« Vivant, il a manqué le monde. Mort, il le possède Comme le souligne Chateaubriand dans ces quelques mots sur Napoléon, la plus grande conquête de l’empereur n’est pas L’Europe mais bien les esprits de toutes les générations du XIXème siècle. Certains le considèrent comme le fils de la révolution, d’autres comme un « ogre » tyrannique et sanguinaire. D’autres encore voient en lui et en ses principes un modèle politique idéal.
Cet héritage, ? la fois idéologique et politique, est devenu tantôt sujet de débat, tantôt enjeu politique et même parfois « acteur » de première mportance dans la société de l’époque. Mais, plus précisément, sous quelles formes l’héritage légué par l’homme à la redingote grise s’est-il manifesté au cours du XIXème siècle ? Swipe Lo nexL page Tout d’abord, le pers donné naissance à c u D OVE laquelle alterne entr Sni* to View Mais outre la mythifi marqués le XIX siècle es actions ont de Napoléonienne », dulation. sa politique qui a mment à travers la naissance du Bonapartisme et la r utilisations des institutions et stratégies militaire de l’Empire. Durant tout le XIXème siècle, le nom de Napoléon, en plus ‘être chargé d’histoire, était entouré d’une forme
C’est ainsi que sont apparus des journaux tels que « courrier de l’armée d’Italie » esquissant le portrait d’un homme courageux, invincible, et proche de ses soldats. L’expédition d’Egypte n’a fait que renforcer la fascination pour ce jeune général plein de fougue, ‘opposant aux politiciens corrompus et âgés du Directoire. Mais c’est après 1800 que cette « légende officielle » prend le plus d’ampleur. Seule la presse favorable à l’empereur est autorisée, des communiqués de guerre sont lus dans tout l’Empire afin d’annoncer les prouesses, souvent arrangées, de la Grande- Armée.
La peinture est mise au servlce de la légende où, ? grand coup de métaphores, Napo éon apparait toujours comme sublimé. Puis survient la bataille de Waterloo. Avec la défaite de l’empereur c’est le mythe qui s’effondre, laissant place à la légende dite ? noire La France, réduite et occupée, essuyant une décennie de guerre, essaie d’oublier celui qui est désormais comparé ? Attila et Gengis Khân. Pourtant, même si plus d’une centaine de pamphlets accablent Napoléon entre 1814 et 1815, ce consensus antinapoléonien n’obtient guère d’assise populaire.
Au contraire, les difficultés économiques de la Restauration et la montée du chômage suscitent la nostalgie de l’époque précédente. Les fonctionnaires regrette et la montée du chômage suscitent la nostalgie de répoque précédente. Les fonctionnaires regrettent les nombreux postes proposés sous Pempire, les paysans regrettent le faible prix du pan, les soldats regrettent la gloire de la Grande-Armée. Comme répondant à ce besoin, en 1823, deux ans après la mort de Napoléon, paraît l’œuvre qui va vraiment faire exploser la légende dorée : le Mémorial de Ste Hélène de Las Cases.
L’œuvre présente un empereur libéral persécuté par les ennemis de la révolution et relate ces plus grandes victoires. Abreuvés par ces récits épiques appuyés par la mémoire des vétérans, la jeunesse e met à idéaliser Napoléon qui devient rapidement le héros, « a muse la plus féconde », d’un ou comme dirait Pierre Lebrun courant artistique naissant : le romantisme. De Victor Hugo et son « Ode à la colonne Vendômes» à Balzac qui déclame : « ce qu’il a commencé par l’épée, je l’achèverai par la plume ! ? le personnage de l’Empereur est sans cesse glorifié et magnifié. Sous les figures de style des écrivains l’histoire se mélange à la fiction. Bientôt, toutes les formes de l’art reprennent l’inépuisable sujet de Napoléon : la musique et bien sur la peinture. Célébrant à la fois un destin individuel exceptionnel et une aventure nationale, la légende n’a pu qu’imprégner en profondeur la société. Après la révolution de 1830, menee soit dit en passant, sous les « Vive « Empereur !
Louis-Philipe en fin stratège comprends la nécessité dutilis Louis-Philipe en fin passant, sous les « Vive l’Empereur ! » stratège comprends la nécessité d’utiliser l’image de Napoléon pour s’assurer le soutien du peuple : c’est la raison pour laquelle il demande le retour des cendres du défunt qui seront déposées aux Invalides le 15 décembre 1840. Mais ce n’est évidemment pas qu’instrumentalisé par le duc d’Orléans que Bonaparte apparaît sur la scène politique. L’héritage légué par l’empereur est beaucoup plus riche et complexe.
Tout d’abord l’un des courant politique important du XIXème siècle se base sur l’œuvre de Napoléon jusqu’à reprendre son nom : le Bonapartisme. Le courant apparait durant les Cents Jours, rangé aux côtés des libéraux. Il grandit ensuite grâce aux maladresses de la Restauration, même s’il ne se limite qu’? la distribution de tracts dans les rues. C’est la publication du Mémorial qui donne aux Bonapartistes les fondements de leur mouvement : En premier lieu, le propre du Bonapartisme est « de savoir franchir à temps le Rubicon » explique Jean ullard.
II fait ici bien entendu référence au coup d’état de Brumaire : prendre le pouvoir rapidement, efficacement et au bon moment tout en s’assurant la justification de ce changement par la propagande. Deuxièmement, fusage du référendum plébiscite. Si le Bonapartisme parvient à conjuguer un pouvoir exécutif fort et centralisé tout en s’affirmant dans la continuité de 1789 c’est en artie parce qu’il s’assoit sur la consultation réguliè PAGF s’affirmant dans la continuité de 1789 c’est en partie parce qu’il s’assoit sur la consultation régulière du peuple.
L’approbation de ce dernier légitime le pouvoir. Troisièmement, le Bonapartisme n’est pas un parti comme les autres dans le sens où il est un rassemblement national, au- dessus des autres partis. « Ni bonnet rouge, ni talons rouges : je suis National » disait Napoléon après son coup d’Etat Sous la monarchie de juillet, alors que la légende est à son apogée, le Bonapartisme disparait peu à peu. Pourtant un omme tente de faire valoir ses principes par deux tentatives de coups d’état en 1836 et en 1840 : Louis-NapoIéon Bonaparte, le neveu de l’Empereur.
Si ces putsch sont voués à l’échec, il parviendra néanmoins, après la chute de la monarchie de juillet, ? reconstituer le mouvement, épaulé par une poignée de partisans. On connaît la suite : la prise légale du pouvoir par l’élection ? la présidence de la République (1848), le coup d’État (1 851), le rétablissement de l’Empire (1852), dix-huit ans de règne de Napoléon III, avant la défaite finale et l’exil (1870-1873). Malgré la chute de celui que Victor Hugo surnomme « Napoléon le petit la politique et l’image de « Napoléon le grand » continuent d’être exploitée durant toute la fin du siècle.
A charge de revanche contre les prussiens, on apprend la stratégie napoléonienne en école militaire. En France, l’organisation locale, administrative et judiciaire napoléonienne permit France, l’organisation locale, administrative et judiciaire napoléonienne permit à l’État de survivre aux fréquents changements de régime. Le nombre des institutions héritées du règne de Napoléon est considérable : Cour des comptes, réfectures, Cour de cassation, Conseil d’État, inspecteurs généraux de l’Éducation, etc.
Ces solutions institutionnelles ont même été adoptées par de nombreux pays. a égion d’honneur continue à orner la poitrine des grands hommes de la Patrie. Le Code civil reste un des fondements des règles de la vie sociale en France où il évolue très peu jusqu’aux années 1960. Il semblerait donc que Chateaubriand ai vu juste : Napoléon, même mort, possède le Monde du XIXème siècle. Finalement, son héritage dépasse largement sa personne et son oeuvre.
La légende qui l’entoure, et qu’il a initiée, reste la forme la plus puissante de son héritage idéologique, dominant le XIXème siècle. Mais si celle-ci reste quelques peu ambigüe et majoritairement du domaine de la fiction, son héritage politique ? travers le Bonapartisme, les institutions héritées de l’empire et ses stratégies miliaires est à la fois concret et solide. Pour finir il est important de noter que loin de se limiter à la France de l’époque, l’héritage de Napoléon a su traverser le temps et l’espace, inspirant toute l’Europe, du XIX siècle jusqu’à nos jours.