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LE LOUP ET LE CHIEN un Loup n’avait que les os et la peau ; Tant les Chiens faisaient bonne garde. Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau, Gras, poli (1), qui s’était fourvoyé par mégarde. L’attaquer, le mettre en quartiers, Sire Loup l’eût fait volontiers. Mais il fallait livrer bataille Et le Mâtin était de taille A se défendre hardiment. Le Loup donc l’aborde humblement, Entre en propos, e Sur son embonp Il ne tiendra qu’à u’ , Swipe v D’être aussi gras que Quittez les bois, Vos pareils y sont misérables, Cancres (2), haires (3), et pauvres diables, Dont la condition est de mourir de faim.

Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée (4). Tout à la pointe de l’épée. Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin. Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ? Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens Portants bâtons, et mendiants (5) ; Flatter ceux du logis, à son maître complaire ; Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons (6) : Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse. Le loup déjà se forge une félicité pleurer

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de tendresse. Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé Qu’est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.

Mais encor ? Le collier dont je suis attaché De ce que vous voyez est peut-être la cause. Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ? Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor. LE LOUP ET LES BREBIS Après mille ans et plus de guerre déclarée, es Loups firent la paix avecque les Brebis. Cétait apparemment le bien des deux partis . Car, si les Loups mangeaient mainte bête égarée, Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.

Jamais de liberté, ni pour les pâturages, Ni d’autre part pour les carnages : Ils ne pouvaient jouir, qu’en tremblant, de leurs biens. La paix se conclut donc ; on donne des otages : Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis leurs Chiens. L’échange en étant fait aux formes ordinaires, Et réglé par des Commissaires , Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats Se virent Loups parfaits et friands de tuerie , Ils vous prennent le temps que dans la bergerie Messieurs les Bergers n’étaient pas, Étranglent la moitié des Agneaux les plus gras, Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.

Ils avaient averti leurs gens secrètement. Les Chiens, qu 2 aux dents, dans les bois se retirent. Les Chiens, qui sur leur foi, reposaient sûrement, Furent étranglés en dormant : Cela fut sitôt fait qu’à peine ils le sentirent. Tout fut mis en morceaux ; un seul n’en échappa. Nous pouvons conclure de l? Qu’il faut faire aux méchants guerre continuelle. La paix est fort bonne de soi . J’en conviens ; mais de quoi sert-elle Avec des ennemis sans foi ? LE CERF SE VOYANT DANS L’EAU Dans le cristal d’une fontaine un Cerf se mirant autrefois Louait la beauté de son bois, Et ne pouvait qu’avecque peine

Souffrir ses Jambes de fuseaux, Dont il voyait l’objet se perdre dans les eaux. Quelle proportion de mes pieds à ma tête ! Disait-il en voyant leur ombre avec douleur : Des taillis les plus hauts mon front atteint le faite ; Mes pieds ne me font point d’honneur. Tout en parlant de la sorte, Un Limier le fait partir ; Il tâche à se garantir ; Dans les forêts il s’emporte. Son bois, dommageable ornement, L’arrêtant à chaque 3 les présents Que le Ciel lui fait tous les ans. Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l’Utile ; Et le Beau souvent nous détruit. Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;

Il estime un bois qui lui nuit. Le Chêne et le Roseau Le Chêne un jour dit au Roseau « Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ; Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau. Le moindre vent, qui d’aventure Fait rider la face de l’eau, Vous oblige à baisser la tête Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du soleil, Brave l’effort de la tempête. Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr. Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage Dont le couvre le voisinag 4 jusque-là dans ses flancs. L’Arbre tient bon ; le Roseau plie. Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au Ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts. L ‘Ivrogne et sa Femme Chacun a son défaut où toujours il revient • Honte ni peur n’y remédie. Sur ce propos, d’un conte il me souvient . Je ne dis rien que je n’appuie De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus Altérait sa santé, son esprit et sa bourse. Telles gens n’ont pas fait la moitié de leur course Qu’ils sont au bout de leurs écus. un jour que celui-ci plein du jus de la treille, Avait laissé ses sens au fond d’une bouteille, Sa femme l’enferma dans un certain tombeau.

Là les vapeurs du vin nouveau Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve L’attirail de la mort à l’entour de son corps . Un luminaire, un drap des morts. Oh ! dit-il, qu’est ceci ? Ma femme est-elle veuve ? Là-dessus, son épouse, en habit d’Alecton, Masquée et de sa voix contrefaisant le ton, Vient au prétendu mort, a bière, S portes point à boire ? LE VILLAGEOIS ET LE SERPENT Esope conte qu’un Manant, (1) Charitable autant que peu sage, un jour d’hiver se promenant A l’entour de son héritage, (2) Aperçut un Serpent sur la neige étendu, Transi, gelé, perclus, immobile rendu,

N’ayant pas à vivre un quart d’heure. Le Villageois le prend, l’emporte en sa demeure; Et, sans considérer quel sera le loyer (3) D’une action de ce mérite, Il l’étend le long du foyer, Le réchauffe, le ressuscite. L’animal engourdi sent à peine le chaud, Que l’âme lui revient avecque la colère. Il lève un peu la tête et puis siffle aussitôt, Puis fait un long repli, puis tâche à faire un saut Contre son bienfaiteur, son sauveur, et son père. ngrat, dit le Manant, voilà donc mon salaire ? Tu mourras. A ces mots, plein d’un juste courroux, Il vous prend sa cognée, il vous tranche la bête; I fait trois serpents