Pour analyser un roman

Pour analyser un roman

|Pour analyser un roman… | 1) L’auteur : vie et ‘ uvre En ce qui concerne la biographie, il ne faut retenir que les elements importants. Une biographie doit etre breve. Ne pas oublier de parler des ‘ uvres essentielles de l’auteur. ATTENTION de citer TOUTES les sources bibliographiques, et de ne pas reprendre telles quelles des informations tirees d’un ouvrage ou d’internet. 2) Le resume Il s’agit de s’en tenir a la trame du roman et donc d’eviter de se noyer dans les details.

A noter qu’il est parfois interessant d’etablir au prealable un tableau reprenant les personnages principaux. 3) Le genre Il existe plusieurs genres romanesques : – le roman d’intrigue[1] : il est base sur les actions, les rebondissements. – le roman de m’ urs : il se centre sur les comportements d’un groupe social a une epoque determinee ou a un endroit determine. – le roman d’analyse : il se centre sur la psychologie des personnages et leurs motivations profondes. – le roman d’idees : n’est pour l’auteur que le moyen de faire passer ses idees personnelles, voire son ideologie.

ATTENTION : tout roman contient au moins une intrigue, l’analyse d’un personnage a un moment et un lieu determines et peut etre l’expose de l’une ou

Désolé, mais les essais complets ne sont disponibles que pour les utilisateurs enregistrés

Choisissez un plan d'adhésion
l’autre idee. Il faut degager l’aspect important et le justifier. 4) Le titre et la premiere de couverture Le titre et la premiere de couverture appartiennent a ce que l’on appelle le paratexte[2] (avec la preface et la quatrieme de couverture). Le titre d’un recit remplit quatre fonctions essentielles : – une fonction d’identification : il est la « carte d’identite » du recit. – une fonction descriptive : le titre donne des renseignements sur le contenu et/ou la forme du recit. une fonction connotative : il renvoie a des significations annexes, a une epoque determinee, a la maniere propre a un auteur, etc. – une fonction seductive : le titre met en valeur le recit et attire le lecteur par son mystere, sa concision… L’analyse de la premiere de couverture est importante elle aussi car elle permet de donner des indices sur le recit. Il est souvent interessant, lorsqu’il existe plusieurs editions d’un ouvrage, de comparer plusieurs couvertures de maniere a voir ce que chacune d’elle met en avant. 5) Les personnages

Les heros du roman naissent du mariage que le romancier contracte avec la realite. On pourrait definir schematiquement le personnage de roman comme la personne[3] fictive qui remplit un role dans le developpement de l’action romanesque. Dans la tradition romanesque, le romancier essaie de faire oublier la difference capitale entre personne et personnage. Il incite son lecteur a prendre la fiction pour la vie reelle. Bien entendu, le roman s’appuie souvent sur une realite. Comment le romancier parvient-il a provoquer cette illusion ? Par trois procedes : – le procede de designation : le personnage existe par son nom.

Le nom peut par lui-meme signaler une origine, une categorie sociale. Il contient parfois un jeu de mots qui fait sens (chez Balzac, l’avare Gobseck = gobe sec). Il arrive que des changements de nom accompagnent les rebondissements de l’intrigue. Un personnage « existe » donc grace a l’ensemble des appellations (noms, surnoms) et des mots-outils (pronoms) qui le designent. Ces denominations peuvent etre revelatrices de son evolution, ou des regards que les autres posent sur lui. – le procede de qualification : le romancier donne au personnage une identite physique, psychologique et morale, sociologique. Le personnage physique : un corps avec ses traits caracteristiques, avec des constantes (couleur des yeux, des cheveux, taille grande ou petite…), mais aussi des details particuliers qui « font vrais ». ? Le personnage moral : le texte s’attache a l’expression des sentiments, s’interesse a leurs manifestations exterieures (larmes, sourires, gestes significatifs). Le romancier prete au personnage des pensees, des valeurs qui sont parfois les siennes. ? Le personnage social : l’individu appartient a un groupe social, le personnage reflete un milieu (par ses vetements, son langage, son ideologie). les modes de presentation : les informations sur le personnage peuvent parvenir par differentes voies. ? Le narrateur presente directement le personnage : le point de vue omniscient (Cf. point 10) permet de livrer un portrait detaille, de devoiler le passe du personnage, de reveler ses pensees. ? Le personnage est presente par le point de vue d’un autre personnage. ? Le personnage nous livre lui-meme des informations qui le concernent : soit parce qu’il est lui-meme narrateur, soit parce qu’il parle au discours direct (dans un dialogue). C’est au lecteur de construire me personnage, de deceler des indices de sa personnalite dans ses comportements (presentes d’un point de vue externe, Cf. point 9), ou encore dans le decor : l’espace decrit informe sur l’ « etat d’ame » du personnage qui l’habite ou qui le voit. A noter que dans l’analyse des personnages, il faudra etablir une analyse progressive, dynamique des personnages principaux, montrer ce qu’ils etaient au debut de l’action et montrer ensuite sous quelles impulsions ils se sont transformes, construits, pour devenir ce qu’ils sont a la fin. (Cf. le schema actantiel de Greimas). ) Le schema actantiel et fonctionnel de Greimas[4] Le schema fonctionnel (quinaire) L’intrigue est la suite d’actions qui constituent la charpente de la fiction. Cette suite d’actions est structuree (elle a un debut, un milieu et une fin) et logique (ce qui vient apres est provoque par ce qui se passe avant), selon un modele invariant abstrait (le schema « quinaire ») : Etat initial Complication Transformation Dynamique Resolution Etat final Ce modele est celui du recit, defini comme la transformation d’un etat (initial) en un autre etat (final). – L’etat initial : la situation premiere, l’equilibre qui precede l’action. La complication (force perturbatrice) : le mefait, le manque, l’evenement qui rompt l’equilibre et declenche l’action. – La dynamique : l’epreuve, le conflit, les peripeties eventuelles. C’est l’enchainement des actions. – La resolution (force equilibrante) met un terme a l’epreuve. – L’etat final : un nouvel equilibre, qui peut a son tour etre le point de depart (l’etat initial) d’un nouvel episode. Le schema actantiel Souvent, lire un recit, c’est se demander ce qui va arriver a un personnage, comment vont s’organiser les relations entre le personnage principal (le heros) et les autres (amis ou ennemis).

Si l’on s’attache plus particulierement aux actions des personnages, on verra que, sous la diversite des roles, toutes les histoires proposent des participants a l’intrigue (des « actants ») en nombre limite : un sujet veut s’emparer d’un objet, sous l’impulsion d’un destinateur pour le remettre a un destinataire (beneficiaire) avec l’aide d’un ou plusieurs adjuvants et en se heurtant a un ou plusieurs opposants. | | |Destinateur ( Objet ( Destinataire | | |^ | | | |Adjuvant ( Sujet Ce modele s’assortit de deux regles : – un meme role actantiel peut etre rempli par plusieurs acteurs. – un meme acteur peut cumuler plusieurs roles actantiels. Diverses remarques : – le personnage est a considerer dans un sens tres large. Ainsi, un role actantiel peut etre assure par un animal, un element naturel, une force ou une valeur abstraite. Il peut arriver qu’au cours du recit, un personnage change de role actantiel ; des lors, il faudra interpreter l’action a l’aide d’autant de modeles qu’il y a de changements notables. 7) L’espace Dans la litterature romanesque traditionnelle, le lieu n’est pas gratuit. Il influe sur le personnage, il aide a fournir une explication des caracteres, il sert de decor. Mais une des fonctions les plus importantes de l’espace consiste bien souvent, avant tout, a permettre a l’action de se derouler. Un deplacement separe deux etres aimes, permet une rencontre, favorise un quiproquo. L’espace influe aussi sur le rythme du roman.

C’est le cas du rythme des deplacements. Un roman d’aventure ne pourra etre statique. En general, le romancier epargne, grace a l’utilisation de l’espace, un commentaire, lorsqu’il confia au decor le soin de suggerer un etat d’ame d’un heros. Enfin, l’espace fournit au romancier les moyens de varier les modes de presentation narrative. Le deplacement d’un personnage amene un echange de lettres, fournit l’occasion d’un recit fait par une tierce personne qui possede des renseignements que les autres n’ont pas, prepare un rebondissement de l’action par l’introduction d’un fait rapporte qui s’est passe ailleurs…

DONC, la representation de l’espace n’est pas seulement une ornementation accessoire, mais elle est en liaison avec le fonctionnement de l’’ uvre romanesque. ATTENTION : dans l’analyse, il ne s’agira pas de dresser un inventaire exhaustif des differents lieux mais de signaler les plus importants et de les presenter. Il faudra dire si l’espace est ferme, limite, voire etouffant lorsqu’ action et personnages ne franchissent pas les limites d’un cadre determine, ou s’il est ouvert. Meme dans le cas ou l’action d’un roman se deroule en vase clos, on peut rencontrer une ouverture introduite par le biais d’un espace imagine. ) Le temps Lorsqu’on envisage la creation romanesque, il faut a la fois considerer : – le temps externe a l’’ uvre : c’est-a-dire l’epoque a laquelle vit ou a vecu le romancier d’une part, celle du lecteur de l’autre. – le temps interne a l’’ uvre : le temps historique, la duree de la fiction et la facon dont la narration en rend compte. Les temps externes : – le temps de l’ecrivain : on admet sans peine l’influence qu’une epoque donnee ou qu’une mode litteraire exerce sur un ecrivain, ainsi que les variations subies par les ‘ uvres selon qu’elles sont ecrites au debut de la vie du romancier ou a la fin de son existence. le temps du lecteur : tout comme lie romancier, le lecteur est fortement conditionne par l’epoque a laquelle il vit, l’age qu’il a au moment ou il decouvre le roman. Les temps internes : – le temps historique : l’epoque a laquelle se situe la fiction ; elle peut se situer de nos jours ou non (passe recule ou futur imaginaire). – le temps de la fiction (temps raconte) represente la duree du deroulement de l’action. Selon les romans, il couvre une periode de quelques heures, de quelques jours, d’un mois ou bien s’etend sur des annees voire sur plusieurs generations d’une meme famille.

Tous les lecteurs de romans connaissent les formules qui parsement les chapitres, indiquent la succession des evenements : « un matin », « le lendemain », « quelques semaines passerent »… La presence du temps et son passage peuvent etre suggeres, indirectement, par le vieillissement des personnages, bien sur, mais aussi par la transformation des lieux, par une allusion qu’il revient au lecteur de dechiffrer. – le temps de la narration (temps racontant) : tel roman de 500 pages traite d’une journee dans la vie d’un heros tout comme tel autre mince recit rapporte l’existence entiere d’un ersonnage. Cette constatation rend compte de la difference entre temps de la fiction (temps raconte) et le temps de la narration (temps racontant). Cf. supra. IMPORTANT : les rapports entre TF et TN… – L’ordre L’ordre concerne les rapports entre l’enchainement (chrono)logique des evenements presentes (dans la fiction) et l’ordre dans lequel ils sont racontes (dans la narration). Deux cas peuvent se presenter : * soit il y a homologie entre les deux series (on parle alors d’isochronie).

C’est le cas des recits lineaires qui racontent des evenements dans l’ordre chronologique. * soit il y a discordance (anachronie). C’est le cas des recits discordants. A noter qu’il existe deux grands types d’anachronies narratives : l’anachronie par anticipation (prolepse), qui consiste a raconter ou a evoquer a l’avance un evenement ulterieur ; et l’anachronie par retrospection (analespse, flash-back), qui consiste a raconter ou a evoquer apres coup un evenement anterieur. – La vitesse

La vitesse concerne le rapport entre la duree fictive des evenements racontes et la duree de la narration, qui peut provoquer des mouvements d’acceleration ou de ralentissement. Plusieurs procedes peuvent etre utilises : * La scene : elle donne l’illusion d’une coincidence parfaite entre le temps qu’un episode met a se derouler et le temps qu’on met a le lire. Le type canonique de la scene est le dialogue. Ici, TN = TF * Le sommaire : il resume une longue duree d’histoire en quelques mots ou uelques pages : il produit donc un effet d’acceleration. Ici, TF ; TN * La pause : elle designe les passages ou la narration se poursuit alors qu’il ne se passe rien, ou pas grand-chose, sur le plan de l’histoire : elle produit donc un effet de ralentissement. Le type canonique de la pause est la description. Ici, TF ; TN * L’ellipse : elle entraine une acceleration maximale ; elle correspond a une duree d’histoire que le recit passe sous silence (Vingt ans plus tard…). Ici, TF=n et TN=0 9) Le point de vue (la focalisation)

On etudie sous ce titre les rapports que le narrateur[5] entretient avec les personnages et les evenements de son recit. La premiere chose a faire est de voir si le narrateur se situe hors de l’histoire ou s’il est lui-meme un personnage. – Le narrateur hors de l’histoire. Meme exterieur a l’histoire, le narrateur peut livrer dans sa narration des traces de sa presence : le recit au sens strict laisse alors la place au discours ; des indices d’enonciation signalent la presence de quelqu’un qui juge les personnages, organise le recit, propose des reflexions.

Mais pour entretenir l’illusion realiste, le romancier peut choisir de dissimuler la presence du narrateur : les faits semblent alors se raconter d’eux-memes, sur le mode du recit pur (3eme personne, temps du passe), les marques du discours n’apparaissent que dans des dialogues. – Le narrateur-personnage. Le narrateur raconte sa propre histoire : le heros rapporte l’aventure qu’il a vecue. Le lecteur peut ainsi avoir l’impression de rentrer de plain-pied dans l’histoire.

Cependant, le narrateur peut aussi raconter des faits dont il n’a pas ete l’acteur principal mais simplement un temoin, a distance du heros que l’on decouvre alors de maniere indirecte. Remarque : le romancier opte parfois pour un dispositif complexe qui combine ces differentes possibilites : un premier narrateur laisse la parole a un second ; le narrateur que l’on croyait « au dehors » revele qu’il a participe aux faits, etc. De telles structures peuvent difficilement etre reperees dans les limites d’un extrait, mais il est important de les identifier dans une ‘ uvre complete.

Ensuite, il faut determiner le point de vue, la perspective selon laquelle les evenements de l’histoire sont percus et presentes. – Le point de vue omniscient : les informations donnees par le narrateur depassent le savoir et les possibilites de perception des personnages. Le narrateur ne se limite pas a un point de vue determine : il raconte a la maniere d’un historien qui sait tout, change librement d’angle de vue, devoile les pensees secretes des personnages, peut se deplacer d’un lieu de l’action a l’autre et effectuer des retours en arriere. Le point de vue interne : les informations donnees par le narrateur coincident avec le savoir d’un personnage. Les faits racontes sont percus et interpretes a travers le point de vue d’un personnage precis. La realite decrite est limitee par les possibilites d’une perception subjective, que ce soit celle d’un narrateur-personnage ou d’un personnage qui n’est pas narrateur. – Le point de vue externe : les informations donnees par le narrateur restent en-deca de ce que sait le personnage. N’est decrit et raconte que ce qui peut etre vu de l’exterieur, a partir d’une position neutre.

Les faits et gestes sont presentes d’un point de vue purement objectif, tels qu’ils pourraient etre enregistres par l’’ il d’une camera sans l’interpretation d’une conscience. On ne connait donc pas les pensees des personnages decrits. A noter que ces procedes sont egalement utilises au cinema. 10) Les grands themes de l’’ uvre Il s’agira, pour ce point-ci d’analyser les grands themes qui jalonnent l’’ uvre etudiee. ———————– [1] On nomme intrigue l’organisation des elements narratifs, la succession des actes et des evenements de facon a former une trame selon une logique generalement causale et chronologique. 2] Le paratexte designe ce par quoi un recit se fait livre et se propose comme tel a ses lecteurs. [3] Une personne etant un etre de chair et d’os alors qu’un personnage est fictif. [4] ALGIRDAS JULIEN GREIMAS (1917 – 1992) est un h~UhUb? >*[pic] hUb? >*[pic]hC{hUb? >*[pic]h,76hUb? >*[pic] h,76hUb? hC{hUb? h |? hUb? jhUb? 0J>*[pic]U[pic]h? ?h HYPERLINK « http://fr. wikipedia. org/wiki/Linguistique » o « Linguistique » linguiste et semioticien, fondateur de la semiotique structurale. [5] A ne pas confondre avec l’auteur.