Moliere (biographie)

Moliere (biographie)

Gros Nicolas 1s6 Sur le contexte politique et social : 1/ Louis XIV regnera du 14 mai 1643 au 1712 en France par le biais d’une monarchie absolue. Apres l’arrestation de Fouquet, le roi semble vouloir imiter sa vie fastueuse. Il se montre extremement depensier en allouant des sommes immenses aux frais de la cour royale. Il se comporte en mecene et patron des arts en financant les grandes figures culturelles de l’epoque tels que Moliere (en signe d’amitie, le roi accepta d’etre le parrain de son premier enfant), le musicien Jean-Baptiste Lully ou le decorateur Charles Le Brun ainsi que le jardinier Andre Le Notre.

Il place l’Academie francaise sous son controle et devient son « protecteur ». Il depense aussi d’importantes sommes dans l’amelioration du Louvre avant de finalement choisir le chateau de Versailles comme residence royale. Il y emmenagea en 1682 apres plus de vingt ans de travaux. 2/ Le clerge representait l’ensemble de la population religieuse. La noblesse est le terme qui designe primitivement les differentes institutions liees au metier des armes et de la guerre, aussi bien en ce qui concerne ses personnels, que ses arts, ses mobiles et ses actions.

Par extension, la noblesse designe un sentiment ou une attitude

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chevaleresque ou desinteressee. Le Tiers Etat etant donc le reste de la population francaise. 3/ La guerre de Trente Ans est une suite de conflits armes qui ont dechire l’Europe de 1618 a 1648. Les combats se deroulent initialement et principalement dans les territoires d’Europe centrale dependant du Saint-Empire romain germanique, mais impliquent la plupart des puissances europeennes, a l’exception notable de l’Angleterre et de la Russie.

Dans la seconde partie de la periode, les combats se portent aussi en France, aux Pays-Bas, en Italie du nord, en Catalogne, etc. Pendant ces trente annees, la guerre change progressivement de nature et d’objet : commencee en tant que conflit religieux, elle se termine en lutte politique entre la France et la Maison d’Autriche. 4/ Honnete homme. Outre la signification qui a ete touchee au premier article, et qui veut dire, Homme d’honneur, homme de probite, comprend encore toutes les qualites agreables qu’un homme peut avoir dans la vie civile.

C’est un parfaitement honnete homme. Il faut bien des qualites pour faire un honnete homme. Quelquefois on appelle aussi, Honnete homme, Un homme en qui on ne considere alors que les qualites agreables, & les manieres du monde: Et en ce sens, Honnete homme, ne veut dire autre chose que galant homme, homme de bonne conversation, de bonne compagnie Sur le theatre au XVIIe siecle : 1/ L’expression Baroque vient de « barroco » qui signifie perles orientales de formes irregulieres.

Le sens s’est ensuite elargi pour traduire l’etat de tout ce qui est bizarre, capricieux a travers les objets, les pensees ou les expressions. Le desir de stimuler l’emotion et de seduire les sens predomine dans ce courant artistique qui s’etend a toute l’Europe, sauf en France ou il est attenue par le Classicisme, sous le regne du roi-soleil, Louis XIV. Dans le Classicisme, on recherche la rigueur, l’harmonie pour representer la grandeur de la civilisation (egalement lire monarchie… ) francaise, additionnees a un retour a l’Antiquite. Comment definir ces deux courants?

Juste par cette petite comparaison : Baroque = courbes et torsions spectaculaires ; Classicisme = ligne droite. 2/ Les regles du theatres classiques sont : en un jour : l’unite de temps, En un lieu : l’unite de lieu, Un seul fait accompli : l’unite d’action. Les differents genres sont : Tragedie, Tragi-comedie, Comedie d’intrigue, Comedie de m? urs, Comedie de caractere, Farce. Les principaux auteurs du theatres classiques sont : BEAUCHAMPS BOURSAULT, CYRANO de BERGERAC, CLAIR-FONTAINE, CORNEILLE Jean-Baptiste, CROISILLES, DALENCON, l’Abbe D’AUBIGNAC,

Pierre DU RYER, Jacques GREVIN, HOUDARD DE LA MOTTE, Antoine de LA FOSSE d’AUBIGNY, Pierre Carlet Chamblain de MARIVAUX, MOLIERE, Antoire Jacob, MONTFLEURY, Philippe NERICAULT DESTOUCHES, Charles Francois PANNARD, l’Abbe Simon-Joseph PELLEGRIN, Jean RACINE, Paul SCARRON, Viaud THEOPHILE, Francois TRISTAN L’HERMITTE. 3/ L’expression « piece a machines » designe une piece de theatre qui accorde une grande importance a des effets de mise en scene spectaculaires, analogues a des effets speciaux.

L’aspect spectaculaire des effets speciaux obtenus satisfait pleinement le public de l’epoque baroque, car ils se pretent fort bien a l’expression de l’intensite chere a la thematique de ce mouvement. Jean-Baptiste Poquelin, dit Moliere, baptise le 15 janvier 1622[1] et mort le 17 fevrier 1673, est un dramaturge et acteur de theatre francais. Considere comme l’ame de la Comedie-Francaise, il en est toujours l’auteur le plus joue. Impitoyable pour le pedantisme des faux savants, le mensonge des medecins ignorants, la pretention des bourgeois enrichis, Moliere aime la jeunesse qu’il veut liberer des contraintes absurdes.

Tres loin des rigueurs de la devotion ou de l’ascetisme, son role de moraliste s’arrete la ou il l’a defini : « Je ne sais s’il n’est pas mieux de travailler a rectifier et a adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entierement »[2], et son but a d’abord ete de « faire rire les honnetes gens »[3]. Il fait donc sienne la devise Castigat ridendo mores (en riant, elle chatie les m? urs) qui apparait sur les treteaux italiens des les annees 1620 en France, au sujet de la comedie. La jeunesse de Moliere

Fils de Jean Poquelin, riche marchand-tapissier etabli rue Saint-Honore a Paris, et nomme tapissier du roi, Jean Poquelin est baptise le 15 janvier 1622 a la paroisse Saint-Eustache, vraisemblablement ne le meme jour ou la veille[4]. Deux ans plus tard, l’enfant, a la suite de la naissance d’un frere cadet egalement baptise Jean, sera appele Jean Baptiste. Sa mere, Marie Cresse, meurt en 1632 alors qu’il n’a que dix ans, son pere se remarie avec Catherine Fleurette, autre fille de tapissier, dont il aura cinq enfants. De 1633 a 1639 il est eleve au ollege de Clermont (actuel lycee Louis-le-Grand), tenu par des Jesuites, l’un des etablissements les plus huppes de la capitale. Jean-Baptiste y fait d’excellentes etudes (latin, mathematiques, physique, philosophie, mais aussi escrime et danse). Grace a son grand-pere, il a pu assister aux representations theatrales de l’Hotel de Bourgogne, mais aussi a celles des improvisations sur canevas des Italiens, ou aux farces comiques de Gaultier-Garguille ou Guillot-Gorju. Selon certaines sources, il aurait eu pour condisciple le prince de Conti, qui deviendra l’un de ses protecteurs.

Le 18 decembre 1637, il prete le serment de tapissier royal, reprenant ainsi la charge de son pere aupres de Louis XIII. On ne sait si Moliere exerce ou non son nouveau metier, toujours est-il qu’en 1640 il fait la connaissance d’une famille de comediens, les Bejart et il tombe amoureux de Madeleine, protegee du duc de Modene. La meme annee, il rencontre Tiberio Fiorelli, le celebre Scaramouche, et prend peut-etre des lecons aupres de lui. On pense qu’en 1641, il suit l’enseignement de Gassendi, philosophe epicurien et maitre des Libertins, qui a enseigne a La Mothe Le Vayer, Cyrano de Bergerac, Chapelle et d’Assoucy.

En 1642, il prend ses licences de droit a l’Universite d’Orleans et revient a Paris ou il s’inscrit au barreau pendant six mois, puis il remplace son pere qui veut lui laisser sa charge et voit d’un mauvais ? il sa frequentation avec les Bejart, et suit la cour de Louis XIII a Narbonne. En janvier 1643, Jean-Baptiste renonce a la charge de son pere qui lui coupe les vivres. Madeleine Bejart accouche d’une petite fille, Armande, que le duc de Modene reconnait comme etant de lui. Le 13 juin, l’acte de fondation de l’Illustre Theatre, sous la direction de Madeleine Bejart, est signe.

Des debuts difficiles En 1644, la troupe joue en province. En juillet ils sont de retour a Paris et Jean-Baptiste est devenu « Moliere » et directeur de la troupe. Sur le choix de ce nom de scene, Grimarest, son premier biographe, ecrit : « Jamais il n’en a voulu dire la raison, meme a ses meilleurs amis ». Selon certaines sources, ce pseudonyme aurait ete choisi en l’honneur de l’ecrivain libertin Francois de Moliere (1599 – 1624)[5],[6]. La troupe joue au Jeu de Paume des Metayers et essuie un echec cuisant.

La troupe fait faillite en 1645 et Moliere est emprisonne au Chatelet pendant quelques jours, puis son pere paie les dettes de la troupe pour le faire sortir et, sitot libere, la troupe part en province pour en rejoindre une autre dirigee par le comedien Dufresne, au service du duc d’Epernon, gouverneur de Guyenne. Entre janvier 1646 et mars 1657, la troupe joue a Nantes, Albi, Toulouse, Carcassonne, Poitiers, Vienne, Narbonne, Agen, Pezenas, Grenoble, Lyon, Montpellier, Dijon, Avignon, Bordeaux, Beziers, Rouen.

En 1653, la troupe passe au service du prince de Conti, frere du grand Conde et nouveau gouverneur de la Guyenne. Mais celui-ci finit par ceder aux pressions religieuses du moment et effectue une conversion. Le theatre devient alors pour lui synonyme de perdition et il chasse de sa maison la troupe qui passe alors au service du gouverneur de Normandie. Moliere renonce a ses pretentions tragiques : il est une grande vedette comique et redevient chef de troupe en 1650. Il compose des farces sur le modele italien, avec un seul canevas.

Il cree le personnage de Mascarille dans ses premieres vraies pieces : L’Etourdi (Lyon, 1655), Le Depit amoureux (Beziers, 1656). En 1658 il fait la connaissance de Corneille vieillissant et joue a Rouen. Le debut de la gloire Moliere. Frontispice de ses ? uvres, edition de 1840. Moliere retourne a Paris en 1658. Il joue au Jeu de paume du Marais. Protege par Monsieur, frere du roi, il joue alors devant Louis XIV une tragedie de Corneille, Nicomede, qui ennuie, et une farce, qui est un triomphe, Le Docteur amoureux. Moliere dispose d’un grand talent comique : sa voix et ses mimiques declenchent l’hilarite.

La troupe de Moliere jouit bientot d’une reputation inegalee dans le comique, et le roi l’installe au Petit-Bourbon, ou elle joue en alternance avec la troupe italienne de Scaramouche. En 1659 la troupe perd Joseph Bejart et les Du Parc la quittent pour la troupe du Marais. On engage les jeunes comediens La Grange et Du Croisy. Le 18 novembre, c’est le succes eclatant des Precieuses ridicules, ou Moliere dans le role d’Ascarille donne la replique a Jodelet, fameux comedien engage pour l’occasion. Le theatre du Petit-Bourbon est ensuite detruit pour les besoins de la construction de a colonnade du Louvre, ce qui entraine trois mois de chomage pour la troupe. Le roi installe Moliere en 1660 au Palais-Royal, ou Moliere donne Sganarelle ou le Cocu imaginaire. Il est sacre par Baudeau de Somaize (auteur du Grand Dictionnaire des Precieuses) « premier farceur de France ». Il perd son frere cadet, ce qui fait de lui l’unique heritier de la charge de son pere avec lequel il s’est reconcilie. Moliere partage, en 1661, le theatre du Palais-Royal avec la troupe de Domenico Biancolelli, dit Arlequin. Il presente Dom Garcie de Navarre qui est un echec et L’Ecole des maris qui triomphe.

La meme annee, Moliere emmenage en face du Palais-Royal. Le 17 aout il cree Les Facheux, sa premiere comedie-ballet, au chateau de Vaux-le-Vicomte, pour Fouquet qui recoit le roi. En 1662, Moliere epouse Armande Bejart, de vingt ans sa cadette, avec qui il aura un fils Louis dont le roi est parrain, baptise le 24 fevrier 1664 et mort a huit mois et demi, une fille Esprit-Madeleine, baptisee le 4 aout 1665, et un autre fils Pierre, baptise le 1er octobre 1672 et mort le mois suivant. L’annee de son mariage, il s’attaque a un sujet peu courant a l’epoque : la condition feminine.

L’Ecole des femmes est un triomphe ou Armande Bejart tient le role d’Agnes. En 1663, a cause des devots qui considerent Moliere comme un libertin et L’Ecole des femmes comme une piece obscene et irreligieuse, mais egalement parce que Moliere est le premier comedien a avoir recu une pension directe du roi, il est attaque dans sa vie privee : on insinue qu’il a epouse sa propre fille. Le 1er juin il replique par La Critique de l’ecole des femmes et, le 18 octobre, il joue devant le roi L’Impromptu de Versailles, qui donne egalement d’eclairantes precisions sur le fonctionnement d’une troupe de theatre au XVIIe siecle.

Le 29 janvier 1664, Moliere presente au Louvre Le Mariage force, ou le roi danse, costume en Egyptien. Il est ensuite nomme responsable des divertissements de la cour et, du 8 au 13 mai, il preside les Plaisirs de l’Ile enchantee, divertissement presente a Versailles en l’honneur de la nouvelle maitresse du roi, Mlle de La Valliere. Il y donne La Princesse d’Elide qui mele texte, musique et danse, et recourt a des machines sophistiquees et une premiere version en trois actes du Tartuffe que, sous la pression des devots, Louis XIV se voit dans l’obligation d’interdire pendant cinq ans.

Cet episode est demeure celebre sous le nom de « cabale des devots ». Cette meme annee, la troupe de Moliere joue La Thebaide, premiere piece de Racine. En 1665, on joue seulement quinze representations du desormais celebre Dom Juan. La troupe, soutenue par le roi, devient la Troupe du Roy et recoit une pension de 6 000 livres par an, ce qui ne fait pas grand-chose lorsqu’on sait que la recette d’une representation reussie est d’environ 1 800 livres.

Le 15 septembre 1665, Moliere donne L’Amour medecin et le 27 novembre, malade d’une « fluxion » qui etait probablement la tuberculose, Moliere est ecarte de la scene pour deux mois. Le 4 decembre, la troupe joue Alexandre le Grand de Racine qui, decu par l’interpretation, trahit Moliere et confie sa piece a l’Hotel de Bourgogne. Les dernieres ? uvres En 1666, Moliere et Armande se separent. Le 4 juin Moliere donne Le Misanthrope et le 6 aout, Le Medecin malgre lui. Le 27 novembre il fait une grave rechute qui ne lui permet de remonter sur les planches qu’en juin 1667.

Pendant cette annee il forme le jeune Baron, age de quatorze ans, a l’art du comedien. Il tente alors de jouer a nouveau Tartuffe sous un titre different, L’Imposteur, mais la piece est interdite le lendemain. Il donne egalement Melicerte, deux actes de comedie qui constituent la troisieme entree du Ballet des Muses commande par Louis XIV au poete Benserade. Le roi y danse avec Henriette d’Angleterre, fille de Charles Ier d’Angleterre et d’Henriette de France. Mlle Du Parc quitte une deuxieme fois Moliere pour l’Hotel de Bourgogne et y cree le 22 novembre Andromaque, premier triomphe de Racine.

En 1668 sont representees successivement Amphitryon le 13 janvier, George Dandin en juillet et L’Avare en septembre. La sante de Moliere est tres mauvaise et le bruit de sa mort court deja dans Paris. L’interdiction de representer le Tartuffe est levee en 1669. La piece remporte le 25 fevrier un succes considerable avec une recette de 2 860 livres. La meme annee, il perd son pere et cree avec la collaboration de Lully des comedies-ballets : Les Amants magnifiques, Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois gentilhomme.

En 1670 parait Elomire hypocondre, piece insultante ecrite par Le Boulanger de Chalussay, dans laquelle Moliere (dont Elomire est l’anagramme) est tourne en ridicule de facon particulierement acide. En 1671 Moliere donne Psyche, Les Fourberies de Scapin, La Comtesse d’Escarbagnas et Les Femmes savantes. En 1672 meurt Madeleine Bejart qui n’avait jamais cesse d’etre d’une grande importance pour Moliere. Il se reconcilie avec Armande et Lully intrigue aupres du roi pour obtenir l’exclusivite de la creation des ballets.

En 1673 Moliere a bel et bien perdu la faveur de Louis XIV et son Malade imaginaire n’est pas joue a la cour. La mort de Moliere La tombe de Moliere au cimetiere du Pere-Lachaise, Paris. La page du registre de La Grange qui relate la mort de Moliere. Pris de convulsions au cours de la quatrieme representation du Malade imaginaire, Moliere expire quelques heures plus tard d’une congestion pulmonaire, le 17 fevrier 1673, chez lui et non pas en jouant cette piece — comme le veut la tradition —, sans avoir abjure la profession de comedien, consideree comme immorale par l’Eglise.

Dans le registre qu’il tient scrupuleusement, La Grange ecrit ce jour : « Ce mesme jour apres la Comedie sur les 10 heures du soir Monsieur de Moliere mourust dans sa maison Rue de Richelieu, ayant joue le rosle dudit malade imaginaire fort incommode d’un rhume de fluction sur la poitrine qui luy causoit une grande toux de sorte que dans les grans efforts qu’il fist pour cracher il se rompit une veyne dans le corps et ne vescut pas demye heure ou trois quarts d’heure depuis ladite veyne rompue. Son corps est enterre a St Joseph, ayde de la parroisse St Eustache.

Il y a une tombe eslevee d’un pied hors de terre ». Trente-deux ans plus tard, Grimarest, le premier biographe de Moliere, detaille les circonstances de sa mort, sans y avoir toutefois assiste (il avait 15 ans lors du deces de Moliere) : « Les Comediens tinrent les lustres allumez[7], et la toile levee, precisement a quatre heures. Moliere representa avec beaucoup de difficulte ; et la moitie des spectateurs s’apercurent qu’en prononcant Juro, dans la ceremonie du Malade Imaginaire, il lui prit une convulsion.

Aiant remarque lui-meme que l’on s’en etoit apercu, il se fit un effort, et cacha par un ris force ce qui venoit de lui arriver. Quand la piece fut finie il prit sa robe de chambre, et fut dans la loge de Baron, et lui demanda ce que l’on disoit de sa piece. Mr Baron lui repondit que ses ouvrages avoient toujours une heureuse reussite a les examiner de pres, et que plus on les representoit, plus on les goutoit. “Mais”, ajouta-t-il, “vous me paroissez plus mal que tantot”. “Cela est vrai”, lui repondit Moliere, “j’ai un froid qui me tue”.

Baron apres lui avoir touche les mains, qu’il trouva glacees, les lui mit dans son manchon, pour les rechauffer ; il envoya chercher ses porteurs pour le porter promptement chez lui ; et il ne quitta point sa chaise, de peur qu’il ne lui arrivat quelque accident du Palais Royal dans la rue de Richelieu, ou il logeoit [… ]. Un instant apres il lui prit une toux extremement forte, et apres avoir crache il demanda de la lumiere. Baron aiant vu le sang qu’il venoit de rendre, s’ecria avec frayeur. “Ne vous epouvantez point”, lui dit Moliere, “vous m’en avez vu rendre bien davantage.

Cependant”, ajouta-t-il, “allez dire a ma femme qu’elle monte”. Il resta assiste de deux s? urs religieuses, de celles qui viennent ordinairement a Paris queter pendant le Careme, et auxquelles il donnoit l’hospitalite. Elles lui donnerent a ce dernier moment de sa vie tout le secours edifiant que l’on pouvoit attendre de leur charite, et il fit paroitre tous les sentimens d’un bon Chretien, et toute la resignation qu’il devoit a la volonte du Seigneur. Enfin il rendit l’esprit entre les bras de ces deux bonnes s? urs ; le sang qui sortoit par sa bouche en abondance l’etouffa.

Ainsi quand sa femme et Baron remonterent, ils le trouverent mort. J’ai cru que je devois entrer dans le detail de la mort de Moliere, pour desabuser le public de plusieurs histoires que l’on a faites a cette occasion. « Aussi-tot que Moliere fut mort, Baron fut a Saint Germain en informer le Roi ; Sa Majeste en fut touchee, et daigna le temoigner [… ]. Tout le monde sait les difficultez que l’on eut a faire enterrer Moliere, comme un Chretien Catholique ; et comment on obtint en consideration de son merite et de la droiture de ses sentimens, dont on fit des informations, qu’il fut inhume a Saint Joseph.

Le jour qu’on le porta en terre il s’amassa une foule incroyable de peuple devant sa porte [… ]. Le convoi se fit tranquillement a la clarte de pres de cent flambeaux, le mardi vingt un de fevrier ». La mort de Moliere selon Boulgakov Ce soir du 17 fevrier 1673, Moliere se preparait dans les coulisses avant de jouer sa piece Le Malade imaginaire, pour la quatrieme fois. Malgre les recommandations des medecins, le comedien, epuise, avait refuse d’annuler la representation. Dans la salle du Palais-Royal, le public, qui lui etait reste fidele dans ces jours sombres, attendait patiemment le lever du rideau.

La piece se deroula fort bien, quand soudain le pauvre Argan, qui simulait une forte toux, fut pris de veritables convulsions. « Le rideau, baissez le rideau ! » s’ecria Armande, son epouse. Quand le rideau fut baisse, on entendit dans la salle des applaudissements, tandis que l’on emportait Moliere hors de scene. « Comment etait-ce ? » demanda-t-il. « Splendide ! La piece est toujours un aussi grand succes », repondit son compagnon, le comedien Michel Baron. « Je veux rentrer chez moi », ajouta Moliere. On le transporta dans un carrosse.

Pendant le trajet qui allait du Palais-Royal a la rue Saint-Thomas-du-Louvre, le malade demanda ou etait donc partie Madeleine Bejart, la vieille maitresse, mere d’Armande, complice de ses debuts, morte un an plus tot. Il ne recut pas de reponse. On lui remit une couverture sur les jambes. Baron, apres avoir rechauffe les mains du mourant, demanda au cocher d’accelerer la cadence. Au bord de la mort, Moliere fit venir Armande a son chevet. « Je vous pardonne, dit-il, de m’avoir ete infidele, car je meurs ce soir ». Puis il rendit l’ame entre les bras de son epouse : le sang qui sortait abondamment de sa bouche l’avait etouffe.

Epilogue Le clerge de Sainte Eustache ayant refuse de lui donner une sepulture chretienne en raison de l’excommunication de tous les comediens, Armande alla trouver Louis XIV en personne, par qui Moliere avait ete disgracie, afin qu’il intervienne aupres de l’archeveque de Paris. Suite a cette intervention, Monseigneur du Harlay prononca l’ordonnance suivante : « Nous avons permis au sieur cure de Saint Eustache de donner le sepulture au corps du defunt Moliere dans le cimetiere de la paroisse, a condition neanmoins que ce soit sans grande pompe et avec deux pretres seulement ».

Il fut inhume de nuit, de facon quasi-clandestine, le 21 fevrier 1673. Mais le cortege fut plus important que prevu, une grande foule de gens du peuple accompagnant le corps au cimetiere Saint-Joseph, au pied de la croix. En 1817, la depouille a ete transferee au cimetiere du Pere-Lachaise en meme temps que celle de La Fontaine. La Grange et Armande, chasses du Palais-Royal par Lully qui y installe l’Academie royale de musique, transportent leur troupe rue Guenegaud ou elle fusionne avec celle du Marais. En 1680, sur decret du roi, elle doit fusionner avec la troupe de l’Hotel de Bourgogne : c’est la naissance de la future Comedie-Francaise.

Polemique litteraire [pic]Article detaille : Paternite des ? uvres de Moliere. Selon Pierre Louys, lui-meme amateur de supercheries (voir la genese des Chansons de Bilitis), les ? uvres attribuees a Moliere seraient en tres grande partie l’? uvre de Pierre Corneille. Il publie dans la revue Com? dia du 7 novembre 1919 un article intitule « Moliere est un chef-d’? uvre de Corneille ». En comparant l’Amphitryon de Moliere et l’Agesilas de Corneille, il soupconne Moliere de n’avoir que prete son nom pour signer des vers ecrits par Corneille.

L’idee est reprise plus tard par quelques ecrivains : Henry Poulaille dans Corneille sous le masque de Moliere en 1957, les avocats Hippolyte Wouters et Christine de Ville de Goyet dans Moliere ou l’auteur imaginaire en 1990 (dont ils tirent une piece : Le Destin de Pierre, creee en 1997 a Bruxelles), Dominique Labbe dans le Journal of Quantitative Linguistics, n° de decembre 2001, le romancier Frederic Lenormand dans L’Ami du genre humain en 1993, le dramaturge Pascal Bancou dans L’Imposture comique, piece creee en 2000 au Theatre de la Huchette, et enfin Denis Boissier dans L’Affaire Moliere : la grande supercherie litteraire, en 2004.

Certains argumentent qu’un comedien habitue a jouer des roles legers et comiques ne pourrait pas devenir l’auteur de pieces profondes et complexes comme le sont les dernieres pieces de Moliere. Mais la plupart du temps c’est sur la similitude de style, ou meme l’analyse lexicale, que se basent les theories. Dominique Labbe et son equipe de l’Institut d’etudes politiques de Grenoble, a elabore un logiciel d’etude statistique par lequel il vient alimenter la these selon laquelle l’? vre de Moliere serait due a Corneille. Un telefilm, Le negre de Moliere, met en scene la these attribuant a Corneille les pieces signees par Moliere. Ce telefilm a ete realise par Didier Bivel, avec Yvon Back (Jean-Jacques Delorme / Corneille), Gabriele Valensi (Severine Liotard / Marquise du Parc), Patrick Mille (Laruelle / Moliere), Sophie Broustal (Florence Delorme), Francois Berland (le recteur Desmarais) et Souria Adele (Martine). Ses ? uvres |Liste des ? vres de Moliere | |(par ordre chronologique) | |? uvre |Genre |Creation | |Le Medecin volant |Farce en un acte et en prose |1645 | La Jalousie du barbouille |Farce en un acte et en prose |1650 | |L’Etourdi ou les Contretemps |Comedie en cinq actes et en vers |1655 | |Le Depit amoureux |Comedie en cinq actes et en vers |16 decembre 1656 | |Le Docteur amoureux[8],[9] |Comedie en un acte et en prose |24 octobre 1658 | Les Precieuses ridicules |Comedie en un acte et en prose |18 novembre 1659 | |Sganarelle ou le Cocu imaginaire |Comedie en un acte et en vers |28 mai 1660 | |Dom Garcie de Navarre ou le Prince jaloux |Comedie heroique en cinq actes et en vers |4 fevrier 1661 | |L’Ecole des maris |Comedie en trois actes et en vers |24 juin 1661 | Les Facheux |Comedie-ballet en trois actes et en vers |17 aout 1661 | |L’Ecole des femmes |Comedie en cinq actes et en vers |26 decembre 1662 | |La Jalousie du Gros-Rene[8] | |15 avril 1663 | |La Critique de l’ecole des femmes |Comedie en un acte et en prose |1er juin 1663 | L’Impromptu de Versailles |Comedie en un acte et en prose |14 octobre 1663 | |Le Mariage force |Comedie en un acte et en prose |29 janvier 1664 | |Gros-Rene, petit enfant[8] | |27 avril 1664 | |La Princesse d’Elide |Comedie galante en cinq actes, en vers[10] et en prose |8 mai 1664 | Tartuffe ou l’Imposteur |Comedie en cinq actes et en vers |12 mai 1664 | |Dom Juan ou le Festin de pierre |Comedie en cinq actes et en prose |15 fevrier 1665 | |L’Amour medecin |Comedie en trois actes et en prose |15 septembre 1665 | |Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux |Comedie en cinq actes et en vers |4 juin 1666 | Le Medecin malgre lui |Comedie en trois actes et en prose |6 aout 1666 | |Melicerte |Comedie pastorale heroique en deux actes et en vers |2 decembre 1666 | |Pastorale comique | |5 janvier 1667 | |Le Sicilien ou l’Amour peintre |Comedie en un acte et en prose |14 fevrier 1667 | Amphitryon |Comedie en trois actes et en vers |13 janvier 1668 | |George Dandin ou le Mari confondu |Comedie en trois actes et en prose |18 juillet 1668 | |L’Avare ou l’Ecole du mensonge |Comedie en cinq actes et en prose |9 septembre 1668 | |Monsieur de Pourceaugnac |Comedie-ballet en trois actes et en prose[11] |6 octobre 1669 | Les Amants magnifiques |Comedie en cinq actes et en prose |4 fevrier 1670 | |Le Bourgeois gentilhomme |Comedie-ballet en cinq actes et en prose[12] |14 octobre 1670 | |Psyche |Tragedie-ballet en cinq actes et en vers |17 janvier 1671 | |Les Fourberies de Scapin |Comedie en trois actes et en prose |24 mai 1671 | La Comtesse d’Escarbagnas |Comedie en un acte et en prose |2 decembre 1671 | |Les Femmes savantes |Comedie en cinq actes et en vers |11 mars 1672 | |Le Malade imaginaire |«Comedie melee de musique et de danses» en trois actes et en |10 fevrier 1673 | | |prose[13] | |