Lettre a menecee – analyse

Lettre a menecee – analyse

Fiche de lecture : Lettre a Menecee, Epicure. 1/ Structure de la lettre : La lettre a Menecee d’epicure pourrait se diviser en cinq parties. La premiere partie constitue le prologue. Elle commencerait a : « « Epicure a Menecee, salut » jusque « principes necessaires pour bien vivre ». Epicure vehicule ici l’idee selon laquelle la philosophie est essentielle au bonheur et que l’on accede a celui-ci grace a la philosophie. Il insiste ainsi sur la necessite de philosopher a tout age. Titre : Le bonheur s’acquiert par la philosophie.

Dans la seconde partie, de « Commence par te persuader » jusqu’a « tout ce qui s’en ecarte », Epicure parle des Dieux et affirme que leur role n’est pas is preponderant qu’on peut le croire : selon lui nous n’avons ni a les craindre, ni a attendre d’eux un salut. Titre : Le role des dieux n’est pas capital. La troisieme partie qui se situe entre « Prends l’habitude de penser » et « qu’il dut ne pas etre » a pour but de montrer que la mort est une finalite, qu’elle ne fait en rien souffrir et ainsi qu’elle n’est pas a craindre. Titre : La mort n’est pas a craindre.

Epicure classe les desirs dans la quatrieme partie qui se situe entre , « Il faut se rendre compte » et « le

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plus grand trouble des ames », ou il parle egalement du plaisir comme principe et fin, et soutient qu’il faut se suffire a soi-meme. Titre : Les desirs et les plaisirs sont les soins du corps et de l’ame. Enfin, dans la cinquieme et derniere partie, qui debute a « Or, le principe de tout cela » , Epicure parle de la philosophie comme exercice : il soutient qu’une des valeurs essentielles est la prudence et met en avant la sagesse et la superiorite du sage.

Titre : La prudence est une vertue essentielle. 2/ Question centrale posee par l’auteur : Dans sa lettre a Menecee, Epicure soutient que le bonheur est accessible a tous et ce aisement. Le texte s’articule donc autour des questions suivantes : qu’est ce que bien vivre et comment bien vivre ? 3/ Quelles sont les regles et les principes de la vie heureuse ? Epicure lie le bonheur et le plaisir par une relation de causalite notamment dans la phrase : « nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse ».

Cependant, les plaisirs, on le sait, sont lies aux desirs. Or Epicure soutient que tous les desirs ne doivent etre accomplis car tous ne sont pas necessaires au boneheur : « Parmi les desirs necessaires, les uns sont necessaires pour le bonheur, les autres pour la tranquilite du corps, les autres pour la vie meme ». Epicure va plus loin : pour lui le bonheur ne se manifeste que par un esprit sain dans un corps sain, pour reprendre le celebre adage ; le bonheure se definit donc par l’aponie et l’ataraxie.

Il faut donc distinguer parmi nos desirs ceux qui sont naturels et necessaires, ceux qui sont naturels mais pas necessaires, et ceux qui ne sont ni naturels ni necessaires pour atteindre ce bonheur simple. 5/ Quelle est la fonction et la place de la philosophie dans cette lettre ? Le texte debute par la these soutenant que tout homme et quel que soit son age doit “s’adonner a la philosophie”, ainsi le principe de philosopher est rattache par un principe de causalite a l’existence. Epicure repond au debut de la lettre a la question « que faut-il faire pour vivre avec plaisir? La reponse qu’il a formulee est : en philosophant. La philosophie est donc definie comme la source du bonheur. Pourquoi ? Parce que pour etre heureux il faut d’abord comprendre les raisons du malheur et c’est la le role de la philosophie qui, telle un diagnostic medical, permet par la meditation et la reflexion de determiner les sources du malheur et ainsi d’etablir une regle de vie, une marche a suivre pour se garantir une vie heureuse : la philosophie est l’elaboration de son propre art de vivre. Philosopher est donc une activite eternelle visant a “acquerir la sante de l’ame”.

La philosophie est ainsi presentee comme un remede visant au combat de troubles crees par les craintes dont l’homme est toujours sujet. Par consequent, on peut affirmer que pour Epicure, la philosophie est une medecine de l’ame, elle n’est donc pas gratuite mais est plutot necessaire. 6/Exposez les maux qui empechent l’homme d’etre heureux et les remedes que propose Epicure. La finalite de l’ethique epicurienne est le retablissement du bonheur chez l’homme, bonheur qui est empeche par les craintes qui hantent ce dernier. Or, d’apres Epicure, ces craintes sont infondees et peuvent etre vaincues a la seul raison de l’homme.

Ainsi, Epicure soutient, que ni la mort, ni les dieux ne sont a craindre, que le bonheur n’est nullement une utopie et qu’on peut l’atteindre et enfin que la douleur peut etre supportee. 7/ Le soin du corps et de l’ame : desir et plaisir. Epicure procede a une classification des desirs. Il s’agit donc non pas pour Epicure de dire que les desirs sont necessairement mauvais et donc a eliminer mais le philosophe soutient qu’il faut peser le pour et le contre avant d’assouvir tel ou tel desir. Ainsi, Epicure commence par distinguer deux sortes de desirs : les desirs naturels et les desirs vains.

Les desirs vains sont fondes sur de vaines opinions et vont a l’encontre de la nature. On peut les interpreter comme une tentative inesperee de fuite de la mort par la recherche d’un but irrealisable et ainsi la creation inaretables de desirs. Ainsi l’homme qui tente de subvenir a des desirs vains est en perpetuelle souffrance : il n’atteint jamais reellement son but et est ronge par un manque qui traduit ce refus de la simplicite pour ces desirs qui lui semblent plus distingues ou raffines. En ce qui concerne les desirs naturels, ceux-ci se partagent entre desirs naturels necessaires et desirs naturels mais non necessaires.

Subvenir aux desirs naturels necessaires est une etape indisbensable a l’accession de la vie heureuse. Cependant, Epicure les differencie en les classant dans trois categories : ceux qui sont necessaires pour la vie meme (la faim et soif), ceux qui sont necessaires pour la tranquillite du corps (comme par exemple la necessiter de s’abriter) et enfin ceux qui sont necessaires pour le bonheur (le desir de la philosophie). Les desirs naturels non-necessaires sont donc ceux dont la non-satisfaction n’est pas contradictoire avec la possibilite du bonheur : il s’agit essentiellement des desirs sexuels.

Ainsi l’ethique epicurienne semble s’affirmer comme naturaliste (la nature sert de reference), en appelant a la simplicite et debouche sur l’autonomie. Par ailleurs, Epicure distingue le plaisir stable et les plaisirs en mouvement. Les plaisirs en mouvement sont « doux et flatteurs ». Ceux la sont particulierement intenses mais se distinguent aussi de par leur aspect ephemere et la souffrance qu’ils conferent a l’homme. En effet, plus le plaisir est court et intense, plus l’homme en redemande et souffre d’en manquer, ainsi l’homme devient un etre de desir insatiable.

De fait, le plaisir en mouvement est lie aux intermittences du desir et est la consequence d’une intense souffrance puisque l’intensite de ce plaisir est en fait synonyme de la tension qui se denoue en son sujet : ainsi ce plaisir n’est en rien synonyme de bonheur (par exemple, la consommation de drogues procure cette sorte de plaisir au consommateur qui est pourtant souvent malheureux). Par ailleurs, comme l’ennui est vite au rendez-vous, il faut pratiquer une veritable surenchere des plaisirs. En inventer de nouveaux, de plus forts.

La soif des plaisirs ne connait pas l’apaisement. Elle s’attise sans fin, enchainant sa victime dans une spirale infernale. La brulure du manque, la servitude, l’insatisfaction sont d’ordinaire la rancon du culte des plaisirs. C’est pourquoi Epicure oppose au plaisir en mouvement, le plaisir en repos. C’est un etat d’equilibre qui est aux antipodes de l’experience typique des plaisirs mobiles. Il decrit cet etat bienheureux : « La sante du corps, la tranquillite de l’ame sont la perfection de la vie heureuse. Car tous nos actes visent a ecarter de nous la souffrance et la peur.

Lorsqu’une fois nous y sommes parvenus, la tempete de l’ame s’apaise, l’etre vivant n’ayant plus besoin de s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni chercher autre chose pour parfaire le bien-etre de l’ame et celui du corps. C’est alors, en effet, que nous eprouvons le besoin du plaisir quand par suite de son absence nous eprouvons de la douleur, mais quand nous ne souffrons pas, nous n’eprouvons plus le besoin du plaisir ». Pour Epicure, le plus haut degre du plaisir tel qu’il est determine par la nature est donc la suppression de la douleur.

D’ou la presence des expressions : « souverain bien », « bonheur », « absence de souffrances corporelles c’est-a-dire aponie », « absence de troubles de l’ame ou ataraxie », « plaisir ». Au fond, pour Epicure le plaisir ne serait rien d’autre qu’un etat negatif c’est-a-dire l’absence de souffrances ou un etat neutre : absence de souffrances mais absence de plaisir aussi. Ainsi, comme on l’avait remarque pour Schpoenhauer la philosophie pronee par Epicure ne peut etre universelle dans la mesure ou cette regle de vie serait une source de frustration pour la majorite des hommes. 8/ La sante de l’ame, combattre les troubles.

L’ataraxie est la paix de l’ame. Celle-ci ne suppose rien d’autre que la sante du corps, l’absence de douleur et la satisfaction des besoins vitaux. Par consequent, pour Epicure le bonheur est un etat de stabilite ou l’homme ne manque de rien, mais aussi, se satisfait de peu. 9/ La notion de Dieu Epicure oppose deux manieres de penser les Dieux : celle de “la foule” qui contraste de celle du sage. Il s’agit, par une reflexion sur la vraie nature des dieux, de dissiper les erreurs, les fantaisies que les hommes ont invente a leur sujet et dont, paradoxalement, ils sont les victimes.

Epicure commence donc par definir les deux caracteristiques principales que l’on attribue aux dieux: ce sont des etres immortels et bienheureux. Ces caracteres sont d’apres deja impliques dans “la facon ordinaire de les concevoir”. Il suffit donc d’analyser l’idee commune de la divinite pour degager ces caracteres. Par la suite, Epicure nous conseille de juger tout ce que l’on peut dire au sujet des dieux a l’aune de ces deux qualites, immortalite et beatitude. C’est cela qui nous permettra de faire le partage entre les deux visions des dieux. Avant d’en venir la, il faut emarquer qu’Epicure ne s’affirme nullement athee : ligne 4 du paragraphe, il dit en effet : « les dieux existent et la connaissance qu’on en a est evidente”. L’idee que nous avons des dieux doit correspondre a une realite, mais, au fond, ce qu’il importe de demontrer c’est surtout qu’il n’y a nul contact entre les hommes et les dieux; que, meme si ceux-ci existent, ils n’interviennent pas dans le cours des choses humaines. Or, etant donne leur beatitude, il serait absurde de penser qu’ils se soucient des hommes, qu’ils soient affectes aussi bien par leurs crimes, que par leurs malheurs.

Les dieux d’Epicure sont en fait des dieux absents. Cela s’oppose a la vision de la foule : celle-ci n’en a d’ailleurs pas une conception constante, elle varie au gre de ses passions (espoir ou crainte) : “Celle-ci ne garde jamais a leur sujet la meme conception”. Ainsi, affirme Epicure, l’impiete n’est pas ou l’on croit : elle n’est pas dans le rejet des images traditionnelles des dieux mais dans ces fictions memes : les grecs attribuaient a leurs dieux toutes les passions humaines (jalousie, colere, rancune etc… et voyaient derriere des phenomenes naturels tels que le tonnerre, les tempetes etc. des actions surnaturelles. C’est alors le role du philosophe de demystifier ces phenomenes pour montrer que les dieux n’ont rien a faire ici. Il s’agit de dissiper toutes ces superstitions et cela se fera par l’etude “scientifique” de ces phenomenes qui les ramenera a des mouvements particuliers des atomes, a des causes purement mecaniques.

Parmi ces “fictions”, la croyance selon laquelle les divinites s’occupent de punir les mechants et de recompenser les bons : or, nous n’avons rien a esperer, mais aussi rien a craindre des dieux (puisque leur nature nous fait connaitre qu’ils n’interviennent pas dans les choses humaines). L’univers de l’homme est donc vide. Conclusion : En definitive, Epicure nous livre dans cet epitre les regles du bonheur : tout d’abord le philosphe soutient que le bonheur commence par l’extermination du malheur qui pour lui est caracterise par la crainte de Dieu, de la mort  et de la douleur ainsi que le fait de ne pas croire en son bonheur.

Par ailleurs, pour Epicure, le bonheur est indiscociable de l’action de philosopher et de la sagesse dont la prudence est une vertu essentielle. Enfin, il explique comment se deroule la gestion des desirs dans une vie heureuse. Cependant la vision du bonheur d’Epicure semble se limiter a une absence de malheur et parait terne, morne, sans action. On peut donc legitimement se demander si le mode de vie presente nous conviendrait a tous.