Sonnet a caliste

Sonnet a caliste

« Le sonnet a Caliste » Problematique : En quoi la femme est-elle pretexte a la creation de l’art poetique ? Introduction 1ere etape : l’entree en matiere Nous etudierons un poeme extrait de Les Delices de la poesie francaise de Francois de Malherbe (1620). L’auteur est amoureux de la vicomtesse d’Auchy. Il a decide d’en faire le theme d’un ensemble de poemes intitule « les heures de Caliste », publie dans ce recueil. Le poeme que je vous presente a pour titre « Sonnet a Caliste ». 2eme etape : resume du poeme Dans ce poeme, Malherbe fait l’eloge de sa bien-aimee. eme etape : lecture du poeme 4eme etape : annonce de la problematique Nous verrons que cette celebration de Caliste est un pretexte a l’ecriture poetique, dans la redecouverte de ses regles classiques. 5eme etape : le plan I- Un eloge amoureux… a) La celebration de la beaute de Caliste b) Une femme ideale c) La beaute personnifiee II- … qui aboutit au bouleversement du poete… a) La presence du poete et de la femme aimee b) Un poete subjugue c) L’amour, un danger III- … qui le conduit a l’ecriture de poeme (la femme pretexte a l’art poetique) a) Le sonnet b) Le blason ) Une

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poesie du siecle classique I/ Un eloge amoureux a) La celebration de la beaute de Caliste ? Repetition des adjectifs melioratifs aux endroits strategiques des vers (hemistiches, rimes) pour insister sur la beaute de Caliste. ? L’utilisation des superlatifs « si » (v1), « tant de » (v4) et des indefinis « tous » (v2) contribuent a l’elaboration d’un portrait hyperbolique qui presente Caliste de facon idealisee. b) Une femme ideale Caliste presente toutes les caracteristiques de la femme ideale du 16eme siecle. Elle semble rassembler en elle la femme parfaite.

Relevons le champ lexical de l’attirance sensuelle : « graces », « appas » (v12). Son eclat feminin est tel qu’elle « eblouit » (v9). L’ensemble de ces indications est repris par le mot « tresors » auquel elle est associee au vers 3. Elle devient alors une sorte de personnification de la beaute. c) La beaute personnifiee Des le vers 1, la tournure impersonnelle « il n’est rien » montre que la beaute de Caliste presente un caractere d’exception qui la place au dessus de toutes les figures feminines connues. Le presentatif « c’est » (v2) confirme notre hypothese puisqu’il introduit Caliste en tant qu’? vre (« un ? uvre » v2). Caliste devient donc une creation qui peut servir de representation presque allegorique de la Beaute. D’ailleurs, le poete insiste au vers 2 sur la beaute innee de Caliste (« Nature ») qui devient personnifiee par cette majuscule. Caliste semble avoir pour mere aimante la nature toute entiere (« Nature a fait tous ses efforts » v2). La beaute de Caliste ne peut que bouleverser le poete. II/ Le bouleversement du poete a) La presence du poete et de la femme aimee ? v3 : pronom personnel « notre » qui reprend le poete et le lecteur v13 : « ma » pronom determinant possessif qui represente le poete. ? Le poeme s’ouvre et se ferme sur la presence affirmee du poete. ? Caliste apparait aussi sans que le poete ne s’adresse directement a elle. ? « Sonnet a Caliste » (le titre) ? le poeme lui est dedie ? v1 : apparition du prenom de Caliste, mais ensuite plus jamais. ? Malherbe fait donc une sorte de tableau de Caliste en insistant sur les troubles qu’elle provoque sur lui b) Un poete subjugue Elle semble le bouleverser par chacun de ses sens. En effet, (v5 ; v9) « la clarte de son teint », « la blancheur de sa gorge » font appel a la vue.

Son teint, sa blancheur emeuvent le poete. Le sens de l’ouie est egalement sollicite. Le poete est charme par la « parole », la « voix » de Caliste (v7). Le toucher apparait aussi. Au vers 8, il est question de la « douceur naturelle » de Caliste. Quant a l’odorat, il est convoque au vers 6 avec les mots « baume » et « rose ». Donc, le poete est subjugue dans tous ses sens. Remarquons aussi les assonances en « O » du vers 6 (« baume » ; « roses ») qui s’apparente a une apostrophe lyrique disseminee a l’interieur des mots eux-memes. Le poete reprend le theme codifie de l’elegie latine.

La femme est embellie, idealisee, elle provoque un trouble important et elle peut etre dangereuse. c) L’amour, un danger ? v12 : « appas » ? generalement associe a une proie ? v10 : les dards representent les fleches, la douleur de l’amour. ? Donc, pour le poete, l’amour est a la fois beau et cruel. III/ La femme pretexte a l’art poetique Francois de Malherbe est reconnu a son epoque pour defendre une conception (« artisanale ») de la poesie : d’abord, il invite le poete a n’exprimer que les themes eternels, ici l’amour, dans une forme poetique rigoureuse, presque « pure ».

Le sonnet repond a des criteres absolument etablis. a) Le sonnet C’est une forme reguliere qui est herite de la poesie italienne. Cette forme a ete reprise par Marot en France, puis par les poetes de la Pleiade. Dans ce sonnet, Malherbe reprend les caracteristiques essentielles de cette forme poetique : deux quatrains ABBA (rimes embrassees) et deux tercets CCDEDE (rimes plates puis croisees). Ce poeme est un sonnet regulier (en alexandrins) ou les rimes feminines et masculines alternent. Donc, pour Malherbe, Caliste est le pretexte pour revenir aux origines de la forme poetique la plus parfaite : le sonnet.

Par ailleurs, chaque paragraphe (quatrain/tercet) est construit de la meme facon, de maniere parallele, identique, ce qui rend l’ensemble harmonieux aussi bien quand on le regarde sur papier ou quand on l’entend. Par ailleurs, Malherbe reprend aussi la forme du blason qui existait par exemple a la Renaissance pour faire l’eloge ou la critique descriptive de quelqu’un ou de quelque chose. b) Le blason Caliste est nommee une seule fois. La description se fait a partir des elements de son corps : son teint (v5), sa bouche (v6), sa parole et sa voix (v7), sa gorge (v9), ses yeux (v10).

Un blason ne cherche pas a faire un portrait realiste d’une personne mais il presente, decrit un ideal feminin. Ce theme, celui de l’ideal feminin, est le theme premier de la poesie. Comme chez beaucoup de poete, la femme est divinisee. Relevons le champ lexical de la divinite : « pas chose mortelle » (v5) (+ litote), « ressuscitent les morts » (v6-7), « un miracle visible » (v11) (Dans ce GN, l’oxymore met en evidence la contradiction constitutive de Caliste a la fois visible, charnelle et miraculeuse, c’est-a-dire tenant du merveilleux.

Il y a donc une recherche esthetique de la part de Malherbe a travers le theme, le sonnet et le blason, et en meme temps cette recherche esthetique inscrit le poeme dans l’epoque, le siecle classique. c) Une poesie du siecle classique Il faut savoir qu’au 17eme siecle, les grammairiens ont commence a codifier la langue francaise et donc, Malherbe se decrit lui-meme comme « un tyran des mots et des syllabes ». Il cherche a travers sa poesie a fixer la langue francaise dans ce siecle ou vont apparaitre les codifications de celle-ci en tant que langue pure, ecrite, litteraire definitivement.

Mais, c’est aussi un poeme classique car il fait appel a la raison du poete. Certes, dans le dernier tercet, le poete semble emu puisqu’il se questionne : « qu’en dis-tu », « crois-tu ». Il semble douter de lui, submerge par l’emotion, mais, en meme en temps, li s’adresse directement a sa raison pour montrer qu’il serait deraisonnable de ne pas aimer une telle perfection. Ainsi, ce qui domine c’est peut-etre plus l’appui sur la raison que sur l’emotion, sur le desordre amoureux. Dans ce dernier tercet, ce sont des questions rhetoriques qui n’ont d’autres buts que d’affirmer le bon sens du poete.