TABLE DES MATIERES INTRODUCTION
I. La Republique populaire de Chine de Mao Zedong (1949-1976)
1. Le retard de la Chine avant 1949 1. 1 Une societe archaique
1. 2 Le sentiment d’humiliation de la Chine envers l’Occident
2. L’influence du communisme de Lenine
2. 1 Le succes du communisme russe
2. 2 Un modele d’inspiration
3. La mobilisation au cour des Cent Fleurs (1956-1957)
3. 1 La montee du liberalisme chinois
3. 2 Une violente repression
II. La reforme de Deng Xiaoping
1. L’inspiration occidentale, l’icone de la modernite au XXeme siecle
1.1. L’echec de Mao Zedong : le debut de demaoisation
1. 2 La reouverture sur l’Occident
2. Reformes culturelles, administratives et politiques
2. 1 Le projet de Deng Xiaoping
2. 2 La Chine en mutation culturelles et sociales
2. 3 Les failles du gouvernement; le conservatisme au sein du PCC
III. Les etudiants sous le regime de Deng Xiaoping (1969-1989)
1. L’impact de la Revolution culturelle
2. La quete identitaire
2. 1 L’impact des penseurs occidentaux et la naissance du concept d’individu
2. 2 La pertes des racines
2. 3 La place du confucianisme dans la democratie
3. Revendications et ideaux
3. 1 Une periode parsemee de manifestations
3. 2 L’eclatement; Les manifestations de la Tien na men en 1989
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE LES MANIFESTATIONS DE LA PLACE TIEN NA MEN INTRODUCTION En un siecle d’histoire, la
Il aura fallu de nombreuses mutations pour aviver ce desir. Bien que l’impact qu’aura eu les morts de la place Tien na men en 1989 est encore inconnu, 1989 marque un tournant important de l’histoire chinoise, une manifestation de grande envergure a Pekin contre la corruption du Parti Communiste Chinois et le desir d’un peuple de posseder du pouvoir politique denotent ce changement de mentalite qui aura eu lieu en Chine au cours des dernieres annees. Pour bien comprendre ce phenomene, deux instances, convergentes, doivent etre analyses.
L’impact qu’aura eu le desir de modernisation en Chine au XXeme siecle, ainsi que l’influence de l’Occident, qui fut, non seulement a l’origine du desir de modernisation, mais aussi la souche d’un changement de valeur et d’une remise en question du peuple chinois. En effet, pour comprendre les manifestions de la place Tien na men de 1989, il faut remonter a l’origine de ce desir, prenant racine lors des premiers conflits entre la Chine et l’Occident et qui s’intensifia au cour du XXeme siecle, suite a la Revolution de Mao Zedong marquant profondement le regne de Deng Xiaoping dans la seconde moitie du siecle.
I. La Republique populaire de Chine de Mao Zedong 1. Le retard de la Chine avant 1949 1. 1 Une societe archaique Alors que la majorite des pays occidentaux abandonnent peu a peu les anciennes institutions, la Chine se trouve encore sous le joug de la dynastie des Qing. Durant des siecles, la Chine aura perfectionne sa culture, ses techniques, ses arts de combat, preservant et engraissant un orgueil national predominant. Cependant, « tandis qu’au meme moment l’Occident, usant de methodes scientifiques, marchait vers la conquete de l’energie materielle, la Chine etait en train d’etudier la sagesse antique »
1.1. Preservant duement ces traditions, elle cessa d’evoluer et developpa a l’instar de l’Occident un retard technique et militaire important. Aveuglee par la xenophobie et sa fierte nationaliste, elle resta isolee du reste du monde et, lorsque les pays europeens s’industrialiserent; developpant a la fois l’art de la politique, la pensee humaniste et les ideaux democratiques, la Chine resta en marge, ignorant ostensiblement les efforts de modernisation qui bouleversaient alors le monde occidental.
1. 2 Le sentiment d’humiliation de la Chine envers l’Occident
Avant le XXeme siecle, la Chine se trouve confrontee a son retard sur les pays Occidentaux, et ce, malgre son desir d’isolement. En effet, le XIXeme siecle est empreint de defaite du peuple chinois. Lorsque l’Europe voulu penetrer le marche chinois, il subit maints refus de la part d’une Chine qui refusait d’admettre en son pays ces « objets etranges », considerant que les nations d’Europe n’etaient que des « nations « barbares », uniquement chargees d’offrir des cadeaux a l’empereur chinois »
2. Toutefois, cette attitude ne vint pas a bout du desir europeen d’atteindre l’economie chinoise.
L’importation illegale de l’opium en Chine se mit en place, occupant rapidement une place prepondrante dans l’exportation anglaise. Malgre les efforts du gouvernement chinois afin de tenir tete a cette contrebande, le marche persistait. De 1839 a 1842, la guerre de l’opium sevit entre l’Angleterre et la Chine qui voulait bannir ce produit etranger. La defaite militaire de la Chine marque le debut du desir de modernisation chinois, motive par l’envie de retrouver sa puissance et sa fierte d’antan.
De nombreuses defaites suivront, notamment une contre le Japon qui porta le coup decisif a la dynastie Qing, « pour la premiere fois, la Chine a ete battue par un vassal »
3. En 1912, l’empire Qing s’effondre a la suite d’une revolution qui visait a modernisee la Chine en lui donnant un nouveau visage, les defaites chinoises ayant ete imputees a la dynastie en place. Toutefois, la mise en place de nouvelles structures engendrerent de nombreuses difficultes, le regime dynastique persistait depuis plus de deux milles ans.
Il fallait a la Chine du debut du XXeme siecle trouver un moyen rapide et efficace de se moderniser si elle voulait rattraper le retard envers lequel elle se voyait plus que jamais confronte.
2. L’influence du communisme de Lenine
2. 1 Le succes du communisme russe Au cour des annees 1918 a 1921, s’est instaure en Russie un nouveau regime qui projettait de se vouer au pouvoir du proletariat, inspire de Marx, ce nouveau regime voulait instaurer le communisme. Sous l’ancien regime, la Russie avait peu evolue et elle devait rattraper son retard le plus rapidement possible.
C’est pourquoi Lenine, arrive au pouvoir avec le nouveau regime, fit une premiere tentative de developpement et de modernisation russe en mettant en place une nouvelle politique economique, la NEP, qui reussit a redorer le domaine culturel russe, notamment le cinema avec Serge Eisenstein (1898 1948), mais ne reussit toutefois pas a ameliorer la condition de vie ouvriere ni a relancer efficacement le domaine industriel
4. C’est en 1922 que Lenine meurt et cede ainsi la place a Staline qui gouvernera la Russie, a present unifiee sous l’URSS, de 1924 a 1953 et qui mettra en place trois plans quinquennaux qui connaitront un succes enviable.
Le premier plan quinquennaux, 30 % inferieur aux previsions, reussit neanmoins a obtenir « un taux de croissance annuel du revenu national de 8,8 % entre 1928 et 1932 »
5. Le deuxieme plan quinquennal eut, quant a lui, un succes bien plus vif, les objectis quant a la production industrielle furent depasses, les revenus des ouvriers augmenterent considerablement. Bien qu’a la suite du troisieme plan quinquennal, en 1938, « le niveau de vie sovietique est encore loin de celui des pays occidentaux [… ] les transformations accomplies au cours des trois premiers Plans sont enormes »
6. Transformations que la resistance russe durant la Deuxieme Guerre mondiale face aux envahisseurs allemands pu mettre a jour. 2. 2 Un modele d’inspiration Limitrophe a la l’URSS en pleine effervescence, la Chine, impressionnee par les realisations communistes voit en ce modele la solution a ces problemes qui semblent similaires a ceux qu’a connu la Russie. C’est pourquoi lors de sa revolution en 1949, c’est l’orientation communiste que desire prendre le nouveau gouvernement chinois.
Qui plus est, concomittant avec l’avenement du communisme chinois, la Russie sympatise avec la Chine qui s’est ainsi mise a dos le capitalisme et, corrolaire a cette position, les Etats-Unis. Le communisme russe ayant des pretentions universelles, l’alliance a la cause russe fut le premier reflexe de Mao Zedong, qui, de plus, avait besoin de Staline pour poursuivre ses desseins
7. A l’image de Staline, Mao Zedong met en place des plans quinquennaux et imite les actions de propagandes staliennes afin d’engendrer la maotisation.
En janvier 1951, « Mao est tour a tour « le Grand Timonier de la revolution », « l’Etoile salvatrice de la Chine » ou « le Soleil qui se couche jamais »
8. Il promet au peuple de faire avancer son pays afin de surpasser l’Occident. Un autre aspect est important quant a l’influence communiste du regne de Mao Zedong. « Aux yeux du communisme, le confucianisme a fait du peuple chinois un peuple d’esclaves, enchaine par des idees qui ne peuvent plus avoir cours dans un monde moderne. »
9. Il faudra donc, lors de l’apogee du communisme en Chine, couper avec la culture traditionnelle qui est jugee obsolete. Marx tient lieu de Confusius et Mao Zedong est place sur l’autel de Bouddha… »
10 3. La mobilisation au cours des Cent Fleurs (1956-1957) C’est a la suite de la denonciation des crimes de Staline par Nikita Khrouchtchev que Mao, frequemment surnomme « le Staline de la Chine »11, ressent la necessite de se rallier les intellectuels afin d’eviter les accusations, c’est pourquoi, en mai 1956, Mao lance le slogan : « Que cent fleurs s’epanouissent et que cent ecoles de pensee rivalisent ! » pretendant vouloir ainsi encourager le domaine culturel chinois et permettre la liberte de penser.
11. La montee du liberalisme chinois En fevrier 1957, l’intelligentsia chinoise finit par croire en la sincerite de Mao envers le « mouvement des cent fleurs »
12. C’est alors que le Parti Communiste Chinois prendra conscience de l’ampleur du mecontentement de la population chinoise face au gouvernement. Il faut savoir que, depuis le debut du siecle, l’influence de la pensee occidentale est forte en Chine, une majeure partie de l’intelligentsia ayant ete formee a l’etranger ou instruite par des enseignants etrangers
13. Des 1939, les oeuvres de Jean-Paul Sartre sont accessibles en Chine. L’intrusion des idees et concepts occidentaux se trouve de nombreux allies qui profiteront de la periode des « Cent fleurs » pour reclamer leur part de democratie et de liberte. L’elite intellectuelle proteste contre les abus de pouvoir du parti que l’on accuse d’etre une « parodie de democratie »14, croyant qu’il lui etait a present permis de s’exprimer de vive voix. On percoit, d’or-et-deja, ce desir du peuple d’etre garant de lui-meme.
3. 2 Une violente repression
Mao voit son pouvoir decliner et se fragiliser, il n’avait pas prevu une telle reaction, ni une telle rancoeur, du peuple chinois envers le gouvernement. C’est une violente repression qui attend les contestataires, la liberte de parole n’est desormais plus prisee. Mao precise a present sa pensee, aleguant que « les critiques doivent servir a reunir et non a diviser »
15. Le reste de son regne sera alors caracterise par l’isolement de la Chine qui se rebutera contre les intellectuelles, la bourgeoisie et, de surcroit, l’Occident et qui vouant a present le culte du travail manuel, et ce, principalement lors de la Revolution culturelle.
II. La reforme de Deng Xiaoping
1. L’inspiration occidentale, l’icone de la modernite au XXeme siecle
1. 1 L’echec de Mao Zedong : le debut de la demaoisation Mao Zedong avait, lors de son regne, neglige le developpement economique. Privilegiant la transformation du niveau social et n’avait, de surcroit, pas su engendrer une reelle modernisation16. Deng Xiaoping a, quant a lui, de tout autres desseins pour son pays. Suite a la mort de Mao Zedong, survenue en 1976, Deng Xiaoping, secretaire general du arti, s’apprete a prendre la releve. Deux ans plus tard, en 1978, Deng Xiaoping assit son pouvoir et commence la demaoisation, un lent processus afin d’emousser le culte de Mao, qui etait devenu, au sein du peuple, « une incarnation de la pensee, de ce qu’il y a de plus universel »17 et permettre une reouverture de la Chine sur le monde duquel elle a ete, depuis plusieurs annees, coupe, et ce, principalement depuis la Revolution culturelle.
La Chine de la Revolution culturelle avait connu une forte stagnation, voir regression, tant au niveau culturel qu’economique, s’etant mise a l’ecart et ayant portee atteinte a ces intellectuels, elevant le « petit livre rouge » de Mao au rang de bible absolu, seule litterature autorisee. Neanmoins, depuis 1971, annee de son adhesion a l’ONU, la Chine commencait une reouverture hesitante. En 1973, elle presenta une exposition un peu partout a travers le monde de son patrimoine archeologique
18. Nonobstant, les reformes economiques ayant auparavant echouees, malgre la tentative du « Grand bond en avant » de Mao Zedong, la situation de la population ne s’ameliorait pas, le salaire moyen ayant diminue de 4,9 %19. De plus, la lutte pour le pouvoir succedant a la mort de Mao Zedong, avait, elle aussi, affectee l’economie chinoise
20. 1. 2 La reouverture sur l’Occident Lors de ces etudes, Deng Xiaoping etait alle, comme beaucoup de ceux qui formeront le PCC quelques annees plus tard, etudie en URSS et avait, des lors, eu un contact irect avec l’Occident. Bien qu’au fils des annees qui ont constitue l’epoque de Mao, la Chine et l’URSS se soient eloignes, Deng Xiaoping a su conserver son interet pour l’Occident. Il voit en l’Occident, le symbole de la modernite. Les Chinois doivent comprendre, selon lui, que l’etranger n’est plus un « Barbare » qu’« il faut inviter les experts etrangers a la construction de nos ouvrages cles »
21. Une majeure partie des etudiants seront envoyes en Occident afin de s’instruire, subventionnes par le gouvernement.
Les professeurs seront enjoins de s’instruirent eux-aussi chez l’etranger, afin qu’ils reviennent au pays avec les techniques de cet autre monde et puissent ainsi enrichir la culture chinoise. La litterature etrangere revient sur les rayons des librairies et est a nouveau publiee librement. Les consequences de cette occidentalisation apparraissent dans de nombreux medias, notamment l’emploi de mots « internationaux » dans les journaux, tel que : OK, MTV, POP, ROCK, CD, darling, party, bye
22. L’objectif de Deng Xiaoping est clair, l’Occident est le symbole de la modernite, si la Chine veut retrouver son honneur d’antan, il lui faut reussir a surpasser l’Occident, et ce, en apprenant de lui. Il faut neanmoins nuancer, Deng Xiaoping n’estime pas la culture occidentale comme une culture superieur et n’approuve pas le capitalisme, il evite et denonce ce qu’il estime telle une « pollution spirituelle bourgeoise »
23. 2. Reformes culturelles, administratives et politiques
2. 1 Le projet de Deng Xiaoping En aout 1978, a eu lieu une causerie sur « l’estimation du modernisme occidental a sa juste valeur »
24. Leur conclusion fut qu’on devait analyser la litterature etrangere moderne et contemporaine avec une attitude scientifique : rechercher la verite a partir des faits »
25. C’est l’ouverture sur le fonctionnement de la modernite des pays occidentaux qui marque la ligne de parti du nouveau gouvernement. Des decembre de la meme annee, apres avoir fait adopte en mars la troisieme constitution de la Republique populaire de Chine, le gouvernement decide d’entamer d’urgence des mesures visant a favoriser l’agriculture. A l’image de l’Occident, des politiques liberalistes sont instaures afin de favoriser l’economie.
On decentralise, on decollectivise les terres. C’est le devoilement des « Quatres modernisations »; modernisation de l’industrie, de l’agriculture, du secteur scientifique et technologique et de la defense nationale. « Nous sommes convaincus [,declare Deng Xiaoping lors de son annonce de la nouvelle politique economique en 1979,] que le systeme socialiste est superieur au capitalisme. Il doit cependant faire la preuve de cette superiorite en se montrant, plus que le capitalime, capable de developper les forces productives de la societe. »
26. Rattraper l’Occident, surpasser le capitalisme est devenu la ligne directrice, la Chine doit a present demontrer qu’elle aussi est capable.
2. 2 La Chine en mutation culturelles et sociales L’ouverture du peuple chinois sur les idees occidentales modifient grandement leur vision du monde, principalement chez les etudiants qui partent a l’etranger. De plus, la vie quotidienne chinoise se modifient, apres les lourdes pertes de la Revolution culturelle, le nouveau gouvernement parle de liberte d’expression, le droit de manifester, le droit d’affichage
27. Le retour des etudiants en ville, le succes de la Reforme economique qui avait reussi a redorer l’agriculture, eveilla le sentiment chez la population qu’un changement profond s’effectuait en Chine, qu’il s’agissait du debut d’une nouvelle ere. Beaucoup osent critiquer ouvertement la Revolution culturelle et peu a peu on voit apparaitre dans les arts des critiques de la culture chinoise
28. Un autre phenomene se produit, l’arrive de plus en plus importante de la mode et des nouveaux produits chez les jeunes qui animent en eux un vif interet
29. Deux generations cohabitent alors, ayant toutes deux connues des realites differentes. « Pour les un peu moins jeunes comme les classes de 1966, 1967, 1968, Mao est la figure du pere par excellence »
30. Certains membres de cette generations ennoblissent la Revolution culturelle passee et s’adaptent maladroitement au renouveau culturel qui s’opere en Chine
31. Tandis que les plus jeunes s’impregnent d’une culture nouvelle.
2. 3 Les failles du gouvernement; le conservatisme au sein du PCC Suite au sentiment de liberte, les jeunes se sentent en roit de parler ouvertement au gouvernement, pour la premiere fois en 1979, c’est alors que l’on prend conscience du conservatisme politique qui persiste au sein du parti. Effectivement, malgre la Reforme economique qui fut un vif succes, le gouvernement devient plus hesitant et moins flexible lorsqu’il est question de reforme politique. Le gouvernement repond par la repression aux demandes des etudiants. De plus, malgre une facade democratique, le gouvernement se repugne encore a laisse une reelle liberte decisionnelle a la population et les elections ne laissent pas la place a d’autres partis.
L’administration depuis la mort de Mao Zedong « cedent la place a de plus jeunes responsables qui retiennent de cet episode tromatisant de l’histoire recente de la Chine (la Revolution culturelle) plus le desordre qu’il provoque dans l’economie que les souffrances subies par les aines »
32. L’impression de liberte qu’exhale le nouveau gouvernement n’est principalement qu’une facade, les camps de travails forces existent toujours, ils ne servent plus la reeducation, mais l’economie33, car c’est belle et bien elle qui guide avant tout le nouveau gouvernement.
Qui plus est, le degout du capitalisme et de la bourgeoisie est encore virulant. Deng Xiaoping maintient le gouvernement communiste avant tout afin de faire regner l’ordre, tel qu’il le concoit et d’eviter les ecarts, c’est pourquoi il se ferme aux idees democratiques qui seraient, selon lui, meres de la decadence capitaliste34. III. Les etudiants sous le regime de Deng Xiaoping (1969-1989)
1. L’impact de la Revolution culturelle Les pertes importantes causees par la Revolution culturelle de Mao Zedong a provoque une profonde remise en question des valeurs communistes qui apparaissent, dorenavant, plus domagables et nocives.
Cet acte violent de Mao a aussi engendre la demaotisation que Deng Xiaoping, ayant souffert de la Revolution culturelle, s’empresse d’effectuer. Au lendemain de la Revolution culturelle, le peuple chinois est marque par la perte de tous les reperes, il doit reconstruire sa societe sur de nouvelles fondaisons. La peur du retour en arriere marque le peuple profondement et il place envers son nouveau gouvernement un espoir sincere ; « la masse des proletaires et surtout les jeunes, pouvaient nourrir le sentiment d’avoir enfin a leur tete un regime qui les representaient vraiment »
35. Se sont principalement les etudiants qui ont vecu la Revolution culturelle qui sont le plus marque, ceux qui furent envoye dans des camps, qui durent quitter l’ecole pour apprendre le travail manuel. Ceux qui vecurent les mises en accusation, le climat de paranoya constant, lorsqu’il fallait denoncer ces proches, pour le bien de la nation. Au lendemain de la Revolution culturelle, le peuple est desenchante36 de sa propre culture et de son passe et espere un renouveau.
2. La quete identitaire 2. L’impact des penseurs occidentaux et la naissance du concept d’individu Envoyes en Occident pour etudier, les jeunes chinois decouvrent les auteurs qui avaient pendant plusieurs annees ete banni en Chine. On analyse Nietche, Sartre, Camus, Freud, Foucault dans les ecoles
37. On renoue et on s’interesse a nouveau a ces mentalites, a cette vision d’un monde tres different de la realite des chinois de l’epoque. La mode, les produits, les marques impregnent le quotidien des jeunes chinois, l’Occident n’est plus un ennemi.
On decouvre les bienfaits que liberalisme apporte et autorise aux pays de l’Occident. « Aller vers le monde »
38, tel est le slogan qui marque, depuis 1988, l’imaginaire chinois. On veut s’ouvrir sur les autres cultures et leur montrer la notre, on a le sentiment qu’aller vers le monde c’est « aller vers l’avant ». L’humanisme, la democratie attirent a nouveau l’interet. On voit en Occident une modernisation politique que la Chine tarde a acquerir, la liberation des peuples a travers le monde.
Certains, tel Wei Jingsheng, electriciens et fils de cadres aises, estimaient que les « Quatres Modernisations » ne seraient possible qu’avec l’avenement d’une cinquieme modernisation; la democratie pluraliste
39. Un autre apport important des penseurs des lumieres en Chine fut la renaissance d’une notion d’individu qu’avait neglige l’epoque de Mao Zedong. « L’encouragement donne a l’initiative individuelle favorise l’artisanat et le commerce prives »40. La Chine presente a present un nouveau visage ou les individus veulent s’affranchir, s’affirmer et ou la ensee individuelle et la liberte de le faire permettent l’essort de nouveaux courrants de pense, de nouveaux ideaux, de nouvelles philosophies. De plus, la chute du communisme dans plusieurs pays du monde renforce les critiques et les craintes du peuple chinois face au regime en place qui s’oppose a la democratie et ne laisse pas a l’individu chinois la place que ce dernier tend a present a obtenir. On est a meme de realiser la corrumption du parti et les failles du systeme conservateur, qui retarde la modernisation reelle qu’attend le peuple. .
2 La pertes des racines Concomittant a la naissance de l’individu et a la decouverte d’une culture nouvelle, le desir d’affirmer sa culture nait en Chine. Cependant, la perte du confucianisme, causee par la Revolution culturelle, et la naissance des doutes du communisme, le peuple chinois et principalement ces etudiants, ont le sentiment d’avoir perdu leurs racines, leur identite chinoise. Voulant une « modernisation de la Chine a l’occidentale »
41, les jeunes doivent trouver la place de la mentalite et de l’essence chinoise dans la modernite. 985 marque l’apparition du mouvement « a la recherche des racines »
42. C’est d’un effort commun que les intellectuels tentent de reinventer la Chine actuelle, de la definir, de l’affirmer. La perte des racines est marquee par le desir du peuple d’atteindre la modernite et de se positionner face a elle. Le desir de, non pas imiter l’Occident en tant que tel, mais de s’en inspirer pour trouver la mentalite chinoise. L’opposition du capitalisme est encore presente, il ne s’integre pas a la mentalite chinoise.
2. 3 La place du confucianisme dans la democratie
Un autre questionnement vint ebranler la quete identitaire. La perte du confusionnisme encouragee par Mao Zedong, est a nouveau d’actualite. Le peuple chinois prend conscience que la mentalite engendree par le confusionnisme et qu’on avait, durant longtemps, qualifie de « mentalite d’esclave » n’est peut-etre pas la cause reelle de son inaptitude a la democratie, ni meme de sa modernisation. Le Japon, voisin de la Chine, a, quant a lui, reussi a se moderniser sans abandonner ses valeurs et sa culture confuceenne.
Du 31 aout au 4 septembre, a lieu a Qufu, en Chine, un colloque sur le confusianisme, le premier depuis 1949
43. Les intellectuels et philosophes chinois questionne a nouveau la possibilite d’une democratie confuceenne, on recommence a percevoir en la mentalite traditionnelle chinoise une aptitude a la democratie. 3. Revendications et ideaux Durant le regne de Deng Xiaoping, il devient de plus en plus frequent de voir des dazibaos affiches sur les murs que posent les etudiants partout dans les ville afin de reclamer la democratie, la liberte et la fin de la corruption du gouvernement. Le 13 janvier 1977, des affiches en grands caracteres sont apposees a Pekin, qui reclament une « extension des droits democratiques » et le droit, pour le peuple de choisir ses dirigeants »
44. Le peuple chinois « s’eveille », il affirme son desir, bien que publiquement, le peuple est plus silencieux, moins libre de parler, la censure etant fortement presente et les informations gerees par le gouvernement, notamment au travers du « Quotidien du peuple ». Des 1977, il a, neanmoins, prit l’habitude de s’exprimer et trouve un moyen de le faire.
De plus, les vertues socialistes inculquees au peuple depuis plusieurs annees avait marquees profondement l’imaginaire du peuple, qui voyait en les agissements du gouvernement, la forte corruption qui regissait le parti, une opposition inadmissible et incomprehensible vis-a-vis leur mentalite
45. Depuis la liberation des penses, les chinois osent remettre le systeme et son fonctionnement en cause, c’est pourquoi leur opposition face a la corruption sera de plus en plus vive, de plus en plus frappante.
L’ecart qui se marque de plus en plus entre certains individus deplait grandement au peuple et surtout aux etudiants. Ils ne veulent pas retourner en arriere, ils n’ont pas oublies les horreurs passes. Les dazibaos continueront de prosperes. Qui plus est, Deng Xiaoping ne pu eviter une inflation considerable et, bien que les revenus aie augmentes, acheter de la nourriture devenait de plus en plus couteux pour le peuple. « A la fin des annees 70, le revenu d’un citadin etait compris entre 30 et 50 yuans.
En 88, un couple d’ouvrier pekinois pouvait gagner environ 300 yuans, 200 au moins partant pour la nourriture »
46. Les habitants ne se sentent plus en securite avec Deng Xiaoping au pouvoir. 3. 1 Une periode parsemee de manifestations Entre l’hivers 1978 et le printemps de 1979, on assiste en Chine a ce qui sera par la suite surnomme le premier printemps de Pekin. Sur le mur de Xidan a Pekin, les chinois expriment, suite au mecontentement cause par la Revolution culturelle, leur desir d’une democratie chinoise.
Bien que ce mouvement ait ete lance par le gouvernement, ce dernier n’ayant pas estime que la population vivait un tel mecontentement est pris par surprise et reagit par la violence, arrete les principaux leaders du mouvement et tente d’emousser le desir democratique. Il sera dorenavant interdit d’afficher sur le mur de Xidan
47. Entre 1981 et 1984, Deng Xiaoping lance successivement une campagne contre le liberalisme bourgeois et une contre la pollution spirituelle afin d’atenuer le desir de liberte du peuple chinois et de combattre ces « poisons capitalistes »
48, campagnes qui se concluent par des arrestations et des condamnations a mort. ans apres le premier printemps de Pekin, un mouvement nait a l’universite technologique de Hefei, qui envahi peu a peu les principales villes chinoises. « Liberte, egalite, democratie »
49 voila ce que reclament ces etudiants qui s’opposent a la corruption du parti et a l’invasion des produits japonais en Chine. 1987, un an plus tard, « les etudiants de l’universite de Pekin brulent le « Quotidien du peuple » pour denoncer la partialite de la presse a leur egard »
50. 3. L’eclatement; Les manifestations de la Tien na men en 1989 En 1987, Hu Yaobang, secretaire general du Parti Communiste Chinois est banni du parti pour avoir ete trop clement envers les mouvements democratiques des etudiants de 1987. Pour les etudiants, Hu Yaobang etait un symbole, il est l’alie de la democratie au sein du parti et , lors de sa mort en 1989, les etudiants manifestent leur appuis envers lui et demandent sa reabilitation afin qu’il recoive les hommages mortuaires qui leurs semblent etre son dut.
Le gouvernement y conscent, conscient des nombreuses manifestations qui ont sevi au cour des dernieres annees, ils savent le mecontentement du peuple et ne veulent pas perdre le pouvoir. Neanmoins, le parti refuse de faire passer le cortege devant le public. Malgre les demandes des etudiants de parler a leurs dirigeants, le gouvernement reste impartial et refuse de les entendre. C’est alors que les manifestations commencent et rassembleront de plus en plus de citoyens.
On peut estimer que le mecontentement visible et croissant du peuple qu’avait devoile les manifestations precedentes explique la rigidite du gouvernement face au deuxieme printemps de Pekin qui sevira avec violence et n’hesitera pas a tuer etudiants et citoyens qui s’opposeront a son pouvoir.
CONCLUSION En sommes, les manifestations du printemps de Pekin en 1989 sont le reflet de la mutation importante de la Chine au cour du XXeme siecle. Le desir d’atteindre la modernite l’entrainera vers la voix communiste et l’imitation, ou du moins l’inspiration, de l’Occident.
Le desir de liberalisation etait d’ors-et-deja vivace en Chine, mais n’atteindra une reelle apogee que lorsque le peuple se trouvera confronte a l’echec du communisme qui n’aura pas modernise la Chine, bien au contraire, la Revolution culturelle aura ete si dommageable, que, a sa sortie, le peuple se permettra peu a peu la remise en question et la critique de son propre regime. Les critiques du regime et le desir de se forger a nouveau une identite chinoise apte a s’inscrire dans la modernite, incitera le peuple et principalement les etudiants, a vouloir agir et modifier le cour de l’histoire.
C’est pourquoi en 1989, apres 10 ans de revendications de plus en plus virulente, les etudiants chinois declencheront une manifestation d’envergure a Pekin, dont la repression violente ne sera pas sans consequence. Aujourd’hui, le gouvernement chinois a change. La Chine se modernise. Il reste encore a savoir et a comprendre la place qu’occupe la democratie de nos jours en Chine et l’impact de la repression de Tien na men sur les ideaux defendus par ces etudiants qui se seront sacrifies. BIBLIOGRAPHIE Livre CABESTANT, Jean-Pierre.
L’administration chinoise apres Mao : les reformes de l’ere Deng Xiaoping et leurs limites, Paris, Edition du CNRS, 1992, 545 p. CHI, Zang. Chine et modernite : chocs, crises et renaissance de la culture chinoise aux temps modernes, Paris, You Feng, 2005, 494 p. DELMAS-MARTY, Mireille, PIERRE-ETIENNE, Will. La Chine et la democratie, Fayar, France, 2007, 890 p. DE VILLIERS, Gerard. La Chine s’eveille, Paris, Plon, 1979, 347 p. DULLIN, Sabine. Histoire de l’URSS, Paris, Edition La Decouverte, 2009, 122 p. ELISSEEFF, Danielle.
Histoire de la Chine : les racines du present, Monaco, Editions du Rocher,1997, 293 p. GARDER, Michel. Mao Tse-toung, Paris, Edition La Table Ronde, 1960, 126 p. GAUDU, Agnes. Chine, l’empire dechire, Paris, Ramsay, 1989, 273 p. HUOT, Marie Claire. La petite revolution culturelle, Arles, Edition Philippe Picquier, 1994, 255 p. LEGRAND, Jacques. Chroniques de l’histoire Mao Zedong, Bassilac, Editions Chronique, 1998, Aeroport de Perigueux,160 p. LICHUAN, Chen, Christian THIMONIER. L’Impossible printemps : une anthologie du printemps de Pekin, Paris, Rivages, 1990, 239 p.
PERES, Remi. Chronologie de la Russie au XXe siecle : histoire des faits economiques, politiques et sociaux, Paris, Edition Vuibert, 2000, 219 p. PERES, Remi. Chronologie de la Chine au XXe siecle : histoire des faits economiques, politiques et sociaux, Paris, Edition Vuibert, 2001, 141 p. PEYREFITTE, Alain. La Chine s’est eveillee : carnets de route de l’ere Deng Xiaoping, Paris, Edition Fayard, 1996, 404 p. Revue Chine : le roman d’une revolution inachevee, Publication comme no 7, sept. -oct. 1989 de la revue Documents Observateur, Paris, 1989, 190 p.