Social business et responsabilite sociale des entreprises

Social business et responsabilite sociale des entreprises

EXPOSE GEC : Social Business et Responsabilite Sociale des entreprises Introduction : Pour la plupart d’entre nous, une entreprise n’implique qu’un unique type d’organisation, celle de la societe a but lucratif qui est la colonne vertebrale du systeme capitaliste de nos jours. Variant de la societe unipersonnelle a des geants comme Wal-Mart, de telles entreprises n’ont qu’un seul objectif : generer le maximum de profits possible. Bien sur elles offrent d’autres avantages annexes : elles emploient des travailleurs, fournissent des biens utiles a la societe et payent des impots.

Mais, au final, ce qui reste primordial est la toute derniere ligne du bilan, c’est-a-dire les profits generes pour le compte des proprietaires et actionnaires. L’economie classique ne reconnait pas d’autres formes d’entreprises. En fait, elle ne reconnait pas plus de motivations autres que celle de gagner de l’argent. Le systeme economique traditionnel suppose effectivement que les gens sont des machines a faire de l’argent, dont le seul objectif est le gain personnel. Cependant, cette vision un peu trop manicheenne laisse entrevoir une idee tres partielle de la nature humaine.

Les gens sont certes motives par l’appat du gain, mais aussi par d’autres choses parmi celles-ci le desir de faire le bien autour d’eux,

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d’aider ceux qui en ont besoin, en fait de tenter de resoudre tous les problemes qui touchent actuellement l’humanite. Mais le capitalisme d’aujourd’hui est incapable d’interagir avec cette motivation, tout simplement parce qu’il ne lui laisse pas de place. Le resultat est qu’il existe un vide immense, selon Karl Weber, dans notre systeme social et economique, un vide que l’entreprise sociale ou le « social business » vise a combler.

De plus, avec la montee en puissance de cette nouvelle prise de conscience sociale, les entreprises tentent de reformer leur mode d’organisation en developpant ce qu’on appelle leur responsabilite sociale. Dans un premier temps, nous verrons plusieurs definitions du « social business » et quelles nouvelles idees ce concept porte-t-il, ainsi qu’un exemple de construction d’une entreprise sociale au Bangladesh. Puis, nous analyserons la nouvelle tendance a la responsabilite sociale des entreprises avec notamment l’exemple d’une charte d’engagement de la societe Total. ) Qu’est ce qu’un « social business » ou entreprise sociale ? A- Definition selon Karl Weber du « social business » *Au cours des trente dernieres annees, le groupe bangladais GRAMMEN, cree par Muhammad Yunus, inventeur du microcredit et Prix Nobel de la paix en 2006, connu initialement comme etant la « banque des pauvres », a cree des organisations a vocation societale dans des champs d’activite tres divers, allant des telecommunications a une offre d’assurance medicale abordable pour les plus demunis. Ces experimentations ont permis de forger le concept de social business. Traditionnellement, on distingue les entreprises s’inscrivant dans une logique de maximisation de leur profit economique des organisations a but non lucratif du type ONG qui poursuivent une mission societale et tirent les ressources necessaires a leurs actions de dons et subventions. *A l’inverse d’une ONG ou d’une association caritative, une entreprise sociale produit des biens et/ou services, les vend a prix coutant et doit, par ses revenus, couvrir les couts de son activite pour atteindre le point mort, lui permettant ainsi d’assurer sa perennite.

Mais, contrairement au schema traditionnel de l’entreprise s’inscrivant dans une unique logique de recherche du profit, l’entreprise sociale n’existe que pour servir un besoin humain, un besoin social : nourrir ceux qui ont faim, loger ceux qui n’ont pas de toit, fournir une assistance medicale aux gens malades ou encore nettoyer l’environnement. De plus, une entreprise sociale ne realise aucun profit. Tous les surplus eventuellement generes sont integralement reinvestis au service de la mission poursuivie. Ses actionnaires peuvent, comme dans une entreprise classique, recuperer le capital investi s’ils le souhaitent.

En revanche, aucun versement de dividendes n’est effectue. Les actionnaires attendent donc un retour sur investissement, mais les profites recherches ne sont pas financiers mais societaux. Ainsi, la priorite du « social business » est de mener a bien la mission humaine et sociale poursuivie en s’appuyant sur un modele economique perenne et non tributaire du soutien de donateurs. *Au final, selon l’ecrivain Karl Weber, on peut fournir une definition assez simple d’une entreprise sociale, a savoir une entreprise ne realisant aucune perte et ne reversant aucun dividende mais qui poursuit un seul objectif social et humain.

B- Definition selon l’Emes du « social business » *Avec la montee en puissance depuis les annees 90 de cette nouvelle forme d’organisation, le reseau europeen Emes a forge une definition de l’entreprise sociale qui est aujourd’hui la plus repandue. (L’ Emes est un reseau reunissant des centres de recherche universitaires et des chercheurs individuels reconnus dont l’objectif est de construire progressivement un corpus europeen de connaissances theoriques et empiriques sur l’economie sociale et l’entreprenariat social) Pour attester la dimension economique et entrepreneuriale des initiatives, il retient 4 criteres : >une activite continue de production de biens et/ou services >un degre eleve d’autonomie >un niveau significatif de prise de risque economique >la presence d’au moins un emploi remunere *Afin d’apprehender la dimension sociale de ces entreprises,5 indicateurs sont egalement privilegies : >un objectif explicite de service a la communaute >une initiative emanant d’un groupe de citoyens >un processus de decision non base sur la propriete du capital gt;une dynamique participative impliquant differentes parties concernees par l’activite >une distribution limitee des benefices *Il importe aussi de souligner que ces indicateurs ne forment pas un ensemble de conditions a remplir pour meriter l’appellation d’entreprise sociale. Ils permettent plutot de situer une sorte de noyau dans la galaxie des entreprises sociales : celles-ci se presentent en effet sous des modeles tres divers selon les regions et selon les secteurs. C- Exemple de la creation d’un « social business »

En 2006, Danone s’est allie avec le groupe Grameen pour batir un social business dont la vocation est de « reduire la pauvrete par le biais d’un nouveau type de business qui apporte, de maniere journaliere, une alimentation saine aux plus pauvres ». Cette mission ne peut etre atteinte par une simple duplication au Bangladesh de modele economique habituel de Danone (positionnement haut de gamme, vente par la grande distribution, marketing grand public, production centralisee ou encore transport sans rupture de la chaine du froid).

En effet, au Bangladesh, les conditions sont radicalement differentes : infrastructures, reseaux de distribution, populations visees etc… Danone a du donc remettre en cause les regles du jeu habituelles en creant un nouveau modele economique. Ainsi est ne le « Shoktidoi » (litteralement yaourt qui rend fort), un yaourt nutritif a destination des enfants, dont le bas prix (5 BDT soit environ 6 centimes d’euro) le rend accessible meme aux familles les plus pauvres. Le yaourt est produit a partir de lait collecte dans des microfermes environnantes a l’aide d’un processus de production non automatise et simplifie a l’extreme.

La construction de ce social business a donc contraint les managers de Danone a remettre en cause de maniere radicale leurs logiques de pensees habituelles sur l’ensemble du modele economique, a devoir s’associer a des partenaires complementaires et a experimenter un nouveau « business model ». 2) La responsabilite sociale des entreprises (RSE) ou « Corporate Social Responsability » (CSR) A- Le principe de la RSE *L’idee d’une responsabilite sociale des entreprises est devenue un sujet de debat grandissant au sein des compagnies depuis les annees 80.

Le debat se centre principalement autour des obligations dont les entreprises doivent etre responsables et, surtout, autour des impacts qu’une politique de responsabilite sociale aurait sur le bilan final de l’entreprise. *En ce qui concerne les entreprises privees, la question d’une RS peut s’averer particulierement delicate etant donne qu’elles cherchent dans le meme temps a plaire aux actionnaires, a attirer de nouveaux investisseurs, a creer une certaine image de marque mais, toutefois, a preserver leur ancienne reputation aux yeux du public. Il y a quelque temps, les entreprises consideraient que leur premiere priorite etait d’agir au nom et en faveur des actionnaires qui veulent que leur retour sur investissement soit le meilleur possible. Les entreprises appliquaient ce qu’on appelle aujourd’hui la theorie des shareholders, a savoir qu’elles n’avaient de responsabilite qu’envers leurs actionnaires. *Cependant, avec la montee en puissance des pressions que subissent les managers de la part du Gouvernement, de certaines ONG, es medias et de l’opinion publique, les entreprises ont du envisager d’entreprendre des actions demonstratives d’une certaine conscience sociale. *Il est presque impossible de definir clairement ce qui releve de la RS des entreprises, mais trois criteres cle caracterisent ce qui est normalement considere comme de la RS, a savoir la protection environnementale, l’amelioration des conditions de travail et le respect des droits de l’homme. D’apres l’editeur et professeur Salomon Lee, une entreprise est socialement responsable lorsqu’elle se soumet non seulement aux obligations juridiques applicables, mais egalement lorsqu’elle investit davantage dans le capital humain, dans l’environnement et dans les relations avec les parties prenantes qu’elles soient internes ou externes a l’entreprise (employes, clients, ONG, autorites publiques etc…). Cette definition correspond a la theorie des stakeholders ou parties prenantes qui implique que l’entreprise soit socialement responsable a l’egard non plus des seuls actionnaires mais de toutes les parties prenantes. En pratique, la RSE concerne l’integration volontaire par les entreprises de leur role social, environnemental et economique dans leur systeme de management ; il s’agit de faire adopter cet objectif de responsabilite a la strategie commerciale, a la production, au marketing et a la gestion des ressources humaines des entreprises. B- Exemple de RSE : charte d’engagement de Total Voici quelques extraits de la charte d’engagement de l’entreprise Total pour l’annee 2010 en matiere d’enjeux sociaux et environnementaux.

Total s’engage : *a respecter et promouvoir les droits humains fondamentaux la ou le Groupe est present *a conduire une politique de ressources humaines fondee sur l’equite, la diversite et le dialogue social *a limiter l’impact de leurs operations et du transport associe sur l’air, l’eau et les sols *et enfin a proteger la biodiversite Conclusion : La crise economique aura eu un merite : celui de reveler les exces d’un systeme capitaliste focalise sur la maximisation du profit.

Les derives de la finance peuvent finalement contribuer a remettre en lumiere des motivations plus profondes chez l’homme : vouloir repondre a des enjeux societaux. Combattre la pauvrete ou la maladie, soutenir les pays en voie de developpement, etc… sont autant de defis pour les ONG, les associations caritatives et l’ensemble des benevoles mobilises. Ceci demontre combien l’etre humain est pret a investir et a s’investir de facon economiquement desinteressee pour « faire le bien ».

Un nombre croissant d’entreprises contribuent a cet effort en exercant ce qu’il est convenu d’appeler leur responsabilite sociale. Ainsi, le contexte de la crise rend plus pertinent certaines initiatives cherchant a concilier logique economique et objectif societal : loin de faire disparaitre les fondements du capitalisme, elles ont pour ambition de les completer. C’est eminemment le cas du « social business », nouvelle forme d’entreprise qui est le chainon manquant du capitalisme.