Texte Latin Traduction Francaise Nam philosophia efficit hoc Medetur animis, Inanes sollicitudines detrahit, Cupiditatibus liberat, Pellit timores. Sed haec ejus vis Non idem potest apud omnes; Cum est idoneam complexa naturam, Tum valet multum. Enim non modo « fortes fortuna adjuvat » Ut est in vetere proverbio, Sed multo magis ratio, Quae quibusquam quasi praeceptis Confirmet vim fortitudinis. Videlicet Natura genuit Te excelsum quemdam et altum et humana despicientum. Itaque Contra mortem habita oratio Facile in animo forti insedit Sed haec aedem num censem
Apud eos ipsos valere Nisi admodum paucos, A quibus inventa sunt, Disputata, Conscripta ? Quotus enim quisque philosophorum invenitur ; Qui sit ita moratus, it animo Ac vita constitutus, ut ratio postulat ? Qui disciplinam suam putet Non ostentationem scientiae Sed legem vitae putet ? Quid obtemperet ipse sibi Et decretis suis pareat? Videre licet alios Tanta levitate et jactatione, Utiis fuerit non didicisse melius, Alios pecuniae cupidos, Gloriae non nullos, Multos libidinum servos, Ut cum eorum vita mirabiliter pugnet oratio. Quod quidem mihi videtur esse turpissimum.
Enim, Ut si barbare loquatur, Grammaticum se professus Aut qui se taberu velit musicum, Si absurde canat is, Hoc turpior sit, Quod peccet In eo ipsos cujus profitetur scientiam Sic turpior est Philosophius
Alors elle agit puissamment. En effet, non seulement « la fortune vient en aide aux forts » Comme le dit le vieux proverbe, Mais encore plus la raison Qui pour ainsi dire par des regles precises, Appuie l’influence de la force (de l’ame). Il est evident que La nature t’a engendre Toi, une sorte d’homme noble, grand et dedaigneux des choses humaines. C’est pourquoi Un discours prononce contre la mort A penetre facilement une ame forte. Mais penses-tu que les memes arguments soient efficaces sur ceux-la meme, A peu d’exception pres, Par qui ils ont ete trouves, Traites, Et consignes ar ecrit ? Combien de philosophes rencontre t’on en effet ; Dont le caractere, la facon de penser, Et la facon de vivre soit constitue comme la raison l’exige ? Qui considerent leur doctrine Non comme une science ostentatoire Mais comme une regle de vie, Qui s’obeissent a eux-memes Et qui se soumettent a leur propre maxime ? On peut voir chez les uns Tant d’inconscience et de vantardise Qu’il aurait mieux valu pour eux qu’ils n’aient rien appris, Chez les autres la passion de l’argent, Chez quelques uns celle de la gloire, Chez un grand nombre l’asservissement au plaisir.
De sorte que leur vie contraste etrangement avec leur discours. Et cela, certes, me semble particulierement honteux. En effet, De meme, si on fait des barbarismes, Apres s’etre proclame grammairien Ou bien celui qui veut devenir musicien, S’il chante faux, Cela est plus honteux, Parce que l’on fait des fautes Dans l’art meme dont on se reclame. De meme, il y a plus de honte Pour le philosophe qui fait des fautes dans son mode de vie, En ceci il echoue dans le travail Ou il se donne comme maitre, Et qu’il echoue dans la vie, Alors qu’il s’est proclame specialiste dans l’art de vivre.