ETAT DE LA PAUVRETE EN FRANCE Il est, tout d’abord, important de noter qu’une personne en situation de pauvrete ne dispose pas des ressources materielles suffisantes pour exister dignement selon les droits legitimes et vitaux de la personne humaine. D’autre part, la precarite entraine une forte incertitude sur la possibilite de pouvoir retrouver dans un avenir proche une situation qui est consideree comme « acceptable ». Concretement, une personne est pauvre lorsque son niveau de vie est inferieur au seuil de pauvrete. Indicateurs de la pauvrete : Le seuil de pauvrete represente 50% du revenu median, il ne tient donc compte que de la composante monetaire. En 2005, il est de 703€ pour une personne seule et de 1703€ pour un couple avec enfants. – Le BIP (barometre des inegalites et de la pauvrete) cree en 2002, prend en compte d’autres dimensions telles que l’emploi, le travail, la sante, l’education. Ces dimensions sont ensuite ponderees par des criteres. Cependant, cet indicateur reste tres subjectif car l’apprehension de l’evolution de la pauvrete est differente en fonction de la ponderation.
L’observatoire national de la pauvrete et de l’exclusion sociale (ONPES) cree en 1998 est charge de rassembler, analyser et de diffuser les informations et donnees
De ce fait, la pauvrete peut toucher desormais l’ensemble des classes sociales. En 2008, on a 8 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvrete en France, ce qui represente 13,4% de la population. Et la moitie d’entre elles a un niveau de vie inferieur a 740 euros mensuels. Mais la notion de pauvrete monetaire est trop reductrice, elle est d’ailleurs remise en cause par un certain nombre de travaux car l’aspect financier ne suffit pas pour rendre compte de la pauvrete qui est un phenomene complexe puisque ca passe aussi par les sentiments.
Categories touchees : La pauvrete frappe en priorite certaines categories de populations : les jeunes, une partie des salaries les plus precaires, les personnes isolees, les familles monoparentales, les chomeurs et les retraites. Par ailleurs ce sont les jeunes qui sont les plus touches et la pauvrete chez les jeunes a augmente ces dernieres annees. Les travailleurs « en difficultes » sont au c? ur des reflexions sur le traitement de la pauvrete et sont victimes de pauperisation (appauvrissement continu d’une population).
Il s’agit d’une precarite liee a l’instabilite de la situation de la personne, ainsi qu’a une fragilite de l’emploi qui rend les ressources financieres incertaines. Cela peut aussi etre lie aux conditions de vie. Ces travailleurs pauvres doivent de plus en plus frapper aux portes des associations pour s’en sortir, notamment en matiere d’hebergements d’urgence. Il y a plusieurs categories de personnes concernees : – Les familles d’ouvriers ou d’employes, qui sont faiblement diplomes, et qui vivent sur un seul salaire, n’assurant pas un niveau de vie decent au menage Les personnes isolees, notamment les familles monoparentales, qui cumulent pauvrete monetaire et pauvrete en conditions de vie, en raison notamment d’une precarite de l’emploi – Les independants en difficulte, ages, souvent exploitants agricoles – Les jeunes assez diplomes, au debut de leur vie professionnelle, qui sont en contrat precaire, et souffrant d’une pauvrete en conditions de vie. Disparites territoriales : Les departements francais du Nord-Est et du Sud-Est sont les plus concernes par la pauvrete.
Dans le Nord, et en Seine-Saint-Denis, les familles nombreuses sont particulierement touchees et ce phenomene se concentre principalement dans les zones urbaines. Au contraire, dans le Sud, la pauvrete est plus diffuse et resulte en partie de l’arrivee de familles monoparentales modestes sur des territoires en lien avec l’economie touristique. En effet, les emplois precaires sont plus nombreux selon les saisons. La population des Zones Urbaines Sensibles (ZUS) represente environ 6,6% de l’ensemble de la population nationale.
On compte dans ces zones 27% de pauvres, c’est-a-dire trois fois plus que dans le reste de l’espace urbain. Les jeunes y sont touches par la pauvrete ainsi que les personnes agees de 65 ans ou plus. Il est important de remarquer que les menages entrant dans les ZUS sont plus pauvres que les sortants, ce qui a pour consequence de renforcer la concentration de la pauvrete. La proportion de population pauvre vivant dans les espaces ruraux a diminue entre 1996 et 2006 mais a augmente dans les grandes agglomerations (superieures a 200 000 habitants).
En effet, les personnes qui partent de la campagne ne sont pas totalement remplacees puisque les nouveaux menages et les jeunes preferent s’installer dans les couronnes periurbaines. Les villes moyennes qui font le lien entre les espaces urbains metropolitains et les espaces ruraux sont aussi fragilisees. Enfin, la mobilite est au c? ur du processus de diversification et de complexification des formes de precarite. La pauvrete ne peut plus, desormais, etre exclusivement envisagee comme un phenomene concentre et stable. Quatre types de pauvretes suivant les territoires :
Pauvrete exogene : La population precaire qui s’installe sur le territoire attractif (Sud et littoral Ouest) est originaire d’un autre departement. Ce phenomene entraine, d’une part, un processus de periurbanisation massive qui conduit a un etalement urbain tres important. D’autre part, la nouvelle population s’installe dans des territoires plus ruraux. Les enjeux sont d’eviter la centralisation de cette population precaire ainsi que d’adapter les services sociaux. Afin de resoudre en partie ce probleme, les politiques publiques ont mis en place le Revenu de Solidarite Active (RSA).
Mobilite contrainte de la pauvrete : Le processus observable de diffusion de la precarite sur certains territoires en particulier dans les villes moyennes, ou l’on constate une pauperisation de leurs ‘faubourgs’ est le resultat de politiques du logement. En effet, on a une attractivite de l’offre privee en centre ville pour les menages precarises, car l’habitat est plus souvent degrade donc moins cher. Les causes sont diverses : – Le desserrement residentiel : les menages les plus aises partent construire des maisons neuves en zone periurbaine Le parc locatif neuf est plus attractif pour les menages les moins fragiles – Les effets du marche et des loyers puisque c’est dans le parc prive degrade des ‘faubourgs’ qu’on trouve les prix les plus accessibles. Les mobilites residentielles sont aussi des contraintes sous l’effet des differentes politiques publiques menees telles que les Operations Programmees d’Amelioration de l’Habitat de Renouvellement Urbain ou les Programmes de Renovations Urbaines. Globalement, les politiques publiques ne prennent pas en comptent ce phenomene et rien n’est fait pour corriger cela. Pauvrete heritee :
Ce type de pauvrete concerne les espaces majoritairement industriels qui accumulent des indicateurs de depression economique ainsi que des indicateurs de mal etre social qui s’aggravent. Sur ces territoires, la pauvrete est diffuse. Le constat est que le territoire est desindustrialise et enclave, le chomage y est tres important et le nombre de personnes allocataires du RMI est tres eleve. La principale caracteristique de cette pauvrete est l’immobilite a differentes echelles : residentielle (enracinement des menages dans leur logement), physique et sociale (nuit a l’acces a la formation des individus).
Cependant, les jeunes qui partent du territoire ne sont pas remplaces par des personnes qui entrent. On observe un tatonnement des politiques qui essayent de donner une reponse tres ciblee sur l’immobilite geographique et physique en se rabattant sur les politiques sociales. Pauvrete des hors-statuts : La pauvrete est centree sur les grandes metropoles de la politique de la ville. Cela concerne principalement les etrangers, les familles nombreuses et monoparentales qui sont beneficiaires du RMI. Ces personnes sont tres mobiles dans l’espace aussi bien public que residentiel.
En effet, cette population connait souvent une succession d’hebergements precaires et instables. De plus, on observe une concentration de ces personnes dans les habitats sociaux et habitats anciens degrades ainsi que dans les structures d’hebergement et associations de prise en charge. Les services sociaux locaux aident les personnes concernees. Luttes actuelles : Sous les tripes effets du chomage, des changements familiaux et des migrations qui bouleversent les structures et les revenus des menages, la pauvrete est redevenue une question centrale pour les pouvoirs publics.
Lutter contre la pauvrete constitue desormais un objectif majeur des politiques sociales en France. Pour cela, differentes politiques ont ete mises en ? uvre : – La politique de l’habitat et du logement a developpe la loi sur les logements sociaux – La politique de la ville, qui intervient sur les territoires, a mis en place le principe de solidarite territoriale avec la geographie prioritaire notamment – La politique de redistribution, qui intervient sur la population, a developpe un principe de solidarite envers l’individu a travers les allocations individualisees.
La redistribution des revenus s’effectue par les impots et les prestations sociales qui permettent de reduire le taux de pauvrete et son intensite. Le traitement de la pauvrete diffuse se fait par des compensations financieres de facon egalitaire. On peut citer par exemple : le RMI (1998), la Couverture Maladie Universelle (1999), le Plan de Cohesion Sociale (2004), l’Opposabilite du Droit au Logement (2007), le RSA (2007) et l’objectif quantifie de reduction de la pauvrete nationale d’un tiers jusqu’en 2012.
Cependant, cette politique est remise en question puisqu’il n’y a pas de principe de territorialisation des aides et le role des ZUS n’est plus defini de facon efficace. Enjeux a venir : Il s’agit de prendre en consideration les situations territoriales et sociales evolutives et diffuses ainsi que lier des logiques universalistes (politique de redistribution) et territoriales (politique de la ville).
Les actions devront, au niveau de la politique de la ville, redefinir les ZUS en traitant les problemes d’exclusion et d’isolement, changer d’echelle pour prendre aussi en compte les mobilites des populations et integrer de nouveaux lieux aux espaces residentiels. Bibliographie : Etude prospective exploratoire sur les futurs territoires de la politique de la ville, ACADIE, rapport final, mars 2009 Webographie www. onpes. gouv. fr : Site de l’Observatoire National de la Pauvrete et de l’Exclusion Sociale www. insee. fr : Site de l’Institut National de Statistiques et des Etudes Economiques