La Soci T Fran Aise En 1919

La Soci T Fran Aise En 1919

« La guerre donne le temps fort, le temps vrai, le temps peuplé de vrais évènements. Cest lui qui accroche le reste de la durée, la durée molle des avant et des après-guerre Pierre Chaunu lorsqu’il écrit cette phrase en 1987, pose les jalons d’une histoire se basant essentiellement sur les caractères exceptionnels et spectaculaires des confllts négllgeant largement les périodes précédant ou suivant directement les conflits de grande ampleur. Néanmoins, ces moments de l’histoire n’en demeure pas moins cruciaux pour une compréhension complète du contexte historique.

En effet, il a été vu que les sorties de guerres sont notamment des phases essentielles puisqu’elles concentrent alors des aspects encore frais de l’inconscient collectif tels que la reconstruction des id ou encore la réintégr focalisant sur l’année il est ainsi possible d dune société françai on PACE 1 org isme de la guerre corps civil. En se la Grande-Guerre, les particularités e vraiment à la paix et dont les mutations, sociales bien entendu, mais encore économiques et politiques, viennent peu à peu se greffer à la conscience nationale.

Dès lors, comment s’opère le passage d’un ?tat de conflit total à celui de sortie de guerre? Quelles stigmates, ou quelles évolutions, la société française connait-elle

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dans l’immédiat après-guerre ? Il sera question dans un premier temps d’évoquer les traces de la guerre dans différen Swipe to View next page différents domaines pour ensuite s’attarder sur le contexte de « sortie de guerre » qui est différent de celui de paix. Enfin, le mot de la fin sera consacré à l’étude d’une France à l’heure du défi de la démobilisation. 1 novembre 1918, l’armistice est signé, partout dans les campagnes et les villes la surprise et la méfiance sont au rendez- ous. S’installe alors un climat d’euphorie limitée, on chuchote sans réellement y croire que la guerre est finie, que enfin ce conflit long de quatre ans était terminé. Mais ce qui limite la joie de la victoire ces sont les stigmates encore bien visibles des atrocités qui ont eues lieu sur le territoire français. Et même au-delà du visible, les marques psychologiques, économques, sociales ou encore politiques sont plus que jamais gravées dans la mémoire de l’opinion.

Mais c’est probablement au niveau démographique que la France paie le plus lourd tribut, en tout cas plus que son éternel rival allemand. En effet, le pays habité par 39 millions d’âmes comptait 8 millions de mobilisés dans ses rangs. De ces derniers, pas plus de 1 400 000 soldats ou officiers sont tués au front, décédés dans la zone des armées ou « disparus », soit près de 17% de Peffectif. Dans le même temps, les pertes enregistrées par parmée allemande s’élevaient à 1 de ses hommes.

A cela s’ajoute les chiffres des soldats durablement marqués dans leur chair. Environ 3 000 000 d’hommes ont été blessés et parmi eux 280 000 portent à vie sur leurs visages les mutilations de guerre. Cependant, si l’on s’arrêtait à la seule ?tude des pertes directes de la guerr guerre. Cependant, si Pon darrêtaità la seule étude des pertes directes de la guerre, l’étude démographique se révèle rapidement limitée et biaisée. Il est ainsi indispensable de prendre en compte les conséquences Indirectes du conflit.

Et celles-ci s’avèrent très élevées notamment lorsque [‘on observe la chute de la natalité qui est passée de 750 000 naissances pour la péri0de 1911-1914 à 450 000 pour 1915-1919 soit un « déficit » total de 1 500 000 naissances. En résumé, les français découvrent en 1919 le lourd bilan démographique que leur a couté ces quatre ns de conflit avec des traces psychologiques durables comme par exemple la figure des mutilés qui rappellent inexorablement la guerre ou encore les quelques 750 000 orphelins qui grandiront sans leur père mort pour la France.

De plus, au-delà de l’impact démographique important, le passage dune économie de guerre à une économie de paix se fait en toute brutalité, mettant en avant les limites et les failles d’une économie française en berne. Effectivement, la Grande Guerre marque une empreinte économique durable sur deux principaux points. Le premier concerne les destructions et les pertes directes liées au conflit.

Dans la plupart des départements sinistrés (Ardennes, Meuse, Aisne, Somme, Vosges, Marne) des préfectures hors-classe sont créées pour évaluer et quantifier les dommages de guerre. Elles sont actives à partir d’août 1919. Les dégâts sont considérables, avec 4 000 communes et plus de 3 millions d’hectares de terres et de vergers dévastés ou inondés et un appareil industriel et minier inutilisable. En y ajout vergers dévastés ou inondés et un appareil industriel et minier inutilisable.

En y ajoutant les dommages maritimes, on atteint un total estimé à 34 milliards de francs. Sous un autre angle de vue, l a été vu qu’au lendemain de l’armistice tous les secteurs de la vie économiques connaissent une baisse globale de la production. Il est possible de comprendre ce phénomène par le biais d’une pénurie de main d’œuvre et de matières premières ainsi que par l’occupation allemande du Nord et Nord-est. Ainsi les récoltes de blé baissent de moitié par rapport à 1911-1913 et production industrielles de 1919 se situe à 57% de celle 1913.

L’opinion publique française dans sa quasi-totalité perçoit ses pertes humanes et matérielles comme une justification de l’humiliation des allemands, se bornant à rester sur l’idée que ? l’Allemagne paiera » pour reprendre la phrase du ministre des de l’époque, Lucien Klotz. Dès lors, peut-on réellement sortir de la guerre lorsque les idéologies et les stéréotypes de celle-ci persistent ? Aux derniers instants de la guerre, la troupe qui avance développe envers le vaincu de demain une haine que renforce le spectacle de ses destructions gratuites.

La volonté de lui faire payer la guerre qu’on a dû faire s’affiche clairement et des soldats annoncent même à leur femme ou fiancée qu’ils violeront les allemandes… L’armistice est une surprise. Bruno Cabanes ans son ouvrage l’écart entre le front et l’arrière : les soldats, qui pensent à leurs morts, sont choqués par les réjouissances excessives d’un arrière qui, à leurs yeux, n’est pas pour grand- chose dans la victo les réjouissances excessives d’un arrière qui, à leurs yeux, n’est pas pour grand-chose dans la victoire.

Une victoire endeuillée, comme le dit si bien son titre. Avec d’un côté les soldats, fantassins, colonels et autres généraux qui se résignent à faire le deuil de leurs millions de frères d’armes tombés sur le front et de l’autre une population en liesse loin des réalités et de l’atrocité des combats. En outre, l’armistice ne permet pas une paix ipso facto puisque les conditions de celle-ci disposent que l’armée allemande doit démilitariser la rive gauche du Rhin et respecter en rive droite une bande neutre de 10 km de largeur.

L’armée française occupe plusieurs villes dont Aix-la-Chapelle et Mayence, où la 35e division d’infanterie entre le 8 décembre 1918. 12 000 hommes y stationnent, dont 5 400 dans les casernes alentour. Lors de la conférence de la paix, qui s’ouvre le 18 janvier 1919 il est décidé que la rive gauche du Rhin sera occupée, démilitarisée et divisée en trois secteurs dont la durée d’occupation ‘échelonne de 5 à 15 ans. Au centre de ces constructions idéologiques intervient aussi la figure de l’ennemi.

Dans certains cas, ces figures de l’ennemi, mêlant présupposés comportementaux, composantes racistes et/ou détestation idéologique, aboutissent à l’assimilation de l’adversaire à une forme inferieure d’humanité, qui autorise ? son égard une violence équivalente à celle qu’il est susceptible dexercer. En conséquence, au moment du règlement des conflits, l’ennemi est à la fois condamnable pour ce qu’il a fait et pour ce qu’il est, ce que traduit, par exemple, le cél