Les rites de passage dans la franc maconnerie

Les rites de passage dans la franc maconnerie

Les rites de passage dans la franc-maconnerie L’ethnologue Arnold Van Gennep a etudie au debut du XXe siecle les rites de passage. Il existe selon lui trois temps qui decoupent les rites de passages : la separation, ou l’individu est isole du groupe, la marge, moment ou s’effectue l’efficacite du rituel, et l’agregation qui est le retour au sein du groupe. Il y a trois rites de passages dans la franc-maconnerie.

Le premier est la ceremonie d’initiation : le passage du profane, celui qui n’est pas franc-macon, au statut d’apprenti, apres l’entree dans la franc-maconnerie, il existe deux autres ceremonies : celle de reception pour devenir compagnon et ensuite la ceremonie d’elevation pour devenir maitre. Nous nous attacherons seulement a presenter les rites et les symboles qui entourent la ceremonie d’initiation, en tentant de montrer en quoi ils s’inserent dans le modele de Van Gennep. La ceremonie d’initiation confere au candidat le degre d’apprenti, premier degre commun a tous les rites et toutes les obediences.

Le profane, dont la candidature a ete remise et acceptee est, avant son initiation, introduit dans le Cabinet de Reflexion. Il doit donc s’isoler des autres membres du groupe : cet isolement rappelle celui qui precede les ceremonies

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d’initiation dans les societes traditionnelles. Le candidat ainsi isole au milieu des objets qui lui rappellent la mort, a sous les yeux des maximes de fermete et d’espoir ; il meurt en quelque sorte a son ancienne vie, et se prepare a une vie nouvelle. Le Cabinet de Reflexion est un endroit separe de la loge, et dans lequel le candidat medite.

Cette piece est sombre et decoree de telle maniere qu’elle provoque un sentiment de recueillement et de solitude. Des elements tires de la tradition alchimique decorent ce cabinet eclaire uniquement par la lumiere d’une bougie. Dans cette sorte de reduit peint interieurement en noir on trouve places des ossements, un crane humain, une petite table, un tabouret et une ecritoire, sur la table une cruche d’eau et du pain. L’eau et le pain sont la pour rappeler que la nourriture du corps est indispensable, mais qu’elle ne doit pas etre le but de la vie ; le pain symbolise la force morale et la nourriture spirituelle.

Les ossements, le crane, la faux etc. ne sont pas la pour effrayer le profane, mais pour lui enseigner a depouiller « le vieil homme » pour se preparer a une nouvelle naissance. Sur le mur figurent des sentences telles que « si la curiosite t’a conduit ici, va t’en » ou « si ton ame a senti l’effroi, ne va pas plus loin ». Ce moment dans le Cabinet de Reflexion est aussi appele l’epreuve de la terre. Le profane doit repondre par ecrit aux questions qui lui sont posees et doit rediger son « testament ».

Il doit y ecrire ses intentions philosophiques et doit copier par ailleurs la formule de son serment, lequel sera par la suite brule. Tout ceci represente la mort du profane pour entrer dans la nouvelle vie. Le deuxieme rite chez Van Gennep est le rite de marge. L’individu est mis a l’ecart en des lieux ou l’on se perd, tels des forets, des marecages, des deserts, ou le novice passe par de nombreuses epreuves. Pour etre initie dans la franc-maconnerie, le candidat doit arranger ses vetements d’une maniere specifique.

Un membre de la loge vient le chercher dans le Cabinet de Reflexion et le conduit dans la chambre de preparation. Il est alors depossede de tous les attributs de son identite. Un des membres lui enleve tous ses « metaux », c’est-a-dire tous ses signes exterieurs distinctifs, tout ce qu’il possede sur lui comme objets metalliques, comme bijoux, monnaie. Le depouillement des metaux symbolise l’abandon de l’attachement a des idees preconcues. Apres l’avoir prive de ses metaux, on le depouille d’une partie de ses vetements.

On retire une chaussure, on remonte une jambe du pantalon et on ouvre la chemise. Le c ur a decouvert peut s’interpreter comme le signe de sincerite et de franchise, ou bien le pied gauche est dechausse en signe de respect. Ainsi prepare, on lui passe une corde en forme de n ud coulant autour du cou, symbole de tout ce qui retient encore le profane au monde d’ou il vient. Le candidat est conduit jusqu’a la porte de la loge, sur laquelle il frappe pour demander l’entree du temple, c’est-a-dire son admission a la franc-maconnerie.

Le candidat franchit la porte du temple les yeux bandes : l’initiation est une epreuve emotionnelle et non intellectuelle. Ne pas voir stimule l’imagination et augmente l’intensite des autres sens. Le candidat se concentre sur les mots au lien d’etre distrait par les details de la piece ou le visage des freres presents autour de lui. Il se trouve symboliquement dans l’obscurite, a la recherche de la lumiere, c’est-a-dire de la connaissance. Les yeux bandes, l’individu n’est confronte qu’a lui-meme.

Lors des trois voyages qui caracterisent la ceremonie d’initiation, on retrouve les quatre elements l’eau, l’air, le feu et la terre. La terre est figuree par le Cabinet de Reflexion. Le premier voyage en loge se rapporte a l’air. C’est l’embleme de la vie humaine : le tumulte des passions, les difficultes des entreprises, des concurrents empresses de nous nuire qui sont representes par les obstacles mis sur le chemin du candidat dans la loge, comme des pierres, des objets, une course dans le temple.

Pour rendre au candidat son assurance, on lui fait subir la purification par l’eau, sorte de bapteme philosophique qui lave de toute souillure. Pour contempler la verite qui se cache en lui, l’initie doit franchir une triple enceinte de flammes : c’est l’epreuve du feu. Pour le sujet en marge, les issues de son errance restent de l’ordre des possibles, rien n’est encore determine. Deux Freres soutiennent le profane, qui passe ainsi de l’enfance a l’adolescence, et de l’adolescence a l’age adulte. Avec les yeux bandes, le profane se purifie par etapes successives.

L’initie recoit alors une coupe dans laquelle a ete verse un breuvage, doux au premier abord, et qui devient amer, pour redevenir doux. L’amertume est l’embleme des chagrins de la vie et des obstacles qui precedent l’initiation, cela represente la vie de celui qui cherche, de celui qui est tourmente par le desir de connaitre ; le doux represente la vie de celui qui est parvenu a la serenite, ce qu’apporte l’initiation. Lors de la phase d’agregation, le sujet est initie aux pratiques ancestrales, ou le monde se revele a lui. Il devient un autre homme en rejoignant le groupe des inities.

A chacun des grades successifs auxquels le macon est admis, il prete un nouveau serment mais le plus important est celui qui est prononce lors de l’initiation au grade d’Apprenti. Ce serment est sacre, c’est une promesse solennelle. L’initie invoque le Grand Architecte de l’Univers en promettant de ne jamais reveler les rites maconniques et en acceptant d’avance un chatiment en cas de parjure. Ayant ete purifie par les quatre Elements, il devient apte une fois qu’il a prononce le serment, a recevoir l’initiation maconnique.

Jusqu’a ce qu’il ait prete le serment de ne pas reveler les secrets de la franc-maconnerie, il ne peut recevoir la connaissance ni etre autorise a voir le temple et les francs macons presents. Lorsqu’on lui retire le bandeau, avec la lumiere, il recoit la connaissance sous sa premiere forme, purement materielle et impressionnante (il decouvre le Temple, l’assemblee des Freres…). L’enlevement du bandeau concretise le « choc initiatique » que doit ressentir la personne. Il est illumine, eclaire par une lumiere spirituelle. C’est cette « illumination » qui mene a l’initiation maconnique.

On reconduit alors l’initie hors du temple afin qu’il puisse reprendre ses vetements et se presenter en loge correctement habille. Il est conduit a l’orient ou le Venerable Maitre, le president, lui confere le premier degre du rite. Le nouvel apprenti est agenouille devant le maitre de la loge qui lui donne l’adoubement avec « l’epee flamboyante » en le frappant de trois coups symboliques. L’adoubement de l’apprenti-macon prend sa source dans la tradition des chevaliers. L’epee flamboyante, arme symbolique, signifie que le crime et le vice sont repousses hors du temple.

Elle represente l’autorite spirituelle, dont le president est investi. On lui donne ensuite lecture des instructions et secrets de son grade. On lui remet le tablier blanc en cuir dont on lui explique la symbolique, ainsi que la maniere de le porter. On offre egalement au nouvel initie une paire de gants blancs et il ne devra jamais se presenter en loge sans eux. Ces gants indiquent au franc-macon que ses mains doivent rester pures de tout acte condamnable et que sa conscience doit rester pure de tout sentiment vil. La fin de la ceremonie, fete l’arrivee du nouveau frere.

Le Venerable Maitre invite les Freres presents a reconnaitre comme Frere le nouvel initie. Tout s’accomplit dans la joie et la solennite. La loge toute entiere se rejouit de compter un Frere de plus. Celui-ci est chaleureusement entoure et tout se termine par un banquet. L’entree dans la franc-maconnerie est un veritable rite de passage au sens de Van Gennep. Les etapes de separation, de marge et d’integration sont bel et bien presentes pour devenir apprenti. Celui-ci est passe du statut de profane, celui qui est devant le temple, a celui d’initie, a l’interieur du temple de Salomon.

Mais l’initiation n’est pas un terme chez les francs-macons, c’est un commencement. Elle ne confere que le grade d’Apprenti et le nouvel initie doit encore se perfectionner pour jouir de la totalite de ses droits maconniques. Si le rite d’initiation se definit d’abord comme un rite de passage (ici le profane devient franc macon) il ne faut pas oublier que la ceremonie d’initiation est egalement une ceremonie d’accueil. Un nouveau Frere est reconnu, accepte et finalement accueilli et fete par les autres francs-macons. Des lors il participe a la maconnerie universelle.