Introduction – d’une maniere generale, comme on l’a dit, vous n’avez pas a connaitre la doctrine ni l’? uvre de l’auteur pour commenter le texte qui vous sera soumis le jour de l’examen. Neanmoins, c’est plus ou moins vrai selon les auteurs. En l’occurrence, ici, le texte de Nietzsche propose la definition de la conscience par Nietzsche. On peut supposer de tout eleve de Terminale (L de surcroit) qu’il a quelques idees sur la question. De plus, dans la mesure ou nous avions etudie ce texte en cours, vous pouviez (deviez) utiliser les elements vus sur cette question dans le cours. Donc, des l’introduction, vous pouvez preciser que la position de Nietzsche sur la conscience est une position particulierement critique. Contre le rationalisme et en amont de la psychanalyse, Nietzsche developpe une approche de la conscience qui remet en question sa transparence et sa supposee maitrise du sujet. Donc, on peut ici, dans l’introduction, inscrire la demarche de Nietzsche entre celle de Descartes et celle de Freud, par exemple, pour montrer son caractere particulier dans l’histoire de la philosophie. En ce qui concerne le texte particulierement, il souleve la question de l’origine de la conscience : a quel besoin repond-elle et
Le texte montre, au contraire, que la conscience est une realite inferieure. – La problematique de l’explication peut donc etre d’essayer de comprendre comment Nietzsche peut justifier que la conscience satisfait a un instinct animal de conservation. Comment cela s’explique-t-il, alors que l’homme est, au contraire, le seul a etre dote d’une conscience. Si la conscience etait animale, ne serait-ce pas une realite davantage partagee qu’elle ne l’est ? Pour cette explication, on peut proposer un plan thematique, puisqu’il y a deux moments de l’argumentation qui courent tout le long du texte : 1. quelle est l’origine de la conscience ; 2. qu’est-ce que la conscience, en vertu de cette origine qui est la sienne. I. Quelle est l’origine de la conscience ? Le texte evoque a plusieurs reprises le besoin. C’est le besoin qui a pousse l’homme a developper la conscience. Le besoin l’a en effet amene a chercher la compagnie d’autres hommes pour survivre.
Il a eu besoin d’exprimer, de dire ce dont il avait besoin. C’est pourquoi il a developpe la conscience. Avoir conscience de quelque chose, c’est se le formuler a soi-meme ce qui est l’etape prealable a la formulation pour l’autre. Nietzsche parle donc d’une « terrible necessite » qui pousse l’homme, « le plus menace des animaux » a entrer a relation avec les autres. On peut peut-etre voir ici une reprise du mythe de Promethee decrit par Platon dans le Protagoras.
L’homme, isole est affaibli, incapable de se defendre contre l’ensemble des agressions dont la nature le menace. C’est uniquement grace a la collaboration avec les autres qu’il peut developper les deux facultes qui lui permettent de se defendre et de survivre : les sciences et techniques (a cet egard, d’ailleurs, la reference a Kant etait aussi possible – dans l’Idee d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique on retrouve cette meme idee que l’homme est pousse vers les autres par une irrepressible necessite, par une pulsion naturelle).
Ainsi, l’homme est pousse a sortir de son isolement, de sa vie solitaire de « bete de proie », pour s’associer avec les autres. Il faudrait preciser les differentes etapes de cette explication : « il a besoin de secours et de protection » (il ne peut survivre seul, comme on vient de l’expliquer), « il a besoin de son semblable » (il ne peut trouver ce secours et cette protection que chez autrui), « il a besoin d’exprimer ce besoin » (il lui faut dire a l’autre ce dont il a besoin pour l’obtenir.
Bizarrement, le texte dit donc a la fois que l’homme est naturellement pousse a communiquer avec les autres hommes par instinct de conservation mais, dans le meme temps, ce besoin n’est pas suffisamment naturel, disons, pour que l’autre y reponde spontanement. Au contraire, il lui faut inventer les outils necessaires pour exprimer ce besoin et obtenir donc une reponse de l’autre). II. Quelle est la nature de la conscience ? A. Conscience et langage. D’apres ce qui vient d’etre dit, la conscience est avant tout langage.
D’abord, on peut noter que le langage lui-meme est ici rabattu sur une fonction de communication. Il est presente, d’abord, comme l’outil qui permet de communiquer, d’echanger, c’est-a-dire de transmettre des informations. Pour apporter des elements critiques, on pourrait, par exemple, penser que le langage assure une fonction superieure : il nous permet de penser, il nous permet de veritablement rencontrer l’autre par le dialogue (cf. par exemple le texte de Merleau-Ponty vu dans le cours sur autrui).
Ici, le langage ne permet que de communiquer. Par ailleurs, donc, la conscience elle-meme se limite au langage. Elle suppose que nous formulions sous forme de paroles « intelligibles » nos besoins pour que les autres y apportent une reponse (cf. partie precedente). Elle est donc, aussi, une forme de savoir (le terme revient a trois reprises dans le texte), c’est-a-dire d’abord de pensee interieure : je dois me formuler ce que je veux pour pouvoir ensuite le dire aux autres. Mais ela revient a peu de choses pres au meme : que ce soit pour moi ou pour les autres, il faut dans tous les cas que je dise sous forme de mots ce dont j’ai besoin. Ici encore, on pourra interroger le rapport entre conscience et pensee, conscience et mots (ne puis-je pas avoir conscience de quelque chose que je ne parviens pas a dire – c’est, par exemple, ce que dit Bergson, qui, ceci dit, fait au langage le meme reproche que lui adresse ici Nietzsche : celui d’etre oriente par le besoin).
III. Quelle est la nature de la conscience ? B. Conscience et inconscient. L’autre caracteristique de la conscience est d’etre superficielle. Les termes apparaissent dans le texte (surface, superficielle). Elle n’est que la partie emergee de l’iceberg. Il existe une pensee qui n’est pas consciente et la conscience n’est donc que partielle et imparfaite – c’est « la partie la plus mauvaise » de la pensee.
Vous pouvez trouver dans le cours les elements que nous avions etudies qui expliquent cette idee d’une pensee inconsciente. Il y a une rationalite du corps (Nietzsche parlait de « grande raison » dans le texte etudie dans le cours) qui depasse la conscience, donc la conscience n’est que le « jouet », « l’instrument ». Je ne redeveloppe pas ces elements vus en cours. Vous pouvez, ici, trouver aussi le point de depart d’une partie critique qui montrerait la posterite de ces idees, notamment dans la psychanalyse.