COLLECTION IDÉALES VOLTAIRE Dictionnaire philosophique Le chasseur abstrait 2005 Le chasseur abstrait Venta del lorquino A IX 04280 Los Gallardos Espagne Site Internet:wvw/. artistasaltaix. com/chasseur/ email: [email protected] com Design C 2004 Patrick CINTAS Site d’origine: wmu. voltaire-integral. com (René Daniel Boudin) Notre version corrige le codage de l’original, le rendant propre à la production d’un fichier XML. Cependant, des coquilles demeurent….
AVERTISSEMENT DE MOLAND Pour répandre ses idées dans le monde, pour les faire pénétrer jusque parmi le vulgaire, il n’est ien de tel que de les rassembler sous forme de dictionnaire. Aussi, quand ce projet d’un dictionnaire philosophique fut un peu à la légère, au milieu d’un à l’esprit. Ce livre est resté bien plus vivant qu’on ne l’imagine. Si vous l’ouvrez et que vous commenciez à le parcourir, il vous tient bientôt et vous entraîne.
La variété des connaissances qui s’y déploient, le mouvement rapide de la pensée et la vivacité du style, vous empêchent de lâcher prise. Il semble qu’on assiste à ces conversations de Voltaire dont les contemporains rapportent les séductions irrésistibles. C’est Voltaire « sachant nstruire et amuser en même temps comme disait le grand Frédéric, s’intéressant à tout, parlant de tout, non pas dogmatiquement, mais avec abandon
Imprimé sous la rubrique de Londres, publié dans l’été de 1 764, le Dictionnaire portatif se répandit, comme tous ces ouvrages de combat, avec une rapidité singu ière. Un zèle de prosélytisme et de propagande contribuait à leur divulgation. Le canton de Genève notamment était inondé de ces opuscules défendus. « Vous chetez, dit M. Desnoiresterres un ballot de livres chez un libraire; rentré chez vous, en l’ouvrant, vous vous aperceviez qu’il s’était grossi de ces pernicieux livrets.
On en glissait sous les portes, on en pendait aux cordons de sonnettes, les bancs des promenades en étaient couverts. Dans les lieux d’instruction religieuse, ils se trouvaient substitués comme par enchantement aux catéchismes; et, jusque dans le temple de la Madeleine, des Dictionnaires portatifs, habillés comme des psautiers, traînaient sur les banquettes où ils ne I PAGF 7 OF Dictionnaires portatifs, habillés comme des psautiers, rainaient sur les banquettes, où ils ne laissaient pas d’être ramassés par quelqu’un. On est pris de vertlge rien qu’en lisant (dans l’ouvrage de M.
Gaberel: Voltaire et les Genevois(l)) l’énumération abrégée de ces pièges continuels tendus par « l’infernal vieillard »sous les pas de l’innocence et de la piété. Mais nous voulons croire que tout cela est quelque peu enflé. Les horlogers surtout, ces horlogers qui formèrent la population du Ferney naissant, étaient des distributeurs actifs et les agents de cette propagande clandestine. « On en trouvait des piles des piles de libelles) dans les cabinets d’horlogers, et les petits messagers avouaient qu’un monsieur leur avait donné six sous pour déposer le paquet sur l’établi du patron. ? Si ces brochures étaient dévorées par les hommes, les femmes, plus dociles aux exhortations des pasteurs, les avaient en une sainte horreur; et pour les sauver de quelque auto-da-fé, il n’était que prudent de les tenir sous triple verrou. un de ces braves gens était parvenu à réunir toute une bibliothèque de ces petits livres, dont il ne se serait pas dessaisi pour des trésors. Un jour, près le dîner, sa mère, avec laquelle il vivait, lui dit: « Il était bon le fricot, il avait bon goût, n’est-ce pas? Mais oui, très bon, et surtout chaud à point, répond celui-ci. 3/4 Ah. haud, je le crois bien! Si tu veux savoir de quel bois je l’ai chauffé, va voir ta cachette à Voltaire. » La vieille avait découvert le coin, selon l’expression genevoise, et tout y ava PAGF 3 321 tout y avait passé! » Le grand conseil menaçait de brûler le Portatif. « Un magistrat, écrivait Voltaire à d’Argental (2), vint me demander poliment la permission de brûler un certain Portatif; je lui dis que ses onfrères étaient bien les maitres, pourvu qu’ils ne brûlassent pas ma personne, et que je ne prenais nul intérêt à aucun Portatif. » Voltaire le désavouait énergiquement.
Bien mieux, suivant une habitude déjà ancienne, il dénonçait lui-même l’ouvrage incriminé, et adressait, le 12 janvier 1765, la lettre suivante aux autorités de la république: Je suis obligé d’avertir le Magnifique Conseil de Genève que, parmi les libelles pernicieux dont cette ville est inondée depuis quelque temps, tous imprimés à Amsterdam, chez Marc-MicheI Rey, il arrive lundi prochain chez e nommé Chirol, libraire de Genève, un ballot contenant des Dictlonnaire philosophique, des Évangile de la raison, et autres sottises qu’on a l’insolence de m’imputer, et que je méprise presque autant que les Lettres de la montagne(3).
Je crois satisfaire mon devoir en donnant cet avis, et je m’en remets entièrement à la sagesse du Conseil, qui saura bien réprimer toutes les infractions à la paix publique et au bon ordre. » pendant que la salsie se faisait chez le libralre Chirol, ajoutent les chroniqueurs genevois, une autre cargaison plus considérable, à l’adresse du libraire Gando, vec lequel Chirol s’était entendu, franchissait la frontière du côté opposé et versait im PAGF OF lequel Chirol s’était entendu, franchissait la frontière du côté opposé et versait impunément son contenu dans le canton.
En France et à Paris les procédés de divulgation étaient à peu près les mêmes. Les sévérités du Parlement et les recherches de la police n’y pouvaient rien. Le Dictionnaire philosophique portatif n’était guère paru que depuis un an, lorsqu’il fut compromis dans une terrible affaire, celle du chevalier de La Barre. II fut trouvé parmi les livres du alheureux chevalier, en compagnie de Thérèse philosophe, le portier des Chartreux. a Religieuse en chemise, la Tourière des Carmélites, le Sultan Misapouf, la Princesse Grisemine, le Cousin de Mahomet, la Belle Allemande, le Canapé couleur de feu, les Dévirgineurs, ou les Trois Frères, etc„ tous ouvrages plus licencieux encore qu’irréligieux. Il avait place sur ces tabelles devant lesquelles le chevalier était accusé de faire des génuflexions comme devant un tabernacle: il fut condamné à être jeté avec tous les autres livres dans le bûcher qui consuma le corps de La Barre.
Cette affaire causa à Voltaire un grand effroi. « Mon cher frère, écrit-il à Damilaville(4), mon coeur est flétri; je suis atterré. Je me doutais qu’on attribuerait la plus sotte et la plus effrénée démence à ceux qui ne prêchent que la sagesse et la pureté des moeurs. Je suis tenté d’aller mourir dans une terre où les hommes sont moins injustes. Je me tais; j’ai trop à dire. ? Et le 12, il reprenait: « Je suis incapable de prendre aucun plaisir après la funeste catastrophe dont on veut me rendre en quelque PAGF s OF incapable de prendre aucun plaisir après la funeste catastrophe ont on veut me rendre en quelque façon responsable. Vous savez que je n’ai aucune part au livre que ces pauvres insensés adoraient à genoux. » Il alla passer quelque temps, pour se tranquilliser, aux bains de Rolle, en Suisse.
Il rêva de chercher un refuge dans la ville de Clèves, sous la protection du roi de Prusse, et d’y entraîner avec lui Diderot, d’Alembert et les encyclopédistes. Mais il ne tarda pas à reprendre possession de lui-même. L’indignation le ranima. Cette même année 1766, il adressa la Relation de la mort du chevalier de La Barre au célèbre auteur du ivre Des Délits et des Peines, Beccaria, et plus tard, dès que Louis XVI fut monté sur le trône, il écrivit le Cri du sang innocent. Le Dictionnaire philosophique continua de paraître dans tous les formats et de grossir d’édition en édition.
Il est encore aujourd’hui une des parties de l’oeuvre de Voltaire les plus lues dans les classes populaires. Ainsi, dans les salles de lecture des bibliothèques publiques, c’est, à ce que m’ont assuré plusieurs administrateurs de ces établissements, un des livres qui sont les plus demandés en communication, et qu’on est obligé de enouveler le plus souvent. Jusque-là Voltaire n’avait livré au christianisme que de légers combats. Avec le Dictionnaire philosophique, c’est la guerre qui commence.
Elle fut infatigable; elle dura une quinzaine d’années sans trêve ni merci; et il arriva qu’à la fin de ces quinze ans, Voltaire, comme dit M. Sainte-Beuve, avait fait Paris et la Fr la fin de ces quinze ans, Voltaire, comme dit M. Sainte-Beuve, avait fait Paris et la France à son image. Depuis lors, tout homme participant ? la vie intellectuelle a dans la tête un fond d’idées voltairiennes, soit qu’il les ait puisées irectement à la source, soit qu’il les ait reçues indirectement ou qu’elles lui soient transmises comme de naissance.
Depuis lors l’apologétique chrétienne a dû partir aussi de ce fait incontestable, et, quand elle a prétendu le nier simplement et n’en point tenir compte, elle n’a fait qu’une oeuvre stérile. 1 paris, Cherbuliez, 1857. 2 Lettre du 23 décembre 1764. 3 De J. -J. Rousseau. 4 ettre du 7 juillet 1766. AVERTISSEMENT DE BEUCHOT Des lettres du roi de Prusse, qui jusqu’à ce jour n’ont pas été admises dans les Oeuvres de Voltaire(l), à qui pourtant elles sont adressées, donnent la date e la composition des premiers articles du Dictionnaire philosophique, et la fixent à 1754.
Colini ne la met cependant qu’? 1752. « Il faut, dit-il, placer à cette année le projet du Dictionnaire philosophique, qui ne parut que longtemps après. Le plan de cet ouvrage fut conçu ? Potsdam. J’étais chaque soir dans l’usage de lire à Voltaire, lorsqu’il était dans son lit, quelques morceaux de l’Arioste ou de Boccace: je remplissals avec plaisir mes fonctions de lecteur, parce qu’elles me mettaient ? même de recueillir d’excellentes observations, et me fournissaient une occasion favorable de ‘entretenir avec lui sur divers su’ets.
Le 28 septembre, il se mt au lit fort préoccupé: il sujets. Le 28 septembre, il se mit au lit fort préoccupé: il m’apprit qu’au souper du roi on s’était amusé de l’idée d’un Dictionnaire philosophique, que cette idée s’était convertie en un projet sérieusement adopté, que les gens de lettres du roi et le roi lui-même devaient y travailler de concert, et que l’on en distribuerait les articles, tels que Adam, Abraham, etc.
Je crus d’abord que ce projet n’était qu’un badinage ingénieux inventé pour égayer le souper; mais Voltaire, vif et ardent au travail, ommença dès le lendemain(2). » Les détails donnés par Colini sont tellement précis qu’on est tenté de penser que les lettres du roi de Prusse auront été mal datées dans les copies que j’ai sous les yeux. L’ouvrage ne parut cependant qu’en 1764, sous le titre de Dictionnaire philosophique portatif, en un volume in-8•, que Voltaire désigne quelquefois sous le seul nom de Portatif. ne nouvelle édition in-80, augmentée de huit articles, vit le jour en décembre 1764, mais avec la date de 1765, date sous laquelle je citerai cette édition, qui fut bientôt reproduite en un seul olume petit in-8e; l’édition de 1765, en deux volumes in-12, est augmentée de seize nouveaux articles. Cependant le parlement de Paris, par arrêt du 19 mars 1765, condamna au feu le Dictionnaire philosophique; etle 8 juillet de la même année, la congrégation de « Index à Rome le proscrivit. ‘était autant d’éléments de succès de plus. De nouvelles additions furent faites à l’édition de 1767, en un seul volume in-80 de 580 pages, et d’autres encore ? l’édition de 1769, en deu PAGF 8 321 de l’édition de 1769, en deux volumes in-80, sous le litre de: la Raison par alphabet, sixième ?dition revue, corrigée et augmentée par de 1767, aussi intitulée sixième édition(4), était augmentée de trentesept articles qui ont été imprimés séparément in-80 pour supplément à l’édition de 1765 de même format.
Le frontispice de l’édition de 1770, deux parties in-80, porte: Dictionnaire philosophique, ou la Raison par alphabet, septième édition revue, etc. Une partie seulement des artlcles, formant alors le Dictionnaire philosophique, a été reproduite, soit en 1775, dans l’édition encadrée, tome XXXVIII (Ier des Pièces détachées attribuées à divers hommes célèbres), oit en 1777, dans l’édition in-40, tome XXVIII; et dans toutes les deux, sous la rubrique de: Fragments sur divers sujets par ordre alphabétique.
Une réimpression de 1776 a pour titre: la Raison par alphabet, ou supplément aux Questions sur l’Encyclopédie, attribué à divers hommes célèbres, dixième et dernière édition, revue, corrigée et augmentée par l’auteur, in-80 de 359 pages Il y a loin de là aux sept volumes, ou plus de 3,500 pages, que remplit aujourd’hui le Dictionnaire philosophique(6).
Cette augmentation est le résultat des dispositions des éditeurs e Kehl, qui, ainsi qu’ils le disent dans leur Avertissement(7),ont fait un seul ouvrage de plusieurs, en refondant dans le Dictionnaire philosophique: es Questions sur l’Encyclopédie; IOL 20 L ‘Opinion par alphabet; 30 Les Articles inséré PAGF g 321 philosophique: 10 Les Questions sur l’Encyclopédie; 20 L’opinion par alphabet; 30 Les Articles insérés dans l’Encyclopédie; 40 Plusieurs articles destinés par l’auteur au Dictionnaire de l’Académie; 50 Un grand nombre de morceaux publiés depuis plus ou moins longtemps.
Les Questions sur l’Encyclopédie parurent de 1770 à 1772, en neuf volumes in-80. Les trois remiers sont datés de 1 770, et contiennent jusqu’au mot Ciel des anciens; le quatrième, qui vit le jour en 1771 commence par l’article Cicéron; les cinquième, sixième, septième et huitième sont de la même année; le dernier mot est Supplice.
Enfin le neuvième, commençant par la troisième section du mot Superstition, et qui, outre la fin de l’alphabet, contient un Supplément et une réimpression des Lettres de Memmius à Cicéron (voyez les Mélanges, année 1771), porte la date de 1772. Voltaire doit ne pas avoir été étranger à une réimpression aussi en neuf volumes in-8e, commencée en 1771, ate sous laquelle je l’ai citée, réimpression dans laquelle parut l’Addition de l’éditeur qui fut partie de l’article Ana, pages 205208 du présent volume.
L’édition in-40 de 1774 contient des augmentations. Quelques personnes ont cru que les Questions sur l’Encyclopédie n’étaient qu’une nouvelle édition du Dictlonnaire philosophique. Voltaire n’avait reprodult dans les Questions qu’un petit nombre d’articles du Dictionnaire. A cela près, les deux ouvrages n’ont de commun que la distribution par ordre alphabétique. Je ne puis dire préciséme 10 mposait l’opinion par