S3 LA2 Texte L I le des esclaves sce ne 3

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Lecture analytique 3 : L’île des esclaves, de Marivaux (1725) — extrait de la scène 3 TRIVELIN, à part, à Euphrosine. – Il faut que ceci ait son cours; mais consolez-vous, cela finira plus tôt que vous ne pensez. (A Cléanthis. ) J’espère, Euphrosine, que vous perdrez votre ressentiment, et je vous y exhorte en arm. Venons maintenant à l’examen de son caractère : il est nécessaire que vous m’en donniez un portrait qui se doit faire devant la personne qu’on peint, afin qu’elle se connaisse, qu’elle rougisse de ses ridicules, si elle en a, et qu’elle se corrige.

Nous avons là de bonnes ntentions, comme vous voyez. Allons, commençons. CLEANTHIS. — Oh ! que cela est bien inventé ! Allons, me voil? prête; interrogez-moi douce n . or 4 retire, et que je n’ent de – TRIVELIN. – Hélas ! il faut que vous soye ns. eur, que Je me dire. I fait que pour vous; Restez, restez; un peu de honte est bientôt passé. CLEANTHIS. – TRIVELIN. — Vaine, minaudière et coquette, voilà d’abord à peu près sur quoi je vais vous interroger au hasard. Cela la regarde-t- CLEANTHIS. – Vaine, minaudière et coquette, si cela la regarde ? Eh

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! oilà ma chère maîtresse; cela lui ressemble comme son EUPHROSINE. – N’en voilà-t-il pas asse Swipe to View next page assez, Monsieur ? TRIVELIN. – Ah ! je vous félicite du petit embarras que cela vous donne; vous sentez, c’est bon signe, et j’en augure bien pour l’avenir : mais ce ne sont encore là que les grands traits; détaillons un peu cela. En quoi donc, par exemple, lui trouvez-vous les défauts dont nous parlons ? En quoi ? Partout, à toute heure, en tous lieux; je vous ai dit de m’interroger; mais par où commencer ? Je n’en sais rien, je m’y perds.

Ily a tant de choses, j’en ai tant vu, tant remarqué de toutes les especes, que cela se brouille. Madame se tait, Madame parle; elle regarde, elle est triste, elle est gaie silence, discours, regards, tristesse et joie : c’est tout un, il n’y a que la couleur de différente; c’est vanité muette, contente ou fâchée; c’est coquetterie babillarde, jalouse ou curieuse; c’est, Madame, toujours vaine ou coquette, l’un après l’autre, ou tous les deux à la fois : voilà ce que c’est, voilà par où je débute; rien que cela. EUPHROSINE. – Je ny saurais tenir. TRIVELIN. — Attendez donc, ce n’est qu’un début. CLEANTHIS. Madame se lève; a-t-elle bien dormi, le sommeil l’a- -il rendue belle, se sent-elle du vif, du sémillant dans les yeux ? Vite, sur les armes; la journée sera glorieuse. « Qu’on m’habille ! » Madame verra du monde aujourd’hui; elle ira aux spectacles, aux promenades, aux assemblées; son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera p PAG » OF d promenades, aux assemblées; son visage peut se manifester, peut soutenir le grand jour, il fera plaisir à voir, il n’y a qu’à le promener hardiment, il est en état, il n’y a rien à craindre. TRIVELIN, à Euphroslne. — Elle développe assez bien cela.

CLEANTHIS. — Madame, au contraire, a-t-elle mal reposé ? ? Ah ! qu’on m’apporte un mlroir; comme me voilà faite ! que je suis mal bâtie ! » Cependant on se mire, on éprouve son visage de toutes les façons, rien ne réussit; des yeux battus, un teint fatigué; voil? qui est fini, il faut envelopper ce visage-là, nous n’aurons que du négligé, Madame ne verra personne aujourdhui, pas même le jour, si elle peut; du moins fera-t-il sombre dans la chambre. Cependant, il vient compagnie, on entre : que va-t-on penser du visage de Madame ? on crolra qu’elle enlaidit : donnera-t-elle ce plaisir-là à ses bonnes amies ?

Non, il y a remède à tout : vous allez voir. ? Comment vous portez-vous, Madame ? – Très mal, Madame; j’ai perdu le sommeil; il y a huit jours que je n’ai fermé l’œil; je n’ose pas me montrer, je fais peur. » Et cela veut dire : « Messieurs, figurez-vous que ce n’est point moi au moins; ne me regardez pas, remettez à me voir; ne me jugez pas aujourdhui; attendez que j’aie dormi. » J’entendais tout cela, car nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d’une pénétration Oh ! ce sont de pauvres gens pour nous. TRIVELIN, à Euphrosme. – cour TRIVELIN, à Euphroslne. Courage, Madame, profitez de cette peinture-là, car elle me paraît fidèle. EUPHROSINE. — Je ne sais où j’en suis. CLEANTHIS. — Vous en êtes aux deux tiers; et j’achèverai, pourvu que cela ne vous ennuie pas. TRIVELIN. – Achevez, achevez; Madame soutiendra bien le reste. CLEANTHIS. — Vous souvenez-vous d’un soir où vous étiez avec ce cavalier si bien fait ? J’étais dans la chambre; vous vous entreteniez bas; mais j’ai l’oreille fine : vous vouliez lui plaire sans faire semblant de rien; vous parliez d’une femme qu’il voyait souvent. « Cette femme-là est aimable, disiez-vous : elle a les yeux petits, mais très doux. ?; et là-dessus, vous ouvriez les ôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. Je riais. Vous réussîtes pourtant, le cavalier s’y prit; il vous offrit son cœur. A moi ? lui dîtes-vous. – Oui, Madame, à vous-même, à tout ce qu’il y a de plus aimable au monde. – Continuez, folâtre, continuez dites-vous, en ôtant vos gants sous prétexte de m’en demander d’autres. Mais vous avez la main belle; il la vit, il la prit, il la baisa; cela anima sa déclaration : et c’était là les gants que vous demandiez. Eh bien ! y suis-je ? TRIVELIN, à Euphrosme. – En vérité, elle a raison.