Theories ricardiennes

Theories ricardiennes

I – La theorie ricardienne de la valeur et des prix A) La valeur Le defi que se lance Ricardo est de faire une theorie de la valeur independante de la repartition, et notamment, il est tres important pour lui qu’une augmentation de la valeur n’engendre pas une augmentation des prix. 1) Les notions de valeur Ricardo en distingue deux :  la valeur d’usage  la valeur d’echange La valeur d’usage d’une chose exprime l’utilite de cette chose. Elle est d’autant plus grande que la chose est importante. Capital Capital fixe Capital circulant = consommations intermediaires + avances

Produit brut Produit net Salaires Rentes Accumulation du capital Remplacement Amortissement Le circuit de l’accumulation du capital de David RICARDO Profits 14 Theories economiques de la valeur et de la repartition La valeur d’echange d’un bien exprime le pouvoir de ce bien d’etre echange contre d’autres biens. Elle est proportionnelle au nombre de biens que l’on peut obtenir en echange. C’est la valeur d’echange qui interesse Ricardo. Qu’est-ce qui fait qu’une marchandise a une valeur d’echange superieure a une autre ? Comment determiner cette valeur ? Pourquoi varie-t-elle ?

Comment determiner la variation ? Avant de repondre a ces questions, Ricardo veut savoir si

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les valeurs d’usage et d’echange sont liees. Elles ne sont pas proportionnelles (on ne connaitra pas la valeur d’echange grace a la valeur d’usage, et inversement). Remarque : Il y a un lien. Pour qu’une chose ait une valeur d’echange, il faut qu’elle ait une valeur d’usage. 2) Les types de marchandises Les marchandises tirent leur valeur d’echange de deux sources : 1) leur rarete, et … 2) la quantite de travail necessaire pour les obtenir. Chez Ricardo, il faudrait remplacer « et » par « ou ».

Il y a moins deux causes que deux types de marchandises : 1) Les marchandises que l’on ne peut pas reproduire comme on veut (oeuvre d’art, etc. ). Elles tirent leur valeur de leur rarete. 2) Celles qui sont reproductibles par le travail de l’Homme, et qui peuvent etre reproduites presque a l’infini. Ces marchandises ne sont pas rares, et donc ne tirent pas leur valeur de leur rarete, sauf si elles connaissent une situation de monopole et peuvent devenir rares. Pourquoi deux types de marchandises ? Parce que Ricardo veut s’interesser aux marchandises reproductibles.

La politique economique s’interesse donc a la valeur des marchandises reproductibles. 3) Determination de la valeur d’echange des marchandises reproductibles La valeur d’echange est la quantite de travail qui a ete necessaire pour produire une marchandise, comme l’ecrit Ricardo : « La valeur des marchandises, ou la quantite de toute autre marchandise contre laquelle elle s’echange, depend de la quantite d travail necessaire a sa production ». Remarque : La valeur d’echange d’une marchandise est relative de la (ou les) marchandises avec laquelle (ou lesquelles) on la compare.

Elle depend de la difficulte de production. Pour Ricardo, l’objet comprend deux choses : – le travail directement incorpore dans la marchandise, c’est-a-dire le travail fait directement pour la marchandise ; – le travail indirectement incorpore dans la marchandise, c’est-a-dire tout le travail qui a ete necessaire pour faire les composants de l’objet (exemple : pour une baguette, le travail pour faire la farine, moudre le ble, …). Tous les moyens de production sont consideres comme du travail ; ils sont incorpores dans l’objet. Exemple : Si A > 2h ; B > 4h ; C > 6h Alors v

A/B = 1 2 ; v A/C = 1 3 Chapitre 1 ? Valeur et repartition dans la theorie de Ricardo 15 Valeur A / B = TA : quantite de travail directement et indirectement incorpore dans une unite de A TB : quantite de travail directement et indirectement incorpore dans une unite de B Pourquoi le travail ? Parce que pour Ricardo, seul le travail produit la richesse et rien d’autre. Supposons que l’on ait TA. Si le cout d’une unite de A vaut w (w = wages = salaires), alors :  Cout de production = TA ? w Le capitaliste ne va investir que si ca lui rapporte un profit. r : taux de profit. Prix de vente = TA·w(1 + r) = pA  Prix de la marchandise B : pB = TB·w(1 + r) ; alors : vA/B = TA·w(1 + r) TB·w(1 + r) = TA TB Ricardo parvient a ecarter les salaires ; mais, d’autres problemes entrent en compte, comme la qualite de travail. 4) Le probleme des differentes qualites de travail Quand on ecrit vA/B = TA/TB, on suppose que chaque unite de travail cree la meme quantite de valeur. Ricardo dit qu’il y en a qui font un travail dur physiquement ou techniquement, et d’autres non. Tous ces types de travaux sont differents. Comment se sortir de ce probleme ?

Ricardo ecrit : « L’evaluation des differentes qualites de travail s’effectue rapidement sur le marche, et avec assez de precision pour etre utilisee a toutes fins pratiques ». Cela veut dire que, si l’on veut regarder la qualite de travail, il faut regarder le salaire. L’echelle des salaires fournira une evaluation suffisamment precise de la qualite. Une fois etablie cette echelle des qualites, il y a tres peu de variations dans le temps. Il y a des types de travail de qualites differentes, mais ces qualites evoluent toutes en meme temps ; donc l’echelle reste a peu pres la meme. La theorie de Ricardo est relative.

Ce qui l’interesse, ce sont les causes des augmentations et des diminutions de la valeur d’echange dans le temps. Si la valeur est relative, et si l’echelle des qualites de travail ne varie pas dans le temps, alors la qualite de travail ne peut pas etre une cause de la variation de la valeur d’echange de la marchandise. Conclusion : Ce n’est pas la peine de s’occuper de ces differences de qualite. B) Les prix 1) Definitions Ricardo distingue deux prix :  le prix naturel  le prix courant (ou de marche) Ainsi, chaque marchandise a deux couts. 16 Theories economiques de la valeur et de la repartition

Le prix naturel reflete la valeur d’echange d’une marchandise. Il est exprime par rapport a l’or. Exemple : Prix naturel du bien A = prix du travail incorpore dans A prix en grammes d’or Ce prix comprend un prix de production et un profit proportionnel au capital avance. Pour Ricardo, si la marchandise est vendue a son prix naturel ainsi que toutes les autres, on a le meme taux de profit pour tout le marche. Le prix courant est le prix auquel la marchandise est effectivement vendue. Il depend de la quantite offerte, de la quantite demandee, et de la proportion entre les deux.

Smith ecrit la-dessus : « Ce prix de marche est regle par la proportion entre la quantite qui est effectivement mise en vente sur le marche, et la demande de ceux qui sont prets a payer le prix naturel de la marchandise ». La quantite demandee par ceux qui sont prets a payer le prix naturel est la demande efficace. Ricardo ecrit : – « Si la quantite mise en vente est egale a la demande efficace, alors le prix de marche de la marchandise est egal a son prix naturel, et reciproquement. Et dans ce cas, le taux de profit est le meme dans tous les secteurs de la production. » « Si la quantite mise en vente est inferieure a la demande efficace, alors il va y avoir une concurrence entre les demandeurs ; certains d’entres eux etant prets a payer un prix superieur. » Autrement dit : Si O = DE alors Pc = Pn Si O < DE alors Pc > Pn Si O > DE alors Pc < Pn Le prix courant est ce que l’on constate. On va voir qu’il y a … 2) Convergence du prix courant des marchandises vers leur prix naturel Pour expliquer cela, Ricardo s’interesse aux lainages, aux soieries et aux autres marchandises. r : taux de profit pn : prix naturel pc : prix courant O : offre DE : demande efficace

K : capital Lainages (l) Soieries (s) Autres marchandises (a) pc l = pn l pc s = pn s pc a = pn a Ol = DE l Os = DE s Oa = DE a rl = ra rs = ra ra Au debut, tout va bien. Chapitre 1 ? Valeur et repartition dans la theorie de Ricardo 17 « Changement de mode », dit Ricardo, « la laine n’est plus tendance, c’est la soierie qui prime. »  DE l  DE s  DE a Ol > DE l Os < DE s Oa = DE a pc l < pn l pc s > pn s pc a = pn a rl < ra rs > ra ra Il va y avoir transfert des capitaux du secteur des lainages vers celui de la soierie.  Kl  Ks  Ka  Ol  Os  Oa  pc l  pc s  pc a  rl  rs  ra

Ce phenomene va se poursuivre jusqu’a ce que le taux de profit du lainage soit egal au taux de profit de la soierie. Cette egalite va etre atteinte par le transfert de capitaux qui va faire varier les prix. Ricardo a ainsi montre un processus de convergence. Le prix courant a tendance a converger vers le prix naturel. S’il s’en ecarte, il va y revenir. Ricardo ecrit : « C’est donc l’envie qu’a tout capitaliste de detourner ses fonds d’un emploi determine vers un autre plus lucratif qui empeche le prix courant des marchandises de rester longtemps beaucoup au-dessus, ou en dessous de leur prix naturel ».

C’est ce qu’on appelle la gravitation des prix de marche. Le prix naturel est lie aux couts de production. Le prix courant est lie aux couts de production et aux profits. Il y a un taux de profit uniforme quand pc = pn. II – La repartition C’est la repartition du produit net, le produit une fois que le capital consomme dans la production a ete reconstitue. Ce produit est reparti entre trois classes :  travailleurs (salaires)  proprietaires terriens (rentes)  capitalistes (profits) Expliquer la repartition, c’est expliquer comment sont determines rente, salaire et profit. 8 Theories economiques de la valeur et de la repartition A) La rente Cette theorie est la pierre angulaire de la theorie de Ricardo. La rente permet de comprendre en quoi il est bien, pour Ricardo, qu’une societe devienne capitaliste. 1) Definition « La rente est la part du produit de la terre paye au proprietaire foncier pour l’usage des facultes productives originelles du sol. » Ricardo constate que cela differe du sens courant, ou la rente est tout ce que le fermier paie habituellement au proprietaire foncier. Or, d’apres lui, cela ne montre pas les facultes productives riginelles du sol. Ricardo prend un exemple. On a deux terres identiques (meme superficie, meme climat, meme qualite, …). L’une appartient au proprietaire A, l’autre a B. A laisse sa terre en friche, B draine la sienne afin qu’elle soit cultivee. Sont-elles au meme prix ? Non, le loyer touche par B est superieur au loyer touche par A. Dans le langage courant, on appelle ce loyer « rente ». Ricardo l’appelle-t-il aussi « rente » ? Non, car d’apres sa definition de la rente, le loyer devrait etre le meme. Si B touche plus que A, c’est pour tout ce qu’il a fait sur sa terre (drainage).

Ce que touche B est un profit ; c’est un capitaliste. Donc : Dans le langage courant, « rente » veut dire « rente » mais aussi « profit ». 2) Determination du montant de la rente Ricardo l’effectue de la facon suivante :  S’il y avait trop de terres pour nourrir la population, il n’y aurait pas de rente (exemple des Ameriques de l’epoque). Les premieres terres mises en culture sont les plus fertiles. Tant qu’elles sont en nombre suffisant, il n’y a pas de rente.  Pour une raison inconnue, la population augmente. Il n’y a plus assez de terres de bonne qualite pour la nourrir.

Alors, des terres moins fertiles sont mises en culture. C’est a ce moment-la qu’apparait la rente.  Supposons que, une fois le travail et le capital consommes, il reste 100 tonnes de ble. Sur des terres de moins bonne qualite, une fois le meme travail et le meme capital consommes, il reste 90 tonnes de ble. « Alors », dit Ricardo, « une rente apparait sur les terres de bonne qualite ». Cette rente vaut 100 ? 90 = 10 tonnes de ble. La rente est ce qui est produit en plus pour une meme quantite de travail et de capital.  Supposons que la population continue d’augmenter.

Des terres de troisieme qualite sont mises en culture. Pour une meme quantite de travail et de capital, il reste 80 tonnes de ble. Les proprietaires des terres de premiere qualite touchent une rente de 100 ? 80 = 20 tonnes de ble. Ceux des terres de seconde qualite une rente de 90 ? 80 = 10 tonnes de ble.  Ceux qui paient une rente sont ceux qui n’ont pas de terre de la moins bonne qualite. On appelle cette theorie de la rente theorie differentielle (car la rente est un differentiel). Chapitre 1 ? Valeur et repartition dans la theorie de Ricardo 19 3) Rente et valeur des produits agricoles

Puisque la valeur d’une marchandise est determinee par la quantite de travail incorporee dans cette marchandise, et puisque pour produire une meme quantite de ble sur deux terres differentes il faut deux quantites de travail differentes : doit-on en deduire qu’une meme quantite de ble peut avoir deux valeurs differentes ? Non, la valeur d’une marchandise est determinee par la plus grande quantite de travail incorporee dans cette marchandise. 4) Les causes de l’augmentation de la rente Nous allons voir si on peut calculer la rente totale de l’economie. Nous allons prendre une marchandise simple : le ble.

Nous allons calculer la rente en heures de travail. Ble Terre de premiere qualite Terre de seconde qualite Terre de troisieme qualite Nombre d’heures de travail necessaires pour produire 1 tonne de ble lb1 lb2 lb3 Valeur d’une tonne de ble lb3 lb3 lb3 Rente payee par tonne de ble produite lb3 ? lb1 lb3 ? lb2 lb3 ? lb3 = 0 Quantite de ble produite Qb1 Qb2 Qb3 Rente totale Qb1 ? (lb3 ? lb1) Qb2 ? (lb3 ? lb2) Qb3 ? (lb3 ? lb3) = 0 La rente totale pour le ble est donc : Rb = Qb1·(lb3 – lb1) + Qb2·(lb3 ? lb2) + Qb3·(lb3 ? lb3) = lb3·(Qb1 + Qb2 + Qb3) ? (lb1·Qb1 + lb2·Qb2 + lb3·Qb3)

Or : lb3·(Qb1 + Qb2 + Qb3) = Valeur d’une tonne de ble ? Quantite totale de ble produite = Valeur de tout le ble produit (en tonnes) ; Vb Et : lb1·Qb1 + lb2·Qb2 + lb3·Qb3 = Quantite de travail incorpore dans le ble produit ; Tb Donc, pour l’ensemble des marchandises, on a : R = V ? T (Rente totale = Valeur ? quantite de Travail incorporee) Augmentation de la population Augmentation de la demande de nourriture Augmentation du prix de marche de la nourriture Augmentation du taux de profit dans l’agriculture Transfert des capitaux vers l’agriculture Augmentation de la rente Augmentation du prix naturel (de la aleur) des biens agricoles 20 Theories economiques de la valeur et de la repartition B) La determination et l’evolution du taux de profit 1) La relation inverse entre salaires et profits T se decompose en deux parts : – Td ; la quantite de travail directement incorpore dans la marchandise – Ti ; la quantite de travail indirectement incorpore dan la marchandise T = Td + Ti ? R = V ? Td ? Ti U R + Td = V ? Ti Or : PN (Produit Net) = R (Rente) + W (Salaires) + ? (Profits) Et : PN = V (Valeur du produit) ? Ti De ces deux egalites on deduit que : V ? Ti = R + W + ? D’ou : R + Td = R + W + ? Et donc