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Extrait de la publication Meta-systems – 17-01-13 15:31 ELI 610 IJOOO – oasys 19. OOX – page 3 BAT Le diable au corps – Etonnants Lycee – Dynamic layout x RADIGUET Le Diable au corps Présentation, notes, et cahier photos par THIERRY CORBEA professeur agrégé de Hammarion or21 Sni* to View Meta-systems – 17-01-13 1 5:31 :44 FL1610 UOOO – oasys 19. OOX – Page 4 – BAT Éditions Flammarion, 2013. ISBN : 978-2-0812-8966-6 ISSN : 1269-8822 No d’édition : LOI EHRN000258. N001 Dépôt légal : février 2013 corps – Etonnants Lycee – Dynamic layout x Parcours de lecture no 3 : les débuts d’une histoire d’amour ?

Scènes de rencontre amoureuse (groupement de textes no 3) Parcours de lecture no 4: la première fois Parcours de lecture no 5 : la « nuit des hôtels » Parcours de lecture no 6 : mort d’un amour Du roman au film : l’adaptation du Diable au corps par Claude Autant-Lara, 1947 (groupement de textes no 4) 167 168 177 179 180 81 Meta-systems – 17-01-13 1 5:31 LJOOO – Oasys 19. 00x – Page 7 Le diable au corps – Étonnants Lycee – Dynamic layout x PRÉSENTATION voir le diable au corps :

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« Se laisser emporter par les passions charnelles. ? Telle est la définition ue le Trésor de la langue française donne choisie par PAGF 91 Page 8 de Rimbaud. En effet, les points communs entre ces deux phénomenes littéraires sont nombreux. D’une part, tous deux s’adonnent très jeunes à l’écriture, Rimbaud rédigeant ses premiers poèmes à quinze ans et Radiguet composant les siens ? quatorze. D’autre part, leur activité littéraire est de courte durée, puisqu’elle s’interrompt à l’orée de l’âge adulte, à vingt ans.

Leurs productions respectives ne sont par conséquent pas abondantes. Même s’ils ont écrit d’autres textes, la postérité a seulement retenu trois recueils poétiques pour Rimbaud et deux omans pour Radiguet : Le Diable au corps (1923) et Le Bal du comte d’Orgel (1924). On n’hésita pas cependant à crier au génie 1 dans les deux cas. En outre, comme Rimbaud en compagnie de Verlaine, Radiguet mène au côté de Jean Cocteau une existence de bohème, allant à l’encontre de la morale bourgeoise dominante de l’époque.

Comme le poète avant lui, Radiguet incarne donc à la fois l’adolescence révoltée et le talent fulgurant Mais là s’arrête la comparaison entre les deux garçons. Alors que, né d’une paysanne et d’un capitaine d’infanterie, l’auteur d’Une saison en enfer grandit dans le nord de la France, dans un ilieu familial étouffant, l’auteur du Diable au corps passe son enfance dans la banlieue parisienne, à Saint-Maur-des-Fossés, et évalue dans un environnement plus ouvert sur le plan intellectuel, avec une mère institutrice et un père dessinateur humoriste.

En outre, si Rimbaud, âgé de seize ans, prend position contre la guerre franco-prussienne de 1870, la condamnant notammen 3 1 âgé de seize ans, prend position notamment à travers des poèmes comme « Le Mal » et « Le Dormeur du val Radguet, certes plus jeune puisqu’il est âgé de onze ans, vit la Première Guerre mondiale comme le Narrateur u Diable au corps, c’est-à-dire comme « quatre ans de grandes 1 . En effet, Aragon voit Radiguet comme un « génie de poche 8 Le Diable au corps UOOO – oasys 19. 0x – page 9 vacances » (p. 39). Enfin, à la différence de Rimbaud, dont les fréquentations se limitent à Verlaine et à la bohème littéraire, Radiguet devient rapidement la coqueluche des milieux artistiques, choyé par la haute société et côtoyant bon nombre d’écrivains de premier plan de ‘époque : outre Cocteau, il se fait présenter à Apollinaire — qui ne l’apprécie que modérément , mais aussi à Max Jacob et à Paul Morand.

Une œuvre au retentissement fulgurant Le Diable au corps profite pleinement de l’aura qui entoure le jeune homme et bénéficie de conditions exceptionnelles de parution. Initialement destiné aux Éditions de La Sirène 1, le roman est finalement publié par Bernard Grasset, avide de textes dérangeants, et qui a lu le manuscrit grâce à Cocteau. our le lancer, l’éditeur n’hésite pas à utiliser des moyens de publicité jusque-là inédits en littérature, et qui firent dire à ses contemporains qu’il avait été le remier à réduire le roman ? une boite de conserve : o agne de presse vantant 1 utre une campagne de presse vantant les mérites de l’auteur et diffusant quelques extraits de l’œuvre à venir, Bernard Grasset recourt à l’affichage public et promeut Le Diable au corps et son auteur sur les écrans de cinéma, avant la diffusion des films, notamment grâce à une séquence montrant Radiguet en train de signer son contrat pour la maison d’édition.

Le succès est immédiat : plus de cent mille exemplaires sont vendus en trois mois. Le roman bénéficie du scandale qu’il suscite auprès d’une partie de la société, notamment des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, qui jugent le livre . Fondées en 1917 par Paul Laffitte, les Éditions de la Sirène donnent leur chance à de jeunes auteurs débutants comme Max Jacob, Blaise Cendrars et Jean Cocteau, et permettent de redécouvrir des textes ? l’époque tombés dans l’oubli, comme ceux de Rémy de Gourmont. Présentation 9 FL 1610 IJOOO – oasys 19.

OOX page 10 BAT immoral et irrespectueux. Pourtant, au fil du temps, le titre tend à s’essouffler, et il faut attendre la sortie de l’adaptation cinématographique de Claude Autant-Lara, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1947 – avec Micheline Presle dans le rôle e Marthe et Gérard Philipe dans celui du Narrateur (alors dénommé François) -, pour que l’œuvre fasse de nouveau parler d’elle. Lors de sa sortie à Bordeaux le film essuie les mêmes critiques que le ro lication : incitation ? PAGF s 1 l’antimilitarisme et exaltation de l’adultère.

Il est cependant recompense au festival de Bruxelles par le prix d’interprétation masculine. Depuis, le roman a fait l’objet de nombreuses adaptations télévisuelles et cinématographiques, dont celle de l’Italien Marco Bellocchio, Le Diable au corps (Il diavolo in corpo), en 1986, où Maruschka Detmers interprète Marthe. Aujourd’hui, même si sa dimension sulfureuse s’est quelque peu estompée, le texte est régulièrement réédité. À quoi tient un tel enthousiasme ? travers les époques ? Un drôle de roman historique Quand il commence le récit, le lecteur peut croire qu’il va lire un roman historique.

En effet, les premières lignes du texte, comme les dernières pages de l’œuvre, fixent le cadre temporel de l’action Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ? p. 39 ; « À force de guetter des bruits qui pouvaient annoncer quelque chose, mes oreilles, n jour, entendirent des cloches. C’étaient celles de l’armistice », p. 141). Lhistoire qu’il est sur le point de découvrir se déroule sur toute la durée de la Première Guerre mondiale. 10 Le Diable au corps Meta-systems – 17-01-13 1 5:31 :45 UOOO – oasys 19.

OOX – Page 11 -BAT Le dlable au corps – Etonnants Lycee – Dynamc layout x La guerre comme toile de fond? Ces seules indications temporelles suffisent-elles néanmoins à rattacher l’œuvre au roman histori ue ? Le roman historique est un récit dans lequel de s et des événements PAGF 6 1 se mêlent à la fiction et où l’histoire joue un rôle essentiel ans le déroulement de l’intrigue. En outre, le genre prend en compte les comportements et les mentalités de l’époque et donne le plus souvent un sens à l’histoire. Le Diable au corps semble répondre à plusieurs de ces caractéristiques.

Le récit s’inscrit dans la réalité de la Première Guerre mondiale. Aux deux indications qui encadrent l’œuvre s’ajoutent de nombreuses dates, notamment au début du roman : « vers le vingt août » (1 1), « un dimanche d’avril 1917 » (IV), qui sont complétées par des références à des événements historiques : la mention de « l’attentat autrichien » (Il), cause mmédiate du conflit, et celle de la préparation à l’exode à la suite de l’invasion des Allemands dans le nord de la France (l), qui sera finalement abandonnée après la défaite de l’ennemi lors de la bataille de la Marne (Ill).

Les allusions au contexte de la guerre sont également nombreuses, qu’il s’agisse du soutien aux soldats quand on voit passer leur train, de leur prise en charge dans les hôpitaux militaires, des collectes de fonds organisées pour les hommes au front, de la présence de militaires aux lieux de jonction et de l’attente du retour des combattants près rarmistice. Enfin, l’itinéraire de Jacques permet d’entrevoir la vie d’un « poilu » : enrôlé jeune dans l’armée, il part à la guerre avant même d’être marié – au début du roman, le Narrateur apprend que Marthe est fiancée alors que la guerre dure depuis 1.

Les chiffres romains entre parenthèses renvoient à la numérotation appliquée par cette édition aux chapitres du texte (voir « Note sur la pr PAGF 7 1 renvoient à la numérotation appliquée par cette édition aux chapitres du texte (voir « Note sur la présente édition p. 36). Présentation 11 Meta-systems – 1701-13 1 ’31 – oasys 19. OOX – page 12 – BAT trois ans (IV) – et attend avec impatience ses permissions de courte durée, parfois avancées (V), parfois purement levées (XI), pendant lesquelles il retrouvera celle qu’il aime (l’un de ces « congés » lui permettra de célébrer son union avec Marthe, VII).

Malade, il est envoyé à l’arrière, mais retourne au front aussitôt rétabli jusqu’au moment de l’armistice, où il rejoint Marthe chez eux, agonisante. Entre ces périodes, seule la correspondance qu’il entretient avec la jeune femme lui permet de garder un ontact avec l’arrière et ces missives échangées ont une importance considérable sur le moral du personnage. En revanche, le quotidien de Jacques dans les tranchées est passé sous silence et aucune figure historique n’emaille le texte — à l’exception d’une allusion à Caillaux (II).

Le lecteur n’a finalement que des échos étouffés du conflit et assiste à un récit en creux, où l’essentiel de la guerre est tu. L’alibi d’une idylle Pour autant, peut-on réduire la guerre à une simple toile de fond sans incidence sur l’histoire racontée ? En réalité, l’intrigue n historique. II n’est pas ne peut se concevoir sans chronologie de la Première Guerre mondiale, la naissance de l’enfant et la mort de Marthe ayant lieu quelques mois après l’armistice.

En outre, c’est uniquement parce que Jacques est à la guerre que la rencontre entre les deux jeunes gens peut avoir lieu. Le Narrateur l’indique lui-même Je devais à la guerre mon bonheur naissant », p. 82). De même, le retour du militaire chez lui met fin au scandale qui entoure cet amour; il prend à sa charge l’enfant, désarmais assuré d' » une existence raisonnable » (p. 148). Bien plus, la guerre offre la ossibilité d’une issue heureuse à la liaison coupable, dans la 12 Le Diable au corps Meta-systems – 17-01-13 1 5:31 :46 UOOO- oasys 19.

OOX -Page 13 BAT mesure où elle est susceptible de débarrasser le couple du mari gênant, en jouant le rôle dévolu, dans la tragédie, au destin – sorte de puissance occulte réglant le sort des hommes. C’est ce que pense le Narrateur lorsqu’il déclare : J’espérais qu’elle servirait ma haine comme un anonyme commet le crime à notre place » (p. 82). Plus concrètement encore, à travers les différentes permissions de Jacques, la guerre génère des sentiments xacerbés relançant la relation.

Le Narrateur connait ainsi les affres de la jalousie et les excès de la passion («J’attendais le facteur. C’était ma vie p. 115). À ses yeux, le contexte historique devient un alibi pour cacher l’adultère : « Après cette période extraordinaire, il retrouverait, comme tant d’autres soldats trompés à cause des circonstances exceptionnelles, une épous comme tant d’autres soldats trompés à cause des circonstances exceptionnelles, une épouse triste, docile, dont rien ne décèlerait l’inconduite » (p. 113).

Une peinture des mentalités de l’époque ar ailleurs, si le roman n’évoque pas la vie au front, il offre un tableau sans concession de la société française restée ? l’arrière. Plus exactement, il scrute une partie restreinte de celleci, celle de la proche périphérie parisienne, implantée dans deux communes alors mi-rurales, mi-urbaines («J… » et « toutes deux situées à proximité de la Marne), et incarnée par quelques couples de personnages (les Grangier, les Lacombe, les Marin et les parents du Narrateur) mais aussi par quelques commerçants et notables locaux aux apparitions ponctuelles.

Il s’agit d’une ociété protégée qui, certes, subit les restrictions conjoncturelles (comme l’attestent les démarches de Mme Marin auprès du maire pour obtenir une ration de lait supplémentaire et l’ingéniosité de ses invités pour confectionner des desserts ? partir de lichen), mais parait vivre la guerre de loin : les sœurs du Narrateur n’ont de contact avec les soldats qu’en se rendant à l’hôpital Présentation 13 UOOO – oasys 19.

OOX – Page 14 – BAT militaire de J „ (Ill) et les nouvelles ne parviennent aux personnages que par ouï-dire ou par la presse. Surtout, il s’agit d’une société époiste, avide de ivant repliée sur