LES SALONS PARISIENS DU 17 EME SIECLE INTRODUCTION : Un salon litteraire est une reunion d’hommes et de femmes de lettres se rencontrant regulierement, dans un milieu intellectuel, souvent mondain, pour discuter de actualite, philosophie, litterature, morale, etc. On qualifie de telles reunions de societe, cercle, club ou cenacle. ~ 1ER PARTIE : L’ HOTEL RAMBOUILLET ~ L’incomparable « Arthenice » Comme son nom l’indique, cet hotel aux pieces en enfilades, fut construit a la demande de la marquise de Rambouillet vers 1604, rue St Thomas du Louvre a Paris.
La marquise de Rambouillet, de son nom de jeune fille, Catherine de Vivonne, epousa en 1600 le marquis de Rambouillet. Ils eurent sept enfants. Cette italienne raffinee fut d’une sante fragile et, les transports a la cour la fatiguant, elle reussit a attirer chez elle une societe choisie, retrouvant ainsi la vie brillante qu’elle connut en Italie. Elle fut rejointe par ses deux filles, Julie d’Angennes et Angelique, pour recevoir ses hotes dans sa » Chambre Bleue « . » Lincomparable Arthenice » est en fait une anagramme de son prenom Catherine lance par Malherbe.
Les Trois periodes De 1620 a 1625, parmi ses hotes de marque se trouverent Richelieu, Villars, Guiche, la princesse de Conti, Mesdames de
Helas, l’Hotel de Rambouillet commenca a decliner suite a des evenements successifs (comme le mariage de Julie en 1645, les deces de Voiture en 1648, les grands troubles de la Fronde, …) De 1648 a 1665, date a laquelle deceda Madame de Rambouillet, le salon, malgre les frequentations renommees de Mesdames de Sevigne et de La Fayette, fut eclipse par d’autres cercles plus animes. La vie a l’Hotel de Rambouillet a) Plaisanteries et jeux de societe. La vie du salon fut enjouee, parsemee de plaisanteries et de jeux de societe. Des exemples de taquineries qui s’y deroulerent furent decrits.
Un matin, certaines personnes firent croire a Guiche qu’il etait empoisonne par des champignons et qu’il etait enfle. Celui-ci effectivement n’entrait plus dans ses habits, qui avaient ete volontairement retrecis pendant son sommeil ! Les jeux de societe etaient loin de nos jeux de societe actuels. Les jeux qui y furent joues sont, le coeur vole (comme son nom l’indique, cherchez la voleuse de coeur), la chasse a l’amour (trouver qui se cache dans les yeux d’une dame), du corbillon, de la lettre, … b) Divertissements litteraires.
Le salon vecut egalement au rythme des divertissements litteraires. Les familiers du salon liserent beaucoup et en souvenir de l’Astree d’Honore d’Urfe, adopterent des noms romanesques (Madame de Rambouillet devint Arthenice) Bien sur, les coutumiers participerent aux controverses litteraires. On peut citer par exemple « la guerre des Matineuses », « la querelle des sonnets » , ou bien encore le debat grammatical autour de l’utilisation de la conjonction « car » qui deplut a Malherbe parce que Gomberville l’avait evite dans plus de 5 tomes de Polexandre.
Les » divertissements » litteraires furent nombreux, en dehors des querelles, Ils se deroulerent egalement des lectures, des ecritures de lettres en utilisant tous les styles. Beaucoup d’entre eux contribuerent a la Guirlande de Julie (1641) de Montausier, recueil collectif ou certaines fleurs furent utilisees pour faire l’eloge des qualites de Julie d’Angennes. c) La conversation. L’occupation premiere, le but premier du salon fut la conversation raffinee. Le principal sujet de ses conversations fut l’amour.
Des debats psychologiques y furent consacres, tels que » La beaute est-elle necessaire pour faire naitre l’amour ? « , » Le mariage est-il compatible avec l’amour ? » … ~ 2eme PARTIE : LES AUTRES SALONS ~ Avec le succes du Salon de Madame de Rambouillet, nombreuses furent celles qui organiserent leur propre salon. Les salons les plus connus furent les cercles aristocratiques de Madame de Sable et de Mademoiselle de Montpensier, les salons de Madame de Sully, de Choisy, Scarron, … Mais aucun n’eut la grande renommee de l’Hotel de Rambouillet sauf le salon de Mademoiselle de Scudery qui lui succeda.
Le salon de Madame de Scudery Madeleine de Scudery fut une ancienne habituee de la Chambre bleue. Vers 1652, elle rassembla tous les samedis, dans son salon du Marais, des bourgeoises et de gens de lettres. Parmi les ecrivains tels que Pellisson et d’Aubignac, d’autres qui furent auparavant a l’Hotel de Rambouillet se retrouverent dans son salon. Le salon de Mademoiselle de Scudery fut moins aristocratique, moins mondain que celui de Rambouillet. Madeleine de Scudery valorisa surtout les activites litteraires.
Les habitues du salon reproduiront certains divertissements litteraires comme celui des pseudonymes. Mademoiselle de Scudery publia tous les ans un ou plusieurs tomes de ses romans-fleuves : » Le Grand Cyrus » (1649-1653), puis » Clelie » (1654-1661). Parmi les divertissements, des chansons qui venaient juste d’etre ecrites y furent chantees. Des querelles s’y produisirent egalement comme celle sur l’invention de la Carte de Tendre. (carte d’un pays imaginaire appele, On y retrouve tracees, sous forme de villages et de chemins, les differentes etapes de la vie amoureuse)
Image Carte Tendre Le mystere des Ruelles C’est vers 1650 que les salons se multiplient et qu’apparait la Preciosite. Les dames precieuses recoivent chez elles, dans leur chambre, au premier etage de leur hotel. Elles sont couchees ou bien assises au pied du lit qui se trouve au milieu de la piece. Les hommes et les femmes qui lui rendent visite sont assis autour d’elles, dans l’espace entre le lit et le mur. Chacun, selon son rang, est assis sur une chaise, un tabouret, ou sur le sol. On nomme cet espace « la ruelle »
CONCLUSION : Il est indeniable que l’hotel de Rambouillet a joue un role monumental dans la genese du roman moderne francais. La succession sera reprise par Madame Scudery. Les salons parisiens du 17eme siecle ont donc eu une reelle influence sur les auteurs de cette epoque car il s’y cree une vraie litterature baignant dans un raffinement extreme qui inspirera le libertinage. De plus, le salon de Mademoiselle de Scudery eut la bonne reputation de determiner le ton de la preciosite litteraire et morale pendant de longues annees.
