LA SIDÉRURGIE EN TUNISIE Le 4 juin 1966, la Tunisie vient d’inaugurer officiellement son usine sidérurgique construite à Menzel Bourguiba, sur les bords du lac de Bizerte ? proxlmité de l’ancien arsenal cédé à la Tunisie par la France en juin 1962. Le dernier né des projets de sidérurgie en Afrique du Nord est aussi la première réalisation effective.
Tandis que les projets marocain (Nador) et algérien (Annaba) remontent à plus de 8 ans, c’est en 1961 seulement, au moment où s’élaboraient les perspectives décennales de développement que la première étud sidérurgiques» fut co ce rn par le secrétariat d’Et au Quatre années ont suffi pou coulée: le n des produits onsable de l’usine. tude à la première haut fourneau est entré en production en novembre 1965, l’aciérie en décembre tandis que le laminoir travaillait les premières billettes (importées) dès septembre.
L’usine inaugurée officiellement en juin 1966 est une usine qui fonctionne et qui déjà pousse son Dithme; les délais ont été tenus: il s’agit d’une performance remarquable dont le mérite revient à tous les artisans de l’entreprise et en premier lieu à la Société tunisienne de Sidérurgie «EI Fouladh », à ses dirigeants, à leurs collaborateurs, ainsi qu’? l’ensemble des constructeurs. de
Le haut fourneau est approvisionné en minerais tunisiens: hématites de Djerissa et minerais de la région de Douaria-Tamera. Le minerai rocheux de Djerissa est enfourné directement, tandis que les fines de Djerissa ainsi que le minerai de Tamera sont au préalable agglomérés dans une installation annexe (1 La castine provient d’une carrière voisine (2). Le réducteur est classlque: du coke importé dont on réduit au minimum la consommation par l’injection de fuel, vendu par la raffinerie voisine de Bizerte.
Le eaz de haut fourneau e PAGF OF alimente la Centrale oxygène d’une centrale à oxygène juxtaposée (900/1000 m »l eure) calculée pour assurer 20 coulées par jour, soit environ 300 tonnes d’acier par jour (4). Deux machines à coulée continue «Concast:. produisent des billettes de 92 X 92 mm et de 10 X 10 mm qui sont acheminées vers le parc ou, directement, vers le four poussant de réchauffage. -3 Le laminoir.
La coulée de billettes (au lieu de lingots) permet de faire l’économie d’un train dégrossisseur et de passer directement au train moyen, suivi d’un train à petits fers et d’un train à fil. Les produits finis sont dirigés ensuite vers le refroidissoir puis vers les postes de conditionnement et de pesage, nfin vers les aires de stockage. 2. CAPACITES DE PRODUCTION ET PRODUCTION. Le projet prévoyait une production de 70000 tonnes d’acier laminé; les capacités effectives de l’usine de Menzel Bourguiba dépassent l’objectif initial. 1) Djerissa est situé près de la frontière algérienne à proximité d’Ouenza: le minerai est transporté par fer jusqu’à Tunis la Goulette, puis par caboteur jusqu’à Menzel Bourguiba. Les mines de Douarla – Tamera sont situées à 70 kms à l’Ouest de Bizerte sur la voie ferrée qui permet l’acheminement direct ‘us Certains minerais de Doua PAGF u’à l’usine. nt de l’arsenic; on a ‘électricité et de gaz). (4) La production d’acier est actuellement limitée par la centrale ? oxygène. Caciérie pourrait couler 32 charges de 15 tonnes par jour, soit un plafond de 480 t par jour. 37 A raison de 340 jours de travail par an et de 300 tonnes par jour, le haut fourneau est capable de produire 102000 tonnes de fonte par an; l’aciérie (300 tonnes par jour) 90000 tonnes d’acier brut par an (5) et le laminoir (290 tonnes par jour) (6) 100000 tonnes d’acier laminé par an. En fait, il est probable que la capacité du haut fourneau peut atteindre rapidement et même dépasser les 400 tonnes par jour soit plus e 136 000 tonnes de fonte par an; tandls que la capacité de l’aciérie sera limitée par la capacité de l’usine à oxygène et que la production de laminoir sera freinée par la diversité des produits à fabriquer.
Il s’agit pour l’instant de conjectures tant que ne seront pas rodés personnel et machines. Il semble toutefois que le haut fourneau est surdimensionné par rapport au reste de l’usine: une partie de la production devra vraisemblablement être exportée sous forme de «gueuses» de fonte en attendant que la demande croissante d’acier, provoque l’extension des ca acités réelles du laminoir et e l’aciérie. omparables à l’acier «Nersid» équivalent des aciers «Tor» ou «Caron» de plus en plus fréquemment utillsés dans les ouvrages en béton armé. Les aciers fabriqués par Menzel Bourguiba s’adapteront ainsi immédiatement aux besoins des entrepreneurs, sans les obliger à revenir à des techniques plus anciennes et plus coûteuses. 3 – 2 La gamme des produits.
Le laminoir de Menzel Bourguiba est un laminoir standard; il fabrique des laminés de petites dimensions dans les catégories suivantes: fers à béton, barres et petits profilés et, plus précisément: – Couronnes de fil de O ,5, 6, 8, 10, 12 et 14 mm Barres de O 10, 20, 25 (jusqu’à 32 mm) _ Carrés de D 8, 10, 16, 25 (jusqu’à 32 mm) Ronds crénelés ? haute adhérence de O 8, 10, 12, 16, 22 mm (z «Tor» ou «Caron ») (5) A raison de 20 coulées par jour et de 15 tonnes par coulée : capacité effective de coulée. t de 300 jours de travail par an. (6) A raison de 15 tonnes par heure et de 17 postes par semaine (50 semaines). (7) Parmi les aciers doux : ALDX : résistance à la traction de 33 à SO kg/cm »; ALDX42 S : résistance à la à 50 kelcm’ soudable. PAGF s OF nombre de sousproduits: – Matériaux de ballast (environ 5000 tonnes/an). Poussières de gaz (4 à 5000 tonnes/an) utilisables comme combustible dans les briqueteries ou les huileries.
Chaux vive (4750 tonnes/an) ou éteinte (600 tonnes/an) à partir du four à chaux annexé à l’aciérie. – Et surtout laitier granulé sec (40 à 50000 tonnes/an) directement utilisable par la cimenterie de Bizerte: le laitier entrant pour 20 % dans la composition d’un ciment de laitier; cette production est particulièrement intéressante pour la Tunisie qui arrive au bout de sa capacité de production de ciment, en lui permettant de retarder de quelque temps la construction d’un nouveau four à ciment. LES AGENTS DE LA PRODUCTION.
Le projet de sidérurgie tunisienne a été lancé et défini dans ses grandes lignes par [Administration au moment où les Perspectives de Développement déclaraient que «la priorité accordée aux industries de base permettrait aux industries légères de se développer dans des conditions favorables et de contribuer plus efficacement à la réalisation des ‘Objectifs recherchés:. (9). En 1962, lorsque fut constituée la Société tunisienne de sidérurgie Fouladh », l’Etat tunisien se réserva la majorité des parts sociales et assura à un de ses mandataires la présidence et la direction effective 10).
Une fois constituée, la Soc n ingénieur conseil et continue et la centrale électrique; suédois pour le laminoir; français, enfin, pour le génie civil. Les travaux de construction et de montage, inaugurés au début de 1 964, s’achevèrent à la fin de 1965. pendant ce temps, une quinzaine de jeunes ingénieurs tunisiens et plusieurs dizaines de futurs contremaîtres et ouvriers spécialisés furent envoyés en stage dans (8) Moyennant l’adjonction au train de deux cages supplémentaires, on pourrait également produire: des cornières égales: jusqu’à 70 mm. es fers IJ : jusqu’à 120 mm. es ronds de 50 mm. des I de petites dimensions. (9) Perspectives décennales de développement de la Tunisie, p. 103 (édition ronéotypée). (IO) Société au capital de 2 700 000 dinars, porté récemment ? 4200000 dinars. LA SIDERURGIE EN TUNISIE 139 des usines européenens pour des périodes allant de 3 mois à 2 ans. Ces cadres tunisiens assurent aujourd’hui le fonctionnement des différents départements de l’usine.
Quelques techniciens étrangers demeurent encore à Menzel Bourguiba jusqu’à la fin de la période de garantie des matériels, où jusqu’à l’expiration de leur contrat, dans un ou deux ans. Dans un avenir très proche, les cadres tunisiens seront seuls à assurer la direction de l’usine avec la collaboration de leurs contremaîtres et ouvriers: 1100 «permanents» au total, PAGF 7 OF sidérurgique moderne et cela pose, en particulier, des problèmes de sécurité.
L’usine de Menzel Bourguiba est la première usine sidérurgique Tunisie; elle n’a pas la possibilité de bénéficier d’une expérience déjà acquise par ailleurs. Les agents de la production sont condamnés à faire leur expérience sur le terrain. 6. INVESTISSEMENT ET COÛTS. Le montant de l’investissement nécessité par la construction de ‘usine sidérurgique de Menzel Bourguiba est évalué par les documents officiels (12) à un peu plus de 23 000 000 de Dinars, soit approximativement 44000 000 US $.
Cette somme est élevée: elle représente en effet, plus de 25 % de la formation brute de capital fixe annuelle du pays et plus de 50 % des investissements industriels effectués au cours de chacune des trois dernières années. Cela représente un investissement par tonne d’acier laminé de 440 US $ alors qu’on admet habituellement un coût moyen de 350 US $ par tonne pou une usine sidérurgique intégrée (13). Le coefficient tunisien est ?levé: il suffira toutefois d’investissements peu importants pour faire passer la capacité à ISO 000 t. e laminés par an. Il est probable que le coût de l’investissement à la tonne tendrait alors à sera rocher de 350 LJS S. Il est vrai que la Société tu dérurgie a passé ses facilités d’approvisionnement en eau, ciment, etc ont contribué également à réduire le coût total. On ne pourra dresser un premier bilan d’exploitation qu’à l’issue de la (11) Très rares sont en effet, parmi le personnel, les anciens ouvriers de l’arsenal de Menzel Bourguiba; la plupart d’entre eux ont déjà trouvé du ravail ailleurs. 12) Budget économique pour 1966 et Plan quadriennal (1965-1968) (publications du secrétariat d’Etat au Plan et ? l’Economie nationale). (13) A titre d’indication, la sidérurgie d’Annaba devrait nécessiter un investissement de 200 000 000 US $, pour une capacité de 500 000 tonnes, soit : 400 US $ par tonne. (14) Fin 1963 et 1964. 140 période de mise au pont et de rodage; on sait seulement, pour l’instant, que le minerai est acquis dans des conditions de prix favorables et que le coke – importé et payé en devis— fortes – constitue le poste le plus lourd.
Les prix de vente des aciers n’ont pas encore été fixés: ils s’aligneront probablement sur les prix de vente pratiqués jusqu’ici pour les aciers d’importation: enfin, on ignore évidemment les quantités de fonte et d’acier qui seront réellement produites et vendues. Les auteurs du projet ont compté sur un accroissement rapide de la demande intérieure d’acier. A cet effet, ils ont prévu un surdimensionnement 10 ans : les résultats franchement positifs dépendent ainsi largement d’une extension rapide de la production. L’évolution prochaine de la demande tunisienne d’acier répondra-t-elle à cette attente?
L’examen de l’évolution passée fournit, du moins, quelques éléments de réponse. LA LA CONSOMMATON DE L’ACIER EN TUNISIE: EVOLUTION PASSEE CONSOMMATION D’ACIER EN TLINISIE DE 1903 1965. La consommation apparente (16) de fers, fonte et aciers de la Tunisie sous forme de tuyaux et tubes, de rails, de barres et profilés et de tôles a pu être reconstituée pour la période alant de 1903 à 1965. Le tableau Ici-dessous, retrace cette évolution: Ce tableau suggère les commentaires suivants: – 1 La consommation tunisienne de fers, fonte et aciers avait atteint un niveau déjà honorable ère guerre mondiale; elle