Envoyé par Aurélie. Explication de texte Stendhal , Le Rouge et le noir (1830) (excipit) Texte : « Julien avait exigé de Mme de Rênal le serment qu’elle vivrait pour donner des soins au fils de Mathilde. Qui sait ? peut-être a notre mort, disait-il u puisque reposer est montagne qui domin retiré la nuit dans cet 7 Swip next page nsations après IS assez a reposer, grotte de la is, je te l’ai conté, ngeant au loin sur les plus riches provinces de France, l’ambition a enflammé mon cœur : alors c’était ma passion…
Enfin, cette grotte m’est chère et ‘on ne peut disconvenir qu’elle ne soit située d’une façon à faire envie l’âme d’un philosophe… Eh bien ! ces bons congréganistes de Besançon font argent de tout ; si tu sais t’y prendre, ils te vendront ma dépouille mortelle.. ; Fouqué réussit dans cette triste négociation. Il passait la nuit seul dans sa chambre, auprès du corps de son ami, lorsqu’à sa grande surprise, il vit entrer Mathilde. eu dheures auparavant, il l’avait laissée à dix lieues de Besançon. Elle avait le regard et les yeux égarés. -Je veux le voir, lui dit-elle. entendit Mathilde marcher avec précipitation sans la
Un grand nombre de prêtres escortés la bière et, à l’insu de tous, seule dans sa voiture drapée, elle porta sur ses genoux la tête de l’homme qu’elle avait tant aimé ; Arrivés vers le point le plus élevé d’une des hautes montagnes du Jura, au milieu de la nuit, dans cette petite grotte magnifiquement illuminée d’un nombre infini de cierges, vingt rêtres célébrèrent le service des morts. Tous les habitants des petits villages de montagne, traversés par le convoi, l’avaient suivi, attirés par la singularité de cette étrange cérémonie.
Mathilde parut au milieu d’eux en longs vêtements de deuil, et, à la fin du service, leur fit jeter plusieurs milliers de pièces de cinq francs. Restée seule avec Fouqué, elle voulut ensevelir de ses propres mains la tête de son amant. Fouqué faillit en devenir fou de douleur. par les soins de Mathilde, cette grotte sauvage fut ornée de marbre sculptés à grands frais en Italie. Mme de Rênal fut fidèle à sa promesse. Elle ne chercha en aucune manière à attenter à sa VIe ; mais trois jours après Julien, elle mourut en embrassant ses enfants. » Explication d’après N.
Billot, rofesseur 20F jeune homme pauvre gravissant les échelons sous la monarchie conservatrice et ultra de la Restauration. Le roman est traversé par deux figures féminines essentielles sur qui s’appuie Julien pour parvenir, Mme de Rênal et Mathilde de La Mole, la petite aristocrate de province auprès de qui Julien teste des sentiments amoureux calculés, et la grande aristocrate arisienne, fantasque et libre. En cette fin de roman, Julien vit ses derniers instants avant d’être exécuté pour avoir tiré sur Mme de Rénal qui avait cherché à contrecarrer ses plans parisiens.
Le temps d’emprisonnement fut bénéfique pour lui faire prendre conscience de ceux sentiments, une révolte sociale profonde qu’il retranscrit dans son long discours aux jurés, et l’amour réel pour Mme de Rênal. Dans la dernière page, les deux maitresse sont réunies et vivent différemment l’épreuve ultime. Stendhal donne ainsi, à travers les deux réactions, une lecture éclairante du oman ; Là se situe la lecture de rextrait La fin de Le Rouge et le noir appartient aux exemples notoires de dénouements fermés.
Nous verrons comment le destin des personnages principaux, par des tonalités d’émotions et des mises en scène spécifiques, donne à l’intrigue amoureuse du roman une nature tragique, où Stendhal laisse percer sa perception personnelle du romantisme. La construction du passage s ‘établit sur des ellipses ou des parataxes : l’arrivée de Mathilde au 3e S est consécutive d’une mort de Julien non dite ; à cet euphémisme répond un long éveloppement sur la cérémonie mortuaire, qui isole inversement le dernier 5 sur la mort de Mme de Rênal.
Ces effets de juxtaposition concourent à renforcer le pouvoir d’un l,’ sur la mort de Mme de Rênal. Ces effets de juxtaposition concourent a renforcer le pouvoir d’un narrateur omniscient certes, mais dont la place est souvent perfide. La 1ère phrase de notre passage suit la demande formulée ? Fouqué, ancien ami séminariste de Julien, de mettre Mme de Rênal et Mathilde dans la même voiture lancée au galop des chevaux (« Elles tomberont dans les bras l’une de l’autre, ou se émoigneront une haine mortelle. Dans les deux cas, les pauvres femmes seront un peu distraites de leur affreuse douleur. ?) Julien conçoit toutes les dispositions testamentaires nécessaires. L’union des deux femmes se concrétise dans notre 1ère phrase. Le verbe « exige[rl » confère à Julien un statut de maître dont le corollaire est le « serment » de Mme de Rênal, ce qui marque leur lien fort : que Mme de Rênal « donne des soins au fils de Mathilde » témoigne moins de la protection de Julien sur ses amours parisiennes que du souci de préserver la vie de celle qu’il ime réellement , en jouant sur sa fibre maternelle, connue dès les débuts du roman.
L’adresse directe à Mme de Rênal fait du « fils de Mathilde » un pur prétexte, la tournure périphrastique étant une litote pour ne pas dire « mon fils Julien délègue la charge de la vie à celle en qui il a une vraie confiance par-delà la mort, comme plus tard La Sansévérina élèvera le fils de Fabrice et de Clélia dans La Chartreuse de Parme. L’absence de réponse de Mme de Rênal vaut pour accord.
C’est la 1ère ellipse du passage, accentuée par une analepse, ? un jour » reportant à une antériorité non précisée. La volonté de Julien se manifeste auprès de Fouqué, dissociant l’amour d’une réflexion plus 4 OF l,’ La volonté de Julien se manifeste auprès de Fouqué, dissociant l’amour d’une réflexion plus intime, philosophique et passionnée. Mais l’amour pour Mme de Rênal transparaît dans le choix de « reposer » à Verrières, nouveau retour au début du roman.
L’interrogation délibérative « Qui sait ? » surprend chez un ancien séminariste : le doute exprimé par Julien peut-être ») sur une orme de vie sensible après la mort traduit les questions mêlées de l’athée qu’est Stendhal et du héros romantique qu’est Julien ; la focalisation sur ses « sensations » justifie une perception romantique où le seul lien entre les deux mondes se fait par l’amour.
La tournure litotique « J’aimerais assez » ouvre une série de termes euphémistiques, signes de la présence distanciée du narrateur ; l’anaphore du verbe « reposer », avec la précision sur le « mot euphémise la réalité de la mort perçue communément comme un sommeil réparateur après une vie complexe ; Le choix de la « petite grotte de la montagne » identifiée par le démonstratif « cette » renvoie encore au début du roman (l, 2 : »lci, dit-il, avec des yeux brillants de joie, les hommes ne sauraient me faire du mal. … ] La tête appuyée sue les deux mains, Julien resta dans cette grotte plus heureux qu’il ne l’avait été de la VIe, agité par ses rêveries et par son bonheur de liberté. ») ; c’est aussi un écho des lieux tourmentés et sauvages qu’affectionnent les romantiques, comme déjà Saint-Preux dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau.
La « grotte b, lieu d’une vie rimitive, corrobore l’idée d’une nature-mère, faisant douter de l’existence de toutes choses au-delà. Le rappel des moments passés dans la grotte relève de confide passés dans la grotte relève de confidences et peut donc se taire : « je te l’ai conté », par le choix d’un verbe de narration, se place ? la limite entre réalité et fiction.
Toute cette phrase marquée par une évocation itérative qui contribue à faire de la grotte un lieu référentiel et sentimental, résume le roman et le caractère de Julien ; elle est imprégnée de signes de romantisme : « retiré h, ? nuit « ma vue plongeant », renvoyant à ces poèmes, de Byron notamment, où le héros souffrant et seul domine un paysage, position intermédiaire entre Dieu (ou le Ciel) et les hommes.
Mais Stendhal perturbe le romantisme par des notations plus concrètes : « les plus riches provinces de France expression séparée par un simple virgule de sa conséquence « l’ambition », dénote une autre attitude de Julien que celle du moi souffrant et lyrique des romantiques ; cela annonce le cri « A nous deux, maintenant ! » poussé par Rastignac à la fin du Père Goriot de Balzac ( 1835).
La remarque sur la richesse des terres, l’extension à la France à partir d’un point très excentré (Jura) montrent combien le caractère de Julien s’embarrassait peu de sentiments, l’élévation ne valant que pour lui-même sur l’échelle sociale. Le mélange des deux comportements s’opère dans le verbe « a enflammé » emprunté à la »passion » amoureuse et appliqué ? « l’ambition’, termes reliés par la rime intérieure et entourant le « cœUr Y, organe du sentiment devenu ici le centre de toute la pensée de Julien.
Le mot « passion » revêt alors une tonalité plus énérale de moteur de existence, subordonnant toute action, fût-elle amoureus 6 OF l,’ une tonalité plus générale de moteur de I existence, subordonnant toute action, fût-elle amoureuse , aspect important dans cet ultime discours-confession. L’adverbe temporel « alors » induit le changement inten•enu depuis et les points de suspension laissent planer un regret.
Le retour au présent se fait par » Enfin comme un geste pour effacer les erreurs ; « cette grotte m’est chère » officialise les sentiments de Julien, entre passé et présent et l’extension explicative amorcée par la onjonction « et » traduit le changement de perspective, puisque l’on passe de « l’ambition » à « l’âme d’un philosophe » : Julien modalise son discours par la précaution oratoire « l’on ne peut disconvenir » qui dépasse Fouqué et semble une justification plus large, ainsi que par le verbe « soit située » qui ramène la grotte à se place géographique.
L’élévation réelle devient donc une élévation de « l’âme mot magique pour les romantiques, abolissant toute ambition sociale. Le passage par l’interjection « eh bien ! ? à une considération lus matérielle n’en est que plus ironique : Stendhal joue de la superposition des sentiments ; rejets des motivations initiales et possibilité d’élévation spirituelle sont tous deux balayés par le pragmatisme du mot « argent Julien ironise, Jusqu’au cynisme ( + auto-dérision puisque la tractation porte sur son propre cadavre), sur la pusillanimité des « congréganistes », assortis de l’adjectif « bons » par antiphrase, en écho au comportement potentiel de Fouqué ( « SI tu sais t’y prendre ») qui suppose ruse et hypocrisie : la lucidité de Julien exprime son éloignement ntrospectif, puisqu’il fit partie de cette Congrégation et envi de Julien exprime son éloignement introspectif, puisqu’il fit partie de cette Congrégation et envisagea une carrière religieuse ; on reconnaît l’anticléricalisme de Stendhal. La parataxe des deux phrases établit un lien de cause à conséquence ( « font argent » // « te vendront »), rapprochant « tout » de « ma dépouille mortelle i. passant outre le sacrement de la mort. Les derniers points de suspension interrompent certes le discours, mais transcrivent aussi la 2e ellipse du passage, celle de a mort effective de Julien. Nouvel euphémisme que de dire « Fouqué réussit dans cette triste négociation » : la mort se matérialise par la « négociation » ; voilà l’ambition grandiose de Julien réduite à une sordide affaire d’argent ! la cause de la mort, la condamnation sont éludées. De Julien il ne reste que la dépouille autre matérialisation. L’adjectif « triste au sens étymologique de sentiment lié à la mort, corrige l’adjectif « bons » donné aux « congréganistes ».
Fouqué figure un vainqueur dérisoire, image de la non-réussite sociale de Julien et, par un ransfert dû à son statut de garde du corps, devient la représentation vivante de Julien mort. Le verbe principal « passait » laisse croire à un imparfait de durée, alors qu’il ne s’agit que de la nuit après l’exécution, comme ratteste l’arrivée impromptue de Mathilde. la longue scène des funérailles est inaugurée par un tableau très théâtral, Fouqué étant « seul dans la « nuit « auprès du corps de son ami ce qui n’est pas sans rappeler la fin de Manon Lescaut, roman qu’affectionnait Julien (cf La « surprise » de Fouqué et le nom de Mathilde rejeté en fin de phrase s’apparentent