Arnolphe pense qu’il est benefique pour lui d’epouser une jeune fille naive et insouciante car ils peut ainsi avoir une meilleure autorite sur elle, il se charge de la rendre la plus innocente possible. De telle sorte qu’elle soit soumise et obeissante a lui. Celui-ci fait ainsi office de second pere, en manifestant sa toute-puissance. On rira du rieur, et le moqueur des cocus sera fait cocu. Le nom d’Arnolphe fait, pour les spectateurs de l’epoque qui savent que saint Arnolphe est le saint des maris trompes, immediatement signe du cote de la farce.
Arnolphe possede des le depart une double identite, qui fait de lui le receptacle des confidences de l’un et l’autre des deux amants, mais egalement l’obstacle a leurs voeux. La communication est de ce fait toujours biaisee : Arnolphe, comme le spectateur, en sait toujours plus que son interlocuteur, dont il joue de la naivete. Mais finalement, c’est lui qui est ridiculise et qui voit dejouer tous ses stratagemes pour couper Agnes du monde exterieur.
La scene est donc le lieu de la deconfiture d’Arnolphe, qui decouvre a posteriori que ses precautions ne servent a rien. L’essentiel de l’action se deroule en dehors, et se raconte sur la scene.
A plusieurs reprises, il la renvoie dans sa chambre qu’il fait garder de pres. A l’acte V, il la menace meme de l’envoyer dans un couvent. Arnolphe outrepasse ici les prerogatives du mari – qu’il n’est pas encore d’ailleurs – berne. Arnolphe, lui, est a la fois la cible du rire et celui qui ne parvient pas a se faire aimer : celui qui n’ayant reussi a empecher la vie hors scene est oblige de la quitter et de laisser la jeunesse et l’amour triompher.