le Theatre a l’epoque classique (XVIIe siecle) Daniel Maher Le theatre du XVIIe siecle s’inspire directement de l’Antiquite greco-latine. La conception du theatre est fortement influencee par la Poetique d’Aristote (Grec du IVe s. av. J. -C. ) et l’Art poetique d’Horace (Romain du Ier s. av. J. -C. ). La piece de theatre est souvent appelee un Poeme dramatique. Les sujets, surtout au theatre tragique, sont tires le plus souvent de l’histoire ou de la mythologie grecque et latine. La tragedie « [… ] est la representation d’une action noble, menee jusqu`a son terme et ayant une certaine etendue, [… » Aristote, la Poetique, edition de Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot, Paris Seuil, 1980, ch. 6, p. 53. Elle met en scene une action noble et donc des personnages nobles (rois, reines, grands nobles). Le heros tragique a toutes les qualites nobles (courage, generosite, noblesse de sentiments, etc. ) mais il est victime de forces qui le depassent et qui provoqueront sa chute. La tragedie doit realiser la catharsis, la purgation des passions par la pitie et la terreur. « La pitie d’un malheur ou nous voyons tomber nos semblables nous porte a la crainte d’un pareil pour nous; [… » Corneille,
La comedie met en scene une action basse et donc des personnages bas (normalement des bourgeois mais parfois des paysans). Il est donc permis de representer des gens de l’epoque. Normalement on critique un defaut commun (avarice, sottise, hypocrisie, infidelite, ambition demesuree). La comedie raconte le renversement du malheur au bonheur. Le denouement typique d’une comedie est le mariage (meme si le jeune couple n’est pas toujours au premier plan). Regles du theatre La theatre est soumis a une serie de regles, la bienseance, la vraisemblance, et les trois unites (unites de temps, de lieu, et d’action).
La bienseance (adjectif bienseant) – ce qu’il est permis de montrer sur la scene sans choquer le public de l’epoque. Elle est donc variable d’une epoque a une autre et d’une culture a une autre. (Pensez a l’evolution de ce qu’on montre a la television au cours des 30 dernieres annees. ) On ne montre sur la scene ni la violence, ni la mort sanglante ni le contact physique. La bienseance rend le theatre tragique un theatre surtout de paroles. Ce qu’on ne doit point voir, qu’un recit nous l’expose, Les yeux en la voyant saisiront mieux la chose;
Mais il est des objets que l’art judicieux Doit offrir a l’oreille et reculer des yeux. (Boileau, l’Art poetique, 1674, edition de Guy Riegert, (Paris: Larousse, 1972) chant III, vv. 51-54) La vraisemblance – (adjectif vraisemblable) ce qui semble croyable dans l’attente du public. La vraisemblance est conditionnee par l’epoque et par le genre. Elle est affaire de preparation psychologique de la part de l’auteur et doit se distinguer de la verite. En termes tres simples, la verite presente ce qui est, la vraisemblance ce qui devrait etre. Pour Boileau:
Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable: Le vrai peut quelquefois n’etre pas vraisemblable. vv. 47-48. Pour l’abbe d’Aubignac: « Il n’y a donc que le Vraisemblable qui puisse raisonnablement fonder, soutenir et terminer un poeme dramatique: ce n’est pas que les choses veritables et possibles soient bannies du Theatre; mais elles n’y sont recues qu’en tant qu’elles on de la vraisemblance; de sorte que pour les y faire entrer, il faut oter ou changer toutes les circonstances qui n’ont point ce caractere, et l’imprimer a tout ce qu’on y veut representer. la Pratique du theatre (1657, citee d’apres l’edition d’Amsterdam de 1715. p. 67) Les trois unites Les trois unites s’appliquent egalement a la tragedie et a la comedie. Qu’en un jour, qu’en un lieu, un seul acte accompli Tienne jusqu’a la fin le theatre rempli. Boileau vv. 45-46. Unite d’action (appelee aussi unite de peril) – la piece ne met en scene qu’une seule action principale. Il peut y avoir des intrigues secondaires mais ces dernieres doivent trouver leur resolution au plus tard en meme temps que l’action principale.
Une fois echappe au danger qui le menace, le heros ne doit pas s’affronter a un nouveau peril qui n’est pas une consequence directe du premier. Unite de temps: (appelee aussi unite de jour ou la regle des 24 heures) – toute l’action representee est censee avoir lieu dans un seul jour. Racine voulait rapprocher le plus possible la duree de la representation a la duree de l’histoire (c-a-d environ trois heures) mais Corneille voyait la question de facon plus large et admettait que certaines de ses pieces depassaient legerement les 24 heures.
Unite de lieu – toute l’action representee se deroule dans un seul endroit. On ne peut pas montrer un champ de bataille et ensuite l’interieur d’un palais. Pour la tragedie, on choisit le plus souvent une salle commune a l’interieur d’un palais mais Corneille croyait qu’on pouvait representer differentes salles dans un meme palais. La comedie prefere une salle dans une maison bourgeoise ou un carrefour public. L’unite de lieu exige des recits de ce qui se passe ailleurs, les recits de combats notamment (ou la question de la bienseance joue aussi).