CIVILITE [si-vi-li-te] s. f. 1° Bonnes manieres a l’egard d’autrui ; usage du monde. On doit traiter tout le monde avec civilite. User de civilite. ¦ Et comme je connais sa generosite, Nous ne nous combattons que de civilite, CORN. , Poly. II, 5 ¦ …. Tant qu’on m’a laissee en quelque liberte, J’ai voulu me defendre avec civilite, CORN. , Heracl. I, 2 ¦ Et vers moi tout l’effort de son autorite N’agit que par priere et par civilite, CORN. , Nicomede, I, 2 ¦ Mais enfin elle est reine, et cette dignite Semble exiger de nous quelque civilite, CORN. , ib.
II, 4 ¦ Mais la civilite n’est qu’amour en Camille, Et l’amour en Othon n’est que civilite, CORN. , Othon, II, 2 ¦ …. Votre espoir trop prompt prend trop de vanite Des termes obligeants de ma civilite, CORN. , Rodog. IV, 1 ¦ La politesse flatte les vices des autres, la civilite nous empeche de mettre les notres au jour, MONTESQ. , Espr. XIX, 16 ¦ Il faut trop de savoir et de civilite [a la cour], Et, si j’ose parler, trop de subtilite, REGNIER, Sat. III ¦ Vous tachez a me contenter d’ailleurs et a couvrir une injustice avec beaucoup de civilite, VOIT. Lett. 30 ¦ Elle
Cet arret est trop absolu, et tout depend de la place et de l’emploi. SYNONYME CIVILITE, POLITESSE, COURTOISIE. Etymologiquement, la civilite est ce qui preside aux relations civiles, c’est-a-dire entre concitoyens ; la politesse est la qualite de celui qui a ete poli ; la courtoisie, celle qui emane de la frequentation de la cour, ou plutot des cours feodales ; c’est de la que le mot est provenu. Ces etymologies distinguent suffisamment les trois mots. La civilite est le premier degre ; elle a son ceremonial, ses regles, qui sont de convention.
La politesse est quelque chose de plus ; elle ajoute, a l’idee de civilite, des manieres et une facon de s’exprimer qui ont quelque chose de noble, de fin, de delicat. Pour pratiquer la civilite, il faut connaitre les usages ; pour avoir la politesse, la connaissance de ces usages n’est pas absolument necessaire ; et l’homme distingue d’esprit et d’education a une politesse naturelle. La courtoisie implique, en plus, des sentiments chevaleresques, c’est-a-dire le culte envers les femmes, la generosite envers les adversaires et les ennemis, sentiments que ne renferment ni la civilite ni la politesse.
HISTORIQUE XIVe s. ¦ Distribucion de honeurs ou de pecunes ou de quelconques autres choses qui sont partables entre ceulx qui communiquent en une civilite ou policie, ORESME, Eth. 144 ¦ Civilite, c’est la maniere, ordenance et gouvernement d’une cite ou communite, ORESME, ib. 34 ¦ Et differe leur civilite de la civilite de ceux qui entendent a faire les citoiens bons en la maniere que une bonne chose differe d’une malvoise, ORESME, ib. 34 XVe s. ¦ Tant de ce les enhorta que il les attira a icelle civilite, et que il s’assemblerent ensemble, Bouciq.
IV, ch. 10 ¦ Pour la subtilite et civilite [adresse] du dit Malet, DU CANGE, civilis. XVIe s. ¦ Ceux qui vont en Allemagne, ou les coustumes et civilitez [usages] sont differentes des nostres, quand ilz sont revenus, on les trouve grossiers, LANOUE, 120 ¦ Ayant este nourry a la guerre en discipline militaire plus que es civilitez de la ville, AMYOT, Marius, 2 ETYMOLOGIE Provenc. civilitat ; espagn. civilidad ; portug. civilidade ; ital. civilita ; du latin civilitatem, de civilis, civil.