Victor-Marie Hugo, ne le 26 fevrier 1802 a Besancon et mort le 22 mai 1885 a Paris, est un ecrivain, dramaturge, poete, homme politique, academicien et intellectuel engage francais considere comme le plus important des ecrivains romantiques de langue francaise et un des plus importants ecrivains de la litterature francaise. Son uvre est tres diverse : romans, poesie lyrique, drames en vers et en prose, discours politiques a la Chambre des Pairs, correspondance abondante. Il a contribue, tout comme Baudelaire, au renouvellement de la poesie et de la litterature.
I – Enfance et jeunesse Victor Hugo est le fils du general d’Empire Joseph Leopold Sigisbert Hugo (1773? 1828) cree comte, selon la tradition familiale, par Joseph Bonaparte, roi d’Espagne et en garnison dans le Doubs au moment de la naissance de son fils et de Sophie Trebuchet (1772? 1821). Cadet d’une famille de trois enfants apres Abel Joseph Hugo (1798? 1855) et Eugene Hugo (1800? 1837), il passe son enfance a Paris. De frequents sejours a Naples et en Espagne, a la suite des affectations militaires de son pere, marqueront ses premieres annees.
Ainsi, en 1811, il est, avec son frere Eugene, pensionnaire dans une institution religieuse de Madrid, le College des Nobles.
On ne sait pas grand-chose de ses debuts puisque l’auteur a brule ses 10 premiers cahiers d’ecole. Qui a initie l’enfant a la technique du vers ? A-t-il ete encourage ou a-t-il travaille seul ? En faisant quelles lectures ? En 1817, il participe a un concours donne par l’Academie des jeux floraux de Toulouse. Le jury est a deux doigts de lui adresser le prix mais le titre de son poeme (Trois lustres a peine) suggere trop son jeune age et l’Academie en est effrayee. Le prix est donc attribue a quelqu’un d’autre.
Il sera laureat de cette meme academie deux annees de suite. En 1819, il obtient un Lys d’or pour l’Ode sur le retablissement de la Statue d’Henri IV, et en 1820, il recoit un ‘illet comme prix d’encouragement pour une autre ode: Moise sur le Nil2. Egalement prime par l’academie, Victor Hugo delaisse les mathematiques, pour lesquelles il a un gout marque (il suit les cours des classes preparatoires), et embrasse la carriere litteraire. Avec ses freres Abel et Eugene, il fonde en 1819 une revue, « Le Conservateur litteraire », qui attire deja l’attention sur son talent.
Son premier recueil de poemes, Odes, parait en 1821 : il a alors dix-neuf ans et ses etudes au lycee Louis-le-Grand lui permettent de faire connaitre rapidement cet ouvrage. Il participe aux reunions du Cenacle de Charles Nodier a la Bibliotheque de l’Arsenal, berceau du Romantisme, qui auront une grande influence sur son developpement. Des cette epoque, Hugo est tout a la fois poete, romancier, dramaturge et meme journaliste : il entreprend tout et connait une grande reussite dans tout ce qu’il fait. II – Le jeune ecrivain C’est avec Cromwell, publie en 1827, qu’il fera eclat.
Dans la preface de ce drame, Victor Hugo s’oppose aux conventions classiques, en particulier a l’unite de temps et a l’unite de lieu. Il met veritablement en pratique ses theories dans la piece Hernani (1830), piece qui inaugure le genre du drame romantique. Cette uvre est la cause d’un affrontement litteraire fondateur entre anciens et modernes, ces derniers, au premier rang desquels Theophile Gautier, s’enthousiasmant pour cette uvre romantique — combat qui restera dans l’histoire de la litterature sous le nom de « bataille d’Hernani. Des lors, la production d’Hugo ne connait plus de limites : romans (Notre-Dame de Paris, 1831) ; poesie (Les Chants du crepuscule, 1835) ; theatre (Ruy Blas, 1838). Il epouse, le 12 octobre 1822, Adele Foucher qui lui donne cinq enfants : Leopold (16 juillet 1823 10 octobre 1823) Leopoldine (28 aout 1824 4 septembre 1843) Charles (4 novembre 1826 13 mars 1871) Francois Victor (28 octobre 1828 26 decembre 1873) Adele (24 aout 1830 21 avril 1915), la seule qui survivra a son illustre pere mais dont l’etat mental, tres tot defaillant, lui vaudra de longues annees en maison de sante.
De 1826 a 1837, il sejourne frequemment au Chateau des Roches a Bievres, propriete de Bertin l’Aine, directeur du Journal des debats. Au cours de ces sejours, il y rencontre Berlioz, Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer et redige des recueils de poesie dont le celebre ouvrage des Feuilles d’automne. Il aura, jusqu’a un age avance, de nombreuses maitresses. La plus celebre sera Juliette Drouet, actrice rencontree en 1833, qui lui consacrera sa vie et le sauvera de l’emprisonnement lors du coup d’etat de Napoleon III. Il ecrira pour elle de nombreux poemes.
Tous deux passent ensemble l’anniversaire de leur rencontre et remplissent, a cette occasion, annee apres annee, un cahier commun qu’ils nomment tendrement le « Livre de l’anniversaire »3. Hugo accede a l’Academie francaise en 1841, apres trois tentatives infructueuses essentiellement dues a une poignee d’academiciens menes entre autres par Etienne de Jouy, opposes au romantisme et le combattant ferocement4 . Victor Hugo est le premier academicien ne au xixe siecle. En 1843, Leopoldine meurt tragiquement a Villequier, noyee avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque.
Hugo sera terriblement affecte par cette mort qui lui inspirera plusieurs poemes des Contemplations — notamment, son celebre « Demain, des l’aube… ». III – L’exil Eleve par sa mere vendeenne dans l’esprit du royalisme, il se laisse peu a peu convaincre de l’interet de la democratie (« J’ai grandi », ecrit-il dans un poeme 5 ou il s’en justifie). Son idee est que « la ou la connaissance n’est que chez un homme, la monarchie s’impose. La ou elle est dans un groupe d’hommes, elle doit faire place a l’aristocratie.
Et quand tous ont acces aux lumieres du savoir, alors le temps est venu de la democratie ». Au debut de la Revolution de 1848, il est elu depute de la deuxieme Republique en 1848 et siege parmi les conservateurs. Il soutient la candidature de Louis-Napoleon Bonaparte elu President de la Republique en decembre, avec qui il rompt en 1849 et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques dont il reprouve la politique reactionnaire. Hugo s’exile apres le coup d’Etat du 2 decembre 1851 qu’il condamne vigoureusement pour des raisons morales (Histoire d’un crime).
Sous le Second Empire, oppose a Napoleon III, il vit en exil a Bruxelles, puis a Jersey et enfin a Guernesey. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l’amnistie6 decidee quelque temps apres (« Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-la » 7). Pendant ces annees difficiles, il publiera notamment Les Chatiments (1853), uvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poesies (1856) ; La Legende des Siecles (1859), ainsi que Les Miserables, roman (1862).
Le souvenir douloureux de Leopoldine sa fille — ainsi que sa curiosite — le pousse a tenter, a Jersey, des experiences de spiritisme consignees dans Les Tables tournantes de Jersey. Pendant les annees 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duche de Luxembourg comme touriste, alors qu’il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). En 1871, apres la Commune de Paris, tandis qu’il est expulse de Belgique pour y avoir offert asile aux communards poursuivis dans la capitale francaise, il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duche (1er juin 23 septembre).
Il sejourne successivement a Luxembourg, a Vianden (deux mois et demi), a Diekirch et a Mondorf, ou il suit une cure thermale. IV – Retour en France et mort Apres la chute du Second Empire consecutive a la guerre franco-prussienne de 1870, c’est l’avenement de la Troisieme Republique : Hugo peut enfin rentrer apres vingt annees d’exil. Il sera present au siege de Paris, ou il ne put assister au lancement du ballon monte qui portait son nom.
Jusqu’a sa mort, en 1885, il restera une des figures tutelaires de la republique retrouvee — en meme temps qu’une reference litteraire incontestee. Il decede le 22 mai 18858, dans son hotel particulier « La Princesse de Lusignan », qui etait situe a la place de l’actuel 124 avenue Victor-Hugo. Selon la legende, ses derniers mots furent : « Ceci est le combat du jour et de la nuit. » Conformement a ses dernieres volontes9, c’est dans le « corbillard des pauvres » qu’eut lieu la ceremonie.
Il est d’abord question du Pere Lachaise mais le premier juin, suite au decret du 26 mai 1885, il sera finalement conduit au Pantheon, la jeune Troisieme Republique profitant de cet evenement10 pour retransformer l’eglise Sainte-Genevieve en Pantheon. On considere que trois millions de personnes se sont deplacees alors pour lui rendre un dernier hommage. Il est alors l’ecrivain le plus populaire et est considere comme l’un des monuments de la litterature francaise.