Societe de consommation

Societe de consommation

II. 1 LES LIMITES DE LA SOCIETE DE CONSOMMATION La societe de consommation fait sans cesse l’objet d’une critique tres virulente. En effet, face a de nombreuses derives, le capitalisme consumeriste est remis en cause. Prenons par exemple, le probleme de la « vache folle » qui a mis en lumiere les risques poses a la securite alimentaire par une concurrence « sauvage » exclusivement tournee vers la baisse des couts de production.

Les scandales alimentaires (et sanitaires : l’affaire du restaurant Buffalo Grill) recents : fievre porcine, poulet a la dioxine, OGM, virus H5-N1, ont instaure le doute sur les pratiques de l’agro-business dans l’esprit du citoyen consommateur. Il est passe de l’image fantasmatique de l’aliment post-nature (propre, scientifique, evolue, sans lien de « barbarie » avec les abattoirs) a l’image de l’agriculture productiviste. Devant toutes ces peurs et cette insecurite grandissante, les exces se multiplient arrivant a une derive de la societe de consommation.

Ainsi, suite aux attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement americain instaura un climat de peur et de menace permanente en activant a de nombreuses reprises l’alerte terroriste. Partout dans les medias, on entretenait la peur du peuple americain en les bombardant de messages contradictoires. Georges W. Bush declara a-propos de la nation americaine :

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« nous ne sommes plus en securite » ; « nous sommes peut-etre entres dans l’ere la plus dangereuse que le monde ait jamais connue ».

Ainsi le peuple americain a ete manipule, et meme encore maintenant cette administration continue a distiller la peur occasionnellement. Apres ces attentas, on a vu apparaitre sur le marche des produits les plus farfelus les uns que les autres (parachute d’urgence pour s’echapper des gratte-ciel, chambre forte blindee en cas d’attentat) au cas ou un scenario similaire se reproduirait ; ces produits ont ete mis au point par des industriels peu scrupuleux qui profitaient du sentiment de peur des individus.

Aussi passe cet episode, le president Georges W. Bush s’empressa de dire au peuple americain de repartir dans les magasins, il les poussait a l’achat pour sortir de leur paralysie. C’est pourquoi on peut dire que la manipulation par la peur est tres efficace, et cela nous amene a nous interroger sur les derives des discours de nos politiciens. La surconsommation est aussi presentee comme une derive, un exces de la societe de consommation. Cette notion recouvre plusieurs aspects, dont les trois principaux sont les suivants : La consommation actuelle des pays developpes menerait, a terme, a un epuisement des ressources naturelles mondiales (energie, matieres premieres, mais aussi eau potable et nappes phreatiques par exemple). Ce type de consommation (et de developpement) ne pourrait donc pas, a breve echeance, etre generalise a toute la population de la planete. En effet, qui dit consommation de masse implique une production de masse et donc d’une exploitation des ressources en masse. – Cette consommation des pays developpes serait porteuse de res nombreux inconvenients au niveau planetaire comme : dereglements du climat, pollutions de toutes sortes (de l’eau, par une consommation excessive d’engrais et de pesticides, de l’air par des transports trop massivement routiers par exemple), surconsommation de medicaments creatrice de problemes tres graves de sante publique (resistance croissante des bacteries aux antibiotiques par exemple) etc. Avec, parmi les consequences, la necessite d’une consommation supplementaire de soins : un cercle vicieux s’installe.

L’augmentation de la consommation ne serait donc pas necessairement positive, et pourrait se reveler fortement contre-productive. – Les « maladies d’abondance » (obesite, diabete, hypertension arterielle, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc. ) se developpent, et elles seraient liees en grande partie aux nouvelles habitudes de consommation alimentaires (exces d’aliments sucres, sales et gras, d’aliments industriels moins riches en oligo-elements et nutriments favorables a la sante – « junk food ») des pays developpes (dans une moindre mesure en France et au Japon). 11

A ce sujet, le verdict de l’UFC-Que choisir est sans appel : « En concentrant sa puissance de feu publicitaire destinee aux enfants sur des produits manifestement desequilibres, l’industrie agroalimentaire participe a l’augmentation alarmante de l’obesite infantile. » Elle demande donc « l’interdiction des publicites pour les produits alimentaires trop riches en graisses, sucre ou sel pendant les programmes pour enfants. » En parallele, l’association a mene une etude aupres de 352 familles (soit 702 personnes) pour evaluer l’influence de la publicite sur leurs comportements alimentaires. 0 % des enfants declarent regarder la television tous les jours apres l’ecole — et un tiers d’entre eux ont un televiseur dans leur chambre. Interroges sur trois publicites qu’ils ont en memoire, ils declarent majoritairement avoir envie de consommer le produit. Les enqueteurs ont constate que les gros consommateurs de television, soit un tiers de l’echantillon, etaient ceux dont les placards contenaient la plus forte proportion de produits gras et sucres. Parallelement a l’amoncellement des richesses ne de l’accroissement du commerce mondial, on estime que plus d’un milliard d’hommes vivent dans un etat de misere absolue.

Une meilleure repartition des fruits de la mondialisation est l’un des principaux defis du XXIeme siecle dans une optique de reduire les inegalites Nord-Sud / PDEM-PED. Par ailleurs, il existe des maladies dites des « pays riches » comme l’anorexie, la boulimie, la depression (voire le suicide) etc… Le mouvement « pro-ana » (majoritairement constitue de filles) est un mouvement d’anorexiques qui pretendent que leur maladie n’en est pas une, mais plutot un mode de vie. Ses membres diffusent leurs idees essentiellement sur Internet, via des forums ou des blogs ou elles y font l’eloge de la minceur.

A l’aide de logiciels de graphisme, elles n’hesitent pas a truquer des photos de mannequins, pour les rendre tres maigres, et ainsi donner un cote soi-disant « fashion » a cette maladie potentiellement mortelle. Notre societe d’aujourd’hui est fondee sur des effets de mode. Chaque individu et en particulier les enfants et adolescents ont le desir d’entrer par la consommation dans un groupe de pairs identifiables par leur tenue vestimentaire, les marques, l’apparence en general et c’est ce qui aboutit generalement a une standardisation de l’enfant voire un conditionnement.

Par consequent, il faut entrer dans un « moule », et les exigences que requiert ce « moule » ne sont evidemment pas faciles, pour tous, a satisfaire. Ce phenomene peut donner des complexes aux adolescents et donc amener un certain mal-etre. Les medias ainsi que le poids des institutions jouent un grand role, ils influencent enormement les individus en revelant ou accentuant le manque de confiance en soi. Ils contribuent a l’uniformisation des choses et des etres en pronant des definitions de beaute et d’esthetisme, telles que la minceur ou la perfection.

Comme les gens n’aiment pas etre differents de ces normes, ils sont en perpetuelle quete de cette beaute qui ne leur correspond pas forcement… (Nombreux sont les exemples qui temoignent de cette obsession pour la beaute : la chirurgie esthetique est de plus en plus pratiquee, les individus aspirent a la perfection et ne mesurent pas toujours les risques de telles interventions). Ce mal-etre resulte d’une frustration des individus, une aspiration a correspondre a un ideal inassouvi. De plus, la tyrannie des marques ne ait que renforcer ce sentiment de frustration, car elles sont devenues l’apanage et l’outil de demarcation des personnes a fort pouvoir d’achat par rapport a ceux qui ont moins de moyens. Par envie et besoin de reconnaissance, les jeunes qui sont les plus touches par le phenomene, cherchent par tous les moyens a se procurer ces vetements de marque. La bourse des parents souffre de cette dictature des marques et un veritable marche noir s’organise pour fournir des contre-facons a moindre prix.

Ce diktat presente un risque pour ces futurs adultes-consommateurs qui seraient susceptibles de se mettre en danger, sur le plan financier. La societe de consommation n’a pas pour unique but de satisfaire les besoins : elle en cree en permanence de nouveaux besoins : les assoiffes du « standing », selon l’expression de Vance Packard, sont pris dans une course perpetuelle vers l’assouvissement de ces nouveaux besoins. Par ailleurs, les credits a la consommation se multiplient et font de nombreuses victimes du surendettement, comme c’est le cas aux Etats-Unis avec la crise des sub-primes. 2 D’autre part la publicite est tres denoncee pour son invasion de l’espace public, de la vie au quotidien (TV, radio, boites aux lettres, telephone, journaux, cinema, Internet, panneaux publicitaires) et l’emploi de techniques nuisibles et agressives comme le matraquage, la manipulation voire un phenomene d’alienation comme ont pu le decrire des auteurs comme John Kenneth Galbraith. Une autre critique affirme que la publicite dans son ensemble diffuse un message politique fort pronant la societe de consommation, et incitant par consequent au gaspillage et a la pollution.

Ces critiques se retrouvent a la base du concept de la decroissance. L’opposition la plus courante a la publicite est une critique morale, ses impacts sur l’education des enfants et adolescents, la manipulation de conscience ou sur la promotion de drogues (alcool, la publicite pour le tabac). Elle n’apporterait pas une information objective, elle distrairait au sens pascalien, c’est-a-dire en faisant perdre de vue des choses plus importantes pour l’individu, la societe et l’environnement, en tendant a propager des stereotypes, generalement discriminatoires (sexisme, racisme, etc. et contribuant a une « pensee unique ». Selon certaines critiques, la publicite culpabilise le consommateur, lui inculque des comportements compulsifs et sedentaires et nuit en general a sa sante physique et mentale. En outre, le phenomene de l’addiction est de plus en plus present dans nos societes dites « totalisantes ». En effet l’objet de dependance chez la personne monopolise sa conscience et son subconscient, ce qui risque d’effacer des centres d’interets rivaux. C’est d’abord un probleme medical et psychologique.

Mais dans une societe hyperconsumeriste, il y a aussi une dimension culturelle et economique. L’addiction garantit l’omnipresence du marche, a cela s’ajoute bien souvent une obsolescence rapide des produits qui pousse inevitablement au rachat. Il existe des hopitaux (notamment aux Etats-Unis, la ou on recense pres de 24 millions d’acheteurs compulsifs) qui ont des services de guerison de l’addiction, qui, a cote des formes traditionnelles de dependance comme la toxicomanie et l’alcoolisme, soignent aussi l’achat compulsif.

Par ailleurs, le capitalisme infantilise les consommateurs en les poussant a des actes d’achat puerils, qui privilegie la facilite, la simplicite et la rapidite. A ce sujet, il existe de nombreux exemples pertinents : de plus en plus les etudiants ont recours au plagiat par Internet, en effet de nombreux sites proposent des dissertations, theses et memoires entierement rediges et « prets a rendre ». Dans le milieu sportif, meme constat, le recours aux drogues apparait comme une solution de facilite.

D’autre part, il apparait que certains pays ont reussi a etablir une veritable dictature commerciale internationale et ce jusqu’a parler du phenomene d’« americanisation » (cinema, boisson, chaines de fast-food, vetements, musique etc…) Aussi, en Inde, comme un peu partout dans le monde, on voit proliferer les McDonald’s. Une evolution marquante pour qui se rappelle l’inauguration du premier fast-food a New Delhi en 1976, qui avait vu les fondamentalistes hindous manifester violemment leur colere. Faut-il y voir la preuve que le pays de Gandhi cede aux sirenes de la globalisation et du consumerisme a l’americaine ?

De plus, aussi bien dans les PED que dans les PDEM, on assiste aujourd’hui a une « marchandisation » de la societe, c’est-a-dire l’extension du jeu marchand a de nouveaux domaines : trafic d’organes, tourisme sexuel, delocalisation de certains soins (soins dentaires dans les pays de l’est), trafic d’enfants (avec parfois reseaux pedophiles) logements contre rapports sexuels, etc…De surcroit, il convient de rester vigilent a l’egard des produits chinois (jouets, alimentation) dont la qualite a ete qualifiee de « dangereuse ».

Au Japon, trois importateurs viennent de rappeler des millions de tube de dentifrice chinois contenant du glycol (liquide de refroidissement des automobiles). Les partenaires commerciaux chinois s’inquietent, tout comme les autorites chinoises, compte tenu de la dependance de l’economie chinoise a l’egard des exportations mondiales Enfin, a l’heure ou la question du pouvoir d’achat des francais est en suspens, face au rale sourd pousse par les consommateurs, on apprend que des industriels s’entendent sur les prix de vente de produits.

En effet, neuf fabricants de produits d’entretien de la maison et d’hygiene corporelle sont soupconnes de s’etre entendus sur leurs tarifs en France. Devoilee par Le Figaro du mercredi 27 fevrier 2008, l’affaire concerne des groupes tres connus : Unilever, Procter & Gamble, Colgate-Palmolive, etc. La direction generale de la concurrence, de la consommation et de la repression des fraudes a decouvert ces pratiques en decembre 2005 grace aux denonciations de SC Johnson, lui-meme partie prenante de ce systeme d’entente. Les operateurs telephoniques et la grande distribution seraient egalement touches. 13