Des le debut de la piece, Phedre detient le secret d’un amour scandaleux pour Hippolyte qu’elle avouera, a Oenone et Hippolyte, se trahissant, elle conduira les autres personnages de la piece, vers une chute dans la tragedie. C’est cet amour impossible qui domine cette tragedie. La mort d’une Phedre a la fois coupable d’un amour inadmissible et innocente puisqu’ irresponsable de celui-ci qui lui est inflige par Venus, donne a cette scene une veritable dimension tragique.
La presence du champ lexical de la mort et de la souffrance « funeste » « faiblesse » « punie » « supplice » « tranche » « gemir » « mort » « poison » « expirant » est caracteristique de ce registre. La victoire de la mort semble inevitable et attendue depuis le debut de la piece comme le montre le vers 1633 « Le fer aurait deja tranche ma destine », ce qui rend le personnage digne de pitie mais suscite aussi de la terreur. En effet la volonte de maitriser leur destin en vain par de nombreux efforts et notamment ceux d’Oenone est aussi typique des personnages de la tragedie classique.
Phedre se trouve piegee entre impuissance et actions vaines et cela se
La mort est ici, comme dans de nombreuses tragedies, precipitee par l’action des personnages et leur volonte de tenter de maitriser un destin deja tout trace. C’est la volonte de Phedre, qui se declarant a Oenone et se trahissant devant Hippolyte, brusque l’inevitable. La notion de destine possede une place primordiale au sein de la scene, puisqu’elle se trouve au centre meme de la tirade, ayant onze alexandrins avant et apres. En bout de vers, la destinee est rejetee, comme Phedre a tente en vain de le faire, mais malgre ce rejet elle reste au centre de la vie des personnages.
Elle est la frontiere entre la vie meme faite de souffrance des vers 1622 a 1633 comme le montrent les mots « craint » « punie » « supplice » « gemir » et la mort pleine de culpabilite et de remords « exposant mes remords » vers 1635. Phedre est perdue dans le labyrinthe que Venus a creee, le labyrinthe de la passion destructrice, de la « flamme funeste » vers 1625. La petite fille du Soleil sombre dans la mort apres avoir bu du poison. Meme si l’on peut penser que son suicide lui rend le controle sur sa destine, cette acte desespere mais neanmoins courageux ne fait qu’accomplir le destin qui lui etait predis des le debut de la piece.