LA RELIGION

LA RELIGION

LA RELIGION (Francesca Larcher pour le Lycée St. Aspais, Fontainebleau) Introduction Une religion est un ensemble de croyances et de rites relatifs à une réalité tenue pour sacrée (c. à. d. autre que la réalité « ordinaire » ou profane, et supérieure à celle-ci : « les dieux », et spécialement « Dieu » ds les monothéismes). Toute religion « relie » donc les hommes à cette réalité sacrée, et aussi relie les hms entre eux ; ceux qui ont la même religion forment une communauté spirituelle, qui peut éventuellement se en une institution spécifique (par ex l’Eglise catholique).

Toute rel- et intérieur (le senti et extérieur (cérémo phénomène « culturel le programme de ter or 17 aspect « subjectif’ n aspect « objectif’ – git donc d’un Sni* to ituel », c’est pourquoi sur la religion ds le chapitre général sur la culture. Pour problématiser cette notion, ns pouvons ns arrêter sur deux points. D’une part, le croyant est certain de la vérité des propositions qu’énonce sa religion, par ex « Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme », « Il est vraiment ressuscité » etc.

Ces propositions ne peuvent être prouvées ou démontrées, l’on ne peut qu’y croire » justement, ce qui peut sembler devoir se solder par une opposition inévitable entre religion et raison. Mais ce

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n’est pas si simple. On peut être philosophe, scientifique, donc avoi Swipe to vlew next page avoir une activité éminemment rationnelle, et être croyant. Donc, la raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la religion ? ou bien peuvent-elles s’accorder ? D’autre part, la critlque de la religion est très ancienne, chez Epicure déjà, par ex, (cf.

Lettre à Ménécée) elle passe pour simple superstition empêchant le bonheur véritable. Pourtant, la eligion survit aux attaques dont elle l’objet ; les hms ont tjrs été religieux, on ne connaît absmt aucune société sans religion ; et le phénomène religieux ne semble guère régresser ds l’ensemble du monde, bien qu’il ait spectaculairement reculé en Europe. Donc, la religion est-elle superflue ? ou bien correspond-elle à un besoin essentiel ? 1 . L’opposition entre raison et religion semble rendre le conflit nécessaire, et il n’y a semble-t-il pas de besoin de religion. . 1 Une opposition de principe La logique de la raison est de n’admettre pr vrai que ce dont elle eut elle-même produire la preuve ou la démonstration ; que ce qu’elle peut réellement comprendre. Elle obéit en ce sens ? un principe d’autonomie : elle ne s’autorise que de son propre tribunal. Elle ne peut en tt cas adhérer d’emblée à une croyance, ce qui la caractérise en tant que raison est au contraire d’être préalablement « critique », c. à. d. en position d’examen. Cf. ême Moïse devant le buisson ardent (Exode, 2,3) : devant ce drôle de buisson qui brûle sans se consumer, sa 1ère attitude n’est pas de « croire » à une manifestation surnaturelle : intrigué, il s’approche r étudier/comprendre. Ds la croyance religieuse au PAG » 7 surnaturelle : intrigué, il s’approche pr étudier/comprendre. Ds la croyance religieuse au contraire, on a affaire plutôt à un principe de soumission. Non qu’il soit demandé de croire sans réfléchir, sans chercher à comprendre !

Si Dieu est l’auteur de tte chose, Il l’est aussi de notre raison, il serait incohérent de penser qu’il faut renoncer à s’en servir. Mais ds une religion il faut croire même si on ne comprend pas ; et surtout, la Révélation que Dieu fait de Lui-même (consignée ds les textes sacrés, relayée par les Eglises est une Lumière supérieure aux lumières naturelles de la raison. Pour ce qui est de Dieu, ce n’est pas la raison à elle tte seule qui serait à même de trouver toute la vérité.

Elle devrait, ? un moment, s’incliner devant la Révélation et laisser place à la foi. La religion implique un acte de foi qui ne dépend pas de la raison, et qui est capable de passer outre les exigences et les modalités de celle-ci. Le croyant a certes « des raisons » de croire • l’expérience intime, personnelle qu’il fait de la Présence de Dieu, de Sa misericorde Mais ces « raisons » ne relèvent justement as de « la » raison. Dieu sensible au cœur, non à la raison : voil? ce que c’est que la foi D. (Pascal, Pensées, 278).

Cette expérience spirituelle n’est pas une expérience scientifique, puisqu’elle n’est pas réproductible par quiconque. 1. 2 . Critique de la religion par la raison, et de la raison par la religion Cette opposition de principe peut se solder par une position agnostique (scepticisme religieux, « on ne peut pas savoir », donc peut se solder par une position agnostique (scepticisme religieux, « on ne peut pas savoir », donc on n’adhère pas à une religion), ou ar le refus de tte religion (athéisme, fait d’être « sans Dieu »).

On reproche svt aux rellgions leur intolérance ; il est bon de rappeler que le 20è s. s’est illustré par le plus grand massacre de croyants de l’histoire (en URSS, en Chine grâce à l’intégrisme athée (le problème, c’est l’hm, non ses croyances ; cet argument rebattu n’a donc pas bcp d’intérêt. Ce qui est plus intéressant, c’est le reproche adressé à la religion, par la raison, d’être superstition.

Terme très péjoratif (bcp disent « j’ai la foi », personne ne dit « je suis superstitieux »), désignant une croyance religieuse qui tourne raiment le dos à la raison (c’est, dit Kant, « la propension à placer une plus grande confiance dans ce qu’on pense arriver d’une façon non naturelle qu’en ce qui se laisse expliquer selon les lois de la nature » Critique de la faculté de juger : la tempête, c’est la colère de Dieu, etc. ). Fondée sur la peur (de la divinité, de ce qu’elle peut « nous faire » comme sur l’intérêt (on sert Dieu et on Le prie ds l’espoir d’avantages divers elle vit de l’ignorance.

De là on peut comprendre pourquoi il n’y aurait pas un besoin de religion. Les hms seraient religieux parce qu’ignorants. Mais donc, e progrès de la science permettrait à la raison d’expliquer par des causes naturelles ce que la religion explique par des causes surnaturelles. Les hms ont besoin de savoir, et non de religion. Et puis, la religion « 13 causes surnaturelles. Les hms ont besoin de savoir, et non de religion. Et puis, la religion « assure la réalisation des exigences de la justice, si souvent demeurées irréalisées dans les civillsations humaines » (Freud, L’Avenir d’une illusion).

Elle le promet pr l’au-delà, mais donc, si les sociétés étaient plus justes et plus heureuses, les hms n’auraient pas besoin de la consolation eligieuse. La croyance rel- détourne même les hms, dit Marx, de la lutte qui pourrait leur permettre d’obtenir sur terre la just. et le bonh. dont ils ont besoin ; c’est pourquoi il dit qu’ « elle est l’opium du peuple » (Critique de la philosophie du droit de Hegel). Il faut même lutter contre la religion pour travailler au bonh. réel des hms. ? L’abolltion de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c’est l’exigence de son bonheur véritable » (Marx, id. ) Plus largement, la religion console les hms de la dureté de leur condition (idée d’un Père céleste tout-puissant et protecteur, dée de la vie après la mort En ce sens, les idées religieuses seraient « des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs (Freud, L’Avenir d’une illusion).

Mais seule une humanité encore infantile et immature peut avoir besoin d’un tel soutien ; une humanité enfin devenue adulte saurait supporter sa condition sans avoir besoin du réconfort de la religion. Donc selon Freud «l’abandon de la religion aura lieu avec la fatale inexorabilité d’un processus de croissance » (id. ) ?l’abandon de la religion aura lieu avec la fatale inexorabilité d’un processus de croissance » (id. ) Cette critique de la religion par la raison a son pendant ds une critique de la raison par la religion. De son côté, si la rel. e refuse pas la raison, cô dit plus haut, si même elle s’efforce de réfléchir à la Révélation pour que la foi soit intelligente (tel est l’effort de tte théologie), elle exige de la raison une « capitulation » face aux vérités de la foi quand elles excèdent ce que la raison peut comprendre. Cô le dit St Paul ds l’Epitre aux Corinthiens, la rédication chrétienne est « scandale pour les Juifs et folie pour les païens » ; ce qui est sagesse aux yeux de Dieu est folie aux yeux des hms, et réciproquement. La rel. donc à son tour critique la raison cô arrogante et imbue d’elle-même lorsqu’elle refuse ce qui la dépasse. risque ici est qu’emportée par son zèle, si l’on peut dire, la religion ne cherche à empêcher la raison de travailler là où elle a pourtant vocation à le faire. ‘ex type est ici la condamnation de Galilée par l’Église, qui a d’ailleurs reconnu son erreur sur ce point lors du pontificat de Jean-Paul II (Discours du 1 oct. 1992 à l’Académie pontificale des Sciences). Mais on peut évoquer aussi certains courants créationnistes qui aux Etats-Unis, défendent une lecture littérale du texte de la Genèse, récusant toute idée d’évolution des espèces.

Le conflit peut dc sembler inévitable, et la religion ne relever que d’un faux besoin. Mais la raison n’a-t-elle pas des limites objectives qui rendraient acce besoin. Mais la raison n’a-t-elle pas des limites objectives qui rendraient acceptable, même de son point de vue, le fait de croire ? Et n’y a-t-il pas des besoins auxquels seule la rel. puisse répondre ? 2. Il est toutefois possible d’envisager un accord entre raison et religion, et celle-ci correspond à un réel besoin humain. 2. 1. L’idée de Dieu peut être pensée par la raison L’exercice de la raison est recherche des causes des phénomènes.

Or chaque cause trouvée (la chute des gouttelettes d’eau qui forment les nuages est cause de la pluie) doit être à son tour expliquée par une cause (les nuages se forment par ‘évaporation de l’eau de surface), et celle-ci à son tour par une autre cause Or « il faut bien qu’il y ait quelque cause initiale et première du mouvement, et l’on ne peut aller ainsi usqu’à l’infini » (Aristote, Physique, VII). C’est donc la raison en tant que telle qui est amenée à poser l’idée d’une cause première, permettant d’achever l’explication du monde.

Une cause première est par définition une cause elle-même incausée, origine première de l’univers. De plus, cô le souligne Leibniz ds la Monadologie, la cause première de l’unlvers dolt par définition se trouver en dehors de l’univers. En effet, tt élément de l’univers doit être expliqué par une cause ; mais l’être qui n’a pas besoin de cause ne peut pas être lui-même un élément de l’univers. Cest une telle cause première que l’on conçoit ds l’idée de Dieu. Cette idée correspond même à un besoin spécifique de la raison.

Mais, objection : un tel être ne peut par définiti PAGF70F17 correspond même à un besoin spécifique de la raison. Mais, objection : un tel être ne peut par définition être objet d’expérience (au sens scientifique du terme), donc on ne peut pas l’affirmer, ce n’est pas un objet de connaissance. Toutefois, même en admettant qu’il faille parler de « connaissance  » slmt à propos de ce qui peut être objet d’expérience, si rexistence de Dieu (ou ‘âme, ou la liberté c’est le même problème) ne peut alors être affirmée, elle ne peut pas nan plus, et pr la même raison, être niée.

Il est donc au moins possible de penser que Dieu existe. C’est ce que veut dire Kant en disant que Dieu est une « Idée de la raison  » (Critique de la raison pure). Cela veut dire que l’idée de Dieu peut être envisagée au moins cô hypothèse, mais hypothèse ratlonnelle, et non contralre à la raison. La raison peut cependant aller plus loin, chercher des arguments et démonstrations permettant d’affirmer positivement rexistence de Dieu, au lieu de la tenir slmt pr possible. Dès le Moyen Age, ds la philosophie de St Thomas d’Aquin, le travail de la raison conduit à Dieu.

Et ainsi par ex peut-elle estimer aujourd’hui aussi que l’ordre du monde, et notamment les processus finalisés repérables ds le monde vivant, s’expliquent mieux par l’idée d’une Cause intelligente que par les seuls mécanismes aléatoires de la sélection naturelle. Dès lors qu’une telle idée ne prétend pas au statut de théorie scientifique (la science étant de nature expérimentale), elle est admissible du point de vue rationnel. L idée que l’ordre et la précision de PAGF