Le guepard

Le guepard

Personnages principaux [modifier] • Don Fabrizio Corbera, prince Salina (le Guepard). Il voit l’aristocratie s’effondrer mais ne fait rien pour s’y opposer. Un personnage lucide et clairvoyant, dechire entre la nonchalance sicilienne de son pere et l’orgueil glace de sa mere allemande.

Il ne peut se distinguer que par sa superiorite intellectuelle : il a recu de nombreuses recompenses pour ses decouvertes en astronomie et en mathematiques, qui lui donnent l’impression illusoire de dominer encore le monde – il decouvre deux etoiles, inalterables dans l’imaginaire poetique, qu’il baptise des noms de Salina et de Svelto, l’un de ses chiens (« un braque inoubliable »), il est ainsi assure de laisser une trace derriere lui, car il sent sa fin approcher. Tancredi Falconeri, neveu et pupille de don Fabrizio. Noble, il participe a la revolution garibaldienne puis rejoint l’armee reguliere. D’un caractere joyeux et plein d’esprit, il beneficie du soutien de son oncle. Selon Tancredi, « pour que tout reste comme avant, il faut que tout change », c’est ce qui l’amenera a suivre les evenements afin de conserver les avantages de sa classe. Il n’a donc rien d’un noble liberal, genereux et romantique: il trahit l’ideal aristocratique par ambition dans une societe qui bouge.

Volontaire et seduisant, il

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fait un riche mariage avec une parvenue, Angelica Sedara. • Don Calogero Sedara, riche proprietaire sicilien. Il est le maire du village de Donnafugata, situe sur les terres du prince et ou la famille Salina vient chaque annee en villegiature. Sedara represente la montee des forces nouvelles. Avare, parvenu et nouveau riche, intelligent et sans culture, il ecarte tout ce qui le gene sur le chemin de son ascension politique et sociale.

Marie a donna Bastiana, une creature superbe, mais « animale », il est a demi-mots soupconne d’avoir assassine (ou fait assassiner) le pere de celle-ci, Peppe Giunta, un metayer du prince, surnomme, en raison de son extreme salete, « Peppe Mmerda ». Il decouvre la courtoisie en cotoyant le prince Salina. Il juge naifs les aristocrates qu’il considere comme des moutons a tondre. Il se rejouit de l’ascension sociale que lui permet l’alliance de sa famille avec celle des Falconeri qu’il voit comme une bonne affaire.

Par ailleurs, il ne peut s’empecher d’envier les aristocrates au point de chercher a faire croire qu’il est baron del Biscotto. • Angelica Sedara. Elle est la fille de don Calogero Sedara et de donna Bastiana. Angelica est d’une beaute remarquable mais d’une « grace vulgaire ». Parvenue, elle a des pretentions a la distinction mais ses origines rustiques percent sous le vernis par exemple lorsqu’elle mange sa soupe avec sa cuillere « solidement empoignee a mi-manche » lors du diner chez les Salina.

Elle epouse Tancredi par interet selon le Prince Salina (« C’est une jeune fille comme les autres et qui veut faire un beau mariage; peut-etre meme est-elle un peu amoureuse de notre Tancrede… » dit-il). La sensualite et la beaute animale du personnage sont mises en avant a quelques reprises, par exemple quand il est fait mention de « sa croupe magnifique » . Au personnage d’Angelica correspond la figure antithetique de Concetta. Angelica n’a, en effet, aucune epaisseur psychologique, ni autonomie. • Concetta Salina, fille du Prince et cousine de Tancredi.

Elle apparait d’abord comme naive et placide mais aussi secretement passionnee dans les derniers chapitres. Elle est amoureuse de Tancredi, qui epousera Angelica. Cette union l’attriste mais elle s’efforce de faire bonne figure dans l’epreuve. Cette attitude noble tranche avec les reflexions opportunistes d’Angelica qui se demande pourquoi les filles Salina n’essaient pas de prendre l’ami de Tancrede, Cavriaghi a Concetta, lorsqu’elle constate que Concetta ne se rend pas compte de l’amour que celui-ci lui porte.

Elle manifeste de la force d’ame face aux epreuves et se revele plus realiste que ses freres et s’ urs. Elle est emprisonnee dans sa reserve. Elle se rend compte qu’elle a voue sa vie a aimer Tancredi et que ce fut une perte de temps. • Pere Pirrone, jesuite. Il est devoue a la famille Salina mais faible, il ne sait pas dire non au prince. Il manifeste une vision claire de la situation politique en mai 1860, quand commence le recit, et met en garde le Prince contre le fait de suivre les Liberaux, en le prevenant que si la distribution des biens de l’Eglise ne suffit pas, on depouillera la noblesse. Don Ciccio Tumeo, compagnon de chasse du prince lors de ses sejours a Donnafugata, il est d’origine modeste, mais tres attache aux Bourbons de Naples, grace a la generosite desquels sa mere a pu lui donner une education. Organiste de l’eglise de Donnafugata, il a son franc-parler et renseigne le prince sur les antecedents de la famille Sedara lorsque Salina envisage de marier Tancredi a Angelica. Indigne par ce projet de mariage qui represente selon lui a la fois une mesalliance et une trahison, don Ciccio Tumeo prophetise « Ce sera la fin des Falconeri, et celle des Salina! . Il vote non lors du plebiscite qui decide de la reunification de l’Italie et du rattachement a la maison de Savoie. En entendant les resultats annonces par don Calogero Sedara, le maire de Donnafugata (inscrits : 515; votants : 512; oui : 512; non : zero), il comprend que les des sont pipes. • Bendico, le dogue allemand du prince qui est bien l’un des personnages principaux, de l’aveu meme de l’auteur. [3] Il est la du debut de l » uvre jusqu’a la fin, le roman s’achevant sur la destruction de son cadavre empaille.

Il represente la chute de la caste aristocratique et du Prince : le debut du roman le montre gambadant innocemment dans le jardin alors que l’orage vient puis la fin du roman alors que tout est consomme, le voit, empaille, mite, jete par la fenetre. Citations [modifier] • Une des phrases les plus celebres reste attachee au neveu du Prince Salina, Tancredi : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change », refletant, dans sa pensee comme dans celle de don Fabrizio l’aboutissement de toute revolution.

La revolution correspondrait alors a une rotation, comme lors de la revolution de la Terre autour du Soleil, qui revient toujours a son point de depart. Cette phrase est introduite par une autre qui eclaire d’avantage les motivations du personnage : « Crois-moi mon petit oncle, si nous ne nous en melons pas, ils vont nous fabriquer une republique ». Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change se comprend donc en fait comme entrons dans le mouvement de peur que celui-ci ne nous depasse et ainsi nous pourrons le diriger a notre guise.

Le personnage est un opportuniste : le regime ne lui permettant pas ses ambitions, il s’y oppose, d’abord avec les garibaldiens, puis dans la nouvelle armee des l’arrivee des Piemontais ; il approuve alors que soient fusilles ceux qui etaient restes fideles a l’ideal garibaldien). C’est un ironique (« pour le roi, oui, mais lequel ? »), voire un cynique comme le montre sa lettre a son oncle ou en apparence il lui decrit son amour pour Angelica mais sous-entend que cet amour serait une man’ uvre politique propre a suivre l’evolution sociale et se faire bien voir du nouveau regime.

Tancredi trahit donc son roi (comme le dit sa tante Stella) sa classe sociale (en epousant la fille Sedara pour recevoir la fortune de celle-ci) pour se mettre du cote des vainqueurs, conserver un certain art de vivre et realiser la carriere politique ambitieuse que la monarchie bourbonienne ne lui permet pas. Son oncle en est conscient : « il a raison, mais je dois dire qu’il est ignoble ». Pour la nouvelle traduction par Jean-Paul Manganaro : « Si nous voulons que tout demeure en l’etat, il faut que tout change ».

La phrase d’origine, en italien, est : « Se vogliamo che tutto rimanga come e, bisogna che tutto cambi! » • Une autre citation importante dans l » uvre : (p. 195) « Nous fumes les guepards, les lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyenes. » Le regne d’affairistes comme Don Calogero Sedara succede a celui du prince Salina . Il ne faut pas negliger la suite de la phrase : « … et tous , guepards, chacals et moutons, nous continuerons a nous considerer comme le sel de la terre ». Une autre citation remarquable, celle de la description d’Angelica lors de sa premiere apparition : « Elle etait grande et bien faite, sur la base de criteres genereux ; sa carnation devait posseder la saveur de la creme fraiche a laquelle elle ressemblait, sa bouche enfantine celle des fraises. » Adaptation [modifier] Le Guepard fut repris fidelement au cinema (voir Le Guepard) par Luchino Visconti en 1963.

L’adaptation du roman de Lampedusa, publie en 1958, fut confiee par Visconti a la scenariste Suso Cecchi D’Amico, avec laquelle il avait deja collabore a de nombreuses reprises. Le film lui permit egalement de retrouver Alain Delon et Claudia Cardinale qui apparaissaient deja dans Rocco et ses freres. Burt Lancaster etait en revanche un nouveau venu dans l’univers du realisateur, qui dut l’imposer face a son producteur. Cette reconstitution minutieuse de la Sicile de la fin du XIXe siecle mobilisa une equipe nombreuse et un budget tres important.

Le film obtint un grand succes public et critique, recompense notamment par une Palme d’or au festival de Cannes en 1963. Certains critiques reprocherent neanmoins a Visconti, dont les premieres realisations etaient a l’origine du nouveau realisme, un classicisme retrograde. Visconti donne a voir la solitude du Prince Salina, et le sentiment qu’il a du declin de son monde, a travers la longue sequence du bal qui clot le film.