillé, la langue était si ifférente de ce qu’elle est qu’on ne les doit considérer que comme étrangers. Cela ne m’a point détourné de mon entreprise : au contraire, je me suis flatté de ‘espérance que si je ne courais dans cette carrière avec succès, on me donnerait au moins la gloire de l’avoir ouverte.

Il arrivera possible que mon travail fera naître à d’autres personnes l’envie de porter la chose plus loin. Tant s’en faut que cette matière soit épuisée, qu’il reste encore plus de fables ? mettre en vers que je n’en ai mis. J’ai choisi véritablement les meilleures, c’est-à-dire celles qui m’ont semblé telles ; mais outre que je puis ‘être trompé dans mon choix, il ne sera pas difficile de donner autre tour à celles-là même que j’ai choisies ; et si ce tour est mains long, il sera san donner un moins long, il sera sans doute plus approuvé.

Quoi qu’il en arrive, on m’aura toujours obligation : soit que ma témérité ait été heureuse et que je ne me sois point trop écarté du chemin qu’il fallait tenir, soit que j’aie seulement excité les autres à mieux faire. Je pense avoir justifié suffisamment mon dessein quant ? l’exécution, le public en sera juge. On ne trouvera pas ici l’élégance i l’extrême brièveté qui rendent Phèdre recommandable ; ce sont qualités au-dessus de ma portée. Comme il m’était impossible de l’imiter en cela, j’ai cru qu’il fallait en récompense égayer l’ouvrage plus qu’il n’a fait.

Non que je le blâme d’en être demeuré dans ces termes : la langue latine n’en demandait pas davantage ; et si l’on -5- veut prendre garde, on reconnaitra dans cet auteur le vrai caractère et le vrai génie de Térence. La simplicité est magnifique chez ces grands hommes ; moi qui n’ai pas les perfections du langage comme ils les ont eues, je ne la puis élever à un si haut oint. Il a donc fallu se récompenser dailleurs : c’est ce que j’ai fait avec d’autant plus de hardiesse que Quintilien dit qu’on ne saurait trop égayer les narrations. Il ne s’agit pas ici d’en apporter une raison : c’est assez que Quintilien l’ait dit.

J’ai pourtant considéré que, ces fables étant sues de tout le monde, je ne ferais rien si je les rendais nouvelles par quelques traits qui en relevassent le goût. C’est ce qu’on demande aujourd’hui : on veut de la nouveauté et de la gaieté. PAGF s OF relevassent le goût. la gaieté. Je n’appelle pas gaieté ce qui excite le rire, mais un ertain charme, un air agréable, qu’on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux. Mais ce n’est pas tant par la forme que j’ai donnée à cet ouvrage qu’on en doit mesurer le prix, que par son utilité et par sa matière.

Car qu’y a-t-il de recommandable dans les productions l’esprit, qui ne se rencontre dans l’apologue ? C’est quelque chose de si divln, que plusieurs personnages de l’antiquité ont attribué la plus grande partie de ces fables à Socrate, choisissant pour leur sewir de père celui des mortels qui avait le plus de communication avec les dieux. Je ne sais comme ils n’ont point fait descendre du ciel ces mêmes fables, et comme ils ne leur ont point assigné un dieu qui en eût la direction, ainsi qu’à la poésie et à l’éloquence.

Ce que je dis n’est pas tout à fait sans fondement, puisque, s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré parmi les erreurs du paganisme, nous voyons que la Vérité a parlé aux hommes par paraboles, et la parabole est-elle autre chose que l’apologue, c’està-dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant plus de facilité et d’effet qu’il est plus commun et plus familier ? Qui ne ous proposerait à imiter que les maîtres de la sagesse nous fournirait un sujet d’excuse ; il n’y en a point quand des abeilles et des fourmis sont capables de cela même qu’on nous demande.

C’est pour ces raisons que Platon, ayant banni Ho capables de cela même qu’on nous demande. C’est pour ces raisons que Platon, ayant banni Homère de sa république, y a donné à Ésope une place très honorable. Il souhaite que les enfants sucent ces fables avec le lait, il recommande aux -6- nourrices de les leur apprendre ; car on ne saurait s’accoutumer trop bonne heure à la sagesse et à la vertu. Plutôt que d’être éduits à corriger nos habitudes, il faut travailler à les rendre bonnes pendant qu’elles sont encore Indifférentes au bien ou au mal.

Or quelle méthode y peut contribuer plus utilement que ces fables ? Dites à un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait ; que cela le fit périr, lui et son armée, quelque effort qu’il fit pour se retirer. Dites au même enfant que le renard et le bouc descendirent au fond d’un puits pour y éteindre leur soif ; que le renard en sortit s’étant servi des épaules et des cornes de son camarade comme ‘une échelle ; au contraire, le bouc y demeura pour n’avoir pas tant de prévoyance ; et par conséquent il faut considérer en toute chose la fin.

Je demande lequel de ces deux exemples fera le plus d’impression sur cet enfant : ne s’arrêtera-t-il pas au dernier, comme plus conforme et moins disproportionné que l’autre à la petitesse de son esprit ? Il ne faut pas m’alléguer que les pensées de l’enfance sont d’elles-mêmes assez enfantines, sans y joindre encore de nouvelles badineries. Ces badineries ne sont telles qu’en apparence, car dans le fond elles portent un sens très solide. OF badineries ne sont telles qu’en apparence, car dans le fond elles portent un sens très solide.

Et comme, par la définition du point, de la ligne, de la surface, et par d’autres principes très familiers, nous parvenons à des connaissances qui mesurent enfin le ciel et la terre, de même aussl, par les raisonnements et conséquences que l’on peut tirer de ces fables, on se forme le jugement et les mœurs, on se rend capable des grandes choses. Elles ne sont pas seulement morales, elles donnent encore d’autres connaissances. Les propriétés des animaux et leurs divers aractères y sont exprlmés ; par conséquent les nôtres aussi, puisque nous sommes l’abrégé de ce qu’il y a de bon et de mauvals dans les créatures irraisonnables.

Quand Prométhée voulut former l’homme, il prit la qualité dominante de chaque bête : de ces pièces si différentes il composa notre espèce ; il fit cet ouvrage qu’on appelle « le petit monde Ainsi ces fables sont un tableau où chacun de nous se trouve dépeint. Ce qu’elles nous représentent confirme les personnes d’âge avancé dans les connaissances que l’usage leur a données, et apprend aux enfants ce qu’il faut qu’ils sachent. Comme ces derniers sont nouveaux venus dans le monde, ils n’en connaissent pas encore les habitants, ils ne se connaissent pas eux-mêmes.

On ne les doit laisser dans cette ignorance que moins qu’on peut ; il leur faut apprendre ce que Cest qu’un lion, un renard, ainsi du reste ; et pourquoi l’on compare quelquefois homme à ce renard ou à ce lion. C’est à quoi les fables travaillent PAGF 8 OF compare quelquefois un homme à ce renard ou à ce lion. C’est à quoi les fables travaillent ; les premières notions de ces choses proviennent d’elles. J’ai déjà passé la longueur ordinaire des préfaces, cependant je ‘ai pas encore rendu raison de la conduite de mon ouvrage.

L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable ; Pâme, la moralité. Aristote n’admet dans la fable que les animaux ; il en exclut les hommes et les plantes. Cette règle est moins de nécessité que de bienséance, puisque ni Ésope, ni Phèdre, ni aucun des fabulistes, ne l’a gardée : tout au contraire de la moralité, dont aucun ne se dispense. Que s’il m’est arrlvé de le faire, ce n’a été que dans les endroits où elle n’a pu entrer avec grâce, et où il est aisé au ecteur de la suppléer.

On ne considère en France que ce qui plaît ; c’est grande règle, et pour ainsi dire la seule. Je n’ai donc pas cru que fût un crime de passer par-dessus les anciennes coutumes lorsque je ne pouvais les mettre en usage sans leur faire tort. Du temps d’Ésope, la fable était contée simplement, la moralité séparée, et toujours en suite. Phèdre est venu, qui ne s’est pas assujetti à cet ordre • il embellit la narration, et transporte quelquefois la moralité de la fin au commencement. Quand il serait necessaire lui trouver place, je ne manque à ce précepte que pour en bserver un qui n’est pas moins important.

C’est Horace qui nous le donne. Cet auteur ne veut pas qu’un écrivan s’opiniâtre contre l’incapacité de son espri PAGF OF le donne. Cet auteur ne veut pas qu’un écrivain s’opiniâtre contre de son esprit, ni contre celle de sa matière. Jamais, à ce qu’il prétend, un homme qui veut réussir n’en vient jusque-là ; il abandonne les choses dont il voit bien qu’il ne saurait rien faire de bon . Et quoe Desperat tractata nitescere posse, relinquit. C’est ce que j’ai fait à l’égard de quelques moralités, du succès esquelles je n’ai pas bien espéré. 8- Il ne reste plus qu’à parler de la vie d’Ésope Je ne vois presque personne qui ne tienne pour fabuleuse celle que Planude nous a laissée. On s’imagine que cet auteur a voulu donner à son héros caractère et des aventures qui répondissent à ses fables. Cela m’a paru d’abord spécieux ; mais j’ai trouvé à la fin peu de certitude cette critique. Elle est en partie fondée sur ce qui se passe entre Xantus et Ésope ; on y trouve trop de nialseries, et qui est le sage qui de pareilles choses n’arrivent point ? Toute la vie de Socrate as été sérieuse.

Ce qui me confirme en mon sentiment, c’est que le caractère que Planude donne à Ésope est semblable à celui que Plutarque lui a donné dans son Banquet des sept Sages, c’est- àdire d’un homme subtil, et qui ne laisse rien passer. On me dira que le Banquet des sept Sages est aussi une invention. Il est aisé douter de tout : quant à moi, je ne vois pas bien pourquoi Plutarque aurait voulu imposer à la postérité dans ce traité-là, lui qui fait profession d’être véritable artout ailleurs, et de conserver à chacun son caractère. Q it, le ne saurais