Correction du sujet sur l’efficacité de la littérature d’idées Sujet : selon Jean-Paul Sartre, « les mots sont des pistolets chargés ». Pensez-vous, comme Sartre, que la littérature soit un moyen efficace pour critiquer la société et la faire changer ? Vous répondrez à cette question en vous servant des textes étudies et de votre culture personnelle. Introduction Amorce : définition de la littérature didées : toute une partie de la littérature est centrée sur la divulgation d’idées s’écartant de ce que l’on pense habituellement (les clichés) : c’est ce qu’on appelle la littérature d’idée ou littérature argumentative.
Elle s’exprime dans une multitude de genres différents : pamphlet et même dans des g es org ou la poésie. – Présentation du suj Sartre pense que « le Sni* to View lettre ouverte, le récit, le théâtre rature, Jean-Paul s chargés » : la littérature peut se mettre au service de la critique de la société et devenir ainsi une arme, à l’instar d’un pis tolet. littérature peut tuer, dans le sens où elle peut mettre fin ? certaines idées pour en promouvoir d’autres. – Problématique : dans quelle mesure est-elle une arme pour critiquer la société et changer le monde ?
Est-ce un
Lettres persanes de Montesquieu : le thème de Fautre permet de remettre en question la société d’une manière indlrecte. b. Argument historique : à certaines époques, la littérature a été irectement efficace pour changer la société : littérature du XVIIIème siècle : les philosophes des Lumières : leurs idées ont influencé le Révolutionnaires français : abolition des privilèges, renver influencé le Révolutionnaires français : abolition des privilèges, renversement de la monarchie, égalité entre les hommes, abolition de l’esclavage, liberté d’expression (principes institués lors de la première république)…
Cf. aussi Zola : « J’accuse » a permis de réhabiliter Dreyfus : un nouveau procès a été organisé à la suite de la lettre ouverte de Zola. Cf. Traité sur la tolérance de Voltaire : Calas réhabilité grâce ? ouvrage. b. Argument pédagogique : la maîtrise des mots pour convaincre et persuader : la littérature moyen de dénoncer divertissant ou en touchant le lecteur : dénonciation d’une façon moins abstraite qu’un traité ou un discours théorique : cf. es fables de La Fontaine : dénonciation d’injustices illustrée par une petite histoire : « Le loup et l’agneau », « La Chauvesouris et les deux belettes n. La littérature plaît au lecteur, qui se trouve ainsi plus facilement convaincu et persuadé que par un long discours théorique dépourvu de qualités littéraires. Cf. aussi les poésies engagées de Hugo (dans les Châtiments) : le langage poétique (le vers, l’usage de l’antithèse) donne plus de force aux idées défendues par Hugo. La maîtrise du langage permet de mieux convaincre et de mieux persuader. ? rien n’est stupide comme vaincre ; la vraie gloire est convaincre La littérature, art de la maîtrise des mots, est donc efficace pour changer le monde : celui qui maîtrise le littérature, art de la maîtrise des mots, est donc efficace pour changer le monde : celui qui maitrise les mots est plus apte à persuader que celui qui ne les maîtrise pas. 2. Les limites de la littérature engagée Thèse de cette partie : la littérature n’est peut-être pas la façon la plus efficace pour faire changer une société. a.
Argument historique : la littérature ne peut rien faire contre la force, contre la violence : face à un Etat très autoritaire, face à une dictature, la littérature n’a que peu de pouvoir. Cf. Hitler : il fait brûler tous les livres qui remettent en cause le régime. Cf. la censure, qui existe à différentes époques (notamment au XVIIème siècle en France). Les mots sont alors impuissants face à la force. Cf. la littérature qui dénonce le nazisme n’a pas empêché le régime allemand de commettre le énocide juif : cf. Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor (1938), Le Joueur d’échecs (1943).
Salman Rushdie : Les Versets sataniques (1988) : livre interdit et auteur condamné ? mort par l’ayatollah Khomeiny. Contre la violence pure, on ne peut rien faire avec les mots : cf. résistance contre le nazisme : il fallait agr avec des armes réelles et non avec des mots. b. Argument matériel : la littérature n’est pas assez univoque, assez claire, pour être le moyen le plus efficace pour faire changer la société • cf. Rabelais. On définit la littérature comme une façon originale d’utiliser les mots PAGF Rabelais.
On définit la littérature comme une façon originale d’utiliser les mots, le langage, comme le lieu de l’ambiguité, de l’implicite. Ce n’est donc pas une pratique qui, par définitlon, est foncièrement efficace. Cf. l’ambiguïté chez Rabelais (épisodes comiques et fantaisistes / substantifique moelle). Que pense réellement Rabelais ? pas toujours évident. Il peut s’avérer plus efficace d’agir sur la société en développant des discours plus clairs, plus immédiatement compréhensibles : c’est le rôle des hommes politiques, des sociologues, des philosophes… . Argument esthétique : le but de la littérature est de faire uelque chose de beau, d’esthétique, pas quelque chose qui serve concrètement : Cf. La Bruyère : les Caractères : travail sur le langage. Les textes de La Bruyère n’ont pas fait changer les choses ; si on lit aujourd’hui encore La Bruyère, c’est en raison de la beauté de ses textes, pas de la portée satirique. Cf. aussi, dans une certaine mesure, les fables de La Fontaine : pourquoi les apprend-on encore par cœur aujourd’hui ?
En vertu de leur qualité poétique et non parce qu’elles sont engagées ou permettent de changer le monde. Cf. Pierre Desproges : Afrique : but = divertir, faire rire, et non être mmédiatement efficace. 3. a littérature, lieu de la réflexion plus que lieu où l’on trouve des réponses toutes faites La littérature d’idées a donc quelque chose ? lieu où l’on trouve des réponses toutes faites La littérature d’idées a donc quelque chose à dire sur le monde (voir partie 1), mais elle ne se réduit pas à l’univocité et ? l’efficacité pure (voir partie 2).
La littérature d’idée reste avant tout de la littérature, c’est avant tout une vision personnelle du monde, un domaine fait pour susciter la réflexion et non pour apporter des réponses toutes faites : c’est là que se situe ‘efficacité de la littérature : elle aide l’homme à agir d’une manière personnelle, elle ne lui apporte pas des réponses toutes faites, mais elle lui ouvre l’esprit. a. La littérature, art de ne pas conclure : La littérature, un art de la nuance, où l’interprétation prend une place importante : la llttérature aborde la complexité du monde, des choses.
Un écrivain est avant tout quelqu’un qui quitte le domaine des idées reçues, simplistes. « les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié (Voltaire) : la littérature est avant tout une façon complexe d’aborder les choses. Dans de nombreux livres appartenant à la littérature argumentative, c’est au lecteur d’interpréter les choses, selon sa sensibilité. Beaucoup d’œuvres littéraires son t ambiguës, l’auteur ne proposant pas de solution unique. Cf. Rabelais, cf. fin de Candide : « il faut cultiver notre jardin : comment comprendre cette formule ?
Chaque lecteur peut la comprendre à sa manière. Liberté relative comprendre à sa manière. Liberté relative d’interprétation d’une œuvre littéraire. Cf. Flaubert : « la bêtise consiste à vouloir conclure La littérature, même engagée, ne donne pas toujours de conclusion définitive. . La littérature, expression de la subjectivité : expression d’une vision du monde particulière, personnelle, et non d’une envie d’être efficace immédiatement : un écrivain est une personne qui évoque le monde avec une sensibilité qui lui est propre.
Il livre au lecteur une vision du monde personnelle. Exemple : Céline, Voyage au bout de la nuit : vision très pessimiste du monde. Il ne s’agit pas pour Céline d’être immédlatement efficace dans la société, mais de livrer ? ses lecteurs une certaine vision du monde, qui lui est propre, et que le lecteur peut partager ou non. La littérature n’est pas I ? our forcer le lecteur à penser la même chose que l’auteur, mais pour faire part d’une vision du monde personnelle. c.
La littérature comme stimulation pour agir librement : puisque la littérature est un art de ne pas conclure, ainsi que l’expression de la subjectivité humaine, son utilité pour un lecteur est d’être une aide pour agir de façon personnelle, pour se forger ses propres opinions et agir selon celles-ci : « mon rôle ici se borne à faire réfléchir le lecteur, et je pense lui rendre ainsi plus se borne à faire réfléchir le lecteur, et je pense lui rendre ainsi plus grand service qu’en lui servant des onvictions, des opinions toutes faites, des nourritures toutes mâchées » (Gide).
Lire de la littérature, c’est entrer dans la pensée de quelqu’un d’autre, en retirer ce que ron veut, et s’en sentir pour agir de façon personnelle. Cf. lecture de « La Cigale et la fourmi » : chaque lecteur agit après comme il l’entend : doit-il exercer la charité ? Doit-il au contraire penser que chacun doit se débrouiller tout seul, et subsister grâce ? son travail ?
La Fontaine stimule notre réflexion, il ne donne pas de réponse toute faite. Conclusion Bilan : dans certains cas, la littérature s’est avérée mmédiatement efficace pour changer la société (partie 1) ; mais n’est pas la vocation initiale de la littérature, d’autres façons étant beaucoup plus efficaces pour agir directement sur l’évolution du monde (partie 2).
Plus fondamentalement, la littérature a pour but de faire réfléchir en livrant une vision du monde personnelle, forcément subjective (partie 3). – Elargissement : la littérature n’est donc pas toujours utile, dans le sens où elle n’a pas toujours d’efficacité immédiate. « e monde peut fort bien se passer de littérature. Mais il peut se passer de l’homme encore mieux » (Sartre).