« L’enfer c’est les autres », Cette replique de la fin de la piece de « Huis Clos » met en evidence l’idee selon laquelle la presence des autres peut parfois constituer un veritable enfer. Dire que l’enfer c’est les autres c’est commencer par souligner qu’il ne peut y avoir pire que les autres. En effet, l’enfer est, dans les religions dites bibliques et monotheistes, ce lieu destine au supplice des damnes. Par extension, ce terme qualifie une chose excessivement deplaisante, penible.
Ainsi dire que l’enfer c’est les autres c’est souligner que la vie avec eux conduit a la dissension, au calvaire et donc : a l’enfer. Mais peut-on vivre seul ? Platon estimait que quiconque n’eprouve point le besoin de vivre en societe est soit une bete ou un dieu. Cela justifiant l’utilite et la complementarite de la vie communautaire. Pour Duc de la Rochefoucauld la vie avec autrui n’est pas un choix, c’est une necessite : _« Celui qui croit pouvoir trouver en soi-meme de quoi se passer de tout le monde se trompe fort ; mais celui qui roit qu’on ne peut se passer de lui se trompe encore davantage ». Goethe allait plus loin en disant : « Pour moi,
Dans ce cas-la, la presence de l’autre m’est indispensable, j’ai besoin de lui pour qu’il m’offre le plaisir de ce sentiment sublime : prendre conscience de soi-meme, le plaisir de rejouir de mon humanite, prendre conscience de mon existence. Sartre lui-meme definit l’autre comme mediateur entre soi et soi-meme, en donnant l’exemple de la « honte ». Je prends conscience et connaissance de mes sentiments ainsi que leurs significations grace a l’autre. Autrement dit je me juge a travers le regard de l’autre.
Et pour revenir un peu a cette idee de commutativite dans la relation avec autrui, en jugeant l’autre je me juge en effet, c’est-a-dire que quand je juge l’autre de mauvais, je me juge bon, « Le plus souvent, nous ne jugeons pas les autres, mais nous jugeons nos propres facultes dans les autres », dit Charles Augustin. En fait l’autre est un autre moi, a travers lequel je me vois, non pas comme je me vois au miroir parce qu’il reflete l’image que je veux voir, ou je veux donner a l’autre. Mais comme je me juge vrais a l’interieur de moi-meme.
Vivre pour les autres, vivre contre les autres, vivre comme les autres, ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est vivre avec les autres. C’est cette intersubjectivite comme la nomme Sartre dont nous avons besoin. Besoin d’elle pour prendre conscience de notre existence. Pour profiter de la gratuite du paradis terrestre, sans pour autant se soucier de l’enfer qui constitue l’autre face de la vie. Condamne a vivre avec l’autre, l’homme vitla complementarite dans la Subjectivite. Apres tout, quelle serait la beaute du jour sans l’existence de la nuit ?