Le Roi se meurt Eugene IONESCO L’auteur : Eugene Ionesco est ne en Roumanie d’un pere avocat roumain et d’une mere francaise en 1912. Il passe la premiere partie de son enfance a Paris avant de partir en Roumanie au divorce de ses parents. Licencie de francais a Bucarest, il ecrit des poemes et des critiques litteraires. En 1938, il s’installe en France ou il prepare une these et frequente la revue « Esprit ». Il commence sa carriere d’auteur dramatique en 1950 avec « La Cantatrice chauve ». Il signe aussi « La Lecon », « Jacques ou la soumission », « Rhinoceros » et « Le Roi se meurt » entre autres.
Des ses premieres oeuvres, sous-titrees « anti-piece », « drame comique » ou encore « farce tragique », on trouve la contradiction, l’identite abusive, la repetition, l’a-peu-pres et les mots deformes. Avec Beckett et Adamov il donne naissance au theatre de l’absurde : un theatre sec, sans lyrisme et d’un surrealisme tres theatral ou le rire se communique en gardant son serieux. Ionesco entre a l’Academie francaise en 1970 et s’eteint en 1994. L’Oeuvre : Voici quelques temps deja que le royaume de Beranger Ier est frappe de decrepitude.
En effet le chauffage « refuse » de fonctionner, des lezardes apparaissent sur els murs du palais, le territoire national est devenu ridicule,
Toute la cour, composee en tout et pour tout des deux reines, du medecin, d’un garde et d’une femme de chambre nommee Juliette, a l’exception de Marie, va donc s’employer a le convaincre de son declin et de celui du royaume. Le theme principal de cette piece de theatre est, comme l’indique le titre, la mort d’un individu. Ionesco n’a pas divise l’oeuvre en actes ou en scenes mais on distingue toutefois deux parties clairement identifiables. Celles-ci correspondent aux sentiments et a l’attitude adoptee par le roi face au choc de la verite : tout d’abord, Beranger refuse et s’entete a vouloir que le revelation ne soit qu’un mensonge.
Ensuite, sa revolte se montrant impuissante a changer les choses, le souverain doit se resigner a sa chute. Cette acceptation s’accompagne d’une crainte absolue de la mort. Entoure de ses deux reines, telles deux anges representant l’un la vie et l’autre la mort, il se voit rappeler sa splendeur passee par le garde. Ce personnage annoncera tout au long de la piece les etapes franchies par le roi dans son cheminement personnel comme lors d’une ceremonie. Le medecin decompte les minutes de vie restantes au roi, et ainsi incarne le caractere pressant du temps.
L’apitoiement populaire mele de bienveillance est personnalise en Juliette qui fait penser a une garde-malade au chevet d’un vieillard. A la limite du theatre absurde, Ionesco a lance sa piece sur une rhetorique tragique. Toutefois, le comique de l’Suvre la place sans nul doute dans le genre absurde : « Le printemps nous a quitte il y a deux heures et demie, voici novembre. », « J’avais interdit les nuages. Nuages ! Assez de pluie ! Je dis : Assez ! », « Tu vas mourir dans une heure vingt-quatre minutes cinquante seconde », … L’auteur apporte un souffle tragique a l’evenement anodin qu’est le deces d’un etre humain.
En effet a travers le roi c’est chacun d’entre nous qui est mis en scene. Le declin du roi est prolonge dans la desuetude de son royaume. Ainsi l’auteur nous amene a reflechir aux liens qui unissent un homme a son monde. Passage choisi: « Le garde : – La ceremonie commence ! Le roi : – Que le temps retourne sur ses pas. Marie : – Que nous soyons il y a vingt ans. Le roi : – Que nous soyons la semaine derniere. […] Le medecin : – Sur les registres de l’Univers, Sa Majeste est portee defunte. Le garde : – Le Roi est mort, vive le Roi ! Marguerite : – Idiot, tu ferais mieux de te taire !
Le roi : – Non je ne veux pas mourir. Je vous en prie, ne me laissez pas mourir. Soyez gentils, ne me laissez pas mourir. Je ne veux pas mourir. » J’ai trouve ce passage fort interessant, car il est une charniere de l’Suvre. Le Roi tente une derniere fois de commander au temps en une pseudo ceremonie invocatoire. Puis on y voit le Roi acceptant le fait qu’il doive mourir, mais il a peur et se fait suppliant pour tenter d’eviter ce qu’il sait maintenant irremediable. Sa Majeste terrorisee demande pitie, demande l’aide des autres se rendant compte qu’il ne peut plus rien pour lui-meme.