C’est en 1945 que l’ecrivaine Germaine Guevremont publie son oeuvre « Le Survenant ». Ce roman du terroir quebecois est considere comme le dernier et le plus acheve des romans de la terre. Il amene de la nouveaute, parce que les personnages feminins auparavant ancres dans leurs roles d’epouses et de meres, expriment maintenant leurs sentiments qui prennent une tres grande importance dans ce recit. Ce qui est tout nouveau pour ce siecle. C’est dans le sentiment d’hostilite que Phonsine, personnage feminin du roman, accueillera le Survenant.
Tout au long du recit cette hostilite sera presente, mais elle laissera place a de la sympathie. C’est dans cette contrariete que nous examinerons ces sentiments qui cachent, selon moi, un rapport d’estime de la part de Phonsine au Survenant. En parcourant le texte nous constatons que c’est surtout les adjectifs utilises pour decrire l’etat de Phonsine qui nous font comprendre la contrariete des sentiments qu’elle ressent envers le Survenant. Lorsque Angelina, une voisine, demande «Tu l’aimes pas,Phonsine? »(p. 36)«Alphonsine, confuse, hesita»(P. 6) La confusion et l’hesitation nous demontrent que les sentiments qu’elle ressent pour l’etranger ne sont pas clairs, car pour repondre a cette question, elle utilisera une comparaison, pas tres elogieuse, avec un « oiseau depareille »(p.
Par contre nous comprendrons avec l’adjectif « soucieuse », [qu’elle prend]« avant de porter d’une voix basse, grave et inquiete, la condamnation du Survenant. »(P. 39), que le sentiment d’hostilite de cette confidence laisse place a un sentiment positif. Ensuite, l »adjectif « inquiete » sera tres revelateur dans la question «ou c’est que tu veux aller? lui demanda Phonsine, inquiete. »(P. 129) Cet etat d’esprit d’inquietude prouve le contraire de la colere et le degout qu’elle ressent du a l’etat d’ebriete de celui-ci.
Finalement, la comparaison suivie de l’adjectif « perdue » dans «Alphonsine cria comme une perdue»(p. 199) lorsque le nomade avait deserte la maison, nous amene a croire a la sympathie de celle-ci. Par la suite, elle reprendra ses esprits et l’indignation reprendra surface «Un vrai sauvage, quoi! Ces survenants-la sont presquement pas du monde. »(p. 199) Bref, en prenant le temps d’analyser les adjectifs utilises pour decrire l’etat de Phonsine, nous possedons des bons indices pour comprendre que l’hostilite est presente mais que la sympathie est plus profonde.
Cependant, la compassion et le sentiment maternel contradiront de plus en plus le rapport entre le Survenant et Phonsine. Lorsque le nomade part pour une escapade a Sorel avec l’argent du pere Didace, autorite de la famille, Alphonsine prendra sa defense lorsqu’un voisin expliquera avoir vu le coupable entrain de faire la fete. Elle refusera que son mari avoue les deboires du fuyant a Angelina qui en est amoureuse. Ce comportement demarquera un sentiment de protection contrairement a de l’hostilite.
Toutefois, lors du retour du voyageur, dans un etat d’ebriete avance, sa colere explosera «Si c’est pas un vrai deshonneur de se mettre en boisson pareil! Et regarde donc mon planche tout sali, mon plancher frais lave! Tu devrais avoir honte! »(p. 127) Enfin, elle ira jusqu’a faire sortir sa rancoeur «Je savais que ce passant-la nous apporterait rien que des revers. »(p. 127), mais ce ressentiment oscillera vite en pitie lorsqu’«elle deplorait de voir le Survenant en semblable etat»(p. 127).
Cette contradiction entre la colere et l’attendrissement nous demontre bien les sentiments profond de compassion qui sont enfouis dans le coeur de Phonsine. Elle ira jusqu’a le materner en l’aidant a se devetir. C’est par la suite, que les menaces suivront d’avouer les deboires du nomade a Didace. L’ambivalence de ce comportement nous laisse perplexe. Toutefois, malgre ces sentiments contradictoires, nous pouvons facilement deduire que la rancoeur prend moins de place que la compassion parce que notre heroine ne mettra jamais cette menace a execution.
Finalement, a la fin du livre lorsque le Survenant avait deserte definitivement, elle avouera qu’il avait bon coeur et elle le regrettera. Ces aveux nous permettrons de comprendre que l’hostilite servait juste a cacher une profonde sympathie. Voila qui nous permet de conclure que malgre les sentiments contradictoires, Germaine Guevremont, nous laisse des indices evidents que l’hostilite est plutot une facon de cacher la sympathie. En decrivant les etats d’ames de Phonsine avec des adjectifs simples pour nous faire comprendre la contradiction vecue par celle-ci.
Or, c’est avec la compassion et la maternisation que l’auteur mettra en evidence l’ambivalence du rapport entre les deux personnages a l’etude. Cette divergence s’explique par le fait que le passant attire la mefiance par sa marginalite, mais en meme temps de l’admiration pour sa grande liberte. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Survenant continue d’etre populaire et que de generation en generation ses lecteurs continuent a se multiplier. Malgre les siecles qui passent la liberte reste toujours un sujet d’actualite.