Philosophie Reperes Absolu / Relatif. Le relatif ou ce qui est relatif suppose une relation ou une comparaison possible avec autre chose. Quand on evoque quelque chose ou quelqu’un pour pouvoir l’expliquer, le rendre concret, on dit par exemple : « Dans l’absolu, cette personne est tres gentille » – ce qui veut dire : « Si on ne la compare a aucune autre personne, elle est tres gentille ; mais si on la compare, alors elle ne l’est peut-etre pas ! ». En disant « dans l’absolu », on ne fait aucune relation entre cette personne et qui que ce soit. On est dans le domaine de l’absolu, meme dans un cas aussi precis et aussi concret.
L’_absolu_, c’est ce dont l’existence ou la realisation ou la valeur est independante de toute condition de temps, d’espace, de connaissance. Le relatif, c’est au contraire, ce qui devrait etre compare avec la moyenne des notions, des choses ou des etres de meme espece, et ne peut etre evalue en soi, d’une facon independante. L’absolu philosophique a tres souvent designe l’etre qui, conformement au sens donne ci-dessus, a une existence independante de tous les autres etres, qui est inconditionnel, et qui de plus, possede
En ce sens, l’absolu, c’est Dieu. Inversement, le relatif, c’est ce qui depend d’autre chose et n’existe que lorsque certaines conditions sont realisees ; c’est aussi ce qui est limite, soumis a la finitude, imparfait. Les creatures sont ainsi relatives (a Dieu) ; les effets sont relatifs (a leurs causes) ; les accidents sont relatifs (a une substance) ; la connaissance humaine est relative (car imparfaite). Developpement d’un exemple Einstein : « le mouvement, du point de vue de l’experience possible, apparait toujours comme le mouvement relatif d’un objet par rapport a un autre ».
Tout mouvement d’un corps, selon Einstein, est dependant des corps qui l’environnent, ou encore, il est conditionne par les proprietes de l’espace-temps (local) auquel il appartient. « Jamais on n’observe un « mouvement par rapport a l’espace » ou, comme on dit, un mouvement absolu ». L’espace de la mecanique classique etant homogene et continue (Newton ecrit qu’il est « de duree eternelle et de nature immuable »), n’etant rien d’autre qu’un receptacle du mouvement, un mouvement par rapport a cet espace absolu serait lui-meme un mouvement absolu ce a quoi Einstein s’oppose.
Pour aller plus loin L’application des notions d’absolu et de relatif peut se reveler tres problematique, notamment dans les domaines de la morale (et de l’ethique) et de l’esthetique. Peut-il exister un imperatif categorique (Kant) qui dicte a chacun de maniere absolue ses devoirs ? Exemple : « Agis selon la maxime qui peut en meme temps se transformer en loi universelle ». Serait-il meme souhaitable qu’existe un tel imperatif, qui, en tant qu’inconditionnel, ne peut etre questionne, remis en cause dans des situations particulieres. Concernant l’esthetique, peut-on supposer qu’il existe des valeurs absolues gouvernant ce qu’est le beau ?
Le beau n’est-il pas plutot relatif a une culture, a des conditions sociales, a des « modes » ? Mais alors comment preserver une certaine autonomie de l’art, comme faire que le gout ne soit pas purement arbitraire ? Abstrait / Concret L’_abstrait_ est le resultat d’une operation d’isolement, par analyse, d’un ou plusieurs elements du tout dont ils font partie, de maniere a les considerer en eux-memes et pour eux-memes. Le concret est au contraire ce qui se rapporte a la realite consideree dans sa totalite. Sens philosophique La definition precedente montre bien que l’abstrait resulte d’un processus.
En philosophie, l’abstraction a souvent le sens de generalisation, celles-ci permettant d’extraire les proprietes communes a plusieurs etres en supprimant leurs differences considerees alors comme inessentielles. Ainsi, on peut se former une idee d’arbre a partir des multiples arbres percus. L’abstraction permet egalement de former des idees generales, ne se rapportant plus aux etres concrets mais a leur qualite : humanite, sagesse, etc. Le concret est au contraire ce qui se donne « naturellement », via une sensation, une perception, etc. Ce dont nous avons l’experience, c’est toujours de tel arbre singulier.
La connaissance (scientifique, philosophique) suppose que nous quittions ce plan de la difference entre les etres, plan de la contingence, pour nous attacher a leurs ressemblances. Mais il faut se mefier des « abstractions vides » qui font perdre de vue les choses et inventer des chimeres. Developpement d’un exemple L’opposition abstrait/concret est manifeste dans la formation des mots generaux, en nous inspirant de Locke. Reprenons l’exemple de l’arbre. La seule chose qui existe, ce sont les arbres singuliers et pourtant il existe un mot general qui « represente » (to stand for) chacun de ces arbres. Ce mot est le signe d’une idee generale.
Or celle-ci se forme en soustrayant des idees particulieres les circonstances spatiales, temporelles et plus generalement tout ce qui enferme la chose dans l’existence singuliere. De l’arbre particulier, on negligera par exemple qu’il pousse en tel lieu, qu’il a des feuilles caduques, qu’il perd actuellement celles-ci Ce n’est que grace un tel processus d’abstraction que peut etre formee l’idee d’arbre, autrement dit que les arbres particuliers peuvent se conformer a cette idee. Pour aller plus loin On peut se demander si les idees abstraites existent reellement ou si elles ne sont que le resultat d’une construction.
Ainsi, pour Platon, le Beau, auquel tel homme beau par exemple participe, est un etre reel (existant dans le monde des Idees). Au Moyen-age, la querelle des universaux, qui opposa les realistes aux nominalistes, fut l’occasion d’un riche debat a ce sujet. Les realistes soutenaient que les universaux, par exemple la blancheur, etait une qualite reelle des choses. L’activite de connaissance ne ferait que retrouver ces entites. Les nominalistes posent au contraire que les universaux ne sont rien d’autre que des conceptions de l’esprit, des concepts et que seuls existent des etres singuliers.
Les universaux comme la blancheur, n’ont qu’une fonction pratique, une utilite. En acte / En puissance L’_acte_, c’est la manifestation concrete des pouvoirs d’agir d’une personne, de ce que fait une personne. En ce sens, acte est synonyme d’action. Le dictionnaire fait egalement reference a la signification metaphysique : est en acte ce qui existe reellement avec toutes ses determinations et tous ses pouvoirs. La puissance est la faculte ou la capacite de produire un effet. Au sens metaphysique, etre en puissance c’est etre potentiellement ou virtuellement susceptible d’acquerir telle ou telle determination.
Precisons les definitions metaphysiques donnees ci-dessus. Il est necessaire de distinguer puissance passive et puissance active. La puissance passive est une potentialite qui exige l’intervention d’un agent exterieur pour se realiser, pour etre en acte. Ainsi, un morceau de pierre est une statue en puissance, mais elle necessite d’etre actualisee par le sculpteur. La puissance active est quant a elle une potentialite qui se realisera d’elle-meme. Ainsi la graine est une plante en puissance dans la mesure ou c’est en vertu de son propre principe de croissance qu’elle le deviendra.
On peut egalement parler d’un acte pur ; celui-ci designe l’etat d’un etre ou d’une substance qui ne contient rien qui soit encore en puissance ; tel est le cas du Dieu d’Aristote. Developpement d’un exemple La distinction entre etre en acte et etre en puissance peut etre mobilisee a divers niveaux et ce parfois meme pour une seule faculte. Suivons a ce titre un exemple d’Aristote : on peut dire que tout homme est en puissance un musicien dans la mesure ou il est donne a chacun de nous d’apprendre a jouer de la musique.
Ainsi nous actualisons cette capacite par l’apprentissage : c’est l’acte premier. Mais en un second sens demeure une distinction entre le fait d’etre, en puissance, capable de jouer telle sonate et le fait de la jouer reellement, actuellement : cette realisation effective est l’acte second. Pour aller plus loin La question de la difference entre l’acte et la puissance, thematisee pour la premiere fois par Aristote, a suscite de nombreux questionnements philosophiques. N’en citons qu’un : celui de la difference entre infini en acte et infini en puissance.
Supposons une ligne, au sens mathematique. Dans quelle mesure est-elle infinie ? L’est-elle reellement, actuellement ? N’est-ce pas seulement parce que l’operation qui consisterait a la diviser n’aurait pas de terme, qu’on dira cette ligne infinie, auquel cas on parlera d’un infini en puissance ? Autrement dit, la question qui se pose est de savoir si l’infini peut-etre defini en dehors de la multiplicite de ses parties, de la sommation de ses elements, donc d’une determination numerique. Analyse / Synthese L’_analyse_, c’est la decomposition d’une chose en ses elements.
C’est l’examen permettant d’isoler ou de discerner les differentes parties d’un tout. Dans le domaine de la morale et de la psychologie, l’analyse est l’examen qui cherche a saisir les mobiles et (ou) les motifs profonds d’un etat ou d’un processus. La synthese, c’est l’operation par laquelle on procede du simple au complexe, des elements au tout, de la cause aux effets. Dans un sens plus etroit, c’est le procede, l’operation qui consiste a unir, a faire fusionner des elements differents pour obtenir un tout, un nouvel element coherent.
En philosophie, analyse et synthese designent les deux modes fondamentaux de la connaissance. Pour Descartes, l’analyse devoile le lien de dependance des effets a l’egard de leurs causes tandis que la synthese sert avant tout a l’exposition des decouvertes. Pour Kant, ces deux mots renvoient a deux manieres de se rapporter aux concepts. La synthese est la methode des mathematiques qui procedent par definition, c’est-a-dire par combinaison de concepts simples. L’analyse est la methode de la philosophie qui isole les traits essentiels d’_un_ concept donne.
Cette distinction des methodes ne doit pas etre confondue avec celle qui existe entre le jugement synthetique qui ajoute quelque chose a ce qui est simplement donne dans le(s) concept(s) et le jugement analytique qui ne fait que devoiler une realite par l’examen de son concept. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Les notions d’analyse et de synthese sont essentielles dans de nombreux domaines scientifiques : biologie, grammaire, economie, etc. Pensons plus particulierement a la psychanalyse dont la denomination, selon le desir de Freud, fait reference a l’analyse chimique.
L’analyste, c’est celui qui retrouve sous la multiplicite des symptomes du patient les pulsions qui le gouvernent. Notons que le concept de synthese a lui aussi sa place en psychanalyse. La synthese, chez un individu, c’est l’integration ou l’organisation en un tout structure de ses diverses experiences psychiques, ses souvenirs, ses perceptions, etc. Cause / Fin La cause est ce qui produit un effet. Elle est souvent identifiee aux notions de principe et d’origine. La cause est ce qui fait que des choses ou des etres sont. La fin est, dans le sens le plus courant, ce qui constitue la limite d’une duree.
Mais c’est aussi le terme de quelque chose, au sens d’un but. C’est l’objectif que l’on se fixe, ce a quoi tend un projet, une action accomplie d’une facon deliberee Sens philosophique Developpement d’un exemple Pour aller plus loin On pourra reflechir a des actions qui semblent pouvoir s’identifier a de purs mouvements corporels repondant a des causes. Par exemple, le fait de lever le bras. Y a-t-il la une decision reflechie, la poursuite d’un but ? Peut-etre peut-on dire qu’on est en presence d’une fin partielle, non exprimee, servant une fin qui, elle, est reflechie.
Contingent / Necessaire / Possible Est contingent ce qui est susceptible d’etre ou de ne pas etre, de se produire ou de ne pas se produire. Est necessaire ce qui ne peut pas ne pas etre ou ne peut pas etre autrement. Est possible ce qui peut etre, exister, se produire ; ce qui est faisable, realisable. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Le probleme des futurs contingents est un bon exemple des questions que peut soulever la modalite. Si je dis, « il y aura une bataille demain ou il n’y aura pas de bataille demain », cette proposition est necessaire, elle est toujours vraie.
Mais cela n’implique-t-il pas qu’il est necessaire que l’un (et non l’autre) de ces deux evenements ait lieu de telle maniere que cet evenement lui-meme serait necessaire ? La reponse d’Aristote consistera a dire que la necessite porte sur le « ou » et non sur les evenements ; ce qui preserve la contingence du futur. Croire / Savoir Developpement d’un exemple Pour aller plus loin On pourrait se demander, a la suite de l’exemple precedent, comment peut-il encore y avoir un savoir. Mais il faut bien remarquer que c’est selon un certain partage (sceptique) croire/savoir que nous avons developpe cet exemple.
Comme le montrait deja la partie precedente, la distinction entre croire et savoir peut se decliner de facon multiple. Or, ceci est le signe de l’importance que les philosophes ont toujours confere au probleme de la connaissance, de sa forme, de sa validite, de sa certitude, etc. , et plus largement au probleme de la verite. Il ne s’agit pas seulement en philosophie de decouvrir la verite mais bien de savoir ce qu’est la verite. Essentiel / Accidentel Est essentiel ce qui releve de l’_essence_. Dans son sens le plus propre, l’essence, c’est ce qu’un etre est.
Plus couramment, l’essence est le caractere ou qualite propre et necessaire d’un etre ; c’est l’ensemble des caracteres constitutifs de quelque chose. Est accidentel ce qui est de l’ordre de l’_accident_ au sens ou cela n’appartient pas a l’essence d’une chose L’essence (_ousia_ en Grec, mot qui signifie aussi substance) designe ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est ou encore ce pourquoi une chose est ce qu’elle est et non autre chose. On peut dire plus simplement que c’est la nature de cette chose (« nature humaine » et « essence de l’homme » sont en ce sens synonymes).
L’essence designe les proprietes ou caracteristiques appartenant necessairement a un etre. Chez Aristote, l’essence s’exprime dans la definition. Celle-ci se compose d’un genre et d’une difference specifique. Le genre de l’homme est « animal », mais sa difference a l’egard des autres animaux est qu’il est « doue de raison ». Son essence est donc « animal doue de raison » (« animal raisonnable). Les proprietes essentielles sont donc des proprietes persistantes ou eternelles. L’accident designe au contraire ce qui peut ne pas appartenir a la chose, ce qui peut etre modifie ou disparaitre dans le temps.
C’est, selon Aristote, « ce qui appartient a une chose et qu’on peut dire vrai d’elle, mais non de facon necessaire ni de facon generale ». Ainsi, si, en plantant un arbre, je decouvre un tresor, cette decouverte est accidentelle (car elle n’aura pas lieu a chaque fois ! ) Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Dans sa division de l’essence et des accidents, Aristote avait d’une certaine maniere introduit une categorie intermediaire : les accidents par soi. Ceux-ci sont des caracteristiques qui, sans definir essentiellement la chose, ne cessent pourtant de l’accompagner, en derivent necessairement.
Par exemple, que la somme des angles d’un triangle soit egale a deux angles droits est un tel accident par soi. Expliquer / Comprendre Developpement d’un exemple Pour aller plus loin L’opposition entre expliquer et comprendre ne prejuge en rien de leur possible coexistence. Weber montre ainsi que l’_action sociale _doit d’abord etre envisagee comprehensivement, c’est-a-dire du point de vue subjectif de son auteur ; a partir de la pourront etre expliquees causalement ses consequences. Ricoeur quant a lui essaie d’elaborer une dialectique de l’explication et de la comprehension, l’une et l’autre se suscitant, se relayant, etc.
En fait / En droit L’expression en fait signifie « dans les faits ». Elle exprime ce qui est effectif, ce qui existe, ce qui constitue la realite. L’expression en droit designe, par opposition, ce qui est legitime, legal, independamment de toute consideration d’existence. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Se pose la question de savoir si l’egalite en droit des hommes est une egalite naturelle, s’il y a bien un droit naturel (quand bien meme celui-ci ne parviendrait pas a s’affirmer face aux inegalites) ou si cette egalite est instituee, creee « de toutes pieces » par les hommes pour assurer leur vie en commun.
La reponse a cette question depend en realite de la perspective anthropologique adoptee : soit on considere que l’essence de l’homme est immuable, soit on juge que l’homme est cet etre qui ne cesse de se construire, de se faire lui-meme. Formel / Materiel Est formel ce qui est relatif a la forme. La forme, c’est l’ensemble de traits caracteristiques qui permettent a une realite concrete ou abstraite d’etre reconnue. Est materiel ce qui est relatif a la matiere.
La matiere (dans son opposition a la forme), c’est l’element determinable dont une chose est faite ; ou les donnees de l’experience sensibles ; ou encore le contenu de ce qui peut etre un objet de pensee Developpement d’un exemple Pour aller plus loin A propos de la morale kantienne, on pourra se poser la question de savoir si son formalisme, autrement dit son detachement a l’egard de l’existence concrete, ne la rend pas par la meme impuissante a determiner concretement des actes.
Genre / Espece / Individu ` Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Dans quelle mesure peut-on dire que les genres et les especes existent ? Ne sont-elles pas que des abstractions visant a rendre compte de caracteres possedes en commun par les seuls etres qui existent veritablement, a savoir les individus ? Ideal / Reel Est ideal ce qui n’a d’existence qu’intellectuelle, sans pouvoir etre percu par les sens. Est reel ce qui existe d’une maniere autonome, ce qui n’est pas un produit de la pensee.
Developpement d’un exemple Pour aller plus loin On peut enfin evoquer la conceptualisation psychanalytique de l’ideal, et plus particulierement les concepts d’_ideal du moi_ et de moi ideal. L’ideal du moi est un modele auquel le sujet cherche a se conformer selon un processus d’_identification_. Le « support » d’un tel ideal est un etre admire, aime (ce sont le plus souvent les parents). Le moi ideal est l’ « acteur » du fantasme dans lequel le moi se voit accomplir des actions heroiques.
Identite / Egalite / Difference L’_identite_ designe : a) le caractere de deux ou plusieurs etres identiques (identite qualitative, specifique, abstraite), b) le caractere de ce qui, sous des aspects et denominations divers, ne fait qu’un ou ne represente qu’une seule et meme realite (identite numerique, concrete), c) caractere de ce qui demeure identique ou egal a soi-meme a travers le temps (identite personnelle). Une difference est un caractere qui, dans une comparaison, un ordre, distingue un etre ou une chose d’un autre etre, d’une autre chose.
Enfin, l’_egalite_ designe a) le fait de ne pas presenter de difference quantitative (ex : egalite des salaires), b) le fait de ne pas presenter de difference de qualite, de valeur (ex : egalite des chances). Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Intuitif / Discursif Est intuitif ce qui est objet d’intuition, participe a l’intuition ou s’accompagne d’intuition. L’intuition est une connaissance directe et immediate qui se presente a pensee avec la clarte d’une evidence, qui servira de principe et de fondement au raisonnement discursif.
Est discursif ce qui procede selon le discours logique, ce qui ressortit au raisonnement. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Legal / Legitime Est legal ce qui est conforme a la loi, a la legislation ; ce qui est prevu, designe par la loi. Est legitime ce qui est conforme au droit positif ou ce qui est conforme a l’equite ; ce qui est fonde sur la morale, le droit naturel, la loi divine. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Mediat / Immediat Est mediat ce qui n’est pas en rapport avec autre chose ou qui ne s’effectue que par un intermediaire. Est immediat ce qui ne comporte ni agent ni moyen intermediaire.
Sens philosophique Developpement d’un exemple Pour aller plus loin On remarquera que ce que nous appelons les medias (television, radio, etc. ) tirent leur nom du mot latin medium qui signifie ce qui occupe une position moyenne, intermediaire. Un media, c’est en effet le « moyen terme » entre deux termes que sont les individus ou le public et les informations (notons a ce titre que, sans cette mediation, on ne pourrait pas parler d’information puisque c’est justement le media qui confere sa_ forme_ a ce qui est communique) Objectif / Subjectif Est objectif ce qui existe en soi, independamment du sujet pensant.
Plus generalement, est objectif ce qui fait reference a la realite exterieure, independante des consciences. Est subjectif ce qui est propre a un sujet determine, qui ne vaut que pour lui seul (synonyme : individuel) ; ou encore ce qui ne correspond pas a une realite, a un objet exterieur mais a une disposition particuliere du sujet qui percoit. Sens philosophique Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Obligation / Contrainte Une obligation est un lien moral, religieux ou social, une necessite ou un devoir par lequel on est tenu de faire ou de donner quelque chose.
Une contrainte est une violence physique ou morale exercee contre une personne afin de l’obliger a agir contre sa volonte. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Nous avons vu que dans la toute premiere definition que nous avons donnee de la contrainte, celle-ci etait definie en reference a l’obligation. La raison de cet emploi reside dans le fait que, dans le langage courant, le terme d’obligation a tres souvent le sens d’une necessite. C’est ainsi que l’on peut dire qu’on « oblige un enfant a travailler » ou encore qu’ « il est oblige que le verre casse si je le fais tomber par terre ».
Cet usage tend donc a effacer la distinction entre l’obligation et la necessite, et par consequent entre l’obligation et la contrainte (en tant que celle-ci est une forme de la necessite) Origine / Fondement L’_origine_ est le point de depart, le commencement, la premiere apparition ou manifestation d’un phenomene. C’est la phase primitive (d’une histoire), le stade initial (d’une realite qui evolue). En un second sens, l’origine est ce qui determine, ce qui provoque l’apparition d’un phenomene ; c’est la cause de celui-ci.
Le fondement, dans son sens le plus general, est ce qui sert de base, d’appui, a quelque chose. Dans un systeme theorique, le fondement est le Principe ou l’ensemble de principes que suppose un edifice conceptuel, parce qu’il repose sur lui. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin On notera simplement que le sens du mot origine comme cause et que celui du mot fondement comme simple appui peuvent se recouvrir. Dans les deux cas, ce qui est exprime, c’est la raison d’etre d’une chose pensee comme source d’une autre.
Persuader / Convaincre Developpement d’un exemple Pour aller plus loin On remarquera que l’art de persuader determine bien plus souvent des actions que l’art de convaincre. En effet, le premier s’adresse avant tout au desir de l’individu tandis que le second s’adresse a sa raison ou son intelligence et en ce sens invite a la prudence. Ressemblance / Analogie Une ressemblance est une similitude d’aspect physique et/ou de comportements entre deux ou plusieurs personnes (par analogie entre animaux) ; ou encore, c’est une similitude d’aspect, d’usage, etc. ntre deux ou plusieurs choses de meme espece ou d’especes voisines. Dans un sens plus general, la ressemblance designe un ensemble de traits ou elements communs. Une analogie est un rapport de ressemblance, d’identite partielle entre des realites differentes prealablement soumises a comparaison. Developpement d’un exemple Pour aller plus loin Dans la philosophie medievale, notamment chez Saint Thomas d’Aquin, le concept d’analogie jouera un role fondamental.
Il constituera une reponse a la question de savoir si l’Etre doit se dire d’une seule et meme maniere (univocite) des etres finis et de l’etre infini, Dieu, ou si, au contraire, il doit se dire de maniere distincte (equivocite). L’analogie permettra de maintenir l’equivocite sans pour autant nier les traits communs. Principe / Consequence Un principe est l’origine premiere d’une chose, un debut absolu. Un principe peut encore etre la cause active de quelque chose, ce qui a la propriete de produire certains effets. ogique, un principe est une propriete evidente et indemontrable, presupposee dans toute operation deductive. Une consequence est une suite logique a un principe Sens philosophique Developpement d’un exemple Pour aller plus loin En psychanalyse, Freud a theorise ce qu’il a appele le principe de plaisir et le principe de realite. Selon le premier, l’enfant est determine a rechercher ce qui pour lui est source de plaisir et a fuir ce qui est source de douleur (la recherche et la fuite effective etant les consequences de ce principe). Le econd principe pose qu’au fur et a mesure de ses contacts avec la realite, l’enfant est amene a renoncer a certains plaisirs et a accepter certaines douleurs pour eviter un plus grand mal. En theorie / En pratique Est en theorie ce qui releve de connaissances abstraites, speculatives, independantes des applications. Est en pratique ce qui vise a appliquer une theorie ou qui recherche des resultats concrets, positifs. Developpement d’un exemple On peut concevoir la sagesse comme un etat ou une disposition dans laquelle s’identifient theorie et pratique.
En effet, la sagesse repose sur un authentique savoir (c’est ainsi que les stoiciens la definissaient comme « la science des choses divines et humaines ») mais c’est un savoir qui ne vaut qu’en tant qu’il s’exerce, qu’il est mis en pratique, ou plus exactement c’est un savoir theorique qui n’existe que dans la pratique (cette pratique ne pouvant donc pas etre consideree comme une simple application) Pour aller plus loin La pratique politique peut-elle etre guidee par des principes theoriques ou exige-t-elle avant tout l’experience repetee de situations concretes ?
Autrement dit, la pratique politique peut-elle etre l’application directe de la theorie politique ? Ne risque-t-on pas ainsi de poser un ideal qui ne pourra jamais etre atteint ? Les passions humaines, le « hasard » des conjonctures, etc. ne brisent-ils pas tout espoir d’une conformite de la pratique avec la theorie ? Transcendant / Immanent Est transcendant ce qui se situe au-dela du domaine pris comme reference ; en particulier, ce qui est au-dessus et d’une nature radicalement superieure. Est immanent ce qui est implique dans un principe ou une cause.
Developpement d’un exemple Dieu peut etre dit transcendant par rapport au monde en ce que, d’une part, il est exterieur a lui et d’autre part, il lui est infiniment superieur. Pour Spinoza, au contraire, l’action de Dieu est immanente (une action immanente est une action dont le resultat demeure a l’interieur de celui qui l’accomplit) et non transitive (_transiens_ : « qui passe dans autre chose »). Dieu est cause immanente car, s’identifiant a la Nature elle-meme, en modifiant celle-ci il ne fait que se modifier lui-meme.
Pour aller plus loin La notion de transcendance a ete utilisee en phenomenologie (et tout d’abord chez Husserl, son fondateur) non pour designer un au-dela du monde mais pour qualifier les rapports que la conscience entretient avec le monde. En effet, l’_intentionnalite_, en tant que mode par lequel la conscience se rapporte aux objets, est pour la conscience une sortie hors d’elle-meme, une tension vers autre chose qu’elle-meme. En ce sens, le monde exterieur est transcendant par rapport a la conscience. Universel / General / Particulier / Singulier Est universel ce qui s’etend a ’univers entier, ce qui embrasse la totalite des etres et des choses. Est general ce qui se rapporte a la totalite des cas ou des individus ; c’est ce qui est le fait de tous ou ce qui concerne le tout. Est particulier ce qui appartient en propre, d’une maniere exclusive (a quelqu’un, a quelque chose ou a un ensemble de personnes ou de choses). Est singulier ce qui est seul, ce qui est a part ; c’est ce qui est unique ou ce qui est pris isolement, independamment des autres elements du groupe auquel il appartient.
L’_universel_ ne se refere pas necessairement a l’univers (au sens physique) mais un ensemble determine de chose ou d’idees (c’est ainsi que l’on parle par exemple de l’univers du discours). En ce sens, est universel ce qui s’etend a tous les elements de cet ensemble. Est general ce qui s’etend a la majorite des elements au sein d’un groupe donne. Le general s’oppose en ce sens a l’universel en ce qu’il autorise des exceptions. Il s’oppose d’autre part au particulier et au singulier en raison meme son extension (celle-ci etant variable : il y a differents degres de generalite).
En effet, le particulier designe ce qui, au sein d’un groupe, n’appartient qu’a quelques-uns de ces elements ou meme a un seul. Dans ce dernier cas, la particularite s’identifie a la singularite puisque est singulier ce qui appartient a un et un seul element d’un groupe, a un et un seul individu. La propriete singuliere, en tant qu’elle isole un etre de tous les autres, fait que l’adjectif singulier peut etre dit de l’individu lui-meme. Developpement d’un exemple Une langue universelle serait une langue partagee par tous les hommes (l’ensemble considere etant l’humanite).
L’attribut « mortel » est universel puisqu’il convient a tous les hommes. Le pouvoir etatique peut etre considere comme une propriete generale des societes (sans etre pour autant une propriete universelle puisqu’il existe encore des societes sans Etats). Dans l’ensemble des figures geometriques, le fait d’avoir la somme des angles egale a deux droits est une propriete particuliere, puisque seuls les triangles la possedent (si on ne considere que les triangles, c’est par contre une propriete universelle). Avoir ecrit A la recherche du temps perdu est une propriete singuliere puisqu’elle ne convient qu’a un seul individu, Proust.
Pour aller plus loin L’universel est souvent suspecte d’etre une abstraction. On a ainsi pu critiquer les droits de l’homme comme parole creuse n’empechant aucunement le mepris de ces droits dans les faits. On peut essayer de penser un universel concret (Hegel, Sartre), c’est-a-dire une singularite ou particularite qui s’eleverait d’elle-meme a l’universalite. Cet universel peut notamment s’incarner dans des figures historiques, c’est-a-dire dans des individualites (c’est le cas de Napoleon pour Hegel).