L’Etranger Un article de Wikipedia, l’encyclopedie libre. Aller a : Navigation, rechercher Pour les articles homonymes, voir L’Etranger (homonymie). [pic] |L’Etranger | |Auteur |Albert Camus | |Genre |roman | |Pays d’origine |[pic] France | |Editeur |Gallimard | |Collection |Blanche | |Date de parution |1942 | Nombre de pages |175 (dans la collection Folio) | L’Etranger est un roman d’Albert Camus, paru en 1942. Il fait partie de « la trilogie de l’Absurde », suite d’oeuvres composee d’un roman (L’Etranger), d’un essai (Le Mythe de Sisyphe) et de deux pieces de theatre (Caligula et Le malentendu ) decrivant les fondements de la philosophie camusienne : l’absurde. Le roman a ete traduit en quarante langues et une adaptation cinematographique a ete realisee par Luchino Visconti en 1967. |Sommaire | |[masquer] | 1 Presentation | |2 Analyse et commentaires | |3 Prolongements | |4 Voir aussi | |4. 1 Sources | |4. 2 Bibliographie | |4. 3 Lien interne | |4. 4 Liens externes | [pic]Presentation [modifier] Ce qui suit devoile des moments cles de l’intrigue.
Le roman met en scene un personnage-narrateur, Meursault, vivant en Algerie francaise. Le protagoniste recoit un telegramme lui annoncant que sa mere vient de mourir. Il se rend a
Une bagarre eclate. Peu de temps apres, Meursault, accable par la chaleur et la lumiere, marche seul sur la plage et rencontre a nouveau l’un des hommes pres d’une source de fraicheur. L’Arabe – qui restera anonyme – sort son couteau ; Meursault serre le revolver que Raymond lui a laisse. Abruti par la chaleur et la luminosite agressive de l’apres-midi, ebloui par le reflet du soleil sur le couteau, Meursault tire une fois, tuant l’Arabe. Puis, quatre fois de plus, comme pour mettre fin a une existence heureuse. Ensuite il refuse de mentir a son proces et est condamne a mort. Analyse et commentaires [modifier]
Le roman prend place dans la trilogie que Camus nommera « cycle de l’absurde ». Cette trilogie comprend egalement l’essai philosophique intitule Le Mythe de Sisyphe et la piece de theatre Caligula. Il s’agit donc d’un roman (Camus a un jour ecrit « Si tu veux etre philosophe, ecris des romans ») dont le personnage principal, mysterieux, ne se conforme pas aux canons de la morale sociale, et semble etranger au monde et a lui-meme. Meursault se borne, dans une narration proche de celle du journal intime (l’analyse en moins), a faire l’inventaire de ses actes, ses envies et son ennui.
Il est representatif de l’homme absurde peint dans Le Mythe de Sisyphe, l’absurde naissant « de cette confrontation entre l’appel humain et le silence deraisonnable du monde ». L’ecriture du roman, particulierement neutre et blanche, fait la part belle au passe compose, dont Sartre dira qu’il « accentue la solitude de chaque unite phrastique ». Le style ajoute donc a la solitude de ce personnage face au monde et a lui-meme. • Point de vue philosophique Sans doute Camus, par ce roman du « cycle de l’absurde », a-t-il transpose sur le plan romanesque la theorie du Mythe de Sisyphe.
C’est du moins la lecture immediate que l’on peut faire de ce recit, celle que Sartre a fort bien eclairee dans Situations I. L’existence ici-bas n’a pas de sens. Les evenements s’enchainent de maniere purement hasardeuse, et c’est une sorte de fatalite qui se dresse devant nous. C’est pourquoi Meursault se borne a faire l’inventaire des evenements de maniere froide, distante, comme si ceux-ci survenaient independamment de toute volition. Mais Meursault reste un personnage positif, qui s’accommode parfaitement de cette existence. Aussi ne triche-t-il pas avec la verite, devant Marie ou le tribunal.
Non qu’il manifeste ainsi un quelconque orgueil : simplement, il accepte les choses telles qu’elles sont et ne voit pas l’interet de mentir aux autres ou a lui-meme. En tuant l’homme d’origine arabe, Meursault ne repond donc pas a un instinct meurtrier. Tout se passe comme s’il avait ete le jouet du soleil et de la lumiere. En ce sens, la relation du meurtre prend une dimension quasi mythique, d’autant que ce soleil et cette lumiere sont omnipresents dans le roman, et agissent meme concretement sur les actes du narrateur-personnage. Meursault devient l’homme revolte que l’auteur evoquera plus tard. Le contraire du suicide, ecrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe, c’est le condamne a mort » (op. cit. , p. 79) : car le suicide renonce, alors que le condamne se revolte. Or, la revolte est la seule position possible pour l’homme de l’absurde : « Je tire ainsi de l’absurde trois consequences qui sont ma revolte, ma liberte et ma passion. Par le seul jeu de la conscience, je transforme en regle de vie ce qui etait invitation a la mort — et je refuse le suicide. » ecrit encore Camus dans son essai (op. cit. , pp. 90-91). Il n’en reste pas moins que L’Etranger pose encore de nombreuses questions auxquelles il est bien difficile de repondre. Les grandes ‘ uvres se reconnaissent a ce qu’elles debordent tous les commentaires qu’elles provoquent. C’est ainsi seulement qu’elles peuvent nous combler : en laissant toujours, derriere chaque porte, une autre porte ouverte. » (Bernard Pingaud, L’Etranger, d’Albert Camus, op. cit. , p. 137) Cependant, nous parlons bien ici d’une fiction et non d’un essai; en effet Camus avoue lui-meme avoir ecrit l’Etranger dans un but de distraire : son roman est inscrit dans un but ludique, et non pas philosophique. Cependant il est difficile de ne pas faire de rapprochement entre cette fiction et l’existentialisme.
Albert Camus s’explique dans une derniere interview : « J’ai resume L’Etranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu’elle est tres paradoxale : “Dans notre societe tout homme qui ne pleure pas a l’enterrement de sa mere risque d’etre condamne a mort. ” Je voulais dire seulement que le heros du livre est condamne parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est etranger a la societe ou il vit, ou il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privee, solitaire, sensuelle. Et c’est pourquoi des lecteurs ont ete tentes de le considerer comme une epave. Meursault ne joue pas le jeu.
La reponse est simple : il refuse de mentir. [… ] … On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L’Etranger l’histoire d’un homme qui, sans aucune attitude heroique, accepte de mourir pour la verite. Meursault pour moi n’est donc pas une epave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres. Loin qu’il soit prive de toute sensibilite, une passion profonde parce que tenace, l’anime : la passion de l’absolu et de la verite. Il m’est arrive de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j’avais essaye de figurer dans mon personnage le seul christ que nous meritions.
On comprendra, apres mes explications, que je l’ai dit sans aucune intention de blaspheme et seulement avec l’affection un peu ironique qu’un artiste a le droit d’eprouver a l’egard des personnages de sa creation. » [1] L’Etranger nous montre ainsi, par le biais de ce texte, que cet individu qui n’accepte pas de rentrer dans le rang des « personnes normales », est condamne a mort car il ne veut pas mentir, et qu’il n’arrive pas a cacher ses emotions. Il est vrai que ses reactions refletent directement ses emotions. Prolongements [modifier]
L’adaptation cinematographique par Luchino Visconti : de son vivant, Albert Camus a toujours refuse de voir porter a l’ecran L’Etranger. Apres sa mort, sa veuve contacte le producteur Dino De Laurentiis, exigeant de choisir elle-meme le scenariste et le realisateur. Son choix s’arrete finalement sur Luchino Visconti, apres que Mauro Bolognini, Joseph Losey et Richard Brooks eurent ete pressentis pour la mise en scene ; Marcello Mastroianni, libre suite a l’ajournement du tournage de Il viaggio di mastorna de Federico Fellini, incarne Meursault, alors que Jean-Paul Belmondo, puis Alain Delon, avaient ete initialement choisis.
Mastroianni finance lui-meme une partie du film. L’Etranger a egalement inspire en 1980 a Robert Smith, le leader et chanteur des Cure, une chanson intitulee Killing an Arab. Voir aussi [modifier] Sources [modifier] 1. ^ CAMUS – L’ETRANGER: Activites/ Fiches/ Ressources (du quartier francais) [archive] Bibliographie [modifier] • Yacine Kateb, Nedjma, reponse de l’etrangere a l’etranger • Vicente Barretto, Camus: vida e obra. [S. L. ]: Joao Alvaro, 1970 • Albert Camus, L’Etranger, collection Folio, Editions Gallimard (ISBN 2070360024). • Revue des Lettres modernes, Autour de L’Etranger, serie Albert Camus 16, 1995 P. -G. Castex, Albert Camus et « L’Etranger », Jose Corti, Paris, 1965 • U. Eisenzweig, Les Jeux de l’ecriture dans « L’Etranger » de Camus, Archives des lettres modernes, Minard, Paris, 1983 • B. T. Fitch, Narrateur et narration dans « L’Etranger », Archives des lettres modernes, Minard, 1968 • Bernard Pingaud, L’Etranger, d’Albert Camus, Folio, Gallimard, 1992. • Jean-Paul Sartre, Situations I, Gallimard, 1947, p. 99-121. • Heiner Wittmann, Albert Camus. Kunst und Moral, Ed. Peter Lang, Frankfurt/M. 2002, S. 23-29. • Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, Folio Essais, Gallimard, 1942 (2006 pour l’edition citee).