Tito

Du principe de la democratie L’Esprit des Lois Montesquieu Montesquieu aborde dans son essai de l’esprit des lois les differents types de gouvernement et examine ainsi ce qui peut les amener a se corrompre et se denaturer. La reflexion sur les modeles politiques, les gouvernements a motive une grande partie de la production litteraire de Montesquieu, en particulier les lettres persanes. De fait, il se consacre dans ses Suvres a une reflexion sur le pouvoir politique et son equilibre.

Il analyse ainsi, dans son ouvrage de l’esprit des lois, differents types de gouvernement en s’appuyant sur un examen critique des regimes passes et des regimes contemporains. On pourrait presenter ainsi son analyse : | |Il y a trois especes de gouvernement | |Nature |Le republicain |Le monarchique |Le despotique | |Celui ou le peuple en corps, ou seulement|Celui ou un seul gouverne mais par |Un seul, sans loi et sans regle, | |Structure particuliere de chaque |une partie du peuple, a la souveraine |des lois fixes et etablies. |entraine tout par sa volonte et | |gouvernement : definition de son |puissance. | |ses par ses caprices. | |fonctionnement juridique et | |Ces lois fondamentales supposent | | constitutionnel | |des pouvoirs intermediaires,

Désolé, mais les essais complets ne sont disponibles que pour les utilisateurs enregistrés

Choisissez un plan d'adhésion
| | | | |subordonnes et dependants. | | | |Le peuple en corps |Seulement une partie | | | | | |du peuple | | | | | | | | | |Democratie |Aristocratie | | | |Principe |Vertu |Moderation |Honneur |Crainte | | | | | | | Les passions humaines qui font |Amour des lois, |Fondee sur la vertu |Ambition, desir de distinction, |Il faut que la crainte y abatte | |mouvoir chaque gouvernement |amour de la patrie,|et non pas sur une |noblesse, franchise et politesse. |tous les courages et y eteigne | |Analyse qui s’appuie sur des |amour de l’egalite |lachete ou paresse de| |jusqu’au moindre sentiment | |references historiques precises. |et de la frugalite,|l’ame. |Exemple actuel : les monarchies de |d’ambition. | |liberte. | |l’Europe contemporaine de | | | |Exemple |Exemple actuel : les |Montesquieu |Exemple : l’Orient des empires | | |historique : |republiques | |musulmans et la Chine | | |Athenes et Rome |aristocratiques de | | | | |Grece et de Venise | | | |Risques de decadence |L’esprit |Arbitraire et |Disparition des pouvoirs |Attenuation de la crainte : cet | | |d’inegalite peut |corruption peuvent |intermediaires et du desir de |Etat se corrompt sans cesse parce | | |conduire a |conduire au |distinction |qu’il est corrompu par nature et | |l’aristocratie ou |despotisme | |perit mais sa ferocite reste. | | |a la monarchie ; | | | | | |l’esprit d’egalite | | | | | |extreme peut | | | | |conduire au | | | | | |despotisme concu | | | | | |comme un refuge | | | | | |contre l’anarchie | | | | | | | | | | | | | | | Montesquieu veut creer la science des lois positives, en montrant qu’au sein de la prodigieuse confusion de tous les pays et de toutes les epoques, l’esprit humain peut discerner un ordre.

Montesquieu affirme en effet ce n’est point le corps des lois que je cherche, mais leur ame (…) Il faut toujours en revenir a la nature des choses. Ainsi toute loi, meme odieuse, meme absurde en apparence, si elle n’est pas fondee en raison, a du moins sa raison d’etre. C’est la demarche meme de toute science : eliminer le hasard, expliquer par un principe commun des faits disparates, substituer aux causes individuelles et accidentelles des causes generales et necessaires, eliminer egalement les explications metaphysiques.

L’ideal de Montesquieu est la moderation et la liberte ; le but final de ses recherches lucides est l’utilite sociale et le bonheur de l’humanite. Dans le livre I de l’Esprit des Lois, Montesquieu presente en une sorte d’introduction la notion de loi : les lois, dans la signification la plus etendue, sont les rapports necessaires qui derivent de la nature des choses. Le monde n’est donc pas soumis a une fatalite exterieure, il existe au contraire une raison primitive et les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle et les differents etres, et les rapports de ces divers etres entre eux.

Montesquieu distingue aussi la loi de la nature et les lois positives : la loi positive, en general, est la raison humaine, en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre ; et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent etre que les cas particuliers ou s’applique cette raison humaine. Des livres II a XIII, Montesquieu analyse la science politique proprement dite. Il s’agit de l’analyse de la nature des gouvernements et de leurs principes.

Montesquieu nous presente ses deductions valables pour tous les temps, dans tous les pays. Puis des livres XIV a XXV, Montesquieu propose une geographie politique : l’espace est pris en compte dans la fameuse theorie des climats. Le climat agit sur le temperament d’un peuple, et par la sur les lois. Il applique cette theorie a la servitude. Deuxieme aspect de cette theorie du climat : la fertilite des sols a un impact sur les lois. Autre aspect analyse dans cette section : le rapport des lois avec l’esprit general d’une nation.

Plusieurs choses gouvernent les hommes : le climat, la religion, les lois, les maximes du gouvernement, les exemples des choses passees, les mSurs, les manieres ; d’ou il se forme un esprit general qui en resulte. Montesquieu analyse donc ces choses qui gouvernent les hommes en y ajoutant l’economie, le commerce et la monnaie ainsi que la demographie. La hardiesse de Montesquieu reside dans le fait qu’il aborde la religion comme un phenomene sociologique. Enfin, des livres XXVI a XXXI, Montesquieu se livre a une reflexion sur la politique et l’histoire du droit.

Il prend en compte le facteur temps qui n’etait intervenu jusqu’alors qu’a titre accessoire. Cette derniere partie est un chef d’Suvre d’erudition malgre un certain « desordre » dans sa structure. Ainsi Montesquieu s’attaque tres indirectement a la pensee politique : de fait, en reflechissant sur la nature des gouvernements, il propose une vision de leurs limites et de leurs derives. L’ouvrage, dense, ardu, est donc bien au cSur de la reflexion des philosophes des Lumieres sur le gouvernement le plus conforme a la raison.

Notre extrait se situe dans le livre III de l’Esprit des lois. Il s’agit donc d’aborder les differents types de gouvernement et leur principe. Montesquieu propose tout d’abord un raisonnement par analogie afin de comparer ces gouvernements. Puis il invite a une reflexion sur les rapports entre vertu politique et vertu morale, reflexion conduite avec rigueur montrant par la la maitrise parfaite de la conviction vivante et erudite. A travers l’etude de ces trois axes, nous tenterons de repondre a la problematique suivante : dans quelle mesure 1. Un raisonnement par analogie . la mise en perspective des trois gouvernements Notre auteur entend bien etablir la comparaison entre trois systemes : ainsi en temoigne le paragraphe situe avant notre extrait : du principe des divers gouvernements. Mais notre passage se focalise sur la democratie : du principe de la democratie. Le terme principe est a entendre selon le sens suivant defini par Montesquieu dans le chapitre 1 du livre III : Il y a cette difference entre la nature du gouvernement et son principe que sa nature est ce qui le fait etre tel, et son principe ce qui le fait agir.

L’une est sa structure particuliere, et l’autre les passions humaines qui le font mouvoir. Or les lois ne doivent pas etre moins relatives au principe de chaque gouvernement qu’a sa nature. Des l’ouverture de notre extrait, Montesquieu met en perspective trois types de gouvernement : un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique (lignes 1 et 2) puis dans un Etat populaire periphrase designant le gouvernement republicain. Le premier paragraphe enonce donc d’emblee la volonte de comparer les differents systemes politiques.

On remarque d’ailleurs l’emploi de la conjonction de coordination ou dans le premier groupe nominal cite rendant compte de l’alternative entre les deux formes de gouvernement. Montesquieu reprend d’ailleurs ces comparaisons en utilisant les groupes nominaux anaphoriques dans l’un, dans l’autre. Notre auteur entend donc etablir un raisonnement par analogie entre les trois formes gouvernementales. Ces trois types de gouvernement se retrouvent tout le long du texte. On a donc de multiples references aux trois systemes politiques.

On peut relever ainsi des synonymes ou d’autres periphrases pour designer le gouvernement monarchique : un gouvernement monarchique, dans une monarchie ; pour designer le gouvernement despotique : un gouvernement despotique, le bras du prince, le monarque, sur les tyrans, sur la tyrannie ; le gouvernement republicain : dans un Etat populaire, dans un gouvernement populaire, la democratie, le gouvernement populaire, la republique. Tous ces synonymes structurent notre texte et permettent la mise en evidence du raisonnement par analogie.

L’analogie entre les trois gouvernements permet de les opposer : ainsi Montesquieu distingue tres nettement le type republicain des deux types monarchique et despotique. En effet, des le premier paragraphe nous constatons l’emploi de la conjonction de coordination adversative mais : mais, dans un Etat populaire, il faut un ressort de plus. Cette derniere expression un ressort de plus permet la encore de mettre en evidence le systeme analogique sur lequel repose notre argumentation : de plus constitue de fait une tournure comparative venant ajouter un nouveau fondement aux deux regimes precedents.

On est donc toujours dans la comparaison. Ce systeme comparatif continue dans le deuxieme paragraphe avec la phrase suivante : dans une monarchie ou celui qui fait executer les lois se juge au-dessus des lois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire, ou celui qui fait executer les lois sent qu’il y est soumis lui-meme, et qu’il en portera le poids. Le systeme comparatif prend appui ici sur les deux groupes nominaux antithetiques introduits par la preposition dans : dans une monarchie et dans un gouvernement populaire.

Ce systeme est aussi pris en charge par le parallelisme syntaxique : chaque groupe nominal est suivi d’une proposition subordonnee relative introduite par le pronom relatif ou et prolonge par la periphrase celui qui fait executer les lois. Ce systeme comparatif va permettre d’etablir les nuances entre le monarchique qui se juge au-dessus des lois et le republicain qui sent qu’il y est soumis lui-meme. Ainsi, dans le systeme monarchique, le prince ne depend pas de la loi a l’inverse du systeme republicain ou le garant de la loi est aussi celui qui doit s’y soumettre.

L’analogie permet donc d’etablir les nuances tres fines et pertinentes entre deux gouvernements mais aussi dans le rapport entre l’executif et le legislatif. Le systeme comparatif trouve son point d’orgue dans la tournure comparative d’inferiorite de moins de vertu que qui met en evidence les limites des deux types de gouvernement. Ainsi l’analogie permet de porter un regard critique sur chaque gouvernement et etablir les limites et les responsabilites du chef de l’Etat. Le principe republicain semble d’ailleurs, au regard de cette reflexion analogique, plus delicat a maintenir et sauvegarder.

Montesquieu parait en effet accorder une confiance plus grande dans le systeme monarchique. b. la democratie en peril ? De fait, le systeme republicain, par son exigence de vertu (sur laquelle nous reviendrons ulterieurement) semble plus fragile que le systeme monarchique. C’est ce qui ressort de la lecture du troisieme paragraphe de notre extrait. Il est clair encore que le monarque qui, par mauvais conseil ou par negligence, cesse de faire executer les lois, peut aisement reparer le mal : il n’a qu’a changer de conseil, ou se corriger de cette negligence meme.

Mais, lorsque dans un gouvernement populaire, les lois ont cesse d’etre executees, comme cela ne peut venir que de la corruption de la republique, l’Etat est deja perdu. On remarque une antithese entre les deux gouvernements. Le gouvernement monarchique ne prend en compte qu’une seule personne le monarque alors que le gouvernement populaire prend en compte la republique. Les consequences ne sont donc pas identiques. D’un cote il y a negligence et ce terme est repete par deux fois ; de l’autre l’Etat est deja perdu.

On remarque l’abondance des tournures passives dans le second cas : les lois ont cesse d’etre executees, l’Etat est deja perdu. Toutes ces tournures passives permettent d’illustrer la chute ineluctable du systeme democratique. Ces tournures passives sont introduites sans complement d’agent montrant ainsi par la les multiples raisons et implications de la chute de la democratie. Une chute irremediable par rapport a la facilite de reformer le systeme monarchique. En effet, nous notons la presence de la tournure restrictive il n’a qu’a changer de conseil, ou se orriger… l’emploi de la tournure exceptive n’a qu’a permet de souligner le retablissement facile d’un systeme politique. L’enonciateur utilise de plus l’adverbe aisement montrant ainsi la stabilite possible du systeme monarchique. Or cette aisance a se retablir n’est pas applicable au systeme democratique. La conjonction de coordination mais ouvre l’antithese entre les deux gouvernements et montre la fragilite du systeme republicain. Cette antithese entre les deux systemes est soulignee aussi par la reprise de la tournure restrictive : comme cela ne peut venir que de la corruption de la republique.

La tournure restrictive souligne l’antithese entre le groupe nominal la corruption de la republique et les deux groupes infinitifs changer de conseil, ou ses corriger. Dans ces deux expressions, une minorite executive est touchee, dans le groupe nominal, c’est le fondement meme de l’Etat qui est affecte. Cette distinction est aussi remarquable dans les groupes nominaux sujets : dans la premiere partie de l’antithese, le groupe nominal sujet est le monarque : Montesquieu le rend donc seul responsable de l’application ou non des lois (le monarque cesse de faire executer les lois).

Mais dans la deuxieme partie de l’antithese, le premier groupe nominal sujet est les lois : les lois ont cesse d’etre executees. Il ne s’agit donc plus d’une personne mais d’un groupe indetermine et non represente (puisqu’il n’y a aucun complement d’agent). La difference des groupes nominaux sujets permet donc de souligner la stabilite d’un systeme par opposition a la fragilite de l’autre. Le partage du pouvoir entre differentes personnes ou entre tous est donc pour Montesquieu une source possible de fragilisation de ce dernier.

Montesquieu presente donc les risques de l’alteration de la republique et du gouvernement populaire. Il montre ainsi la fragilite de ce systeme par rapport aux deux autres. Cette demonstration apparait d’ailleurs des la premiere phrase de notre extrait : il ne faut pas beaucoup de probite pour qu’un gouvernement monarchique ou despotique se maintiennent ou se soutiennent. La force des lois dans l’un, le bras du prince toujours leve dans l’autre, reglent ou contiennent tout. Ces deux premieres phrases sont remarquables par le systeme alternatif propose.

D’autre part, les deux phrases presentent des rythmes binaires entre les verbes se maintiennent ou se soutiennent et reglent ou contiennent. Tous ces verbes indiquent une canalisation des desirs, des passions. Aussi la probite n’est-elle pas si necessaire puisque les deux types de gouvernement tirent leur stabilite d’une certaine oppression. Oppression de la loi dans le cadre du gouvernement monarchique, oppression de l’autorite excessive du prince dans le cadre du regime despotique le bras du prince ou le groupe nominal le bras renvoie a la puissance d’un seul homme.

Ainsi Montesquieu fait reposer chaque gouvernement sur un principe, une passion particuliere. Nous reviendrons sur celle de la vertu constitutive du pouvoir republicain. Pour ce qui concerne le gouvernement monarchique, la passion premiere est l’honneur : l’honneur fait mouvoir toutes les parties du corps politique ; il les lie par son action meme et il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller a ses interets particuliers.

Pour ce qui concerne le gouvernement despotique, c’est la crainte : il faut donc que la crainte y abatte tous les courages et y eteigne jusqu’au moindre sentiment d’ambition. Ainsi la probite cad l’honnetete n’est pas requise dans ces deux types de gouvernement d’ou leur negation a l’ouverture du texte il ne faut pas beaucoup de probite… Ce nom probite n’est pas tant politique que moral. Des la premiere phrase, Montesquieu subordonne donc les valeurs politiques aux valeurs morales.

L’agissement des individus, leurs passions et leurs desirs sont donc les garants des systemes qu’ils mettent en Suvre (ou a l’inverse les facteurs de leur chute). Et Montesquieu tend a presenter son analyse de facon la plus objective possible afin d’en montrer la pertinence. c. une analyse objective des gouvernements La presence de la premiere personne a l’ouverture du deuxieme paragraphe ne doit pas nous induire en erreur : l’analyse de Montesquieu se veut objective malgre cette apparition du pronom personnel de premiere personne.

Ce que je dis. C’est la seule occurrence de la premiere personne dans notre essai, montrant ainsi la volonte de l’auteur de presenter le plus objectivement possible ses deductions et ses constats. 2. Vertu politique et vertu morale a. la vertu : une tentative de definition b. la corruption de la vertu ou la chute de la republique 3. L’art de convaincre a. un chef d’Suvre d’erudition b. la construction du texte ou la mise en perspective de l’Histoire c. une mise en garde : Montesquieu moraliste ?