Th Orie Et Exp Rience Cours

Th Orie Et Exp Rience Cours

Théorie et expérience Introduction La démonstration, en tant qu’outil, propose deux définitions successives de la vérité : prlmo, les propositions démontrées – mais on a vu que cette définition renvoyait au problème de la vérité des prémisses ; et secundo, avec Descartes, les évidences indubitables (premier précepte de la méthode) – mais aussi bien que philosophie qu’en géométrie ou en logique, nous avons vu que des « évidences » en apparence aveuglantes non seulement se révèlent contestables, mais encore fausses.

Pire encore : nous av s or 23 premisses majeure s pc. z,. douteuse entre tout nductions se justifie ulation d’une induction, inférence s que certaines uvoir bénéficier ? nouveau de la puissance magistrale de la logique, il suffirait au fond de choisir pour prémisses majeures des conclusions tirées d’inductions opérées avec assez de prudence. Il y a deux voies pour chercher et trouver la vérité.

L’une, des sensations et des faits particuliers, court aux axiomes les plus generaux, et là, s’appuyant sur l’immuable vérlté de ces principes, notre esprit juge et découvre les axiomes moyens : c’est la route suivie de nos jours. L’autre, des sensations aussi et des faits articuliers fait sortir les axiomes, mais c’est par une marche continue qu’elle s’élève graduellement

Désolé, mais les essais complets ne sont disponibles que pour les utilisateurs enregistrés

Choisissez un plan d'adhésion
jusqu’aux propositions les plus générales : c’est la véritable voie. On ne l’a pas encore tentée.

L’une et l’autre voie commencent aux sensations et aux faits particuliers, et aboutissent aux propositions les plus géné générales. Mais leur différence est immense : l’une ne fait que toucher et effleurer ces faits ; l’autre est longtemps au milieu d’eux, les étudie avec ordre et méthode. L’une établit, dès le départ, des généralités abstraites et vaines ; l’autre s’élève par egré aux vérités qui sont en réalité les mieux conçues et les mieux exprimées dans la nature.

Non, quand tous les génies de tous les âges se rassembleraient, quand ils mettraient en commun et se transmettraient leurs travaux, les science ne feraient pas de grands progrès par la [première] voie : car des erreurs radicales et nées du premier travail de l’esprit ne se peuvent guérir par l’excellence de remède venus trop tard. Francis Bacon of Verulam, Novum Organum (1 620), aphorismes l, 19, 22 et 30 Au fond, le problème de l’induction tient au fait qu’elle tend à conclure trop vite. Bacon reconnaît l’impossibilité d’éviter complètement de l’induction, mal nécessaire.

Mouvement révolutionnaire par rapport à la logique antérieure, qui refusait absolument l’induction ; aussi Bacon n’hésite-t-il pas à intituler son livre « Novum Organum » – le « nouvel Organon » chargé de remplacer celui d’Aristote. Au lieu, donc, de divaguer dans le monde des Idées, là-haut, dans la stratosphère de l’abstraction, à chercher ce qui se cache « derrière » les apparences, on préfèrera revenir au niveau du sol, les deux pieds bien calés sur la terre ferme, au milieu du palpable, e l’épaisseur, du tangible, du matériel.

Il s’agit de confronter la théorie (du grec theoria, contemplation – et chacun sait combien les gens de « bon sens », ou supposés tels, professent un souverain mépris pour la théorie, qu’ils assimilent à des fumisterie 3 supposés tels, professent un souverain mépris pour la théorie, qu’ils assimilent à des fumisteries pour paresseux : « tout ça, c’est de la théorie ! « ) avec l’expérience pratique, immédiate (laquelle s’entend ici au sens le plus large : sortlr sous la pluie est une « expérience » à distinguer du travail en laboratoire, désigné en hilosophie par le terme de « expérimentation »).

Si l’expérience contredit la théorie, eh bien, on la rectifiera. Tant pis pour la pureté immaculée de la déesse logique. l. La méthode expérimentale, ou comment contrôler l’induction Soyons clairs : à l’exception des cas rarissimes où l’on parviendra à vérifier une loi générale pour toutes ses occurrences sans en omettre une seule, l’induction reste porteuse d’incertitude ; or, comme le rappelle Aristote, « il n’y a de science que du général », et notre expérience humaine, du fait même que nous ne sommes ni ?ternels ni omniscients, se restreint à quelques cas singuliers.

Pour formuler une loi générale d’un phénomène quelconque, nous devons d’abord rassembler ces expériences isolées sous un même concept. Par exemple, si nous voulons établir la science des orages, il faut d’abord que nous ayons observé un premier, puis un second, puis un n-ième orage et que nous disposions d’un nom commun pour les désigner tous simultanément ; or, au nom de quoi rapprochons-nous l’orage no 1 de l’orage n02 ? tout simplement en raison du fait qu’à nos yeux, ils se ressemblent. Nous tirons de cette ressemblance superficielle le sentiment u’ils doivent, par conséquent, obéir aux mêmes lois.

Ce type de raisonnement s’appelle une analogie : voilà qui commence mal puisque la logique le condamnait déjà. Ce n’est une analogie : voilà qui commence mal puisque la logique le condamnait déjà. Ce n’est pas tout. une fos les concepts établis, il s’aglt d’associer plusieurs concepts les uns aux autres sous la forme d’une loi générale supposée décrire tous ces cas particuliers, mais aussi tous les autres cas particuliers non encore observés. Ici, le scientifique opère une induction. Deux mauvaises nouvelles, admettons-le ; et face à cela,

Bacon n’a hélas rien d’autre à nous dire que : « Procédons avec précaution et surtout, revenons fréquemment au réel, reprenons nos obsewations, vérifions nous suppositions.  » Dans un sens, le scientifique n’a pas le choix ; ou plutôt, il a déj? jugé la cause. Du fait même qu’il cherche des « lois » de l’univers, il suppose que des mêmes causes procèdent les mêmes effets ; que cela se vérifie à chaque fois, non seulement dans tous les cas passés, observés ou non, mais aussi dans tous les cas ? venir. Autrement dit, que l’Univers constitue un seul et même objet globalement identique à lui-même.

Cette homogénéité de l’univers explique que tous les objets qui le composent se trouvent unis par des rapports de causalité ; et le caractère permanent de ces rapports justifie le recours à l’induction (sur les conséquences de la croyance dans les lois de l’Univers et de son homogénéité, voir aussi la condamnation de Giordano Bruno relatée dans ce cours). Dans un sens, recours à l’induction, homogénéité de l’Univers et explication des phénomènes comme un enchainement de causes et d’effets sont trois aspects d’une même conviction fondamentale : celle selon laquelle la science est possible.

Bacon nous convie à observer attentivement la réalité : nous voil? 3 la science est possible. Bacon nous convie à obseNer attentivement la réalité : nous voilà en présence d’un autre sens du mot « vérité ». Le vrai, cest le réel : ainsi, lorsqu’on parle d’un « vrai Van Gogh » (ci-contre, le Café de nuit) : on veut dire par là que l’objet considéré est authentiquement, pleinement, réellement, de la main de Van Gogh. Même remarque quand on parle d’une « vraie catastrophe » ou d’une ‘Vraie réussite ».

Il convient cependant de distinguer ce sens du mot « vrai » d’un autre, proche mais différent. Ce n’est pas ce qu’on entend, en effet, lorsqu’on dit d’une théorie qu’elle est « vraie » : dans ce cas, on veut seulement dire qu’elle est conforme au réel qu’elle ambitlonne de décrire. Ainsi la définition canonique de la vérité, due à la plume de Isaac Israeli et reprise par saint Thomas d’Aquin, se formule-t-elle ainsi : adequatio rei et intellectus – adéquation entre la chose et l’idée.

Revenir souvent aux faits : ce précepte nouveau détache les sciences expérimentales des sciences « pures » (mathématiques, géométrie, logique). Si ce souci anime la communauté scientifique ès le XVIIè siècle, il faut attendre le milieu du XIXè pour qu’une description complète en solt donnée. Le savant qui veut embrasser l’ensemble des principes de la méthode expérimentale doit remplir deux ordres de conditions et posséder deux qualités de l’esprit qui sont indispensables pour atteindre son but et arriver à la découverte de la vérité.

D’abord le savant doit avoir une idée qu’il soumet au contrôle des faits ; mais en même temps il doit s’assurer que les faits qui servent de point de départ ou de contrôle à son idée, sont justes et bien établls ; c’est pourquoi il do PAGF s 3 établis ; c’est pourquoi il doit être lui-même à la fois observateur et expérimentateur. L’observateur, avons-nous dlt, constate purement et simplement le phénomène qu’il a sous les yeux.

Il ne doit avoir d’autre souci que de se prémunir contre les erreurs d’observation qui pourraient lui faire voir incomplètement ou mal définir un phénomène. À cet effet, il met en usage taus les instruments qui pourront l’aider à rendre son observation plus complète. L’observateur doit être le photographe des phénomenes, son observation doit représenter exactement la nature. Il faut bserver sans idée préconçue ; l’esprit de l’observateur doit être passlf, c’est-à-dire se taire ; il écoute la nature et écrit sous sa dictée.

Mais une fois le fait constaté et le phénomène bien observé, l’idée arrive, le raisonnement intervient et l’expérimentateur apparaît pour interpréter le phénomène. L’expérimentateur, comme nous le savons déjà, est celui qui, en vertu d’une interprétation plus ou moins probable, mais anticipée des phénomènes observés, institue l’expérience de manière que, dans l’ordre logique de ses prévisions, elle fournisse un résultat ui serve de contrôle à l’hypothèse ou à l’idée preconçue. our cela l’expérimentateur réfléchit, essaie, tâtonne, compare et combine pour trouver les conditions expérimentales les plus propres à atteindre le but qu’il se propose. Il faut nécessairement expérimenter avec une idée préconçue. L’esprit de l’expérimentateur doit être actif, c’est-à-dire qu’il doit interroger la nature et lui poser les questions dans tous les sens, suivant les diverses hypothèses qui lui sont suggérées. Ma poser les questions dans tous les sens, suivant les diverses hypothèses qui lui sont suggérées.

Mais, une fois les conditions de l’expérience instituées et mises en œuvre d’après ridée préconçue ou la vue anticipée de l’esprit, il va, ainsi que nous l’avons déjà dit, en résulter une observation provoquée ou préméditée. Il s’ensuit rapparition de phénomènes que l’expérimentateur a déterminés, mais qu’il s’agira de constater d’abord, afin de savoir ensuite quel contrôle on pourra en tirer relativement à l’idée expérimentale qui les a fait naitre.

Or, dès le moment où le résultat de l’expérience se manifeste, l’expérimentateur se trouve en face d’une véritable observation u’il a provoquée, et qu’il faut constater, comme toute expérimentation, sans aucune idée préconçue. L’expérimentateur doit alors disparaître ou plutôt se transformer instantanément en observateur ; et ce n’est qu’après qu’il aura constaté les résultats de l’expérience absolument comme ceux d’une observation ordinaire, que son esprit reviendra pour raisonner, comparer et juger si l’hypothèse expérimentale est vérifiée ou infirmée par ces mêmes résultats.

Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865) La méthode expérimentale se divise, ainsi, en trois moments uccessifs : observation, hypothèse en vue d’expliquer l’observation effectuée, vérification expérimentale de l’hypothèse formulée. Par cette lenteur opiniâtre, ce contrôle précautionneux, cette rigueur minutieuse, le savant vit au milieu des faits ; et ceux- ci pointent nos erreurs sans ménagement. Sitôt que des individus ont fait le tour de la Terre, encore une fois, seuls des fous, des ignorants ou des hurluberlus 7 3 ignorants ou des hurluberlus peuvent prétendre que la Terre est plate.

Grâce à cette modestie, le scientifique évite la précipitation de l’esprit qui lui ferait croire aux explicatlons spontanées et antaisistes : elle l’empêche de tenir pour une explication la première idée saugrenue qui lui passe par la tête. Elle le garantit des faux-semblants et des évidences trompeuses. (Malheureusement, certains phénomènes (la bataille de Bouvines, ou votre éducation) ne peuvent être reproduits en laboratoire. Cette impossibilité de recourir au troisième temps de la méthode opère une nouvelle partition dans les champs des sciences, entre sciences expérimentales et sciences humains. Série alternative d’observations et de spéculations, la méthode expérimentale provoque une dialectique entre théorie et xpérience, qui se répondent et se complètent. Aussitôt, la logique se récrie, relisant le texte de Claude Bernard : « Mais enfin ! Vous nous dites que l’expérience valide l’hypothèse ; et d’un même souffle, vous admettez concevoir votre protocole expérimental à partir de l’hypothèse que vous voulez prouver – autrement dit, pour les besoins de la cause. Le cercle logique crève les yeux !

Vous ne voyez, évidemment, que ce que vous voulez bien voir – pis : ce que vous vous arrangez, dans le secret de votre laboratoire, pour voir à coup sûr l » Ce à quoi les sciences expérimentales répondent, avec une ssurance inébranlable : « Ces critiques n’ont absolument aucune importance.  » Il. La puissance de la méthode scientifique Ces critiques n’ont rigoureusement aucune pertinence, pour la bonne raison que les sciences expér 8 3 bonne raison que les sciences expérimentales entrent en scène précédées des trompettes et des tambours de leurs triomphes éclatants.

L ‘épistémé « à la grecque », série de déductions logiques à partir d’évidences, a sans doute ses vertus : mais l’exploration du réel par la méthode expérimentale provoque, en deux cents ans, une prodigieuse série de découvertes, lesquelles, fécondes, donnent ussitôt lieu à des applications pratiques ou techniques. Ces innovations, d’une part, révolutionnent tous les aspects de la vie quotidienne ; et d’autre part, du fait même qu’elles « marchent », elles justifient et prouvent, de facto, le bien-fondé des théories d’où elles surgissent.

Main dans la main, le scientifique et l’ingénieur engagent la science sur la voie du progrès, et la société sur celle de l’industrialisation. Les commodités de l’existence se développent à une vitesse stupéfiante, améliorant la qualité de la vie et la longévité : maitrise de l’électricité, écouvertes médicales, avancees majeures en optique et en métallurgie, hybridations pour améliorer les rendements agricoles, études systématisées de la botanique, de la zoologie, de la chimie, automatisation des productions, des transports, des communications…

Les résu tats des théories appliquées dépassent toute espérance. Mieux encore. A la fin du XVIIIè siècle, l’astronome William Herschel découvre la planète Uranus ; or, après une observation assidue de l’astre nouvellement découvert, les astronome constatent d’assez graves irrégularités dans l’orbite. L’astronome rançais Urbain Le Verrier (à gauche) impute ces irrégularités ? une huitième planète PAGF 3 L’astronome français Urbain Le Verrier (à gauche) impute ces irrégularités à une huitième planète dont il postule l’existence au-delà d’Uranus.

Muni des lois de Newton et de Kepler, il entreprend de calculer la masse et la position de cet astre supposé. Après deux ans d’un travail acharné, en 1846, il envoie ses résultats à un collaborateur allemand, Johann Galle (à droite) qui, le jour même, observe la région du ciel calculée par Le Verrier : il y découvre, en effet, la planète Neptune (ci-dessous). Comment mieux prouver la véracité des théories de Newton et Kepler ? Cette observation ne devait rien au hasard, et aucun autre méthode de prédiction n’aurait pu donner des résultats aussi précis et aussi exacts.

Il faut mesurer l’abîme qui sépare la science des simples opinions, et l’écrasante supérlorité de celle- là sur celles-ci. cette même efficacité explique que des penseurs allemands comme Hegel ou Marx voient dans la confrontation au réel par le travail la source de toute liberté et de toute connaissance. Le développement fantastique de la science, l’efficacité évidente es techniques, justifie un mouvement philosophique qui domine le XIXè siècle français : le positivisme d’Auguste Comte.

Selon lui, après une « jeunesse théologienne » (dominée par la superstition et le polythéisme, où l’individu attribue les phénomènes naturels à des puissances surnaturelles) et une « adolescence métaphysique » (dominée par la religion et le monothéisme, où l’individu explique l’origine et le but de l’univers par un même dessein divin), l’humanité a enfin atteint sa « maturité positive », où triomphe la science déterministe et utilitaire. L’humain, désormais, s’intéresse à des prob