Mongo Beti. De son vrai nom Alexandre Biyidi Awala, l’ecrivain plus connu sous le nom de Mongo Beti est ne en 1932 au Cameroun, alors colonie francaise. Il perd tres tot son pere, mais sa mere – bien que d’origine modeste- decide neanmoins de l’envoyer s’instruire dans la mission catholique d’ou le jeune Alexandre sera renvoye pour insoumission: tres tot l’esprit rebelle du futur ecrivain se manifeste!
Autodidacte et anime par une forte volonte de s’en sortir , Il parviendra a obtenir son baccalaureat a 19 ans, soit en 1951 et obtiendra meme une bourse, lui permettant de poursuivre des etudes de lettres modernes en France; d’abord a l’universite s’Aix-en-Provence puis a Paris-Sorbonne d’ou il en sortira agrege de Lettres modernes en 1966. Entretemps sa carriere litteraire commence a voir le jour, en 1954, apres l’ecriture d’une nouvelle Sans haine et sans amour, il publiera son premier roman Ville cruelle sous le pseudonyme d’Eza Boto.
Cet ouvrage le fait connaitre tant il recoit un accueil retentissant car etant l’une, sinon la premiere ? uvre a evoquer sans detours les abus du systeme colonial en Afrique. Deux annees plus tard l’auteur recidivera avec son second roman – ouvrage qui consacrera son auteur car considere
L’utilisation des pseudonymes s’explique en partie, car il est encore etudiant et ne souhaite pas que ses professeurs sachent qu‘il ecrit; mais aussi et surtout, par le souci de proteger sa famille restee au pays d’eventuels exactions en pleine periode coloniale. En 1956 et 1957, il publiera deux autres romans Mission terminee (qui obtient le prix Sainte-Beuve) puis le Roi miracule En 1959, a l’oree des independances l’ecrivain, que les ecrits derangent au plus haut point, sera contraint a l’exil par son gouvernement. Il retournera alors en France, ou il finira une these a la Sorbonne.
Et deviendra (jusqu’a sa retraite) professeur dans un lycee a Rouen. Pendant 16ans l’auteur observera un silence litteraire. Sa verve legendaire ne se tarira pas pour autant. L’auteur persiste et signe un pamphlet acerbe Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une decolonisation qui sera frappe par le sceau de la censure Qu’a cela ne tienne! L’auteur detournera cette censure en ayant recours au materiau dont il est habile: la fiction. Remember Ruben (1974), en hommage a Ruben Um Nyobe un militant nationaliste assassine par le pouvoir, Perpetue et l’habitude du malheur (1974).
Si les premieres ? uvres de Mongo Beti, avaient pour toile de fond la periode coloniale, celles des annees 70 recouvreront la periode postcoloniale. En 1978, il fonde avec sa femme, Odile Tobner, la revue Peuples Noirs- Peuples Africains a laquelle il se consacrera corps et ame jusqu’a son extinction en 1991 Dans le meme temps, il ecrira La Ruine presque cocasse d’un polichinelle (1979), Les deux meres de guillaume Ismael Dzewatama futur camionneur (1983) puis la revanche de guillaume Ismael Dzewatama
En 1991, soit apres 32 annees d’exil, mongo beti obtient un visa « visiteur » de deux semaines. Ce voyage-eclair revet pour l’ecrivain une importance capitale; car non seulement il revoit son pays, mais aussi et surtout , il lui permet de voir pour la derniere fois sa mere. En 1994, a sa retraite il y retourne definitivement avec sa famille et y fonde ce qu’il nomme « la premiere librairie de la capitale du pays depuis les independances ». Elle deviendra rapidement le centre nevralgique de l’intelligentsia du pays.
Il produira encore trois romans L’histoire du fou en 1994, puis deux autres a forte teneur policiere Trop de soleil tue l’amour (1999) et enfin Branle-le bas en noir et blanc (2000). Cette trilogie mettra en lumiere la societe africaine moderne, completement desabusee. L’auteur rebelle s’eteindra a l’age de 69 ans, d’une insuffisance renale mal soignee, faute de structures medicales adaptees au Cameroun. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Paul Biya tiendra a rendre un vibrant hommage au defunt; la famille de ce dernier declinera l‘offre.