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FORÊTS Wajdi Mouawad Dossier pédagogique MAISON DE L’ÉDUCATION Wajdl Mouawad l. Biographie Il. Le texte l) Genèse 2) Construction de l’ 3) Argument 4) L’écriture or61 Sni* to View 5) Analyse des personnages 6) Analyse des thèmes Ill. Dramaturgie 1) Adaptation du texte 2) Réflexions sur la mise en scène 3) Mise en scène Scénographie L’univers sonore Personnages en jeu Esthétique cinématographique IV. Revue de presse arrive à Paris en 1978, après quatre ans de guerre. ? Comme tous les Libanais, nous pensions que la guerre allait se terminer rapidement et que nous repartirions. » Le conflit s’éternise, s’enlise. Les trois enfants Mouawad restent à paris, avec leur mère. Le père, qui a été ruiné par la guerre, tente là-bas de sauver ce qu’il reste de ses affaires. Wajdi Mouawad est alors « un exemple parfait d’intégration réussie » : excellent élève, entouré d’amis, capitaine de l’équipe de rugby du collège. « Mais sans le savoir, sans le dire, nous étions totalement défigurés par cette guerre, par cet exil.

C’est peut-être la grande illusion des civils : croire que, parce que vous avez quitté un lieu en guerre pour un lieu en paix, vous êtes sain et sauf. » Cette fugue qu’il

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fait à l’âge de 1 ans, au cours de laquelle il s’arrête dans ce café parisien emblématique, synthétise le malaise. « Le sentiment qui m’a éduqué, c’est l’inquiétude de ma mère dit-il aujourd’hui. Cet équilibre relatif est encore brisé quand les parents Mouawad décident, six ans plus tard, sans explications, d’émigrer à nouveau, vers le Québec cette fois. ? Dans le dossier pédagogique proposé par la compagnie Au carré de l’hypoténuse, on lit une autre explication sur le départ de France : « un pays d’adoption qu’il doit ? son tour quitter en 1983, l’État lui refusant les papiers nécessaires à son maintien sur e territoire PAGF 61 sentais comme quelqu’un qui vient de survivre à une avalanche, qui remonte à la surface et qui reçoit une nouvelle masse de neige sur la tête. » confie-t-il à la journaliste du Monde.

Surtout, « au fur et à mesure que je m’éloignais du iban, mon prénom devenait une chose qui s’étirait, se déformait, perdait son sens, devenait robjet d’abréviations observe-t-il. Années noires, lourdes, vides. Sa mère meurt, d’un cancer. Mais c’est son visage brouillé, perdu, qui va être à l’origine de son identité d’écrivain et d’artiste. Il commence à écrire à 16 ans. La echerche de ce visage est au cœur de son écriture, dans ses pièces comme dans son unique roman, qui s’intitule d’ailleurs Visage retrouvé (éd.

Actes Sud, comme ses pièces). « Prenez un enfant dont le jouet préféré se casse. Il essaie de recoller les morceaux, mais ce n’est jamais tout à fait comme avant. Maintenant, poursuit-il, en conteur de sa propre histoire, imaginez que ce n’est pas le jouet qui se casse, mais sa conviction profonde que le monde dans lequel il vit est beau et merveilleux. La peine qu’il en éprouve est tellement profonde qu’il en a pour la vie à essayer de recoller. Et à chaque tentative, cela donne une pièce de théâtre.. » Aujourd’hui, son passeport est canadien.

Mais quand on le tarabuste pour savoir s’il se sent plutôt « libanais, français ou québécois », il répond qu’il est juif ou tchèque. Parce qu’il se sent lus roche de Kafka que de n’importe PAGF L’écriture et l’exil ont partie liée, depuis toujours. » Quand la guerre a de nouveau éclaté au Liban, cet été, cela l’a « mis en morceaux Il s’est senti tenu, vis-à-vis de la communauté libanaise de Montréal, de prendre la parole – le texte de son intervention a été publié dans Courrier nternational du 3 août.

Non pour émettre une position politique – « Je ne voulais surtout pas singer les politiciens qui prétendent comprendre la situation » mais pour tenter de « cerner Vimpuissance et le désarroi qu’il y avait à se retrouver dans ce choix impossible : celui de la haine ou celui de la folie » On complétera ce portralt en disant que c’est au Québec qu’il fait ses études et obtient en 1991 le diplôme en interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada à Montréal. Il codirige aussitôt avec la comédienne Isabelle Leblanc sa première compagnie, Théâtre Ô Parleur.

En 2000, il est sollicité pour prendre la direction artistique du Théâtre de Quat’sous à Montréal pendant quatre saisons. Il crée cinq ans plus tard les compagnies de création Abé Carré Cé Carré avec Emmanuel Schwartz au Québec et Au Carré de [‘Hypoténuse en France. Au cours des quinze derni’ 1 avant l’acteur comme porte-parole au sens fort de ce terme. Sa démarche va toujours dans le sens d’une prise de parole qul installe une tension entre la nécessité de la résistance individuelle et le non moins nécessaire renoncement à l’emprise du moi. ? ce propos, il aime citer Kafka : « Dans le ombat entre toi et le monde, seconde le monde. » Mettant en scène ses propres textes Littoral (1997), Willy Protagoras enfermé dans les toilettes (1998), Rêves (2000), Incendies (2003), Forêts (2006) et Seuls (2008), Wajdi Mouawad s’intéresse aussi à Shakespeare (Macbeth), Cervantès (Don Quichotte), ln,’ine Welsh (Trainspotting), Sophocle (Les Troyennes), Frank Wedekind (Lulu le chant souterrain), Pirandello (Six personnages en quête d’auteur), Tchekhov (Les Trois Sœurs), Louise Bombardier (Ma mère chien)…

Depuis septembre 2007, il est directeur artistique du Théâtre français du Centre ational des Arts d’Ottawa et parallèlement, s’associe avec sa compagnie française en 2008 à l’Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie. Travaillant des deux côtés de l’Atlantique, il réunit autour de ses projets de nombreux partenaires, acteurs, concepteurs et théâtres français et québécois. Il est en 2009 1’artiste associé du Festival d’Avignon ou après avoir résenté Littoral en 1999 et Seuls e PAGF s 1 ancrage. » dit-il aussi.

Tout cela traverse la petite dizaine de pièces écrites par le jeune auteur metteur en scène, et notamment les dernières, Littoral, Incendies et Forêts, qui orment un cycle de rexil et des origines au souffle extrêmement puissant. Wajdi Mouawad n’y raconte pas sa vie. Mais ses identités multiples et successives ont produit une interrogation sans équivalent dans le théâtre francophone d’aujourd’hui sur les imbrications entre les histoires indlviduelles et la grande histoire. 4 Pistes de travail Apprendre à rédiger une biographie. ? partir de la biographie présentée ci-dessus, faites réaliser une fiche biographique plus synthétique. Réaliser une interview. Faites imaginer une interview de l’auteur par un journaliste. Les élèves doivent imaginer les questions ossibles à partir des éléments de réponses qu’ils possèdent et qui figurent ci-dessus. Il faut partir de Littoral, pièce coécrite en 1997 et qu’il conçoit rapidement comme le premier volet d’une tétralogie comprenant : Littoral, Incendies, Forêts et Ciels. ? Comment tout cela a commencé ? Si l’on veut une histoire, le di PAGF 6 OF désagréable de me copier moi-même. Cela ressemblait à un manque d’imagination flagrant puisque sans écrire la même histoire, Incendies racontait la même chose que Littoral. Alors à quoi bon écrire Incendies ? Ainsi est née l’idée d’une suite. Incendies serait la seconde artie de « quelque chose » dont Littoral est la première. Quel est donc ce « quelque chose » et qu’est-ce qui le constitue ?

Poser la question, c’était faire apparaitre un horizon dégagé et, de cet horizon, j’ai vu venir quelqu’un, une ombre magnifique et passionnante à contempler dans cette marche qui ra menée jusqu’à moi pour me dire : « c’est moi, je suis Forêts » b, explique Wajdi Mouawad dans la préface de Forêts de 2006. Les quatre pièces forment un ensemble intitulé Le sang des promesses et sont liées d’abord par leur titre : quatre noms communs sans déterminant (dont trois luriels) comme pour donner à voir tous les incendies, les forêts et les ciels du mande.

Le second point commun aux titres est leur renvoi aux quatre éléments fondamentaux. Outre le titre, les trois premières pièces présentent des questionnements identiques sur Fidentité, l’origine et la promesse. Dans Littoral, Wilfrid recherche une sépulture pour son père qui vient de mourir ce qui l’entraîne dans le pays de ses origines ; dans Incendies eanne recherche, au décès de sa PAGF 7 1 secret qu’elle portait en elle. Trois décès entraînent trois quêtes, trois départs, trois odyssées omme se plait à le souligner Pauteur.

On y retrouve une typologie commune des personnages (le paléontologue de Forêts le notaire d’Incendies par exemple). Ciels est en décalage, comme en contrepoint tant du point de vue esthétique que du fond. Étudier des titres. On donnera aux élèves les titres de la tétralogie et leur date de parution puis on leur demandera d’en proposer une étude aussi précise que possible en analysant notamment quels en sont les points communs, les différences. ? partir de leurs remarques, les élèves élaboreront des hypothèses de lecture. Comprendre la logique de la tétralogie. ? partir des articles sur le festival d’Avignon qu’on peut consulter dans le dossier sur Ciels, dans « Pièces démontées » (CRDP de Paris) et des commentaires de l’auteur audibles sur les sites : http://wwwyoutube. com/ watch? v=YAaAQQ2VYl&feature=related (commentaire sur le Sang des promesses) et http://www. festival-avignon. corn/index. 5#s/elected_video (conférence de presse du 6 juillet 2009 de Mouawad au Festival d’Avienon), les élèves pou PAGF B1 comme le théâtre romantique de Victor Hugo : – Le cerveau d’Aimée – Le sang de Léonie – La mâchoire de Luce – Le ventre d’Odette – La peau d’Hélène Le sexe de Ludivine – Le cœur de Loup Les titres mettent en lumière, l? encore, des relations étroites entre les grands ensembles : ils comportent tous des groupes nominaux avec un article défini, un nom qui désigne une partie du corps humain et un complément du nom qui renvoie à un personnage féminin.

Toutes ces femmes constituent le passé de Loup. La quête de Loup commence avec sa mère, qui constitue une énigme, et ne s’achève que dans la dernière partie qui porte son prénom. Les prénoms fémnins ne sont pas classés dans ces titres chronologiquement, c’est Loup, à la fin de la pièce (page 1 OC) qui ecrée un arbre généalogique des femmes : « Odette, Hélène, Léonie, Ludivine, Sarah, Luce, Aimée, Loup Elles permettent cependant l’analepse puis un retour au temps présent avec des éclaircissements successifs.

Ces parties sont elles-mêmes divisées en « scènes », vingt-quatre au total. Leur numérotation couvre l’ensemble de l’œuvre comme pour effacer les divisions entre parties. Par ailleurs, le nom de scène elles-mêmes subdivisées en unités temporelles. On observe donc un morcellement des grands ensembles qui correspond au foisonnement de la pièce et aux juxtapositions ou plutôt aux imbrications es espaces et des temps. MAISON DE L’EDUCATION Si l’on examine les grands ensembles plus en détail (figurent dans les tableaux cidessous les découpages « scéniques » des grands ensembles et leur titre), on peut dégager la trame narrative suivante : Le cerveau d’Aimée Oracle Examen neurologique Radiographies Freedman, neurologue, Elle voit un soldat de 1914 Nov 1989, Aimée annonce décèle une tumeur qui s’est qu’elle attend une petite fille, nommé Lucien Blondel durant ses crises d’épilepsie. formée autour d’un os niché crise d’épilepsie d’Aimée. au cœur du cerveau Diagnostic Des femmes Césarienne 61