L’ignorance est elle une faute/mal? disserte integralement redigee

L’ignorance est elle une faute/mal? disserte integralement redigee

Philosophie L’ignorance est-elle une faute ? Ignorer, c’est le fait de ne pas savoir. L’ignorance est donc un defaut de connaissance vraie. Des lors dans une logique qui serait celle de la recherche de la verite et de l’acquisition du savoir, l’ignorance representerait une deficience, une alteration, voire un echec qu’il faudrait condamner comme une faute, le bien etant ici la certitude ou le savoir. De meme, en matiere de morale ou de m’ urs, l’ignorance peut etre prejudiciable a l’harmonie de la communaute car si je suis ignorant des consequences de mes actes, je peux alors etre juge inconscient ou irreflechi.

Pensons un moment a cette « fiction » juridique qui apparait comme necessaire : « Nul n’est sense ignorer la loi », selon la police. En effet, l’ignorance ne peut en rien etre une excuse ici et le savoir de la loi est la condition necessaire pour vivre ensemble, en commun, sous les memes lois. L’ignorance, dans les deux cas, m’eloigne alors de la raison. Pourtant l’ignorance est peut etre preferable a l’etat de celui qui croit savoir mais ne sait pas. En effet, il vaut mieux ne rien savoir du tout que de prendre pour vrai ce qui n’est que vraisemblable.

Ainsi

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Socrate a dit qu’il n’y a avait qu’une chose qu’il savait c’etait qu’il ne savait pas. L’ignorance, suivant ce sens, est peut etre ce qui nous permet d’avancer pas a pas vers la verite, en etant un point de depart dont nous devons convenir pour ne pas etre dans l’illusion et le prejuge. L’ignorance c’est donc l’absence de prejuges et d’aprioris, ce qui equivaut au doute puisque douter, c’est supposer que l’on ignore ce que l’on pensait savoir. Ainsi, l’ignorance peut etre un bien car elle est le point de depart de la philosophie et de la science.

Elle ne doit pas etre une fin, mais elle nous apprend que mieux vaut ne rien savoir que de savoir mal. Donc l’ignorance est-elle male? , Une telle interrogation peut prendre deux acceptions differentes : en effet le sens de faute peut appartenir au langage courant, et, dans ce cas l’idee est banale (le manque de connaissance est compris comme dommageable), ou la faute appartient au registre moral et s’oppose alors au Bien, signifiant que l’ignorance est condamnable au nom d’une certaine ethique.

La philosophie a toujours oppose le Bien et le Mal du point de vue de la morale. On ne peut pas penser l’un des deux termes sans l’autre, aussi bien dans la philosophie antique que moderne. « Et il est certain que ce sont nos sentiments, et non la raison, qui distinguent le bien et le mal en morale [… ].  » D. Hume. Il apparait alors qu’aucune perspective specifiquement rationnelle ne parvienne a approcher les notions, et qu’en fait nous en ayons une perception plutot intuitive, profondement determinee en outre par notre appartenance culturelle.

Ainsi nous verrons comment l’ignorance peut etre entretenue ensuite nous etudierons comment l’ignorance peut etre mise a mal enfin nous connaitrons les limites de l’ignorance… Le Christianisme a associe l’ignorance a une valeur (« Heureux les pauvres par l’esprit, les ignorants car le Royaume de Dieu est a eux » Augustin, Sermon sur la Montagne), imposant le silence au peuple et faisant admettre a celui-ci que la compensation a son asservissement lui serait donnee apres la mort.

L’interet du pouvoir a toujours ete de maintenir la societe dans un certain degre d’ignorance afin de preserver sa domination sans menace et sans risque. Dans ce cas, tout un discours officiel a ete prononce visant a considerer que l’absence de savoir ne pouvait etre tenue pour negative. Il allait de soi que dans le meme temps le savoir etait l’affaire de specialistes, de clercs qui avaient seuls les possibilites de reflexion et d’action et appartenaient a une caste regissant l’ensemble d’un Etat. La connaissance des verites necessaires et eternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la raison et les sciences, en nous elevant a la connaissance de nous-memes et de Dieu. » Leibniz, La Monadologie. Ainsi le pouvoir rend despotique, a l’image de l’Eglise, cependant cet obscurantisme force fut progressivement vaincu par la Science ou autre Philosophie… La pression de l’Eglise mettant la parole biblique en avant et associant celle-ci a une verite, a contribue a la persecution des savants a la recherche de verites authentiques.

On se souvient du combat des grands physiciens, comme Galilee a qui on avait reprocher sa contre argumentation sur physique d’Aristote et du geocentrisme de Ptolemee, soit la Creation et de la Terre comme centre du monde. Ces luttes sont la traduction de l’idee que l’ignorance est un mal, une faute, puisque ces scientifiques ont du, au peril de leurs propre vie, tenter de faire admettre un certain nombre de connaissances qui devaient par la suite faire considerablement avancer l’humanite. On peut mentionner la dissection interdite mais pratiquee clandestinement et qui seule a permis le developpement de la biologie et de la medecine.

Il s’agissait alors de faire l’eloge de la Science, science qui signifie par ailleurs la connaissance, terme qui avec le temps necessite un pluriel (les sciences), car l’exactitude mathematique ou physique ne suffit pas a la progression de la pensee : « La philosophie n’est pas contraire a la science, elle se comporte elle-meme comme une science, travaille en partie avec les memes methodes, mais elle s’en eloigne dans la mesure ou elle s’accroche a l’illusion de pouvoir livrer une image du monde coherente et sans lacune. » Freud, Nouvelles Conferences sur la psychanalyse.

Grace au progres scientifique, l’humanite peut prendre conscience d’elle-meme. Les reponses de la science permettent aux philosophes de trouver eux aussi des reponses a leurs questions. On peut donc penser l’interdependance stricte des deux mouvements. Mais qu’appeler « progres » ? C’est evoluer du moins bien vers le mieux, s’ameliorer. Il s’agit d’un passage graduel, d’une marche allant dans le sens d’une amelioration. Le progres sous-entend generalement la sortie de l’archaisme, de l’obscurantisme, il semble accompagner l’idee de civilisation.

Les « grandes » civilisations s’affirment par le biais du developpement des sciences et des techniques, mais aussi par l’encouragement des arts, et la quete d’une qualite de la vie aussi bien morale que politique. « Le progres n’est pas necessaire d’une necessite metaphysique : on peut seulement dire que tres probablement l’experience finira par eliminer les fausses solutions et par se degager des impasses. Mais a quel prix, par combien de detours ? Il n’est meme pas exclu en principe que l’humanite, comme une phrase qui n’arrive pas a ‘achever, echoue en cours de route. » Merleau-Ponty. Ainsi l’obscurantisme impose par le pouvoir qui entraine l’ignorance a des limites… Si l’ignorance en tant que telle n’est pas une faute, tout au moins, elle y conduit. Platon a etabli une hierarchie des differents degres de la connaissance, ou l’on trouve en neuvieme et derniere position le Tyran. Demontrant ainsi que celui qui est capable d’exercer une tyrannie sur autrui est avant tout un ignorant. C’est donc par la sottise que l’on en vient au mzl, a la faute.

Car Platon part de la these que si tout homme est naturellement bon il ne peut pas vouloir faire de mal. De plus, il souligne le fait que l’on ne peut pas vouloir faire a autrui ce que l’on ne veut pas qu’il nous fasse a nous meme. On ne peut donc pas desirer faire souffrir quelqu’un dans la mesure ou l’on ne souhaite pas souffrir nous-meme. Celui qui est donc capable de barbarie et d’exercer sa force comme un droit sur autrui est donc depourvu de tout savoir et de toute connaissance. Il faut donc se mefier de l’homme ignorant.

C’est en vue de la crainte de la tyrannie que Platon suggere que le gerant d’un Etat doit avant toute autre chose etre savant donc par la meme etre un philosophe, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans notre societe actuelle, surtout en France avec l’equipe au pouvoir d’aujourd’hui… Car l’homme instruit saura faire la difference entre la faute du point de vue morale et le Bien et saura proteger la Cite. Il mettra son intelligence au service du peuple. Alors que l’homme ignorant est egoiste et ne pense qu’a son interet au detriment du bien de la cite.

IL faut donc se mefier de celui qui ne sait pas. C’est dans le « Gorgias » de Platon que l’on trouve expose le paradoxe a la Socrates : « Nul n’est mechant volontairement ». Cette these surprenante de prime abord doit etre reliee aux deux autres : « Commettre l’injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n’etre pas puni que de l’etre ». L’injustice est un vice, une maladie de l’ame, c’est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir etre malade), et la punition, qui est comparable a la medecine, est benefique a celui qui la subit.

L’attitude commune face a la justice est resumee par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre deux de la « Republique ». Les hommes souhaiteraient etre tout-puissants et pouvoir commettre n’importe quelle injustice pour satisfaire leurs desirs. Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l’injustice que la subir. Cependant, comme subir l’injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d’accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en verite, que par peur du chatiment. Si nous pouvions etre injustes en toute impunite, comme Gyges qui possede un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran. Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos desirs. Platon refute inlassablement cette these, cette hypocrisie qui consiste a ne vouloir que l’apparence de la justice, l’impunite, pour pouvoir accomplir n’importe quelle injustice.

Le nerf de l’argument consiste a montrer que, en realite, « Commettre l’injustice est pire que la subir ». C’est par une ignorance du bien reel que les hommes souhaitent pouvoir etre injustes. Parce que nous confondons le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immediate des desirs les plus deregles) avec le bien reel, la sante de l’ame. Nous croyons vouloir commettre l’injustice, alors que c’est impossible, que « nul n’est mechant volontairement », parce que nous le voulons. Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir.

L’antagonisme, l’opposition entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement expose par le debat entre Callicles et Socrate, dans le « Gorgias ». Callicles pretend : « Voici, si l’on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les reprimer . » Socrate pense, lui, que l’acces au bonheur, au Bien, « cela veut dire etre raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui resident en soi-meme ». Pour tenter de refuter Callicles, Socrate lui montrera que son ideal de mode de vie ressemble bien a une « passoire ».

L’intemperance consiste a accumuler des plaisirs qui n’ont aucune consistance, a ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire a etre habite par des desirs tels que pour les combler il faut « s’infliger les plus dures peines ». L’erreur fondamentale de Callicles est de confondre l’agreable et le bon, de confondre la demesure des desirs deregles et irrationnels avec l’equilibre de la satisfaction veritable. C’est que l’injustice est une maladie de l’ame, et plus precisement encore la subversion d’un ordre.

Le magnifique mythe de l’attelage aile dans le « Phedre » decrit d’une facon imagee ce qu’est l’ame. Elle est comparee a un attelage compose d’un cocher et de deux chevaux. L’un est blanc, docile, l’autre est noir, a les oreilles poilues et se montre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l’equilibre de l’attelage. Il y a donc trois instance dans l’ame. Le cocher figure la raison, qui a pour tache de diriger. Le « cheval blanc » represente le siege de l’honneur, de la colere. Le « cheval noir » symbolise l’ame concupiscible, siege des desirs, et plus precisement des desirs lies au corps.

Or ces desirs ont pour caracteristiques d’etre multiples, tyranniques, de ne rien respecter (Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques decrits par Freud). Or, la justice consiste d’abord dans le respect de la hierarchie naturelle des trois instances, qui doivent s’ordonner sous la conduite de la raison. Se dominer, etre maitre de soi, tenir en bride le « cheval noir », c’est faire regner l’ordre. L’injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la predominance que l’on accorde a l’ame concupiscible.

C’est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalite de l’individu. Dans cette tyrannie du superieur par l’inferieur, l’homme devient esclave des desirs sans frein ; c’est pourquoi il est necessairement malheureux. Il devient incapable de jugement, d’honneur, et, au lieu d’etre maitre de soi, il est soumis a ce qu’il y a de plus bestial en lui. Ceder aux passions, au desir, rever d’etre tyran est donc en fait rever d’etre impuissant, confondre ce qui est agreable avec ce qui est bon. Nul ne peut etre veritablement maitre des autres sans etre d’abord maitre de soi.

Le projet d’hommes comme Callicles est contradictoire : on ne peut a la fois etre soumis a ses propres desirs et libre, etre maitre et serviteur. Le « Grogias » tissait la metaphore des deux tonneaux. L’homme maitre de lui-meme, ordonne, est celui qui sait combler ses desirs sans leur ceder, accorder au corps ce qu’il faut. L’homme tyrannique poursuit sans treve des plaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet etre de la demesure, ce qu’il ne veut pas voir, c’est que sa conduite dereglee en fait un « tonneau perce ».

Il peut sans fin accumuler les plaisirs : il ne sera jamais comble, et s’epuisera en pure perte. Le dereglement est donc d’abord une faute de jugement : c’est une incomprehension de ce qu’est le bien veritable, une confusion entre bon & agreable. Ainsi, il est clair que « Nul n’est mechant volontairement ». Eclairer les intelligences, c’est ipso facto redresser les conduites. Mais puisque l’injustice est une maladie de l’ame, une perversion de l’ordre, alors la punition est le remede approprie. Le chatiment est concu par Platon comme analogue du medicament.

On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour reparer un mal, parce qu’on sait que le traitement endure est finalement benefique. Il doit en aller de meme pour l’ame : la souffrance enduree, la encore, doit etre comprise comme necessaire au retablissement d’un equilibre que l’injustice avait compromis. C’est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la these, « il est pire de ne pas etre puni que de l’etre ». L’homme injuste impuni est semblable au malade abandonne a son sort. Platon inaugure la grande tradition de l’ascetisme.

En un sens, toute notre morale est restee impregnee des theses platoniciennes, et il n’y a guere que Nietzsche pour avoir reconnu en Callicles un modele. Enfin, en conclusion au fait que l’ignorance soit une faute, c’est-a-dire qu’elle n’est pas le Mal (avec la diabolisation qui accompagne cette idee). Rousseau pose meme que ce qu’un jugement hatif nous ferait prendre pour un progres ne serait en fait qu’un recul significatif de notre humanite : « Les hommes sont mechants ; une triste et continuelle experience dispense de la preuve ; cependant, l’homme est naturellement bon [… ; qu’est-ce donc qui peut l’avoir deprave a ce point sinon les changements survenus dans sa constitution, les progres qu’il a faits et les connaissances qu’il a acquises ? » J. -J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inegalite parmi les hommes. La nature renverrait a une forme de primitivite heureuse degagee des pseudo-bienfaits de la connaissance. FIN By Ktch Terminale Litteraire.